C DANS LES VIEUX POTS — The Monty Python’s Flying Circus • Episode 2.01
Par Arnaud J. Fleischman • 15 décembre 2006
Abandonné par la LTE, disparue corps et biens pendant l’été, dans l’indifférence générale, comme une petite vieille ayant succombé à la canicule dans un immeuble déserté par ses occupants, tous partis entretenir leur cancer de la peau sur les plages françaises ou d’ailleurs, le chroniqueur connu précédemment sous le nom de Jarod revient pour partager avec les visiteurs du Village ses souvenirs télévisuels, revisiter des classiques de la télévision européenne, bref : ramener sa science, comme il sait si bien le faire.
And now for something completly different...

C’est sur la très respectable et respectée BBC que « The Monty Python’s Flying Circus » fait son apparition en 1969. Mais comme de nombreux téléspectateurs français, je ne découvris les délires du cirque volant des Monty Python qu’au début des années 90. Tout d’abord sur FR3 (merci à Alex Taylor et son émission « Continentales » qui, en dehors des Monty Python, me fit découvrir que John Stedd et Emma Peel parlaient anglais) puis sur Canal Jimmy et Arte (et oui, « TMPFC » fut l’un des premiers programmes de la chaine culturelle franco-allemande). Après avoir failli mourir de rire devant les oeuvres cinématographiques de cette bande d’Anglais (plus un américain, nul n’est parfait), « Monty Python’s Holly Grail », « The Life of Brian » et « The Meaning of Life » (trois chefs d’oeuvre d’humour à voir et revoir), je pus de nouveau mettre mes zygomatiques à rude épreuve avec les premières créations de cette troupe d’allumés. Et ce malgré les sous-titres belges rendant certaines références culturelles incompréhensibles. Les sketches du cirque volant, dès leur première vision, marquèrent en profondeur ma mémoire, que ce soit le perroquet mort, le ministère des marches stupides, l’invasion des extraterrestres qui veulent gagner Wimbledon, la blague la plus drôle du monde, les Jeux olympiques des benêts bien nés, le match de foot entre les philosophes grecs et allemands, ou encore l’inquisition espagnole (nobody expect The Spanish Inquisition).

Avant de former les Monty Python ; la bande fit ses classes dans des émissions devenues cultes outre-Manche comme « At Last The 1948 Show » (véritable antichambre du cirque volant) ou « Do Not Ajust Your Set » (émission pour enfants qui vira au délire organisé rassemblant un public plus large que prévu, et surtout plus adulte). Ces deux productions inédites à la télévision française, mais disponible en DVD (alors que le « Flying Circus  » ne l’est toujours pas), portent en germe ce que sera le « MPFC ».
C’est en 1969 que Graham Chapman et John Cleese, rejoints par Eric Iddle, Terry Jones, Michael Palin et Terry Gilliam (l’américain c’est lui), commencent à écrire les sketches de ce qui sera le « Monty Python’s Flying Circus » (et qui aurait pu être « Owl Streching Time, Vaseline Review, Cynthia Felatio’s Flying Circus »). Il n’est pas question de faire du programme une émission de “chansonniers ” se moquant des hommes politiques ou des particularismes régionaux. Les Monty Python veulent s’affranchir des règles traditionnelles des émissions d’humour. Leurs sketches peuvent aussi bien durer 15 secondes que courir sur l’émission tout entière, s’interrompre brutalement, ne pas avoir de chute, devenir un runing gag. La forme du « Flying Circus  » est libre. Le ton, résolument débridé. L’ensemble, fortement teinté de surréalisme. Outre des sketches “traditionnels” en live, le programme accueille les animations originales de Terry Gilliam qui servent de transition et de liant, renforçant le côté surréaliste du show.
« Monty Python’s Flying Circus » ne se contente pas d’un bel emballage, le contenu est à la hauteur du contenant. Les Monty Python flinguent à tout va la société britannique des années 70. Dans des sketches totalement branques, la famille, la religion, la justice, le sexe, la télévision sont tournés en ridicule. Il n’est pas une institution qui ne passe à la moulinette de l’humour de la bande de mauvais garçons. Les banquiers de la City sont tous bas de plafond, les policiers idiots, les militaires crétins, les prêtres obsédés, les juges incompétents, les médecins des bouchers, les psys des charlatans....
Au milieu de ce déboulonnage en règles des valeurs de la société anglaise, les figures historiques, britanniques ou non, sont aussi les victimes de ce jeu de massacre. Parodiés, détournés, encore une fois ridiculisés, les hauts personnages sont représentés comme aussi idiots que les contemporains des MP.
Si encore ces joyeuses drilles se contentaient de s’en prendre a leurs compatriotes, mais ils poussent le vice jusqu’a s’attaquer aux bucherons canadiens, aux Australiens, et même, outrage suprême, aux Français (voir le sketch hilarant du mouton volant).
Il faut également imaginer qu’à l’origine le « MPFC » était diffusé dans une case jusqu’alors réservée à un programme religieux. Il va sans dire que l’émission provoqua des réactions indignées des téléspectateurs, peu habitués à se faire bousculer de la sorte en regardant la très sérieuse BBC. Cependant, le programme tint bon. Ce qui n’est pas un mince exploit quant on sait que la télévision, bien plus que tous les autres, est la principale victime des attaques des Monty. Sont passés à leur moulinette débats ineptes, retransmissions sportives saugrenues, jeux débiles (déjà à l’époque) et surtout journalistes falots et pourtant prétentieux. Comme ce présentateur du JT, incarné avec brio par John Cleese, apparaissant n’importe où et surtout n’importe quand pour ne dire qu’une seule et unique phrase : “And Now for Something Completly Different

Entre 1969 et 1974, en 45 épisodes, « TMPFC » a mis à mal de nombreux zygomatiques. Toujours jouissif, le « Flying Circus  » reste une référence télévisuelle, un monument de l’humour anglais, un incontournable du non-sens.

Post Scriptum

Autour du « Flying Circus  » :
En attendant la sortie de l’intégrale de la série (on peut toujours rêver) les deux ancêtres (« At Last The 1948 Show » et « Do Not Ajust Your Set ») sont, comme je l’ai dit, disponibles en DVD. Tout comme les trois films de la bande.
Un site en anglais reflete bien l’esprit du groupe Python on line