Ce mois de juillet est marqué par une collision — un peu malencontreuse — d’évènements. A compter de ce jour, deux manifestations de grande importance se déroulent en effet parallèlement, et on espère bien qu’une meilleure coordination nous permettra en 2013 de profiter pleinement des deux.

D’abord, la Comic Con parisienne tiendra de jeudi à dimanche sa quatrième édition, comme d’habitude en parallèle de la très installée Japan Expo. Cette convention pour laquelle affluent des centaines de millier de personnes vers Villepinte est clairement le premier événement geek de France. Comme en 2010 et 2011, Le Village en rendra compte abondamment. Non seulement ici-même, mais également dans le blog spécial pour aborder les événements qui sortent de notre ligne éditoriale, qu’ils concernent les séries américaines, les comics ou le cinéma.

Comic Con Paris a l’avantage de rappeler l’existence massive de ce public, quasi-totalement ignoré par la création française. L’une des rares icônes geek nationale fera d’ailleurs l’événement jeudi : Alexandre Astier animera une master-class, avec le talent qu’on lui connaît. Son frère Simon sera aussi dans les parages pendant les quatre jours de l’événement.

La manière dont ce public est négligée par la fiction française, qui confine au mépris, ne cesse de nous interroger. D’autant plus dans le contexte actuel, celui paradoxal où il faudrait réussir à produire plus et mieux, mais pour moins cher. Quitte à me faire taxer de cynisme — j’y vois plutôt du pragmatisme — il faut constater que cette audience est de celle qui s’investit le plus dans un programme au-delà du simple fait de le regarder. Elle achète des DVDs, des produits dérivés, se passionne pour l’envers du décor, est en demande de voir les univers qu’elle aime être prolongés, que ce soit sous la forme de romans, bande-dessinées, webisodes, jeux-vidéo… Bref, il y a là toute une économie, balbutiante en France, pour ne pas dire inexistante, à mettre en place. J’ai l’étrange sentiment de défoncer des portes ouvertes. Pourtant force est de constater que des modèles étrangers n’ont jamais trouvé d’équivalents français. Des séries comme « X-Files », « Lost » ou même « Battlestar Galactica » n’ont jamais été en tête des audiences aux États-Unis. Elles figurent cependant parmi les séries les plus rentables pour leurs producteurs. Malgré son budget extrêmement élevé, « Game of Thrones » prend le même chemin.

A cet égard, l’autre événement du week-end, Série Séries, est particulièrement encourageant. Ce nouveau festival consacré aux séries, hébergé à Fontainebleau, propose un programme alléchant, et une approche dont on sent clairement qu’elle cherche à concilier l’exigence de qualité et le populaire — à la différence d’un autre événement similaire se tenant à Paris au printemps, qui se perd dans un élitisme snob d’autant plus flagrant qu’il est en contradiction évidente avec le public présent.

La fascination unilatérale pour les « The Wire » et les « Mad Men » a fait bien plus de mal que de bien à la fiction française qui mourra de sa belle mort si critiques et créatifs persistent à se référer uniquement à des créations qui ont toutes les qualités du monde, mais que quasi personne ne regarde.

Série Séries se lance avec la neuvième Journée de la Création TV, dans la cadre de laquelle j’aurais le bonheur d’animer une des table-ronde, intitulée “Quelles histoires, pour quels publics ? Le mode de fabrication des séries à succès”. Si vous n’êtes ni sur place, ni à Comic Con, elle sera retransmise sur le Canal 24/24 de Public Sénat, accessible sur son site internet ou via la version Box ADSL de la chaîne, dès 15h (et également disponible ultérieurement en rattrapage en ligne).

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