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Banshee - Avis sur la saison 4 de Banshee, la dernière, il était temps

Bilan de la Saison 4: La Saison de Trop

Par Ju, le 21 mai 2016
Par Ju
Publié le
21 mai 2016
Saison 4
Episode 8
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Il y a un tic journalistique que je déteste particulièrement. Il consiste à ajouter un point d’interrogation à un titre racoleur, pour finalement y répondre par la négative dans le corps de l’article. Une façon malhonnête d’appâter le chaland tout en évitant de porter un jugement critique, qui pourrait heurter la sensibilité de certains lecteurs.

La saison 4 de Banshee était la saison de trop. Point.

Il y a un an, on a appris coup sur coup que la saison 4 de Banshee serait la dernière, qu’il n’y aurait donc pas de saison 5, que le budget de la série allait être réduit, que le nombre d’épisodes allait être réduit, que la production allait déménager dans un autre état, et enfin que Greg Yaitanes (principal réalisateur et numéro 2 de Banshee après Jonathan Tropper) quittait la série (au profit de Quarry, toujours pour Cinemax).

A partir de là, on pouvait imaginer sans trop de difficulté que la saison 4 de Banshee allait être un peu différente des trois précédentes. Ce qu’il était plus difficile d’anticiper, c’est la déception de plus en plus évidente que j’allais ressentir à mesure que la fin approchait.

Et après trois saisons devant lesquelles j’ai passé d’excellents moments (la saison 2 restera ma préférée), il est un peu difficile de dire au revoir à Banshee de cette façon, de faire ses adieux à une série qui n’est plus du tout à ce qu’elle a pu être.

Car pour moi…

La saison 4 ne ressemble plus à Banshee

Je commence par un reproche totalement superficiel, a priori sans trop d’importance, mais qui a malheureusement contribué à l’impression qu’on n’était plus devant la même série.

Le déménagement de la production entre les deux saisons (de la Caroline du Nord ensoleillée vers la Pennsylvanie grisâtre) a eu pour première conséquence la disparition de la plupart des décors de la série. Adieu l’ancienne concession automobile reconvertie en commissariat, adieu la voie ferrée traversant la ville de Banshee, adieu l’extérieur du bar de Sugar, le manoir de Proctor, la maison de Carrie, le grenier miteux où vivait Hood… tout a disparu, tous nos repères avec.

Avec les décors, la réalisation n’était pas non plus du même niveau.

Je n’étais pas forcément fan des fondus d’image made in Greg Yaitanes (apparus en saison 2, surexploités en saison 3) qui donnaient un caractère onirique à certaines séquences, une façon d’entrer dans la tête des personnages sans réellement quitter la scène en cours, mais leur disparition cette année a fait perdre à Banshee une partie de son identité visuelle.
En règle générale, dans les images comme dans la mise en scène, la série est devenue plus classique, moins audacieuse, tout bêtement plus fauchée. Et même si j’ai trouvé la transition plutôt habilement traitée dans le scénario (un saut de plusieurs années dans le temps explique que tout le monde a déménagé), le fait est que les différences à l’écran étaient trop notables pour qu’on n’ait pas l’impression d’assister à une série dérivée en léger décalage avec tout ce qui a précédé.

Une impression encore plus renforcée par le fait que…

La saison 4 ne raconte plus la même histoire

Dans une des interviews qu’il a donné au moment de l’annonce de la fin de la série, Jonathan Tropper a expliqué qu’il mettait un terme à Banshee par choix, parce qu’il arrivait au bout de l’histoire qu’il voulait raconter.
J’aimerais qu’il m’explique, du coup, pourquoi la saison 4 et son nombre réduit d’épisodes sont remplis d’intrigues secondaires superflues qui donnent toutes l’impression d’avoir été survolées.

On a donc le droit, dans le désordre, à l’histoire familiale des frères néo-nazis et au retour bien appuyé de leur beau-père néo-nazi (qui meurt un épisode plus tard), à une histoire de tueur en série qui se transforme en histoire de culte sataniste (qui se transforme en grosse diversion pour une révélation finale qu’on voit venir à mille kilomètres), plein de flashbacks pour nous expliquer ce que Rebecca faisait avant de mourir (et nous montrer l’évolution de la magnifique barbe de Hood), à Carrie qui se prend pour Batman, au stress post-traumatique de Job, à Proctor qui traite avec le Cartel… et j’en oublie peut-être.

Chacune de ces histoires aurait méritée d’être un peu mieux développée.
Au moins la moitié d’entre elles n’a pas sa place dans les huit derniers épisodes d’une série.

Je n’ai pas eu de problème particulier avec l’intrigue du culte sataniste. Au même titre qu’un très gros mafieux qui finit sous les roues d’un camion ou qu’un prisonnier albinos gigantesque, cela ne m’a pas choqué de voir ce genre d’histoire dans Banshee, bien au contraire.
Mais ça aurait dû être traité en un seul épisode. Et certainement pas pendant une bonne moitié de la dernière saison de la série, pas quand tant d’autres choses méritaient d’être mieux traitées. La seule intrigue nécessaire à une conclusion naturelle à la série était l’affrontement final entre Hood et Proctor. (Même si, j’ajouterais qu’il n’y avait pas besoin de tuer Rebecca pour les voir s’affronter.)
Les nazis pouvaient être de la partie (leur rattachement à Proctor est d’ailleurs un raccourci narratif plutôt efficace), mais vraiment, c’était le seul fil qui courrait depuis le début de la série. Tout le reste était superflu et n’aurait dû être que du détail.

Alors évidemment, si vous m’aviez dit il y a un an que Hood allait affronter un grand mec avec des cornes, j’aurais été ravi. Mais juste parce que, il y a un an, je ne savais pas que…

La saison 4 n’a plus la folie de Banshee

Où sont passées les scènes d’action cette année ? Les bonnes grosses bastons qui durent dix bonnes minutes et qui se terminent sur un point d’exclamation dégueulasse ? Les images gores, un peu grotesques, qu’on ne voyait que dans Banshee ?

Hé bien… elles ont toutes disparues avec le budget.

Sur toute la saison, la seule image que j’ai trouvée à la fois grotesque et jubilatoire est celle de Rebecca faisant bouffer un mec par son chien enragé. La seule scène d’action un peu marrante était l’attaque de la maison de Carrie par Cruz et les hommes de Proctor. Ni l’une ni l’autre ne rivalise ne serait-ce qu’un peu avec l’intensité des meilleurs moments de la série.

Et en dehors de ces deux séquences, il n’y avait vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Le combat entre Hood et le mec encorné se termine avant de commencer. Carrie tue poliment trois gardes avant de mettre le feu à un hangar. Cinquante skinheads débarquent chez Proctor pour finalement faire demi-tour après une discussion courtoise. Burton déglingue des nazis hors caméra. Burton tue Cruz hors caméra. L’affrontement final entre les deux frères m’a fait penser à Arrested Development (une scène à remonter avec cette musique).

Le combat entre Burton et Hood, après quatre saisons entières d’attente, était une catastrophe. Trois coups de poing et dix coups de boule. C’est tout. Putain. Retournez voir Burton vs. Nola et Hood vs. le mec qui fait du MMA, et revenez me dire qu’il s’agit de la même série.

Partout, les réductions de budget étaient évidentes. Elles ont laissé la place à une série qui tentait de meubler avec les moyens du bord, sans trop de succès. C’était inimaginable, mais je me suis ennuyé devant la saison 4 de Banshee. Une saison avec trop de longues scènes de dialogues sans saveur, trop d’intrigues qui s’enchainaient sans conséquence.

Une saison avec trop peu de sexe, trop peu de sang, et trop peu d’Amishs.

Ju