TOTALEMENT… ou la folie « Totally Spies ! »
Et toi, c’est qui ta préférée des trois d’abord ?
Par Amrith • 16 décembre 2007
« Totally Spies ! » illustre la stratégie de Marathon Production par son vaste succès international. Et toi, c’est qui ta préférée des trois d’abord ?

Des millions de spectateurs rivés à leur télévision comme des moustiques à un néon. Des discussions passionnées sur internet, et ce dans plus d’une dizaine de langues différentes. Des supporters dispersés aux quatres coins du globe et qui guettent chaque nouvelle déclaration des scénaristes comme autant d’enseignements prophétiques. Un buzz à donner le tournis, fruit d’une stratégie marketing multi-supports à la pointe de son époque. Nous ne parlons pas de la dernière création estampillée ABC ou FOX, mais bel et bien de fiction européenne. Pis encore, Totally Spies ! est une véritable série française dont le succès ne s’est toujours pas démenti après plus de six ans.
Incroyable dites-vous ? Impossible même ! Vous n’auriez jamais pu passer à côté d’une fiction aussi réputée, encore moins louper la première série hexagonale à avoir compris les rudiments socio-économiques de la mondialisation ! Mais ce que l’on a oublié de vous dire dans cet interminable chapeau, c’est que Totally Spies ! est un dessin-animé. Ha d’accord c’était ça.

Totalement Marathon

N’importe quelle oreille de téléphage gaulois a déjà entendu le nom de Marathon Production au moins une fois dans sa vie. Ne serait-ce que par les critiques véhémentes de quelques puristes en ordre de bataille, contents d’épingler le soap phare de TF1 « Sous Le Soleil » ou plus récemment « Suspectes », la saga de l’été 2007 de M6. Si le contenu qualitatif de ces fictions peut effectivement prêter à débat, bien plus intéressant pour nous est le parti pris tactique de la société, qui dès sa fondation en 1990 par Olivier Brémond et Pascal Breton a mis l’ouverture internationale au centre de sa politique.

Numéro deux de la production télévisée en France avec un chiffre d’affaires de 109 millions d’euros, la firme Marathon possède cette spécificité stratégique, relativement inédite en France, qui la pousse à élaborer chaque produit en veillant continuellement à favoriser son potentiel d’exportation. Pour la fiction, toute la difficulté créative réside donc dans la nécessité de fournir des personnages et scenarii qui soient d’une part adaptés au public français, d’autre part suffisamment universels – ou bien au contraire exotiques – pour satisfaire indifféremment le spectateur grec, espagnol ou canadien. Au jour d’aujourd’hui, d’un point de vue strictement économique, les compteurs au vert du groupe tendent à indiquer que le choix d’une conquête offensive et transfrontalière des écrans fut assez judicieux.
Reste qu’un formatage pointilleux en amont ne suffit pas toujours à faire son trou dans les grilles les plus protectionnistes des Etats-Unis ou du continent asiatique. Passée l’épreuve d’un consensus culturel approximatif, il paraitrait illusoire de vouloir rivaliser avec l’entrain de la production locale par l’entremise du système français. Et c’est précisément eu égard aux pays réfractaires, insensibles aux charmes assez discrets de la télévision chauvine, que les ténors de Marathon durent s’atteler à un plan de séduction subsidiaire : le dessin-animé.

Totalement Animé

Après tout, là où la fiction télévisée "live" française accuse un retard – on euphémise du mieux qu’on peut – vis-à-vis de ses homologues anglo-saxons, l’animation bleu blanc rouge affiche depuis toujours un savoir-faire parmi les plus courtisés en Europe, capable à moyens identiques de soutenir la comparaison avec les standards américains actuels. Cet horizon en tête, Marathon fit tout d’abord le pari de l’existence de goûts convergents chez les enfants du monde entier, nonobstant le concept même de nationalité. Très logiquement, de la promesse inhérente à cet axiome péremptoire naquit donc en 1999 la quatrième branche de l’empire Marathon, Marathon Animation, avec à sa tête le producteur Vincent Chalvon-Demersay.

Dédiée à la création de dessins-animés pour la télévision – Martin Mystère et Team Galaxy pour les plus notables, récemment Monster Buster Club en 3D – la cellule, fidèle à la tradition du groupe, fournit des programmes aisément susceptibles d’être exportés jusqu’au circuit états-unien, et plus si affinités. Dans cet objectif et pour décupler à chaque échelon leur saveur "mondialiste", les séries sont réalisées en étroite collaboration avec les partenaires internationaux du groupe, parmi lesquels des studios d’animation italiens et l’inévitable sous-traitance sud-coréenne.
Atout supplémentaire, les dessins-animés proposés par Marathon tirent les leçons d’une étude pragmatique de la télévision américaine : si les diffuseurs outre-Atlantique rechignent à exploiter des mini-séries en huit épisodes et autres saisons rachitiques, ils sont en constante demande d’œuvres dont la longue durée constitue déjà en soi un moteur de fidélisation du public. Par conséquent, Marathon Animation a pour habitude de fabriquer davantage d’épisodes que la moyenne des studios d’animation hexagonaux. Un luxe qui facilite l’export en premier lieu, mais qui permet également des économies sur le long-terme, puisque à l’image de nombreuses créations du petit écran les coûts de production d’un dessin-animé tendent à diminuer au fil des épisodes. Un luxe financé pour large part par les co-producteurs étrangers des programmes en plus des aides en hausse des chaînes nationales hertziennes [1].

Tâter le terrain, repérer ses sinuosités plutôt que d’avancer selon le feeling de l’instant, c’est ainsi qu’en à peine quelques années la structure Marathon Animation est parvenue à diffuser ses programmes sur tous les continents. Une consécration qui laisse sans doute rêveur plus d’un créatif, mais qui doit beaucoup à un lourd effort de rationnalisation. Ignorée par nombre de baroudeurs du métier, pour lesquels Art avec un grand A se conjugue souvent avec Amateurisme, la prise en compte préalable des attentes du marché étranger a tenu un rôle évident dans la réussite du groupe.
Pourtant, malgré la pertinence de la méthode, la success story de Marathon Animation reste avant tout celle de la série « Totally Spies ! », étendard de la maison et qui sous l’égide de Vincent Chalvon-Demersay et du producteur-scénariste David Michel applique à la lettre l’intégralité des principes sus-cités. Oui, c’est pour ça qu’on en a parlé.

Total Synopsis

Clover, Sam et Alex sont trois lycéennes de Beverly Hills menant une vie secrète à l’intérieur de l’organisation WOOHP (World Organisation Of Human Protection), une agence d’espions qui lutte contre le crime international au moyen de gadgets toujours plus burlesques. Sans cesse convoquées par leur chef Jerry pour accomplir de nouvelles missions périlleuses qui ne font pas dans la sobriété, Clover, Sam et Alex essaient de concilier au mieux sauvetage du monde et vie personnelle, tout en contrant les plans narcissiques de leur nemesis pimbêche Mandy, l’une des filles les plus populaires du lycée.

Clover est une jolie blonde légèrement superficielle, obsédée par son apparence, fanatique du shopping au caractère lunatique. Sam, la rousse, est l’intellectuelle du groupe qui réfléchit avant d’agir et préfère utiliser la méthode subtile lorsque la situation s’y prête. Alex enfin est la métisse, une naïve aux capacités athlétiques hors du commun en dépit de sa maladresse rédhibitoire. Au-delà de leurs différences de caractère, les trois amies sont unies par une même attirance pour tout ce que les adolescentes d’un certain âge peuvent convoiter de superflu, à commencer par la dernière mode vestimentaire – représentée dans le show par le Groove, une boutique où elles aiment à passer leur vie.
Une insouciance, une absence de sérieux et de sens des priorités qui ne manquent pas de consterner Jerry, patron très british dont le côté rabat-joie et ringard fait la saveur saugrenue. Aux côtés du quatuor principal déambulent de très nombreux individus secondaires, voire tertiaires, dans le déroulement des scripts, même si certains épisodes les mettent parfois sur le devant de la scène : Mandy la rupine hautaine, Britney la compétitrice surdouée ou Arnold le geek ne prennent toutefois jamais le pas sur les super-héroïnes attitrées de la marque, et profitent finalement surtout de segments isolés.

Totalement TV

Une grande part de l’attrait de « Totally Spies ! » sur les enfants réside dans le jeu permanent de la série à confronter positivement puis négativement Clover, Sam et Alex entre elles : soudées à l’extrême durant leurs aventures, les trois espionnes peuvent devenir de véritables pestes dans la sphère privée, se marchant dessus sans sommation lorsqu’il n’est plus question d’empêcher un désastre planétaire mais d’obtenir les bonnes grâces d’un jeune homme charmeur, par exemple. Souvent, les épisodes tournent autour d’un élément de la vie intime des héroïnes, qui va subitement muer en un enjeu de sécurité internationale, et vice-versa – axiome inébranlable de toutes les séries d’espionnage ou presque, y compris post-2000 comme Alias. Maniant les clichés habituels du teen-drama pour les décliner en une compilation de gags récurrents, le programme est très américanisé, par son implantation géographique tout d’abord – l’histoire se déroule en Californie – mais aussi par le biais de protagonistes très fashion-victims, aux patronymes anglo-saxons et aux comportements frivoles que l’on imagine volontiers puisés dans certaines pré-notions sur l’Amérique des riches.

Un autre atout de la série est son rythme soutenu hérité du savoir-faire des cartoons hollywoodiens : en fait, kyrielle de spectateurs outre-Atlantique sont persuadés que « Totally Spies ! » est une fiction américaine, semblable à « Kim Possible » [2]. Ainsi, pour le jeune public, chaque épisode est la promesse d’une quantité folle de retournements de situation, souvent extravagants ou irréalistes, mais qui parent l’ensemble d’un tonus continu et bienvenu. L’animation proprement dite, en général moins réussie durant les scènes d’action, contrebalance ses quelques lacunes par une utilisation intensive de plans courts, sans toutefois sombrer dans l’hystérie épileptique de beaucoup de programmes comparables. La série est mise en scène par Stephane Berry, désormais réalisateur central de Marathon Animation. En termes visuels, elle opte pour des tons ostentatoires oscillant entre le rose et l’orange, constamment partagée entre la nostalgie du "Flower Power" et une certaine conception stéréotypée de la féminité adolescente. Un choix des couleurs vives qui lui permet de se fondre sans problèmes parmi la masse conséquente de dessins-animés diffusés chaque année sur les chaînes-jeunesse internationales Jetix ou Cartoon Network, tout en distillant un léger parfum d’anachronisme cheap.

A ses débuts, la série se présentait comme un ensemble d’épisodes largement indépendants les uns des autres, privés de réel fil rouge, une habitude qu’elle a conservé durant trois années complètes. La Saison 4 a progressivement modifié ce constat, plus homogène, recentrant l’enjeu général sur un méchant en chef qui fédère plusieurs ennemis précédemment combattus, Terence. Selon un procédé classique, poussé jusqu’au parodique le plus outrancier, Terence s’avère être le frère de Jerry, mais a contrario de ce dernier il a embrassé la voie du crime et rêve depuis de détruire le WOOHP, qu’il considère souillé par des idéaux de justice ineptes. En misant sur cette lutte fraternelle ô combien revue mille fois, le programme se dote enfin d’une continuité balbutiante et s’affiche comme une création plus en phase avec son époque.
Dernière étape en date – peut-être ultime fournée tout court – la Saison 5 est une remise à plat du décor. Désormais diplômées, les héroïnes poursuivent leur périple à l’université de Mali-U, sur une luxuriante parcelle de Malibu. Une chronologie un peu plus élaborée et feuilletonnante fait son apparition, ainsi que de petits story-arcs développés sur plusieurs épisodes. Mais l’essentiel reste : et toi, c’est qui ta préférée des trois d’abord ?

Totalement Retro

Indubitablement inspirée par « Charlie’s Angels » [Drôles De Dames] – en particulier par son remake filmique – « Totally Spies ! » est une suite ininterrompue d’hommages aux années 60, 70 et plus rarement 80, le tout posé dans un cadre adolescent aux accents futiles, transfuge d’une certaine frange du soap-opera moderne. Au cours des péripéties largement parodiques du trio, on croisera en vrac les scènes d’action démesurées de James Bond, les inventions loufoques de Get Smart [Max La Menace] et les méchants mégalomanes de tout comics vintage qui se respecte – une influence présente à plusieurs niveaux, Jerry n’étant pas sans rappeler Alfred Pennyworth de Batman, rappelons-le personnage d’agent-secret à l’origine.
De manière plus sporadique, certains antagonistes rappellent des célébrités de l’histoire de la télévision – le design de Geraldine Husk, leader de la vile agence concurrente de WOOHP, est calqué sur Emma Peel de « The Avengers » [Chapeau Melon Et Bottes De Cuir] – ou du monde du cinéma – Marco Lumière, ex-réalisateur de blockbusters dérangé qui doit son physique à Tim Burton. Le spectateur attentif s’amusera ainsi à identifier un copieux index de vedettes, et des situations qui ne seront pas sans lui titiller gentiment la mémoire filmique.

Les épisodes sont appuyés par une bande-son très seventies portée sur la basse et les cuivres – une tendance décidément très en vogue dans l’animation française de l’époque, partagée par une autre série à succès, « Funky Cops » [3]. Au service de ce même esprit retro, les scripts mettent en scène les archétypes d’une époque révolue où science-fiction et films de genre régnaient sur les écrans : savants fous avides de pouvoir, jumeaux diaboliques, maîtres du déguisement, cambrioleurs séducteurs et autres criminels mi-homme mi-machine remplissent la galerie « Totally Spies ! » qui se plaît à proposer des vilains intentionnellement caricaturaux. En complément, il n’est pas rare que les espionnes aient à affronter pire espèce d’antagonistes encore, cette fois relativement contemporains, incarnés dans des publicitaires despotes ou des dessinatrices de mode sournoises, sorte de détournement des codes de jadis au service de thématiques plus actuelles. Mais là où la série se distingue quelque peu d’une toile de clichés tissée pour le plaisir d’un entertainment à l’ancienne, c’est lorsqu’elle prend le temps d’évoquer les blessures antérieures qui ont forgé le caractère de ces méchants délirants – accidents, traumas d’enfance et cicatrices familiales se succèdent.

L’autre influence majeure de la série est évidemment le manga et l’animation japonaise, dont elle emprunte certaines propriétés flagrantes : de grands yeux receptacles de l’expressivité, des proportions corporelles spécifiques au genre, des grimaces plus que caractéristiques, des lignes parallèles et autres figures de style générant l’effet de cinétique etc… Le doublage du show, vitaminé, ne déroge pas à la règle et remémore l’énergie toute nipponne des voix couvrant les anime pour enfants les plus frappés de l’archipel.
A ce titre, les références à de précédents anime célèbres des années 80 se manifestent à plusieurs reprises. Depuis les tenues d’espionnes de Clover, Sam et Alex, des suit moulantes sorties tout droit de « Cat’s Eyes » [Signé Cat’s Eyes] [4], jusqu’aux accessoires futuristes de « Dirty Pair » [Dan Et Danny] [5] en passant par des transformations psychédéliques évoquant les séries de magical girls [6], les animateurs assument piocher une part de l’identité « Totally Spies ! » dans un catalogue ouvertement japonais.

Série hybride donc, construction chimérique, mais qui trouve finalement son unité dans la folie douce qu’elle essaime, ingrédient commun à tous ses modèles.

Total Succès

Apparue dès Novembre 2001 sur ABC Family aux Etats-Unis, en Avril 2002 sur TF1 en France, « Totally Spies ! » a étonné jusqu’à ses créateurs par son impact plus polyvalent qu’escompté : "la série a une audience constituée à moitié de filles et à moitié de garçons, alors que tout le monde s’attendait à des scores très bas sur le public masculin" explique David Michel. Diffusée dans plus de 120 pays, la série – qui fait les deux tiers de son chiffre d’affaires à l’export – a obtenu durant plusieurs années les meilleurs scores de sa case horaire en France, au Royaume-Uni, en Italie, au Brésil et aux Etats-Unis. En 2004, au sommet de sa popularité, « Totally Spies ! » était suivie par près de trois millions d’enfants américains sur la chaîne Cartoon Network. Durant la même année, TF1 co-productrice du show a (re)diffusé 250 épisodes sur ses ondes, enregistrant un succès persistant et mécanique, une stratégie qui de l’aveu-même de la chaîne reste exceptionelle dans l’hexagone. Comble de la gloire, le programme fut l’une des rares séries étrangères à trouver une place au chaud dans les grilles japonaises, sur TV Tokyo, même si relativement éphémère. Thorunn Anspach renchérit en ces termes : "il ne reste plus aucun territoire à conquérir". Il clame sa recette revendiquée : "nous développons un petit nombre de séries d’animation à fort potentiel d’audience, nous les accompagnons au niveau marketing et les prolongeons par un grand nombre d’épisodes".
Un esprit invasif qui fait aussi la mauvaise réputation de « Totally Spies ! » dans les milieux plus puristes. Sur les pages des forums spécialisés, dans certains fanzines, on lui reproche de singer les codes visuels japonais sans posséder le capital culturel adéquat, de travestir ses origines, de vanter l’Amérique, on fustige son côté commercial agressif qui aliènerait les enfants. Mis en cause, des produits dérivés qui poussent sur les arbres : « Totally Spies ! » demeure l’objet d’un merchandising ultra-prolifique, extraordinaire dans l’histoire de la production télévisée française. Une franchise déclinée en jeux-vidéos, poupées, accessoires scolaires, ustensiles de maquillage, vêtements, en une gamme de romans – 750 000 exemplaires vendus en France – et en un magazine bimestriel dont les ventes caracolent à l’heure de ces lignes. « Totally Spies ! » c’est également un site officiel polyglotte assez fourni et interactif pour occuper le terrain d’internet et assurer la promotion 24/24. Banale adaptation à l’époque pour les uns, matraquage déplacé pour les autres, en tous les cas une politique qui se démarque de l’habituelle communication passive de la fiction française. Cerise sur un gâteau fort lucratif, l’avenir de la licence se joue désormais aussi sur téléphones portables, support autour duquel Marathon Animation et TF1 ont signé des accords pas plus tard que cette année.

Un long-métrage animé cinéma est d’ores et déjà sur les rails pour 2008, doté d’un budget de sept millions de dollars. David Michel a annoncé qu’il s’agirait d’une préquelle racontant la première rencontre, et de facto la première mission, du quatuor central de la série. Façon de boucler la boucle après une longue aventure de 130 épisodes ?

Totalement Conclusion

Et si la conquête du petit écran outre-Atlantique commençait par le dessin-animé ? A l’heure où la fiction télévisée "live" à la française se voit menacée par la ruse belliqueuse des chaînes privées, « Totally Spies ! » a offert à l’animation hexagonale des perspectives intéressantes. Concomittante à l’impressionnant succès d’exportation de la série, la soudaine considération des pouvoirs publics français pour l’animation télévisée présage en effet de futurs développements stimulants sur les plans structurels et tactiques. Pourtant, passées les histoires de tirelire, le secteur a surtout besoin de la reconnaissance d’un public hétérogène, seule entité à même d’orienter le contenu créatif des séries par son attention et qui sait peut-être, d’y faire naître un jour la véritable diversité culturelle qui manque encore à l’appel de nos œuvres locales. A ce moment là on se souviendra, sûrement, à l’apéritif au moins, de l’avancée notable pour l’animation française que représentèrent à l’aube de l’an 2000 les aventures de Clover, Sam et Alex.

Trêve de bavardages, c’était « Totally Spies ! » et la question suprême demeure : et toi, c’est qui ta préférée des trois d’abord ?

Dernière mise à jour
le 16 décembre 2007 à 22h15

Notes

[1Malgré son dynamisme, encouragé par les nouvelles mesures de soutien initiées dès 2004, l’animation française TV reste hautement dépendante de la situation du marché mondial, à raison de près de 50% de son financement émanant de groupes étrangers. Dans le cas de Totally Spies ! les coproducteurs internationaux principaux sont Fox Family Channel, Image Entertainment, Jetix Europe, Teletoon Canada et Fox Kids Europe.

[2Autre série animée centrée sur un personnage d’espionne, produite par un studio affilié à Disney.

[3Série animée française narrant le quotidien de deux flics déjantés inspirés de Starsky & Hutch, diffusée en 2002.

[4Célèbre anime TV, adapté du manga de Tsukasa Hojo par le studio TMS en 1983. Il raconte les aventures de trois sœurs qui le jour tiennent un café ordinaire, la nuit dérobent des œuvres d’art ayant appartenu à leur père.

[5Anime multi-supports dont la version TV a été réalisée en 1985 par le studio Sunrise. Basé sur un roman pour jeunes, il suit les péripéties de deux agents-spéciales sexy oeuvrant pour une police intergalactique en l’an 2138.

[6Genre d’anime populaire et précisément codifié, né dans la seconde moitié des années 60, mais dont une majeure partie de la production date des années 80. Typiquement, la magical girl est une petite fille capable de se transformer au moyen d’artefacts enchantés ou de formules magiques, afin de résoudre des problèmes d’envergures diverses qui vont du quiproquo rigolo aux attaques répétées de créatures malfaisantes.