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Les Moments du Mois

Été 2015

Notre Été 2015 en Cinq Moments Séries

jeudi 1er octobre 2015, par la Rédaction

Souvenez-vous, les "Moments du Mois", c’est le rendez-vous mensuel de pErDUSA, l’occasion pour laquelle les membres de la rédaction font un effort pour jongler avec leurs emplois du temps respectifs et apparaitre tous en même temps dans un même article, parler série, et travailler sur leur esprit d’équipe.

Mais pas pendant l’été.

Un été qui dure apparemment de juin à septembre, désormais, parce qu’on a tous oublié de reprendre nos vieilles habitudes il y a un mois et que sortir une chronique avec dix jours de retard aurait été une façon un peu trop méta de commencer la saison.

En parlant de méta, vous ne trouvez pas que la saison 2 de Rick and Morty est vachement décevante depuis l’épisode 4 ? Si, hein ? On est tous d’accords !
C’est quand même chouette la liberté de parole dont on jouit dans une introduction que personne ne lit.

Bref, cet été on a écrit sur des trucs. Des voix-off ! Des viols ! La langue française ! Un cheval ! Jean Neige ! (Rebaptisé LaNeige pour conserver le secret de sa participation au film ?)

Et on a aussi regardé...

1 Under the Dome

Saison 3 - Episode 13 - The Ennemy Within

10 septembre / Pauvre, pauvre Brian K. Vaughan !
Par Conundrum

Elle vient d’une autre planète. !
Elle a des poils roux !
Elle se tape des minets !
Pour sa dernière saison, Under The Dome met les grands plats dans les grands avec Marg Helgenberger dans le rôle de Alf ! Vous êtes dég’ de ne pas avoir suivi la série jusqu’au bout, maintenant, hein ?

Voir le « Développé par » Brian K. Vaughan en début d’épisode suivi d’une quarantaine de minutes d’inepties plus déprimantes que risibles faisait vraiment de la peine. Malgré l’explication débile du livre et vide d’imagination de la série, le concept d’Under The Dome restait une bonne idée. Dans une culture d’un pays qui s’est construit sur le principe de colonies, de l’idée que peu importe qui vous étiez, ce qui compte est qui vous allez être dans une situation hostile, la production américaine sérielle recèle d’œuvres qui gravitent autour de ces thèmes. Cette idée, au cœur de Lost, se retrouve aussi dans la genèse d’Under The Dome et avec l’homme qui nous a donné "Y, The Last Man", Under The Dome aurait pu/dû être une bien meilleure série.

Elle n’a même pas su se contenter d’être une série de science-fiction potable et distrayante pour l’été, un rôle parfaitement rempli par Zoo par exemple. Under The Dome était un boxon monstre qui effaçait tout ce que la saison précédente construisait chaque été. Elle prenait tellement son téléspectateur pour un idiot, c’est la première série auto-spoilante : l’introduction du premier épisode de la saison révèle par anticipation le grand twist de cet opus d’ouverture pour bien nous expliquer ce que nous allons voir ! (nos héros sont dans une réalité alternative). La directrice des programmes de CBS, Nina Tassler, a gentiment révélé que le dôme allait disparaitre en fin de saison.

En même temps, cela faisait bien longtemps que la nouvelle série n’avait plus d’intérêt, elle piquait même les idées de The Walking Dead. Je ne parle pas du fait que nos héros affronte une horde de personnes aux visages familiers possédés qui ne s’expriment quasiment plus et qui veulent leur mort, mais qu’à l’addition de chaque nouveau personnage afro américain, un existant doit mourir (la mère de Norie meurt peu de temps avant l’arrivée de la copine de Barbie qui meurt au moment où le Docteur Benton arrive, qui lui meurt quand la fille de Barbie et de sa copine grandit en un épisode).

Un conflit intergalactique et une figure antipathique qu’on cherche à racheter en lui associant un chien (un labrador, bien évidemment) n’aura bien pas suffit à rattraper ce terrible gâchis. Même Extant 2.0 qui voit une Halle Berry qui n’a plus rien à voir avec le bon personnage de l’année précédente flirter avec et sur le point de galocher son fils s’en sort, à peine, mieux. L’annulation était une euthanasie amplement méritée car au moins, la production ne pourra plus salir encore plus le nom de Brian K. Vaughan.

2 The Fosters

Saison 3 - Episode 10 - Lucky

17 Août / Jesus a changé
Par Jéjé

Même si les studios d’Hollywood ont décidé ces dernières années de ressusciter à peu près toutes les séries des années 80-90 (ça m’angoisse cette idée des aventures de Mulder et Scully à la maison de retraite), certains éléments de cette période semblent disparus à jamais.
Arrivent évidemment en tête de ceux qui me manquent le plus les génériques d’une minute trente où les acteurs se retournent en souriant et en fixant la caméra d’un sourire enjôleur[[Franchement, Sense 8 était la série faite pour avoir un générique de ce type… A la place, on se retrouve avec la séance diapo d’un bobo en vacances...]. Suivent les épisodes de sitcoms en deux parties, les séries d’avocats et Sela Ward.

Et bien cet été, à ma grande surprise (et mon plus grand plaisir), The Fosters a décidé de remettre au goût du jour un autre grand gimmick de cette époque, le recast d’un rôle principal.
Sainte Tante Vivi, Saint Steven Carrington, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu ça !

Il faut dire que désormais, lorsqu’un acteur-actrice souhaite quitter une série en cours de route (ou que les producteurs sont fatigués de ses frasques hors-caméras), c’est l’occasion de s’offrir à peu d’efforts rebondissement et nouveauté en tuant son personnage de façon flamboyante (n’est-ce pas Nicolette Sheridan !) et en faisant de la place pour un nouveau.
Cette approche old-school de la gestion de ses personnages n’est finalement pas très étonnante de la part de The Fosters. Il s’agit d’un drama familial traditionnel. Traditionnel dans le sens où l’argument de départ est le plus simple du monde : on suit les "aventures" quotidiennes d’une famille avec deux parents et une tripotée d’ados. Sans que qui ce soit n’ait de super pouvoirs, ou ne soit un ancien agent du KGB, ou ne soit un descendant d’une riche famille de l’Upper East Side.
On est en revanche bien ancré dans les années 2010 : les parents sont un couple de femmes, les enfants sont à peu près tous adoptés ou sur le point de l’être, la plupart des minorités sont représentées... Il n’empêche que la narration est guidée par la façon dont chacun découvre qui il est et tente de l’assumer au sein d’une famille et d’une société qui reste très normée. Si on n’est pas au niveau de subtilité d’une Angela, 15 ans, The Fosters s’en sort vraiment bien dans tout ce qui touche aux stéréotypes de genre et à l’orientation sexuelle.

Tuer l’un des ados (le dénommé Jesus) ne rentrait pas vraiment dans le cadre, même si la série a du mal à résister à l’appel des cliffhangers sensationnels.
C’est pour ça que même si la fin de la saison 2 s’achevait sur un gros accident de voiture et l’annonce de la mort d’un des passagers, je n’ai pas été surpris que tout le monde s’en sorte. La mort d’un des enfants aurait bouleversé de façon un peu trop radical l’esprit de la série.
On sent bien que le recast du personnage a été mis en place en dernier recours. Pendant toute la saison, le personnage est exilé en pensionnat, il ne revient, différent, que dans les dernières minutes du season finale.
Pourtant, à mon sens, il s’agit de la meilleure des solutions si les scénaristes ont encore des choses à raconter pour ce personnage particulier.
Ce procédé un peu désuet m’a rendu la série encore plus sympathique.

Vive les années 2010 racontées à la sauce 1990 !

3 Attack on Titan

Saison 1

17 Août (2013) / Live. Die. Repeat.
Par Ju

Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai regardé Attack on Titan.
A la base, je ne suis pas du tout anime. Sans raison particulière, c’est juste que je n’aie jamais vraiment eu l’envie de m’y mettre.
A vrai dire, je ne suis pas non plus très séries d’animations, en fait. Même si je réalise en écrivant ça que j’en regarde trois.

Le fait est que, non, je ne sais pas pourquoi j’ai regardé Attack on Titan, si ce n’est parce que les épisodes étaient disponibles, là, sur le service de streaming dont j’ai l’impression de parler tout le temps, et parce que je n’avais strictement plus rien d’autre à voir, arrivé à la fin de l’été.

Et c’était très bien.
Pas parfait, oh, non, mais vraiment bien.

Pour ceux qui ne connaissent pas du tout la série, comme moi il y a trois semaines, Attack on Titan est un des plus gros succès actuel au Japon. Et pour voir expliquer la série dans un référentiel qui vous parlera plus, c’est très simple : Attack on Titan, c’est un Battlestar Galactica steampunk pas dans l’Espace.

Jugez plutôt : la série commence alors que les humains vivent en paix depuis cent ans, après une guerre contre de terribles ennemis (les Cylons / les Titans, des espèces de géants tous nus). D’un seul coup, sans prévenir, le cessez-le-feu est rompu, les Titans attaquent, et la majorité de l’espèce humaine est décimée, forcée de fuir à l’autre bout de l’Univers (ici, derrière un mur).
Nos héros sont des soldats tridimensionnels (ce qui n’a rien à voir avec des pilotes de Viper, non non), et la série montre, encore et encore, comment les humains n’ont aucune chance de gagner contre ces ennemis supérieurs en tous points. Souvant, les personnages dépriment, beaucoup, tels des Bill Adama en train de pleurer en repeignant ses toilettes.

Et donc, oui, c’est vraiment bien.

J’ai eu, c’est vrai, un peu de mal à m’y mettre. Il faut une paire d’épisodes pour s’habituer à des codes narratifs qui paraissent étranges, à des personnages un très archétypaux qui surjouent à mort toutes leurs émotions en japonais, mais Attack on Titan vaut vraiment le coup.

Car l’histoire est assez passionnante, les rebondissements souvent excellents, et la mythologie vraiment soignée. Le rythme des révélations est, également, très bien géré : on est parfois un peu en avance sur un retournement de situation, d’autre fois ce sont les personnages qui comprennent les choses avant nous. Sans cesse, on cherche à comprendre ce qui se cache vraiment derrière ces géants qui se baladent à poil
Même un développement de l’histoire qui m’avait au départ plutôt déçu (il arrive vers la fin d’un épisode en… neuf parties… ils sont fous ces japonais) trouve tout son sens plus tard, et ouvre de très jolies portes pour la suite (sans parler du fait qu’il rapproche encore plus Titan de Battlestar Galactica).
Et quand l’histoire s’emballe, il devient très difficile de ne pas enchainer les épisodes les uns à la suite des autres, sans s’arrêter. Des épisodes plutôt courts (moins de 20 minutes, en enlevant le résumé et le looong générique), mais qui donnent toujours l’impression de faire vraiment avancer l’intrigue (certaines séries pourraient s’en inspirer…).

Tout ça pour dire : je vous déconseille vivement de regarder Attack on Titan.
C’est tout nul : la suite de la saison 1, achevée en 2013, n’est prévue que pour l’année prochaine.

*Hurle son désespoir en japonais*

4 Show Me a Hero

Saison 1 - Episode 6 - Part 6

30 Août / La vie politique, ses turpitudes et… HEIN ?
Par Nico

David Simon et les miniséries, c’est une histoire dans l’histoire. Pendant que The Wire (la meilleure série du monde) et Treme (la meilleure série d’un plus petit monde) trustent l’essentiel de l’attention des gens qui regardent son CV, des projets comme The Corner et Generation Kill ne suscitent pas toujours le même engouement.

Elles sont souvent plus expérimentales (The Corner), très touffues (Generation Kill). Et elles doivent toujours composer avec la volonté du showrunner de dire beaucoup, beaucoup de choses… en peu de temps.

Cette impression, on la retrouve dans Show Me A Hero, cocréée avec son ex-comparse du Baltimore Sun et de The Wire William F. Zorzi. Proposée pendant une période phare de l’année télé par HBO (entre le 16 et le 30 août : le courage politique !), cette histoire en six épisodes s’inspire d’un ouvrage de Lisa Belkin, une ancienne journaliste du New York Times.

L’auteure raconte la bataille politique qui a secoué la ville de Yonkers (New Jersey) dans les années 80, alors que la construction de logements sociaux ne cesse d’être repoussée.

De quoi donner au showrunner américain l’envie d’explorer des thématiques qui lui sont chères : la ville, la vie en communauté et la politique.

Show Me A Hero est peut-être le projet de Simon qui explore le plus la notion d’idéalisme. Un idéalisme éloigné de celui de Sorkin, moins « naïf » : Nick Wasicsko, le personnage central, s’approprie progressivement le combat des logements sociaux. Au départ, il n’est pas franchement disposé à le conduire mais saisit peu à peu l’importance de la question. Jusqu’à ce que celle-ci devienne constitutif de ce qu’il est (pour le meilleur et le pire).

Elle offre aussi à l’ancien scénariste d’Homicide (la meilleure série du monde des magnétoscopes), l’occasion d’explorer les pesanteurs sociologiques, les particularismes locaux et les mesquineries politiques.

Le problème, c’est le bout du chemin. La fin de l’histoire précipite un peu la trajectoire de son personnage central. Si on met en perspective la lenteur avec laquelle la série installe ses enjeux dans le premier épisode (un classique chez Simon), cette accélération maladroite laisse songeur.

Elle accroit surtout une sensation de déséquilibre assez marquée, qui revient plusieurs fois dans les six épisodes. Personnellement, j’ai eu beaucoup plus de mal à m’investir dans toute la partie West Side que dans le combat politique de Wasicko.

D’où une impression assez mitigée, en fin de parcours. Show Me A Hero, c’est la fine reconstitution de tout un pan des années 80 et le récit d’un combat victorieux. Mais parfois, cette reconstitution est développée au détriment de certains éléments humains forts. Des éléments qui font d’un beau projet une très grande série.

Bon, d’accord : c’est largement au-dessus d’une anthologie où, pour marquer un saut dans le temps et un traumatisme, un personnage se rase la moustache (sacré Colin Farrell !). Mais ce n’est pas complètement satisfaisant.

5 Hannibal

Saison 3 - Episode 13 - The Wrath of the Lamb

29 Août / "This is beautiful"
Par Feyrtys

Féministe, je devrais raconter tout le bien que je pense de Playing House, cette comédie estivale très drôle et très attachante, créée par deux actrices-meilleures amies dans la vraie vie, qui place les femmes dans des rôles autres que ceux d’amantes/mères/épouses et dans lequel le personnage masculin amoureux (Keegan-Michael Key, impeccable) est à l’opposé des Ted Mosby et autres Nick Miller de ce monde. Non vraiment, woman power, toussa toussa, visibilité, modèles positifs, blabla. Mais je vais plutôt vous renvoyer lâchement http://www.a-suivre.org/usa/series-ete et la place, laisser s’exprimer la fille qui en moi, a une passion quasi inavouable pour les histoires de garçons qui s’embrassent.

Forcée d’attendre janvier 2016 pour connaître la suite de l’histoire d’amour qui unit Ian Gallagher et Mickey, ayant dû faire le deuil de Looking un peu plus tôt cette année et Vikings ayant brutalement mis fin à la magnifique liaison entre Althestan et Ragnar (oui oui, au moins dans ma tête), je me vois obligée de parler d’Hannibal Lecter et de Will Graham. Si les garçons qui s’embrassent m’émeuvent tout particulièrement, ceux dont l’histoire se vit cachée, où la tension sexuelle est à son comble au moindre regard croisé, ceux-là ont ma préférence. Il était donc normal que je me passionne pour Hannibal.

Depuis le début de la série, depuis les « Hello, Will » et les « Hello, Dr Lecter », depuis les regards perçants jusqu’aux étreintes ensanglantées, tout ce que j’ai toujours voulu voir a été montré dans cette fameuse scène du series finale : Hannibal et Will enfin libérés de leurs contraintes.

Peut-être qu’un jour, un psy pourra m’expliquer pourquoi je me suis repassée en boucle cette scène, pourquoi j’ai frénétiquement cherché à obtenir le morceau de Siouxsie qui l’accompagne, mais en attendant, je ne vois pas de quel autre moment je pourrais vous parler. En dehors du fait que cette scène est d’une beauté à couper le souffle, absolument magistrale, il faut également noter que cette fin réussit l’exploit d’être satisfaisante, malgré l’annulation en cours de saison.

Hannibal, contrairement à d’autres séries qui aiment bien se regarder le nombril pour se féliciter de leur beauté et de leur intelligence, a de mon point de vue toujours évité de devenir prétentieuse pour se concentrer sur la question essentielle : que se passe-t-il lorsqu’un sociopathe brillant tombe amoureux d’un homme tout aussi intelligent, mais accablé par trop d’empathie ? Dans cet ultime épisode, elle y répond au cours d’une seule et unique scène, d’une puissance remarquable, apogée d’une intrigue qui aura duré près de trois saisons.

Trois saisons qui auront d’ailleurs suffi pour raconter cette histoire d’influence, de manipulation et finalement, d’amour impossible. Je ne dis pas que je n’aurais pas voulu voir de saison 4, mais en l’état, Hannibal m’a offert une conclusion parfaite (et déchirante) à l’histoire qui liait Lecter et Will.

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