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The Good Wife - Un épisode étrange et décevant pour le procès de Will

Another Ham Sandwich: Pauvre, Pauvre Wendy

Par Conundrum, le 1er février 2012
Publié le
1er février 2012
Saison 3
Episode 14
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C’est un épisode bien étrange que nous propose The Good Wife cette semaine. Il y a de l’humour, du sexe, des coups bas, des personnages secondaires qui font plaisir à voir et des retournements de situations qui font avancer l’arc principal. Et pourtant, sans être complètement raté, cet épisode aurait dû être meilleur.
Genre bien beaucoup plus meilleur.

Cette semaine, en plus d’Arlene, on a le droit au retour de mon deuxième membre préféré de la famille Sédaris, Amy. Et ça, au moins, c’était particulièrement bien géré.

La deuxième Amy la plus drôle de la planète

J’aime beaucoup l’évolution du personnage d’Eli cette saison, et les scénaristes ont enfin adressé un problème qui me tenait à cœur. Le rapport de force entre Eli et Alicia se devait d’être rééquilibré. C’est sûr que la série s’appelle La Brave Épouse et non pas Le Brave Directeur de Campagne du Brave Mari de La Brave Épouse, mais quand même, hiérarchiquement, Eli est plus haut placé qu’Alicia.
Jusque-là, nous restions dans une configuration où Alicia maîtrisait plus ou moins Eli. Quand ce dernier s’occupait principalement de la carrière de son mari, c’était parfaitement compréhensible. En revanche, à partir du moment où il a rejoint Lockhart Gardner, Alicia n’agissait pas avec lui comme elle pouvait agir avec un David Lee par exemple.

Le recalibrage de sa relation se devait d’être fait, et c’était plutôt bien géré dans cet épisode et pas uniquement avec le « You’re right » d’Alicia. Non seulement, elle accepte la remarque d’Eli, mais contrairement à un David Lee, elle le connaît parfaitement. Et cela lui permet d’être d’autant plus efficace avec lui lorsqu’elle réalise que Caitlin a fait une découverte pertinente.
Les deux personnages, Alicia et Eli, ressortent plus forts de cette nouvelle donne et forment un duo efficace que j’aimerais voir plus souvent en action. Et comme si ça ne suffisait pas, en plus de cela, nous avons le droit au grand retour de Stacie Hall (Amy Sedaris).

L’une des grandes forces de The Good Wife est l’univers que les scénaristes tissent de semaine en semaine. Les personnages récurrents sont bien souvent assez décalés pour être remarquables tout en étant ancrés dans la réalité. Contrairement à une série de David E. Kelley, on peut aisément adhérer à l’idée qu’un personnage aussi léger qu’Arlene puisse être une avocate hors pair. Stacie Hall est un personnage (presque) aussi bien trouvé, écrit sur mesure pour une humoriste aussi loufoque qu’Amy Sédaris. Elle est l’ennemie parfaite pour Eli et l’ultime retournement de situation, qui remet Eli et Stacie au même niveau, nous promet un retour quasi certain d’un personnage bienvenu.

Et si j’étais content de revoir Amy Sedaris, je l’étais encore plus de revoir Arlene. Et c’est là où "Another Ham Sandwich" me perturbe.

Au moins, on s’est débarrassé de cette intrigue !

Arlene, lors de ces précédentes apparitions, était un personnage parfaitement bien géré et qui suivant un schéma bien défini. Un personnage régulier de la série rencontre Arlene, explique son problème, puis Arlene affronte l’adversaire de notre héros en jouant le rôle de proxy de son client dans une rare scène sans autre personnage régulier de la série.

Cette semaine, nous n’avons pas eu cette chance. Le problème vient de la nature même du Grand Jury. Comme l’explique Wendy, il n’y a pas de confrontation. Le substitut du procureur présente son cas, témoins à l’appui, et le Grand Jury décide s’il faut poursuivre les charges. Deux problèmes se posent alors.

Le premier est que cette structure narrative retire tout l’intérêt d’un personnage comme Arlene. On veut voir Arlene établir une stratégie. On veut la voir se battre contre un adversaire qui est aux antipodes de quelqu’un comme Arlene. Ici, elle ne sert pas à grand-chose.
Will mène sa propre stratégie sans en informer son avocate (ou l’audience de la série). Les scénaristes l’utilisent uniquement pour expliquer la scène suivante ou faire le debriefing de la scène précédente. C’est un beau gâchis pour la pauvre Arlene qui me laisse un peu sur ma faim. Je peux comprendre la volonté de ne pas vouloir se répéter une troisième fois et d’utiliser Arlene d’une autre façon, mais elle ne servait vraiment pas à grand-chose cette semaine et on aurait aisément pu s’en passer.

Le deuxième problème, bien plus grave, est que pendant tout l’épisode on se demande ce qui est arrivé à Wendy Scott Carr. Clairement, ce n’était pas le même personnage qui a fait campagne contre Peter. La Wendy Scott Carr de cette semaine n’était pas celle qui, sous ses airs polis, est une fine manipulatrice qui a son propre agenda. [1] La Wendy Scott Carr de cette semaine avait le cerveau qui baigne dans le Canard WC. Je n’ai pas du tout aimé la voir arrogante, dépassée lors de son procès, et humiliée face à Peter lors de l’épilogue. En un épisode c’est l’un des meilleurs personnage récurrent qui perd de sa superbe. Et ça, c’est un gros problème.

Tout comme les personnages excentriques, les personnages sombres de The Good Wife sont, en règle général, plutôt bien maîtrisés. Cary et Peter ne sont pas les antagonistes machiavéliques, Louis Canning et Patti Nyholm, Michael J. Fox et Martha Plimpton, n’ont jamais juste été de vils manipulateur. Cette semaine, Wendy Scott Carr était simplement un ennemi odieux vaincu par la troupe des gentils (mais malins) avocats de Lockhart Gardner dont la dernière scène est un « Je reviendrai ! » limite risible. Le procès de Will était un arc tellement important de la saison qu’il semble se finir trop rapidement et de façon totalement bâclée.

Mais il y a un aspect qui m’a surpris et qui me fait excuser les faiblesses de l’épisode. Aussi facile qu’il soit, l’interrogatoire d’Alicia était magistral. Je ne cache qu’il y a une satisfaction basique qui vient un peu à l’encontre de mon argument précédent, mais j’ai aimé voir Wendy retracer la liaison d’Alicia et Will de façon sordide. J’ai aimé le départ d’Alicia mais surtout j’ai principalement aimé la réalisation d’Alicia sur l’impact de sa relation avec Will sur ses enfants.

On a un peu tendance à oublier qu’Alicia reste un personnage public. Sa famille a été au centre d’un scandale humiliant à cause de son mari. Mais Alicia n’est pas divorcée, pour le bien de la carrière de son mari, sa séparation avec Peter n’est pas publique et si liaison avec Will le devenait, elle replongerait ses enfants au centre d’un violent scandale médiatique. Et cette fois ci, aux yeux du public, ce sera elle la fautive. C’est un constat frustrant mais bien réel auquel les scénaristes ne se dérobent pas.

Alicia devra sûrement affronter l’impact de sa relation avec Will, et je dois avouer que ça, c’est bien plus intéressant que les problèmes éthiques des matchs de basket de Will.

Conundrum
P.S. Et pendant que tout le monde s’amuse, ce serait bien de donner un peu plus de trucs à faire à Christine Baranski. Je dis ça, je dis rien...
Notes

[1D’ailleurs, à ce sujet, cette semaine, les scénaristes semblent avoir oublié la révélation des épisodes précédents. A savoir que la vraie cible de Wendy est Peter, pas Will