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The Shield

6.10 - Spanish Practices

Miracle Vic

mardi 26 juin 2007, par Feyrtys

La sixième et avant-dernière saison de The Shield vient de se terminer. Pas de cliffhanger, pas de grenade, mais l’espoir d’une ultime saison (la septième sera la dernière) qui verra enfin Vic Mackey affronter ses fantômes. Car s’il a encore réussi à échapper à son licenciement (sous couvert de départ forcé en pré-retraite), Vic n’échappera peut-être guère plus longtemps aux conséquences des méthodes qu’il a utilisé pour forger son empire à Farmington : corruption, moralité plus que douteuse et utilisation de la violence et de la peur.

J’attends la prochaine saison de The Shield avec encore plus d’impatience que je n’attendais cette saison-ci. Car passé le choc du meurtre de Lem par Shane, cet acte barbare n’a eu comme seul effet, au final, que la dissolution de la Strike Team. C’est certes déjà beaucoup, mais j’attends à présent un peu plus. Je ne dis pas que j’ai été déçue ; j’ai trouvé cette saison aussi maîtrisée, aussi prenante, aussi époustouflante que les précédentes, mais voilà, Vic n’a pas répondu de ses actes. Comme depuis le début de la série, Vic finit toujours par s’en sortir, même quand l’univers entier semble ligué contre lui.

The Shield est une série qui peut prendre un nouveau sens selon la façon dont elle va se conclure. Si le créateur de la série a soigneusement évité de donner raison ou tort aux actions de Vic, j’attends tout de même que cet anti-héros par excellence prenne soit l’entière responsabilité du meurtre de Terry et ce qui en a suivi, soit que le système le condamne. D’une façon ou d’une autre, j’attends que les choses changent pour Vic. Qu’il cesse de s’en sortir. Qu’il arrête de se mentir à lui-même en pensant faire son boulot de flic, quand il n’a cessé d’agir pour son propre intérêt et sa carrière.

Qu’on ne se méprenne pas, j’adore Vic, même si je condamne ses actions et même si, dans l’idéal, je pense qu’il devrait y avoir plus de Claudette et moins de Strike Team. J’aime tellement le personnage de Vic que de le voir tout faire pour coincer Pezuela est un grand moment de jouissance, tant l’homme d’affaire véreux n’a aucune idée de l’arrêt de mort qu’il vient de signer en comparant Vic à « une des mouches qui volent au-dessus de ses nombreuses merdes ». De la même façon, voir Mackey, sourire au coin, tenir tête à un avocat qui croit pouvoir l’intimider est un grand moment. Vic contre le reste du monde, on a beau dire, ça marche très très bien, et ce depuis le début de la série. C’est en partie grâce à Michael Chiklis, et en partie parce qu’il est tellement plus facile d’aimer un anti-héros que d’aimer Captain America. Au fond, on a tous un bad guy au fond de soi, et Vic représente cet enfoiré parfait, que tout le monde peut aimer, cet homme qui arrive seul à imposer sa loi et ses règles du jeu.

Malgré tout, je ne peux imaginer qu’il finisse sa carrière sans l’ombre d’une remise en question. Il a déjà émis des regrets quant au meurtre de Terry, mais ce n’est pas suffisant. Je ne veux pas d’une rédemption, ni d’un acte qui en ferait à jamais un héros incompris. Car même lorsqu’il poursuit Pezuela, il le fait moins pour arrêter la mafia mexicaine de racheter Farmington que pour garder son badge. Parce qu’il ne supporte pas l’idée de finir comme son ancien coéquipier et mentor, un ersatz de policier, sans aucun pouvoir véritable. Parce que s’il n’est plus le chef de la Strike Team, il n’est plus rien. Il ne supporte pas non plus l’idée de laisser Farmington à un autre que lui, comme s’il était le seul à pouvoir faire ce boulot. Même Ronnie, qui pourtant a pris de l’ampleur dans cette saison, reste dans l’ombre du grand Vic Mackey, de son charisme et de son extrême intelligence. Il n’y a aucun successeur possible à Vic, et quelque part, c’est plutôt une bonne chose. Même si, comme Claudette le dit, elle a besoin d’un leader qui aurait un peu de Vic en lui. Elle a besoin d’un homme qui connaisse le terrain aussi parfaitement que le détective, moins les manières fortes et moins la tendance à contourner la loi dès qu’il en a l’occasion.

Le départ de Hiatt, le nouveau venu, est à ce propos certes précipité, mais compréhensible. Après s’être retrouvé au milieu des ragots et des rumeurs concernant sa relation d’une nuit avec Tina, Hiatt n’a pas d’autre choix que de partir en claquant la porte. Bon débarras ?
Il était clair que Hiatt n’avait pas l’ampleur d’un Vic, ni même les épaules. Finalement, son personnage n’a servi qu’à montrer l’impossibilité totale de la Strike Team à intégrer un nouveau venu. Même Julian, tout obéissant qu’il est, ne peut s’adapter aux méthodes discutables de la Strike Team. Pour y être accepté, il faut, comme Ronnie, comme Lem, accepter de laisser de côté sa morale et changer sa vision du rôle de policier. Et il faut embrasser Vic comme seul et unique leader, comme père et comme frère. C’est une secte à elle toute seule, la Strike Team.

Les meurtres de San Marcos résolus, Claudette peut au moins espérer rester à son poste encore quelques temps. Mais c’est sans compter ce moins-que-rien de Billings, qui décide lui aussi de partir, non pas en claquant la porte comme un homme, mais en essayant de soutirer plusieurs millions de dollars au département dans un procès qui ressemble à s’y méprendre à une fraude à l’assurance. Le pauvre a été bousculé dans l’enceinte du Barn et il souffre de maux de tête depuis. Connaissant le bonhomme, il semble évidemment qu’il va très bien, mais qu’il essaye de se payer une retraite dorée sur le dos de la mairie. J’avoue, j’aimerais assez que Vic lui explique la vie à sa façon. Juste pour qu’il prenne conscience de sa médiocrité.

En attendant, l’horrible farce que Billings avait organisé pour humilier Dutch ne rend pas ce dernier plus pathétique, au contraire. Il en sort grandi, se comportant en adulte et en gentleman. D’après Tina, il avait une chance avec elle, mais ne l’a pas saisie (la chance, pas elle, quoique... ). J’y crois moyennement. Ou alors elle est vraiment très conne. Ce qui est toujours une possibilité. Ceci dit, elle m’énerve moins ! Son escapade avec Hiatt, aussi agréable fut-elle, la laisse vulnérable et la rapproche de Danny, qui la réconforte en lui disant que ce n’est pas sûrement pas le dernier con avec qui elle passera une nuit. Et elle sait de quoi elle parle !

C’est peut-être aussi pour ça qu’elle finit par embrasser Dutch dans les vestiaires. Peut-être à cause de tous les cons de la terre, de tous les Mackey et compagnie qui sont toujours là pour tirer un coup rapide mais jamais là pour le reste. C’est peut-être grâce à Vic si Dutch réussit à se rapprocher de Danny... Mais je ne peux m’empêcher de me demander si les femmes attirées par des Mackey sont capables de tomber amoureuses des Dutch de ce monde.

Dans tous les cas, le baiser échangé entre Danny et Dutch était attendrissant et plutôt bien amené. La mort d’un célèbre clodo du coin, Miracle Joe, les amène à écouter une histoire tragique à laquelle ils ne sont pas habitués dans les quartiers pourris de LA : une histoire de coeur brisé. Quand un homme ne se remet pas de la mort de son frère, qu’il abandonne tout pour lui, et qu’il ne trouve pas la force de retrouver une vie normale, il devient SDF, sans faire de mal à personne, ni demander quoi que ce soit. Mais il réussit à laisser sa trace, il continue à marquer des vies. C’était Miracle Joe. Un écueil d’espoir à lui tout seul. Le récit de sa vie, raconté par son neveu, était simple mais l’acteur et les scénaristes ont réussi à en faire une belle histoire. C’était effectivement très touchant. Et les larmes de Dutch sont compréhensibles, pas du tout émasculantes. Elles sont naturelles, tout comme la façon dont Danny et lui se rapprochent et s’embrassent. Reste à savoir s’ils sont capables de devenir un vrai couple ou s’il ne s’agissait que d’un besoin passager de chaleur humaine.

Et bien sûr, au milieu de tout cela, il y a Shane, Shane et ses brillantes idées, Shane et sa capacité incroyable à s’enfoncer toujours plus profond dans la merde, Shane et ses méthodes héritées directement de Vic... Il y a Shane contre la mafia arménienne et contre son ancien mentor. Il y a Shane seul au monde, comme son ancien mentor. Je ne donne pas cher de sa peau...

La saison six a été semblable aux précédentes : excellente de bout en bout. Parfaitement orchestrée, parfaitement maîtrisée, servie par des acteurs impeccables et des dialogues qui sonnent vrai. Après 6 saisons, il aurait pu être facile de tomber dans le recyclage d’histoires et de situations, mais ce n’est pas le cas : The Shield réussit même l’exploit de faire revenir à la surface des dossiers et des personnages presque oubliés sans que cela ne paraisse artificiel.
La saison sept sera a priori la dernière, et avec elle nous devront dire au revoir à l’un des meilleurs cop shows de la télévision américaine (je n’ai pas encore vu The Wire, donc je me garde de dire le meilleur cop show tout court).

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