Ah si j'étais chiche-euhhhh...
Nous entrons donc dans la 4e année du nouveau millénaire, et la tradition veut que l'on prenne de bonnes résolutions pour cette année. Que pourraient prendre les décideurs du petit monde du PAF qui pourrait faire évoluer le petit écran vers une certaine justice?
Mettons-nous d'abord à la place du président du CSA. Coincé entre un rôle politique évident et des règles resserrant son champ d'action, son organisme n'a eu de cesse de combattre cette année la diffusion de X par les chaînes payantes et câblées, instaurant le double cryptage, voulant protéger la jeunesse, quand il ne s'embourbait pas dans les multiples reports de lancement de l'hypothétique Télévision Numérique Terrestre (TNT). Ce sont des intentions certes très louables, mais qui cachent certaines faiblesses et injustices, telles le refus obstiné d'accorder une autorisation d'émettre à Zaléa TV, chaîne indépendante et associative à vocation citoyenne, ce qui a fragilisé sa situation financière et par là même son avenir. Dernier point, le CSA applique envers les chaînes une réglementation pour le moins drastique concernant les quotas de diffusion européenne. Ironie du sort, 2003 aura également démontré la nécéssité (je fantasme, hein) d'une loi respectant les oeuvres étrangères. Charcutée même en 3e partie de soirée pour "MillenniuM", épisodes amputés, saisons inédites interrompues sans autre forme de procès ni communiqué de presse ("Roswell" sur M6, dont les 6 à 7 épisodes de fin de série restent à ce jour inédits, après 2 ans d'attente de diffusion), épisodes désordonnés, illogismes de programmation, le "serialus americanus" est une espèce en voie de disparition sous les contraintes du Maître Audimat, et ce malgré certaines programmations impeccables ("Disparition", "Boston Public" pour n'en citer que deux). Il est d'ailleurs étonnant de constater à quel point des chaînes comme France 2 misent toute leur stratégie de communication sur des fictions maison telles "Franck Riva", puisqu'elles y sont encouragées par la loi des quotas, alors que d'autres séries ayant fait un score d'audience très honorable, MAIS étrangères, voient leur avenir incertain à la fin de leurs sessions de diffusion (cf.la pétition "Gilmore Girls").
Alors que les derniers espaces de création un tant soit peu indépendants tels que Canal Plus se "normalisent" et proposent un contenu -en clair comme en crypté- finalement proche des chaînes hertziennes, le tout dans un souci de rentabilité, les programmes de divertissement, toutes chaînes confondues, voient leur production devenir filiale obéissante d'un nouveau pouvoir médiatique phagocyte, j'ai nommé...Endemol. Même si son fondateur, le très peu scrupuleux John De Mol, ne contrôle désormais plus le navire, son ombre continue de planer sur les télés européennes, promettant (à quel prix?!?) toujours plus de rentabilité et d'audience facile pour le privé comme pour le public. Finalement c'est peut-être ça la bonne résolution à prendre pour les directeurs de programmes: vade retro Endemol.
Et puisque l'on parle des directeurs de programmes, spéciale dédicace à ceux de Jimmy et Série Club, les deux frères ennemis du câble et du satellite. Ils auraient chacun à prendre des résolutions très importantes, quoique totalement opposés. En ce qui concerne les premiers, combattant la morosité ambiante de leurs grilles de programmes, qui jusqu'à peu étaient teintés de "golden" et de "rotten oldies" tels que "Un flic dans la mafia", "Dynastie", "Dallas", ou encore "Poltergeist", ils nous proposent dès ce début d'année une programmation en béton, composée des inédits de "NYPD Blue", "Friends", "The Wire", et comprenant les deux grosses claques de l'année dernière pour les Edusiens et l'ensemble du FLT: "Dead Like Me", la série sur les passeurs d'âmes loufdingues, croisement supra-original et totalement jouissif de "Six Feet Under", "Angela 15 ans" et les Zucker/Abrahams/Zucker, rien que ça. A découvrir dès février, avec le pilote le 9 janvier. Et un peu plus tard, en avril, amerissage de "Carnivàle", nouvelle série d'HBO qui propose de suivre les tribulations d'un jeune employé de fête foraine itinérante, croisé avec le destin d'un révérend aux agissements louches, le tout dans les années 30 avec une réalisation à tomber par terre. Donc la bonne résolution à prendre serait de continuer comme ça, d'autant plus que la majorité sera en VM ou en VOST. Pour Série Club, eh bien, Nymphadora Tonks l'a résumé il y a quelques mois de cela: arrêter de croire que "Le rebelle" et "Starsky et Hutch" sont des séries fédératrices, nous débarrasser de "Diagnostic:Meurtre" une bonne fois pour toutes, réinstaller la VOST en 2e partie de soirée et non en 3e partie, mais la meilleure résolution serait la suivante pour nos regrettables amis qui jouent de leurs secrets de Polichinelle et nous conseillent de surveiller nos programmes TV en guise de transparence: arrêter de se payer notre tête et commencer à (re)diffuser utile.
En clair, assez de réflexion en 2004, place à l'action.
