THE IT CROWD - Saisons 1 à 4
"O one one eight, nine nine nine, eight eight one nine nine, nine one one nine, seven two five… three" Maurice Moss
Par Dominique Montay • 21 octobre 2010
Jen arrive dans une grande multinationale, Reynolds industries, presidée par un patron mégalo et sur de lui. Au lieu d’aller travailler avec les cadres supérieurs dans les étages supérieurs, là où tout le monde est jeune est beau, elle se retrouve au sous-sol pour devenir la chef des deux personnes les moins considérées de la compagnie, les membre sur service informatique, Roy et Moss.

« The IT Crowd », c’est le dernier bébé de Graham Linehan, l’homme qui a structuré les idées de Dylan Moran pour en faire « Black Books ». L’homme a qui on doit « Father Ted ». 4 saisons qui alternent l’hilarant avec le passable, mais qui reste une des premières à avoir mis en avant des personnages d’informaticiens dans un autre rôle que secondaire. Roy et Moss sont assez chétifs, bloqués à l’adolescence, ne regardent pas le football, n’ont pas de chance avec les filles, ne sont pas courageux, mais aiment se poser des questions du type : quelles sont les différences entre la version enfant et la version adulte du dernier « Harry Potter ».

Jen aime les chaussures, les trucs de filles et sait à peine se servir d’un ordinateur. Son immersion dans le service informatique revient à plonger un poulet dans l’océan. Ce n’est pas son monde, ça ne l’intéresse pas, et c’est potentiellement dangereux pour sa santé. Au contact de Roy et Moss, elle n’évoluera pas, se complaisant dans un métier qu’elle ne sait pas faire et dans lequel, au final, elle ne fait rien du tout.

Un série sur les informaticiens, pas sur l’informatique

Le regard de Linehan sur les services informatiques n’est pas forcément éloigné de la réalité sur un point : ils passent leur temps à énoncer des banalités. La phrase qui revient le plus : « Is it plugged in ? Did you try switching it off and on again ? », traduit une vérité : les gens qui se servent d’un ordinateur perdent leur sens logique à son contact et se laissent devenir des assistés. D’un côté nous avons des gens qu’on ne comprend pas qui adorent parler technique pour qu’on les comprenne moins, et de l’autre des gens qui ne veulent pas comprendre. Cet état isole encore plus le service informatique, en faisant un organe en marge de l’entreprise.

Les asociaux, les « en marge », une figure tant appréciée de la fiction britannique. Pas forcément beaux, pas forcément intéressants ou glamour. La comédie télé UK s’en délecte et aime faire défiler ces gueules sorties de nulle part qui vivent pourtant dans le même monde que nous pour notre plus grand plaisir. « The IT Crowd » s’inscrit à la perfection dans cette tradition.

Si on ne voit jamais vraiment Roy et Moss travailler, c’est surtout parce qu’avant de faire une série sur l’informatique, Linehan a voulu faire une série avec des informaticiens, sans aliéner tous les spectateurs lambda qui n’y comprennent rien à l’informatique. Le coup est réussi, les audiences sont bonnes et les retours critiques très positifs. Linehan continue de prouver qu’il est vraiment un grand faiseur de sitcom.

Les personnages

Jen ( Katherine Parkinson). Tantôt hystérique, tantôt douce à outrance, le personnage bénéficie du gros potentiel comique de son interprète, capable de faire moduler sa voix de manière assez hallucinante, de jouer avec son visage pour sortir des grimaces assez incroyables. Une jolie rouquine doublée d’un clown en puissance. Elle s’intègre sans trop de difficulté au groupe formé par Moss et Roy, tant elle est aussi inadaptée sociale qu’eux. La seule différence, c’est qu’elle ne l’admet pas.

Roy ( Chris O’Dowd). Un peu misogyne, un peu obsédé (plus par manque qu’autre chose), pas vraiment stupide mais capable de se mettre dans les pires situations par pure cupidité ou par mégarde. Il est conscient qu’il est un geek, mais possède une réelle envie d’aller plus loin, de faire autre chose. Et ce même s’il lui manque l’ingrédient majeur pour une évolution pareil : le courage.

Moss (Richard Ayoade). Une coupe de cheveux improbable. Un phrasé surréaliste. Vis chez maman et porte toujours un cartable. Capable d’envoyer un mail aux pompiers en plein milieu d’un feu plutôt que d’appeler. Contrairement à Roy qui manque de courage, Moss semble toujours capable d’aller plus loin, mais surtout par inconscience. Sûrement le personnage le mieux servi en gags de la série.

Denholm Reynolds (Chris Morris). Le premier boss de Reynolds industries. Un winner, over-the-top à souhaits, tout droit sorti des années 80 et du style yuppie, il quitte la série au début de la saison 2 après s’être suicidé.

Douglas Denholm ( Matt Berry). Le second boss. Réel déviant sexuel. Il ne peut qu’inspirer le dégoût, femme comme homme, avec ses poils apparents, sa gourmette, son costume blanc. Là encore, sa façon de parler sort de nulle part.

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Qui a la meilleure coupe ?
Moss, Roy, Jen et Douglas

Une série d’une qualité sinusoïdale

La saison 1 commence assez poussivement. Le premier épisode « Yesterday’s Jam », n’est pas le plus réussi. Il faut attendre le second et le coup de génie qui a lancé la série et son buzz. Le nouveau numéro des urgences anglaises. Une fausse pub à mourir de rire diffusée dans un cinéma à la suite d’une parodie de la pub « Vous ne voleriez pas dans un magasin, donc ne téléchargez pas » tout aussi géniale. Le reste de la série est victime d’une inconstance chronique, qui fait s’enchaîner un épisode à hurler de rire avec un autre tout à fait anodin et sans saveur.

La série est en ça complètement victime de ses personnages. Le thème de la série étant l’inadaptabilité, les récits tournent souvent autour de Roy et Moss tentant quelque chose de nouveau (tenter d’intégrer un groupe de « vrais mecs » dans un pub, sécher une après-midi de travail), pour qu’au final cette tentative se retourne contre eux avec pertes et fracas (les « vrais mecs » sont des braqueurs de banque et Roy se retrouve à être leur chauffeur, Roy et Moss manquent une sauterie en leur honneur organisée par leur boss)… une mécanique génératrice de fous rires qui cède parfois sous le poids de son côté très formulaïque.

Avenir et dérivations

La série vient d’avoir une quatrième saison diffusée, et une cinquième serait en préparation, fait rare dans la carrière de Linehan, qui au maximum était arrivé à 3 saisons avec Father Ted. En l’occurrence, cette saison ne sera plus écrite par Linehan seul, mais par une équipe qu’il dirigera, composée de Charlie Bergman et Ali Carruthers, qui furent auteurs sur la série « I’m Alan Partridge », un autre de ces phénomènes UK qui n’a pas prit l’Eurostar.

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Le remake US
Cherchez l’erreur

Une tentative de remake américain a failli voir le jour, toujours avec Richard Ayoade accompagné d’un autre cast, mais sans succès, le pilote n’ayant jamais été diffusé. Une série à voir, qu’on soit geek ou pas, et qui est disponible en intégrale à un prix très abordable. A ne pas manquer.

Les épisodes immanquables

1.02 Calamity Jane
Denholm veut erradiquer le stress dans son entreprise et pour ce, menace de licenciement ceux qui seront toujours stressés à la fin de la journée. Et Jen veut s’acheter des chaussures bien trop petites pour elle.

1.05 The Haunting of Bill Crouse
Afin d’aider Jen à se débarrasser d’un petit ami, Moss prétend qu’elle est morte. La nouvelle se répand dans la société. A partir de là, chaque personne croisant Jen pense croiser un fantôme.

2.01 The Work Outing
Afin de savoir si son petit ami est gay, Jen invite Moss et Roy à une pièce de théâtre afin de confirmer ses doutes. Une pièce qui s’appelle « Gay ! – A gay musical »… un épisode épique bourré de retournements de situations dont le rythme n’est pas sans rappeler « Seinfeld » dans ses grandes heures.

2.06 Men without women
Le nouveau boss de Reynolds, Douglas, met la main sur un filtre d’amour qu’il compte utiliser sur Jen. Il en fait son assistante, laissant Roy et Moss seuls dans le sous-sol.

3.02 Are we not men ?
Moss a réussi à trouver le moyen de parler « comme un fan de foot », même s’il n’y comprend rien. Roy veut aller tester cette technique dans un pub pour se faire des amis « virils ». Mais il tombe sur un gang de braqueurs avec lesquels il se retrouve embringué dans l’attaque d’une banque.

3.03 Tramps like us
Jen a une opportunité de changer de job. Douglas a un pantalon qui lui délivre des décharges électriques à chaque fois qu’il est excité. Moss a oublié tout ce qu’il savait sur les ordinateurs. Roy est mis à la rue après avoir été vu dans la société sans tee-shirt.

3.04 The Speech
Jen doit faire un discours pour lequel elle n’a aucune insipration. Roy et Moss décident de l’aider, et trouvent le moyen de l’utiliser contre elle, en lui écrivant un speech surréaliste sur la nature d’ « Internet »

3.05 Friendface
Jen persuade Roy et Moss de sinscrire à Facebook… pardon… Friendface.

3.06 Calendar Geek
Les filles du 7e étage décident de faire un calendrier dénudé pour soutenir les gens qui louchent. Roy est leur photographe, mais rien ne se passe comme prévu

4.02 The Final Countdown
Moss gagne au jeu télévisé Countdown (les chiffres et les lettres uk, mais sans les chiffres) et bat tous les records. Il entre alors dans un club restreints de recordmen, qui mènent une vie de stars.

4.03 Something happened
Roy, le dos en compote, va voir un masseur qui, au terme de la séance, l’embrasse sur les fesses. Malgré l’embarras, Roy décide d’intenter un procès.

Post Scriptum

« The IT Crowd », l’intégrale des 4 premières saisons est en vente en import, en DVD.