LIFE ON MARS - Saisons 1 & 2
"My name is Sam Tyler. I had an accident, and I woke up in 1973. Am I mad, in a coma, or back in time ?" Sam Tyler
Par Dominique Montay • 30 octobre 2007
2006 - 2007
Production : Kudos (Royaume-Uni)
Diffusion : BBC (Royaume-Uni)
Créateur : Matthew Graham, Tony Jordan & Ashley Pharoah
Avec : John Simm (Sam Tyler), Philip Glenister (Gene Hunt), Liz White (Annie Cartwright), Dean Andrews (Ray Carling), Marshall Lancaster (Chris Skelton), Tony Marshall (Nelson), Noreen Kershaw (Phyllis Dobbs)

Cette critique dévoile la fin de la série et se destine donc à ceux qui l’ont déjà vue.

My name is Sam Tyler

Lorsque nous faisons connaissance avec Sam Tyler, c’est un inspecteur froid et calculateur, un flic qui aime suivre les régles pour faire son travail. Il a aussi une petite amie, avec laquelle il travaille. C’est à peu près tout. Sa description est expéditive et sans fioriture. Ce n’est pas via le présent qu’on en saura plus sur lui. D’entrée de jeu, la petite amie de Sam se fait enlever par un tueur en série, un maniaque. Mais Sam Tyler le super flic droit comme un I ne pourra pas lui venir en aide. Percuté par une voiture, Sam va disparaître, et revenir en 1973. Comme il le dit dans le générique de la série : est-il fou, dans le coma, ou de retour dans le passé ? Ces questions, Sam va tenter d’y répondre au fil du temps, sans réellement réussir. Voilà le picth de « Life on Mars » [1] , qui empreinte son titre à une des chanson les plus populaires de David Bowie. [2]

Le premier reflexe de Sam une fois réveillé 25 ans en arrière, vêtu d’une veste en cuir et une chemise à col large, c’est d’aller au comissariat où il travaille. Et le choc continue : il est bien en 1973. Les looks, les postures, les bureaux, la couleur même de son environnement a changée. On fume dans les bureaux, les femmes sont cantonnées à des rôles plus que subalternes et sont soumises à un traitement des plus sexistes, et la couleur blanche n’est pas majoritaire, elle est exclusive. Comment va s’en sortir Sam Tyler, lui qui se pense tellement bien ancré dans son univers, tellement à l’aise en 2005 pour s’adapter à ce monde qu’il décrit lui-même comme étant "une autre planète" ?

Une autre planète

Grande surprise pour Sam Tyler, il est attendu par les autres flics. En effet, un DI (Division Inspector) venant de Hyde nommé Sam Tyler devait arriver dans la journée. Evidemment, Sam Tyler ne sait pas où se trouve Hyde, et ne connaît pas plus le nom de son nouveau chef, le DCI (Divisional Chief Inspector) Gene Hunt. Gene Hunt. Le "Gene Genie" comme il aime se nommer à l’occasion. Une brute épaisse d’un mètre quatre-vingt dix, vulgaire, expéditif, buté, plutôt bas de plafond, alcoolique, qui trompe sa femme... En réalité, imaginez le pire, Gene vous satisfaira. Et dans les grandes largeurs.
Son équipe n’est pas vraiment là pour redresser le niveau. Le DC Chris Skelton, un gentil benêt. Mais un gentil benêt avec un flingue et des aspirations, quand même. Le DS Ray Carling, la moustache aussi finement taillée que son personnage est gras. Un homme dénué de sens de la réflexion qui vit comme Gene Hunt lui dit de vivre, sorte de copie-calque de son maître, mais floue. Et au milieu d’eux, Sam Tyler, qui en plus d’être sous les ordres d’une caricature de flic violent, se met à dos Carling, auquel le poste de DI était promis. Sam Tyler a envie de rentrer, de retourner en 2005, et on ne peut pas lui en vouloir.

Mais tout n’est pas négatif dans ce passé que Sam a rejoint. Une fleur semble s’extraire de ce champ boueux : la WPC Annie Cartwright, jolie jeune fille un peu ronde, un peu timide, mais tout de suite attirée par Sam, qu’elle veut aider dans ses problèmes, même si elle est comme les autres incapable de les comprendre.

Parce que c’est bien là un des fondements de la série. On ne sait pas ce que vient faire Sam ici, et il ne peut se confier à personne. Pas d’aide extérieure, pas de guide pour vous tenir la main. Sauf... la télévision. Ou tout ce qui diffuse une onde. C’est là le seul moyen de Sam pour communiquer avec le monde extérieur. Même si communiquer reste un bien grand mot, vu que Sam n’a pas la possibilité d’interagir avec ces "manifestations". Via les ondes, Sam entend ce qu’il se passe dehors. Qu’il s’agisse dans les premiers temps de cette mire télévisuelle mettant en scène une petite fille (test card girl [3]) et un clown en peluche (vision assez terrifiante par moment), ou bien ce professeur en mathématiques assez ennuyeux, ou plus tard via la radio ou les radios de communication, Sam entend le futur, son présent, en fait. Tout tend à prouver que Sam est dans le coma. Ni dans le passé, ni fou... quoique...

Car sa folie, ses nouveaux collègues vont pouvoir en être les témoins à de nombreuses reprises. A chaque fois que Sam se met à parler à une radio, à faire des allusions soit anachroniques, soit prophétiques, ou quand par hasard il croise en 1973 une personne qu’il connaissait dans le futur, qu’il s’agisse de sa mère, de son mentor, ou de son père.

Papa, maman, Gene et moi

Ses relations avec sa famille, c’est bien ça le coeur de la saison. Tant est si bien qu’on se met à croire (avec lui, d’ailleurs), qu’il est dans le passé afin d’arranger quelque chose dans sa famille. Sam n’a pratiquement pas connu son père, parti très tôt de la maison familiale. Il était décrit par sa mère comme étant un vendeur itinérant, un type bien mais absent à cause de son travail. Sam a fait de son père une icône, un grand homme, au fil du temps. Ses souvenirs avec lui, limités à l’enfance, sont joyeux et forts... mais aussi aveugles. Sam n’a en fait pas connu son père à l’âge où chaque garçon ou fille, communément, se pose des questions plus en profondeur sur la véritable nature de leurs parents. Et Sam va faire ces découvertes, au fur et à mesure dans la première saison.

Sam rencontre d’abord sa mère, fidèle à l’image qu’il a encore d’elle (elle est toujours en vie en 2005). Une mère aimante mais qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Sam la croise au milieu d’une enquête alors qu’un gangster local sème les morts sur son passage. Son attitude vis-à-vis d’elle semble totalement inadéquate par rapport à ses collègues (il lui donne un faux nom, donne l’impression de vouloir fricotter avec elle...). Cette attitude ambivalente, il l’aura avec beaucoup de personnes qu’il croise, une sorte de tentative maladroite de cacher l’amour qu’il porte à ces gens (ou le respect), mixée à cette envie qu’il a de révéler sa situation ou de parler du futur. Des situations qui provoque souvent un rire bienvenu ou une connivence gênée avec Sam. Ce face à face avec sa mère va être le moyen de soulever certaines zones d’ombre, mais pour cet épisode (1x04), il ne va pas trop loin et se contente de poser quelques questions sur lui et son père.

Sam voue une admiration sans borne à son père et souffre de ne pas l’avoir mieux connu. Cette souffrance est palpable dans l’épisode 1x06, pendant lequel Sam Tyler doit faire face à deux ultimatums : en 1973, une prise d’otage tourne mal et en 2005, un médecin annonce qu’il vaut mieux "débrancher" Sam. Dans cette explosion de supense et de tension superbement maîtrisée, John Simm nous offre une prestation qui confine au magistral. Sam Tyler nous parle de son anniversaire. Une période pendant laquelle Sam, plus que toute autre, désespérait de voir son père revenir. Sam descendait de l’escalier, croisait sa mère qui lui annonçait, triste, qu’il n’avait pu se libérer pour être présent. Son père, caché derrière lui pour lui faire la surprise, se mettait à siffler "For he’s a jolly goodfellow (car c’est un bon camarade)". Alors, Sam fermait les yeux pour savourer le moment. Lorsque Sam semble revivre cette scène au terme de la prise d’otage (ainsi que l’heure annoncée du débranchage), un immense sourire se dessine sur le visage de John Simm. Et à ce moment précis, Simm, acteur de 36 ans arrive à nous donner l’impression d’être un enfant de 6 ans, innocent et fou de son père.

Mais cet amour aveugle, Sam va le payer au prix le plus cher en fin de saison 1. Car Sam va rencontrer son père, enfin. En tant qu’adulte responsable et capable de voir ce qu’il y a de mauvais dans les êtres humains. Dans l’épisode 1x08, Sam va vouloir aider son père, arrêté dans une chambre d’hôtel où était supposé se produire un trafic de drogue. Persuadé qu’il est victime d’un malheureux concours de circonstances, Sam va tout faire pour le sortir de là. Il est toujours charmé par son père et partagera même avec lui une partie de football aussi inattendue que touchante. Mais tenter de vivre des moments privilégiés n’arrive pas à occulter la vérité. Le père de Sam est un malfrat. Et pas spécialement un tendre. Sam se rend compte que les évènements qu’il est en train de vivre lui rappellent le jour où il a vu son père pour la dernière fois, à un mariage. Ce souvenir trouble et confus devient au fil de l’épisode plus limpide. C’est à cause de problèmes avec la justice que son père a fuit. Et lors de sa fuite, il fut suivi par une femme en rouge (en 1973, Annie, alors flic en couverture), qu’il roua de coup pour pouvoir s’échapper. Et Sam, enfant, l’avait suivi mais avait bloqué ce souvenir. Cette découverte désespère profondément Sam, qui découvre à la fois la véritable nature du paternel, mais comprend aussi que son destin d’expatrié temporel n’a rien à voir avec sa famille et quelconque problème à régler en rapport avec ça.

Mais ce n’est pas le seul épisode lié à la mémoire de Sam. En réalité, ils le sont tous plus ou moins. Qu’il enquête sur des lieux qu’il connait, ou sur des supporters avant un match qu’il a vu avec son père (le dernier), Sam fait toujours un lien entre les évènements qu’il vit, et sa mémoire. Encore un indice sur son état de comateux.

Heureusement, afin de lui venir en aide, le soutenir, Annie est là. Touchante, toujours douce, elle essaie tant qu’elle le peut de venir en aide à Sam, tout en essayant de le comprendre, ce qu’elle a bien du mal à faire. Au fil de la série, leur relation va évoluer de l’amitié à quelque chose de plus profond, mais qui attendra la conclusion de la série pour vraiment trouver une véritable définition.

Les rapports entre Gene Hunt et Sam Tyler sont un autre axe de la série, mais celui ci est immuable et parfois répétitif. Gene est violent, trouve les indices dont il a besoin pour valider ses théories (Sam, c’est plutôt le contraire) et de plus est corrompu. C’est, en simplifiant, la troublante antithèse de Sam Tyler. Il est bourru là où Sam est fin, borné quand Sam est ouvert... Sam va donc essayer par tous les moyens de changer Gene Hunt. Il y arrivera parfois, au cas pas cas, lui faisant entendre raison à de multiples reprises, changeant son avis, réussissant même à lui faire refuser des pots de vin... mais rien sur le long terme. Gene Hunt reste Gene Hunt et rien ne semble profondemment le faire évoluer. Cet aspect de la série, cette sensation de voir le bon sens de Sam se heurter à la fermeture d’esprit et les préjugés d’une période complète (encore plus que le seul Gene Hunt), montre Sam sur un aspect peu reluisant de son personnage.

Sam Tyler, superflic

Sam Tyler est terriblement arrogant. Ses airs supérieurs, même si guidés par le plus pur des professionnalisme, est très souvent aussi mal amené qu’une remarque sexiste d’Hunt. Sam perd alors toute sa finesse et devient une sorte de monsieur-je-sais-tout-qui-vient-du-futur-où-on-fait-tout-mieux-que-tout-le-monde. Une façon de rapprocher le spectateur des collègues de Sam, de les rendre plus sympathiques, mais sans forcemment que Sam le devienne moins. Et pour ça, on peut souligner l’excellence du jeu de John Simm, qui arrive par son seul charisme à provoquer de l’empathie pour son personnage dans un grand nombre de circonstances.

La saison 2 semble repartir sur un rythme routinier. S’il est agréable de retrouver la petite bande (avec Annie qui a été promue au rang d’inspecteur), Sam, lui, semble avoir plus ou moins renoncé, trouvant ses marques dans ce passé un peu moins hostile. Au fil de la saison, il va croiser un malfrat qu’il a mis sous les verrous dans le présent et qui vient le perturber dans son coma, menaçant de le débrancher (2x01), son mentor (2x02), la mère de sa petite amie, qui va le quitter, n’en pouvant plus d’attendre son réveil (2x06) mais aussi une tante qui travaillait dans les produits de beauté (2x04).

Si ces rencontres sont moins chargées en émotion que celles qui concernait Sam et sa famille proche, elles permettent d’éclairer un peu plus les années 70 sous le regard de Sam. Le racisme est traité en profondeur. Les Afro-britanniques (2x02), présents depuis des années sur le continent et tentant péniblement de se faire une place dans le monde du travail. Le mentor de Sam joue de toutes les cartes mises à sa disposition pour s’en sortir usant souvent d’une auto-dérision qui s’apparente plus à de l’auto-flagellation. Sam ne reconnait pas son mentor dans cette représentation, et va tout faire pour le remettre "sur les bons rails", en appelant à son sens de l’honneur et de la fierté. Quelque chose qu’a du mal à comprendre l’homme, et pour cause. L’immigration indienne, très forte dans les années 70, est aussi traitée, montrant l’accueil qui leur est reservé, et leurs rapports avec les racistes "passifs" (Gene Hunt, Skelton...) et les nazillons. On y parle aussi de l’IRA et du terrorisme, et de l’échangisme (à l’époque de la libération sexuelle, ç’aurait été dommage de ne pas aborder le sujet).

Le petit monde de Sam

En dehors des évidences énoncées ci et là pour prouver que Sam est bien victime d’un coma, c’est bien dans son approche des années 70 que la série donne sa meilleure piste. Si on en croit les dires d’un ancien inspecteur de police anglais, la façon dont « Life on Mars » décrit cette période dans cette profession est totalement fausse, des apparats vestimentaires au langage (personne n’appelait son patron guv’). Mais cette vue d’esprit est présente dans les séries visionnées dans cette époque. Les voitures qui déboulent à toute vitesse en se garant immanquablement en renversant une poubelle, les attitudes et autres considérations esthétiques ramènent à une chose : Sam imagine les flics dans les années 70 comme des flics de série télé.

Tout cet univers semble, si on s’y attarde, à un monde créé par l’esprit de Sam, une période charnière dans sa vie, bien ancrée dans sa mémoire à l’enfance, mais camouflée au fil des ans, et qui resurgit aujourd’hui qu’il est dans le coma. Sam s’y est réfugié, tentant d’y trouver les réponses à son problème, errant dans ce Manchester fait de souvenirs et images gravées à vie, provenant de la télé, de la musique, de sa culture générale et de sa propre expérience d’enfant.

We’re off to see the Wizard, the wonderful Wizard of Oz

Alors que la seconde saison et son rythme nous amène à penser que « Life on Mars » tombe dans la routine, le 2x07 nous emporte doucement vers la conclusion. L’officier Frank Morgan arrive au commissariat pour prendre la place de Gene Hunt, suspecté de meurtre. Comme Sam, il vient de Hyde. Et son but est clairement de faire tomber Gene Hunt. Entre Sam et Franck, le courant passe tout de suite. Aussi ordonné et attaché aux règles que lui, il est aussi d’une rigidité et d’un méthodisme qui ravit Sam. Enfin, il se sent proche d’un collègue (en dehors d’Annie). Et ce collègue, justement, semble en savoir bien plus qu’il ne veut bien le dire. Avant de quitter le commissariat, après que Sam ait innocenté Gene, Frank fait comprendre à Sam la raison pour laquelle il est là : faire tomber Gene Hunt et son équipe. Ca serait donc la solution ? La grande raison pour laquelle il est coincé en 1973 ? Faire tomber un flic pourri ? Ca paraît tellement simple et un peu dérangeant. Forcemment, au fil du temps on s’est prit d’affection pour ce Gene Hunt moins butor qu’il il parait et son équipe de brave gens. Frank Morgan. Un nom habilement choisi puisqu’il s’agit du nom de l’acteur qui jouait le magicien dans la version de 1939 du Magicien d’Oz. Cette référence, ajoutée à celles, continuelles de la série à cette fiction (qu’il s’agisse de "Follow the yellow brick road", cité par Sam Tyler assez fréquemment, Gene qui surnomme Sam "Dorothy", les personnages de la série, Gene Hunt qui n’a pas de coeur, Ray Carling qui n’a pas de cervelle, Chris Skelton qui n’a pas de courage...). Sam est donc de l’autre côté du miroir, et c’est le magicien, Frank Morgan, qui va l’en sortir.

Le réveil

Le dernier épisode, celui qui doit tout nous faire comprendre, est un monument de télévision fait de suspense, d’émotion pure et de tragédie. Tout se recoupe enfin dans le rêve comateux de Sam Tyler. Même si on essai encore de nous mener en bateau. Alors que Frank Morgan insiste pour que Sam fasse tombeer Gene, Sam entend qu’un chirurgien cérébral va réaliser une opération pour Sam afin de retirer une tumeur, raison pour laquelle il n’arrive pas à se réveiller. Sam en déduit que Frank est le chirurgien, et que faire ce qu’il lui demande lui permettra de mener l’opération à bien, et de ce fait de sauver Sam. Frank va tout de même mettre le doute dans l’esprit de Sam. Alors que ce dernier se convainc que ceux qu’il va trahir ne sont pas réels, Frank lui révèle qu’il est en réalité un officier de la police des polices, qu’il ne s’appelle pas Sam Tyler et que malgré des problèmes psychiatriques récurrents, il a été choisi pour cette mission. Dilemme pour Sam, qui va tout de même trahir assez fortement ses équipiers, puisqu’au moment du réveil, il les laisse plus ou moins pour morts. Sam se réveille alors en 2006, dans un univers froid et aseptisé, celui qu’il voulait tant rejoindre.

“When you can feel, then you’re alive. When you don’t feel, you’re not.” (Quand tu arrives à ressentir les choses, c’est que tu es vivant. Quand ce n’est pas le cas, c’est que tu ne l’es pas). Une philosophie très basique assènée par Nelson, barman du pub favori du comissariat. Elle prend tout son sens lors du retour de Sam dans le présent. Sam semble déconnecté, étranger dans ce monde moderne. Lors d’une réunion avec ses collègues (déprimante à souhait), Sam, sans s’en rendre compte, se rentre un coupe papier dans le pouce. Une évidence vient le frapper alors : dans ce monde qui le considère cliniquement vivant, il est en fait mort, psychologiquement et philosophiquement parlant. Sa décision est définitive : retourner en 1973.

Is there Life on Mars ?

Les auteurs de la série, Matthew Graham en tête lors d’une interview, sont très clairs sur le destin de Sam Tyler, qui décide pour revenir dans le passé de se jeter du haut d’un immeuble. Sam est mort. Cliniquement. Sam, une fois de retour, décide de céder à son attirance envers Annie, lui annonçant qu’il veut cette fois-ci rester. Puis en voiture avec Gene, la radio transmet les paroles du médecin de Sam, qui annonce qu’ils sont en train de le perdre. Sam change de station. Son choix est fait. Il restera en 1973.

Qu’est-ce qu’on peut retirer de cette conclusion. Apologie du suicide ? Critique d’une société trop aseptisée ? Les années 70 sont la meilleure décennie de l’histoire (les créations musicales de l’époque tendraient à valider cette théorie...) ? Ou tout simplement le destin d’un homme, qui plutôt que de continuer une vie sans passion et terne renonce pour vivre un rêve éveillé. Quoi qu’il arrive, même si un sentiment de pleinitude semble gagner Sam Tyler, on a du mal à ne pas penser aux conséquences de son acte, vis à vis de sa mère, surtout. De se dire que quelque part, Sam choisit la facilité en se réfugiant sans cet univers qu’il a créé de toute pièce. Il n’en reste pas moins que le final est absolument poignant, et on a du mal à imaginer comment cette histoire aurait pu se terminer différement. « Life on Mars », de part son esthétisme, la proximité qui se crée entre le spectateur et son personnage principal, son charme, son humour, et toutes ces émotions distillées au fil de la série restera comme un petit bijou immanquable, un des plus beaux fleurons de la télévision anglaise et européenne.

Post Scriptum

Les saisons 1 et 2 de « Life on Mars » sont disponibles en DVD Zone 2. Elle a été diffusée par 13ème Rue, qui semble toujours en détenir les droits.
« Life on Mars » aura une suite, par le biais d’un spin-off « Ashes to Ashes » (encore une chanson de David Bowie). Alex Drake est une psychologue, mère célibataire, qui a eu accès au dossier laissé par Sam Tyler avant sa mort. Kidnappée avec sa fille, elle va s’échapper et sera victime d’un accident. Dans le coma à son tour, elle va se retrouver en 1981, et croiser Gene Hunt et son équipe. D’après Kudos productions, la série sera un mélange entre « Clair de Lune » et « Miami Vice », mais à Manchester et toujours avec la même équipe créative.
« Life on Mars » sera aussi remakée par David E.Kelley, qui repoussait il y a encore peu de temps le lancement de la production à cause d’un problème de casting. Colm Meaney sera Gene Hunt, Rachelle Lefevre sera Annie et, surprenant, Jason O’Mara, sorte de grand californien à la machoire carrée, sera Sam Tyler. Donc si John Simm récapitule les évènement, sa version US, c’est ça (« State of Play » va être remaké avec Brad Pitt dans son rôle). Grand, baraqué et la mâchoire carrée.

Dernière mise à jour
le 31 août 2008 à 07h21

Notes

[1Crédits :

Scénario :
Matthew Graham (1x01 Episode 1, 1x02 Episode 2, 1x03 Episode 3, 1x06 Episode 6, 1x08 Episode 8, 2x01 Episode 9, 2x05 Episode 13, 2x08 Episode 16)
Ashley Pharoah (1x04 Episode 4, 1x02 Episode 2, 1x06 Episode 6, 2x04 Episode 12 )
Tony Jordan (1x05 Episode 5, )
Chris Chibnall (1x07 Episode 7, 2x02 Episode 10 )
Julie Rutterford (2x03 Episode 11)
Guy Jenkin (2x06 Episode 14)
Mark Greig (2x07 Episode 15)
Réalisation :
Bharat Nalluri (1x01 Episode 1, 1x02 Episode 2, )
John McKay (1x03 Episode 3, 1x04 Episode 4, )
S. J. Clarkson (1x05 Episode 5, 1x07 Episode 7, 2x01 Episode 9, 2x02 Episode 10, 2x07 Episode 15, 2x08 Episode 16)
John Alexander (1x06 Episode 6, 1x08 Episode 8)
Richard Clark (2x03 Episode 11, 2x04 Episode 12)
Andrew Gunn (2x05 Episode 13, 2x06 Episode 14)


[2Pour le plaisir, les paroles :

It’s a god-awful small affair
To the girl with the mousy hair
But her mommy is yelling "No"
And her daddy has told her to go
But her friend is nowhere to be seen
As she walks through her sunken dream
To the seat with the clearest view
And she’s hooked to the silver screen
But the film is a saddening bore
For she’s lived in ten times or more
She could spit in the eyes of fools
As they ask her to focus on
Sailors fighting in the dance hall
Oh man ! Look at those cavemen go
It’s the freakiest show
Take a look at the Lawman
Beating up the wrong guy
Oh man ! Wonder if he’ll never know
He’s in the best selling show
Is there life on Mars ?

It’s on Amerikas tortured brow
Mickey Mouse has grown up a cow
Now the workers have struck for fame
’Cause Lennon’s on sale again
See the mice in their million hordes
From Ibeza to the Norfolk Broads
Rule Brittannia is out of bounds
To my mother, my dog, and clowns
But the film is a saddening bore
’Cause I wrote it ten times before
It’s about to be writ again
As I ask you to focus on
Sailors fighting in the dance hall
Oh man ! Look at those cavemen go
It’s the freakiest show
Take a look at the Lawman
Beating up the wrong guy
Oh man ! Wonder if he’ll never know
He’s in the best selling show
Is there life on Mars ?


[3A partir de juillet 1967 et jusqu’en 1997 (période où la BBC a diffusé pour la première fois 24h continues de programmes), une petite fille jouant aux morpions aux côtés d’un clown (Bubbles) se tenait au centre d’une carte de test image de la télévision. La mire anglaise en somme, ayant pour but d’évaluer la colorimétrie. C’était le seul programme alors diffusé en couleur.