Accueil > pErDUSA > Critiques > Séries > The Vampire Diaries > 1.05 - You’re Undead to Me
The Vampire Diaries
1.05 - You’re Undead to Me
Faces I Remember
dimanche 11 octobre 2009, par
Mais c’est bien connu qu’il faut toujours attendre un peu car les Pilotes sont souvent trompeurs, on peut vite passer à quelque chose de totalement différent. Alors comme tous ceux qui ont eu la bonne idée de continuer à suivre The Vampire Diaries par curiosité, je me suis retrouvée très surprise de constater qu’il faut plutôt la classer aux côtés de Supernatural : une petite série fantastique très chouette et prenante, mais qui sera toujours vue de loin avec un sérieux mépris.
En fait j’ai tout simplement le sentiment que retrouver un peu de la bonne vieille époque de la WB, peut-être parce qu’elle est produite par l’un de ses vétérans et que je suis une vieille conne nostalgique. Je considère Supernatural comme le dernier vestige de la chaîne, et The Vampire Diaries aurait eu une jolie place il y a dix ans au milieu de Buffy, Roswell, Felicity, Popular et tous ces teen shows loin d’être cons qu’on avait hâte de retrouver chaque semaine, qu’on ait quinze ou quarante-cinq ans. Des séries à l’opposée de ce qu’on nous sert actuellement et qu’il est impossible d’apprécier sans détachement cynique lorsqu’on a passé la puberté. C’était aussi l’époque où il y avait le choix en matière de séries fantastiques. Actuellement, nous n’avons que True Blood qui marche très bien mais ne s’adresse pas à tous les âges, Supernatural qui est autant snobée que Buffy mais moins populaire, cette nullité exaspérante d’Heroes, des trucs sur PaSciFi qui ne valent même pas mention, et quelques drames aux éléments fantastiques qui se trouvent plus à mi-chemin de la science-fiction. Les bons vieux monstres et pouvoirs magiques se font une denrée rare.
Résultat, le fait que The Vampire Diaries soit une série très décente est encore plus appréciable. Les comparaisons avec Twilight peuvent s’arrêter, qu’elles soient justifiées ou non parce que l’un a été écrit avant l’autre, gnagnagna. C’est aussi pertinent que "Buffy contre Twilight". Je n’ai lu aucune de ces sagas, je m’en fous, Twilight c’est chiant, débile, moralisateur, insultant, et ne mérite juste pas d’exister car par sa faute les vampires sont devenus un effet de mode méprisable. Point Barre.
Je suis la première à en être étonnée, mais The Vampire Diaries n’est pas un guilty pleasure pour moi. Je ne la regarde plus d’un air moqueur et détaché, je ne roule pas des yeux en permanence, je ne fais pas de commentaires devant, je ne pouffe pas. Non, je la suis avec plaisir et intérêt. Moi qui n’ai jamais vraiment aimé le boulot de Kevin Williamson, à part le premier Scream, et m’attendais à une double dose de geignardise vu le sujet, je ne me suis faite agréablement avoir. Il n’y a peut-être pas de quoi crier au génie, mais je ne vais pas non plus dénigrer juste pour passer pour quelqu’un de soit-disant bon goût parce que l’opinion générale ne sera pas d’accord. C’est comme de clamer que Battlestar Galactica est le must de la série intelligente pour bien se faire voir, c’est un manque d’opinion propre qui m’énerve. Bref.
Ce qui me fait principalement aimer TVD est qu’elle a une mythologie se développant très vite. Alors qu’on était simplement partis sur deux frangins vampires obsédés par le sosie d’un vieil amour, on commence à se poser beaucoup de questions sur ce qui s’est passé exactement avec Catherine, leur transformation, le lien de celle-ci avec Elena, le rapport avec la montre familiale, le pouvoir de celle-ci et d’un autre bijou, quels sont les secrets du petit groupe chasseurs de vampires… et nous n’en sommes qu’à cinq épisodes. Globalement nous avons une bonne intrigue principale et si cela pêche avec celles secondaires, elles ne plombent pas trop l’ensemble parce qu’elles ne sont pas complètement indépendantes les unes des autres. Les gros défauts du Pilote se sont estompés, comme l’omniprésence de la musique qui bouffaient carrément des dialogues. Visuellement ce n’est pas trop mal, il y a de bonnes couleurs froides et des scènes d’attaques toujours réussies car suffisamment horrifiques, malgré le soft des images, pour ne pas glamouriser la mort des victimes. Et puis il y a un petit recul parfois drôle face à son propre sujet, comme lorsque Damon bouquine Twilight et que Caroline lui demande pourquoi il ne brille pas, et bien sûr les petites références sexuelles liées à l’envie de sang qu’il faut contrôler.
Les journaux intimes de Stefan et Elena ne sont qu’un élément microscopique que l’on peut ignorer, et je ne trouve aucun gros boulet. Jeremy a beau continuer à imiter Ephram Brown sans se rendre compte qu’il n’est plus à Everwood, je l’aime bien quand même pour sa relation avec Vicky, qui nous réserve sûrement un beau changement dès la semaine prochaine. L’ex-petit ami est trop transparent pour énerver. Bonnie reste pour le moment la sœur black des Halliwell mais je compte sur son potentiel d’être la Willow du coin. Quant à Stefan, il me laisse indifférente car bien trop mou pour le moment, donc j’attends qu’il montre d’autres facettes comme Angel le fit au fil du temps.

Damon est bien sûr le personnage le plus intéressant. Il tue, manipule, viole (qu’on ne vienne pas me dire que c’est autre chose), mais c’est un monstre qui ne se limite pas à ce statut. Il est charismatique, drôle, et a des émotions contradictoires vis-à-vis de son frangin. Il n’est pas juste là pour être le vilain de service face au gentil Stefan, il y a plus que cela derrière. Et en attendant de savoir quoi, sa terrible relation avec la jeune Caroline est horriblement intéressante. Je ne sais pas comment Ian Somerhalder se débrouillait dans Lost, mais il est ici excellent et sans aucun doute le meilleur élément de la série, malgré un visage en cire.
Je commence également à beaucoup apprécier Elena, qui n’est finalement pas juste une écorchée de la vie bavant bêtement devant le newbie juste parce qu’il est ténébreux, et raconte à son journal comment c’est trop dur la life d’orpheline. C’est une adolescente intelligente qui réalise assez vite que le mystère ça va deux secondes et que l’attitude vague de Stefan est gonflante, qu’elle n’a pas à croire tout ce qu’il dit et lui faire confiance aveuglement, et elle le lui fait clairement remarquer. Elle ne reste pas non plus passive devant le nombre d’indices étranges qui s’accumulent sur la nature des Salvadore, ni ne se précipite à une conclusion complètement aberrante pour toute personne vivant dans le monde réel. Son envie de connaître la vérité, sa difficulté à l’admettre, et surtout la peur que cela suscite en elle plutôt que de l’attirer parce que c’est trop tragique, sont des réactions auxquelles je peux croire. En cela, le montage final du dernier épisode, où elle remet en place tous les éléments du puzzle, est très efficace, n’arrivant ni trop tôt ni trop tard dans la série.
Je me rends compte que l’absence de parents est aussi une bonne chose. J’avais peur que ce ne soit qu’une excuse pour donner de la soit-disant profondeur à Elena, mais vu ses réactions et l’intelligence (jusqu’ici) de l’écriture, cela peut apporter de bonnes scènes qu’une récente orpheline se voit confrontée à des gens trichant avec la mort. Elle se retrouve aussi obligée d’être la plus mâture de la maison à cause d’une tante qui n’assume pas son nouveau rôle, ce qui la fait grandir plus vite et nous évite une adolescente naïve et irréfléchie.
Les relations frères et sœurs prennent d’ailleurs une place très importante dans cet univers où les parents sont majoritairement absents de leurs vies, qu’il est intéressant à noter. Nous avons des jeunes lâchés par eux-mêmes dans un monde devenant dangereux, où les liens filiaux sont à la fois une force contre la solitude et un obstacle pour se construire. Les rares adultes présents détiennent peut-être de quoi les aider, mais préfèrent rester dans l’ombre et ne pas partager leurs connaissances. Si ce n’est pas de la bonne vieille métaphore à travers le fantastique sur la difficulté de grandir, je ne sais pas ce que c’est !
En tout cas je ne conseillerais pas de commencer TVD par n’importe quel épisode pour se faire une opinion, parce qu’on a là un vrai feuilleton qui n’est appréciable que si l’on suit sa progression, qui s’applique aussi au niveau qualitatif.
Certes la série n’est pas exempte de défauts. Mais il y a des personnages pas trop mal travaillés, décemment interprétés, du mystère, de la magie, de l’horreur, du sexe, de l’humour, de l’action, des intrigues qui avancent et s’intensifient vite… En bref tous les ingrédients pour ne pas bouder son plaisir, qu’on soit encore acnéique ou non. Le fantôme de la WB plane encore en ce qui me concerne, et rien que cela illumine ma saison. Tout ce qui manque à The Vampire Diaries pour me retrouver réellement dix ans en arrière est un générique digne de ce nom.