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Nashville - Retour sur la nouvelle mouture de Nashville

The Wayfaring Stranger: Des blancs ! De la guitare ! Nashville !

Par Conundrum, le 19 décembre 2016
Publié le
19 décembre 2016
Saison 5
Episode 1
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Je n’ai aucun souvenir du pilote de Nashville. Et c’était le seul épisode que j’avais vu avant de lancer le premier épisode la saison 5.

Je n’avais aucune intention de regarder à nouveau la série avant l’annonce de l’arrivée de Marshall Herskovitz et Ed Zwick à ses commandes. De prime abord, l’arrivée des deux hommes derrière thirtysomething, My So-Called Life ou Once and Again était un peu déroutante. S’ils ont déjà supervisé des séries qu’ils n’avaient pas créées comme relativity de Jason Katims ou My So Called Life de Winnie Holtzman, c’est la première fois qu’ils reprennent une série existante. Habitués à un style intimiste, les voir arriver sur un soap musical était très étonnant.

La petite pause hivernale sérielle était donc le moment idéal pour céder à la curiosité et regarder The Wayfaring Stranger, leur premier épisode de cette saison 5. Et les scénaristes crédités au générique montrent que Herskovitz et Zwick ne sont pas venus seuls. Ils sont accompagnés de :
— Liberty Godshall et Richard Kramer, scénaristes producteurs partenaires du duo depuis thirtysomething,
— Jesse Zwick, fils de Godshall et d’Ed Zwick et ancien scénariste de Parenthood,
— Savannah Dooley, co créatrice de Huge et fille de Winnie Holtzman.
On retrouve donc des fidèles habitués de Bedford Falls, la maison de production du duo, aux côtés de producteurs historiques de Nashville. Ce premier épisode est écrit par les deux hommes, mais réalisé par la créatrice de la série, Callie Khouri.

Je ne sais pas trop à quel point Nashville était extravagant, mais l’épisode commence par la résolution d’un cliffhanger où l’une des deux héroïnes, Juliette, incarnée par Hayden Panettiere, survit à un crash d’avion. On est bien loin du terrain de jeu des des duo de producteurs qui, rappelons le, ont lancé une série sur le postulat d’une adolescente qui se teint les cheveux ! Mais ce premier épisode étonne par le fait que, si le style est différent de leurs autres productions, les thèmes abordés sont exactement ceux dans lesquelles ils ont fait leur réputation : la définition de soi et la famille.

Je n’ai jamais aimé l’idée de base de Nashville où une femme à la carrière établie (lire la quarantaine) est soudainement menacée par l’arrivée d’une femme plus jeune. Dans ce premier épisode, il n’y a pas de rivalité (pour le moment ?) entre nos deux protagonistes principales, mais deux chemins parallèles. L’une d’elle doit se reconstruire après une dépression et un accident gravissime. L’autre semble s’être battue et avoir obtenu ce qu’elle voulait, mais est totalement perdue. Elles ne partagent qu’une scène de cet épisode où Rayna (Connie Britton) est la seule personne que Juliette respecte assez pour se confier en toute honnêteté. Il y a visiblement un passé conflictuel entre les deux femmes qui se traduit par une certaine distance, mais il y aussi un profond respect. C’était la première bonne surprise de cet épisode.

L’arc de Juliette est une thématique récurrente dans les productions Bedford Falls. Une femme tombe dans une profonde dépression et un événement traumatisant lui fait ré-évaluer sa vie et lui redonne la force de se battre. Si je n’ai jamais été convaincu du talent de Panettiere, son personnage est dans une situation particulièrement intéressante, et c’est une manière pertinente de transformer un événement hors du commun de type d’un soap-opera [1] en une intrigue qui a tout à fait sa place dans un drame intimiste.

A l’inverse, Connie Britton est une actrice qui n’a rien à prouver mais elle peine à briller dans cet épisode. Son intrigue familiale autour de ses deux filles est dans ce que les scénaristes de Bedford Falls font de mieux et de pire. Des sœurs très proches doivent gérer le fait que l’ainée a besoin de plus d’indépendance. Cela vient probablement du domaine de la série, la musique, mais si le thème sonne juste, l’exécution est un peu niaise par moment.
Il est agréable de ne pas voir Britton dans le rôle de l’épouse qui épaule son mari, mais il faut avouer celui de Rayna ne me marquerait pas du tout s’il ne bénéficiait pas du capital sympathie que Charles Esten a accumulé pendant toute ses années dans Whose Line Is It Anyway ?. Il est un très bon soutien moral pour sa femme, éduque ses filles de manière honorable, mais il n’en ressort que trop lisse.
Quant à Rayna, elle même, l’épisode est plus un point d’entrée qui met les bases de sa reconstruction, même s’il ne s’y passe rien de suffisamment marquant pour laisser une bonne impression. L’épisode la dépeint comme perdue et déboussolée. Sa volonté de ne confronter ce problème se traduit par une attaque de panique dans un avion. C’est tout à fait ce qu’on est en droit d’attendre de Zwick et Herskovitz mais je pense que ma non-adhésion à l’intrigue vient de la réalisation de l’épisode.

Ed Zwick et Marshall Herskovitz sont des scénaristes doués, mais ils sont aussi réalisateurs. Leurs CV individuels et en commun sont impressionnants. S’ils ont un talent pour mettre en avant la force d’un scénario qu’ils n’ont pas écrit (encore une fois, My So Called Life ou relativity), ici, ils se retrouvent dans une situation où quelqu’un d’autre, avec qui ils n’ont jamais travaillé, réalise leur script. Pour la première fois, ils ne sont pas maîtres des codes visuels de leurs œuvres télévisées. Il est parfaitement compréhensible que, pour s’y adapter, leur scénario soit réalisé par la créatrice de la série, et si The Wayfaring Stranger ressemble probablement à un épisode de Nashville, il ne ressemble pas à une production Bedford Falls. Et ce sera peut être le plus gros challenge de la saison.

Le mariage de ces deux visions est une excellente idée au final. Elle est bien moins saugrenue qu’elle semblait l’être en premier lieu.
Après tout, ces deux hommes sont des professionnels des problèmes de blancs aisés sur des airs de guitare sèche ! Nashville a surement besoin d’une vision plus intimiste, et la série a les éléments pour la nouvelle équipe de production fournisse un travail de qualité. Il n’y a pas de moments marquants comme dans les pilotes de leurs séries tout simplement parce que ce n’est pas un pilote. Il va probablement falloir leur laisser un peu de temps, mais sans être particulièrement remarquable, cette nouvelle mouture de Nashville n’est pas déplaisante. Elle mérite qu’on s’y attarde un peu.

Conundrum
Notes

[1Et il n’y rien de mal à cela.