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Bloodline - Réaction à chaud et sans recul sur la saison 3 de Bloodline

Bloodline (Bloodline) : #DoNotBringBackBloodline

Par Sebargio, le 11 juin 2017
Publié le
11 juin 2017
Saison 3
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Il y a des séries qui feraient mieux de s’arrêter à la fin de la saison 1. D’être des mini-séries donc. On peut penser à Big Little Lies qui a fait une saison parfaite et qui est pourtant en discussion actuellement pour une éventuelle saison 2. On peut penser à Broadchurch qui avait également fait une première saison exceptionnelle avant de se perdre un peu en saison 2. On peut penser à The Night Manager, on peut penser à plein de séries mais aujourd’hui on va surtout penser à Bloodline.

À la fin de la saison 1 tout était dit, tout était parfait, nous avions l’histoire de cette famille, de ce drame, ce grand frère maudit, cette alchimie parfaite entre Danny et John (les excellents Ben Mendelsohn et Kyle Chandler). Une tragédie parfaitement racontée. Lourde, pesante, déprimante mais parfaitement exécutée. L’histoire d’une famille qui se noie dans un fait divers sordide et qui tue un des siens… Ça aurait dû en rester là. Il n’était pas nécessaire de continuer [1].

Mais voilà, il a fallu qu’on ajoute un cliffhanger à la dernière seconde.
Il a fallu qu’on relance la machine tant bien que mal et plutôt mal que bien. Alors on a sorti du chapeau magique un fils caché, le cliché du fils caché, bad boy tant qu’à faire. Comme si la série n’avait pas assez de boulets comme ça.
La saison 2 a été éprouvante, pénible à suivre, pas toujours intéressante et surtout cette saison 2 s’est arrêtée comme un cheveu sur la soupe. En plein milieu de l’intrigue de la saison.
Pourquoi à ce moment là précis, pourquoi pas un peu avant ou un peu après ? Ça n’avait aucun sens à l’époque, ça n’en a toujours aucun aujourd’hui encore. La moindre des choses pour une saison c’est au moins de boucler l’histoire de la dite saison. Ok, on peut relancer plus ou moins maladroitement, plus ou moins intelligemment, pour une nouvelle saison mais on ne laisse pas l’histoire en plein milieu comme ça sans aucune raison.
La saison 1 avait, elle, ce mérite d’avoir bouclé complètement son histoire. Puis est venue la rumeur que la série n’aurait pas de troisième volet. Parce que trop chère à produire pour, paraissait-il, pas assez d’audience (chose pourtant impossible à savoir avec Netflix). Alors il a fallu faire le deuil de cette histoire pourtant prenante malgré ses boulets et ses défauts, laissée suspendue au milieu de l’intrigue.

Et finalement la surprise d’avoir une troisième saison qu’on annonçait comme la dernière.
Sortie de nulle part.
Et la renaissance de l’espoir.
L’espoir d’une histoire qui se boucle d’une façon ou d’une autre mais l’espoir d’une vraie fin puisque tout le monde savait que ce serait la dernière saison…

Mais non.
Évidemment non…
Ça aurait été trop facile.

On pouvait imaginer deux issues.
Une dans laquelle les Rayburn s’en sortaient et n’étaient pas punis pour leurs crimes. Une dans laquelle les personnages principaux vivent une happy end, même s’ils sont pourris, parce que ce sont les « héros » de l’histoire… Bref, une issue « facile ».
L’autre issue était celle où la famille n’échappe pas à la justice, où elle est rattrapée par ses actes et en paie les conséquences. Ça aurait eu une dimension tragique, ça aurait été courageux de choisir cette voie là.

Mais non.
Rien de tout ça.
Nous avons eu une fin ouverte, bâtarde, à mi-chemin entre les deux et qui n’explique pas la moitié des choses.
À croire que les producteurs avaient malgré tout envie d’essayer de forcer la main pour obtenir une quatrième saison. Au détriment de leur œuvre, au détriment du spectateur.
On se retrouve ainsi avec cette scène hallucinante où John Rayburn se confesse et avoue son crime et les crimes de sa famille à son supérieur hiérarchique (le sergent Battista de Dexter, on pensait qu’il ne pouvait pas jouer plus mauvais flic que dans Dexter mais en fait si, là il n’est pas seulement aveugle, il est aussi sourd) pour s’entendre dire « Mais non, tu n’as rien fait, tu es juste un peu parano… Écoute, je me casse travailler dans le privé, donc c’est toi le chef maintenant, t’es un bon gars… ».
J’avoue que si je n’avais pas été totalement paralysé par l’incrédulité devant mon écran, j’aurais certainement eu envie de balancer une godasse à travers la télé…

Kevin, le petit frère et candidat pour être le plus gros boulet de l’histoire de la télévision réussit à se faire choper parce que sa femme a laissé le GPS de son téléphone…
Je…
Non…
Je…
Et dire qu’il a osé prononcer la phrase « I’m not a fucking idiot ». La lucidité c’était pas son truc à Kevin. Au moins, lui a eu ce qu’il méritait, contrairement à son grand-frère (dont on peut quand même se réjouir qu’il ait perdu sa femme à cause de ses mensonges).

Meg, la sœur et personnage le plus intéressant et équilibré a, elle, complètement disparue.
Pouf.
Évanouie.
Elle s’est échappée, enfuie. Elle refait sa vie ailleurs et c’est tout. On n’en saura pas plus.
Et ça aussi, ça laisse sans voix…
Il y avait tellement mieux à faire avec elle…

On ne parlera pas de la maman et de son hôtel. Par décence.
Mais ce n’est pas tout.
On a eu droit un tout nouveau personnage, Beth Mackey dont on ne comprend ni l’utilité, ni ce qu’elle fait là. À peine on sous-entend qu’elle serait la demi-sœur cachée. Un secret de plus. Mais elle donne plutôt l’impression d’être là pour remplacer la mère de Nolan, le fils caché de Danny, dont on ne sait pas non pourquoi elle n’est plus là…
(Ça en fait quand même un paquet, des choses qu’on ne sait pas…)

On a aussi ce personnage, vilain insupportable de la saison 2, Ozzy Delevecchio, qui revient en mode allumé, avec des visions et une « mission » et qui finit par se tirer une balle dans la bouche sans qu’on comprenne pourquoi, ni d’où ça vient, ni pourquoi on nous a gonflé avec lui pendant de très longues minutes tout au long de la saison.
Franchement, si quelqu’un a compris à quoi il servait, expliquez-moi.
Mes neurones ont lâché et se sont mis en grève…

On a aussi un saut dans le temps de 5 mois, un grand méchant manipulateur qui meurt sans raison apparente non plus si ce n’est peut-être pour faciliter ce qu’il reste de l’histoire, un épisode (l’avant-dernier pourtant) qui ne sert à rien du tout pour faire avancer l’histoire et qu’on pourrait résumer par « tout cela n’était qu’un rêve ». On a incohérence sur incohérence, aberration sur aberration…

Et enfin, on a cette non-"scène finale" où John fait face à Nolan, son neveu, parce qu’il a été convaincu par le fantôme de son grand-frère de lui expliquer qu’il l’avait tué !!!
Par le fantôme de son grand-frère !!!!
Et fin !
Point final.
Écran noir.
Pas d’explication, pas de conséquence, on ne sait pas comment Nolan réagira, on ne sait rien du tout parce que cette putain de série s’arrête juste avant le premier mot de cette confrontation.
Voilà…

Dans un monde parfait, Bloodline aurait eu une seule saison. Il n’y aurait pas eu les trois ou quatre plans où l’on comprend que les personnages principaux sont observés par quelqu’un qu’on ne connait pas et il n’y aurait pas eu les dix dernières secondes avec ce cliffhanger totalement moisi et périmé.
Et ça aurait été une mini-série vachement chouette sur un drame familial sordide et glauque.
Et ça aurait été parfait.
Mais le monde n’est pas parfait.
Définitivement pas.
Et cette série est donc un énorme gâchis.

Sebargio
Notes

[1Moins convaincu par les qualités de la première saison dans son bilan, sur ce point là, Ju était déjà à l’époque du même avis.