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Nashville - Hayden Panettiere et Connie Briton chantent la country sur ABC

Nashville: Il est où mon DVD du film ?

Par Jéjé, le 6 novembre 2012
Par Jéjé
Publié le
6 novembre 2012
Saison 1
Episode 4
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Meredith Grey et Mary-Alice Young ont sûrement dit à un moment de leur grande compétition des truismes les plus vrais que "l’espoir, c’est super, mais parfois, il mène à la déception".

J’ai dû me moquer en entendant ça.
Je n’avais pas vu Nashville.

Qu’est-ce que c’est ?

C’est est la nouveauté de la rentrée qui a reçu le meilleur accueil critique aux Etats-Unis.
Nashville fait également à peu près l’unanimité auprès de la communauté sériephile française. [1]

Mais, diffusée sur ABC le mercredi dans la case qui avait bien réussi à Revenge l’année dernière, et après des débuts d’audience prometteur, la série a perdu près de 40% de ses spectateurs en quatre semaines.

A première vue, donc, Nashville prend la direction du chef d’oeuvre incompris, ignorée par la base ignorante des téléspectateurs américains et célébrée seulement par une minorité éclairée.

A la Firefly

Ou la Lone Star.

De quoi ça parle ?

Comme Nashville, le film de Robert Altman, c’est une fiction chorale où le milieu de la musique country télescope celui de la politique.
Comme All About Eve, elle met en scène différentes générations d’artistes et leur façon de manipuler leur entourage pour se hisser ou conserver la plus haute marche du podium.
Comme La Chatte Sur Un Toit Brûlant, elle s’intéresse aux relations nocives au sein d’une famille du Sud.

Ces références "lourdes" ne viennent pas de moi, c’est Mary McNamara qui les a utilisées dans son article du Los Angeles Times pour faire l’éloge de la série.
Alors que pour moi, leur simple mention devrait au contraire rendre flagrant le manque total de réussite de Nashville dans les objectifs qu’elle s’est fixés.

Je vais arrêter immédiatement les frais d’une présentation factuelle, tout le monde sait désormais que Connie Britton joue la gentille star vieillissante et Hayden Panettiere la méchante vedette qui monte, pour entrer dans le vif de ma déception.

C’est bien ?

Ben non.
Mais vraiment pas.

J’ai été très déçu par le pilote.
Mais comme Nashville était la série que j’attendais le plus, j’ai mis ça sur le compte de mes espérances, trop grandes sûrement pour qu’elle puisse y répondre.
Alors, je les ai un peu revues à la baisse, estimant que si elle se contentait d’être un soap sympathique, ça irait.
Et j’ai patienté.
Et espéré.
Ca n’a pas été facile, mais je me suis souvenu de Joma qui disait toujours qu’il fallait laisser quatre bons épisodes à une série avant de se faire une idée.
Alors, j’ai continué de patienter.

Et je peux désormais affirmer avec assurance que les seuls qui ne se sont pas trompés sur la série sont tous ceux qui ont préféré regarder Chicago Fire ou CSI le mercredi soir.

Mon principal problème vient de l’artificialité de l’ensemble. Je ne crois à aucune situation, ni à aucun personnage, qui ne sont pour moi que des stéréotypes auxquels l’écriture ne parvient pas à donner ni ampleur, ni chair.

Pour commencer, les coulisses de la musique country, l’univers de cette série, est dépeint avec la même subtilité que le monde de la télé dans Episodes ou le monde de la publicité dans Melrose Place, en alignant poncif sur banalité.
Je ne découvre aucune spécificité de la musique country dans l’environnement fade et générique qui est mis en scène ; j’ai l’impression que, hormis les accents du sud et le fait que tout le monde soit blanc, on pourrait avoir le même univers (avec son lot de chef de label très méchant qui veut faire du commercial, de découvreur de talent bienveillant, d’agents un peu dépassés) avec la musique pop à Los Angeles ou du R’nB à Atlanta…
La country semble être un simple identifiant de la série plus que son sujet.
Alors de temps en temps, on a une chouette chanson. Mais elle n’est jamais plus qu’une sympathique pause musicale (exceptée peut-être le duo Britton-Esten au Blue Lagoon) [2].

Dans ce décor mal dégrossi, les trois personnages principaux n’existent pas. La star, la sensation du moment et la débutante jouent chacune dans leur coin la même note depuis quatre épisode : l’inquiétude, la dureté, l’ingénuité.
Au départ, j’ai été intrigué par cette narration cloisonnée, j’ai pensé que ce temps consacré au développement de leurs personnalités rendrait la rencontre de leurs intrigues plus puissante.
Sauf qu’après quatre épisodes, je ne supporte plus du tout la toute jeune blonde et ses yeux mouillés à chacune de ses scènes pour nous rappeler que "c’est tellement dur d’avoir plein de talent et être promise à un brillant avenir alors qu’on voudrait juste soutenir son petit ami et lui faire la cuisine", et j’ai beau avoir comme tout le monde adoré Connie Britton dans Friday Night Light, son numéro de femme soucieuse mais tellement adorable me fatigue. Elle renforce un peu plus son accent du sud et roule un peu plus les yeux, à chaque épisode.

Mais le pire, c’est que la série ne semble pas avoir confiance dans ce qu’elle veut raconter et dans son dispositif narratif.
On empile donc une intrigue politique dont le décor aux enjeux encore plus grossiers que ce qui touche à la musique et on nous colle des personnages ou des relations "passerelles" entre les trois femmes pour bien nous montrer que tout est bien connecté.
La palme du personnage le plus inconsistant mais le plus utile pour faire du lien revient au guitariste de Connie Britton, l’allié fidèle mais amoureux éconduit. Quatre secondes plus tard, au bord de la rivière, amant et mentor de Hayden Pannettière. Et Oncle de Bambi-Boucles-D’Or.

Rien ne marche pour moi dans Nashville.

J’espère que j’arriverais à arrêter la série avant qu’elle ne me fasse détester Connie Britton.
Mais je risque d’être déçu...

Jéjé
Notes

[1En tout cas, de celle qui exprime son opinion sur le net, et dont les membres les plus beaux et les plus forts ont la délicatesse de le faire sur le forum de pErDUSA.

[2La médaille de la chanson insérée parce que ça fait longtemps qu’on n’a pas vu quelqu’un chanter revient au numéro des deux filles de Connie Britton dans la grande intrigue du troisième épisode dite du "spectacle de l’école".