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21 Drum Street - Pour le remake annoncé de Broadchurch est une très mauvaise idée

N°33: Il est bien déprimant cet anniversaire de Doctor Who !

Par Conundrum, le 19 septembre 2013
Publié le
19 septembre 2013
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Episode Chronique
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"Now is the time for Broadchurch to be left to grieve and heal away from the spotlight."

C’est l’une des phrases entendues dans le dernier épisode de Broadchurch.

La série britannique de ITV, qui suit l’enquête sur la mort d’un garçon de 11 ans dans une petite ville au Royaume-Uni, va être sujette d’un remake par la FOX. Habituellement, cela ne me dérange pas. Dans tous les cas, le remake ne dénature pas l’original.

La mini-série State of Play est toujours aussi remarquable malgré les efforts du film américain pour nous dégoûter du sujet. Et, quand tout se passe vraiment au mieux, il nous donne Steve Carrell dans un de ses meilleurs rôles et de belles saisons de Jim et Pam. Et dans certains cas, malgré mon respect pour l’œuvre de base, je me vois déçu quant un projet annoncé n’a pas liey, comme le remake de Spooks par ABC.

Un grand nombre de séries qui ont un meurtre pour point de départ ont peuplé notre été. Il y a le retour surprise de The Killing (un remake) et son encore plus surprenant regain de qualité. FX a proposé The Bridge (un remake) sur un cadavre retrouvé sur en pont entre le Mexique et les États-Unis avec la jolie Diane Kruger. Steven Bochco, de Murder One, prépare même son retour avec une intrigue de meurtre sur toute une saison, avec Murder in The First. D’ailleurs, même la télé-réalité de compétition s’y met avec Whodunnit où des candidats, réunis dans un manoir, doivent découvrir l’identité du meurtrier qui les décime de semaine en semaine.
Proposer sous une plume américaine Broadchurch n’a rien d’étonnant, la FOX suit la mode du moment. Pourtant, j’aimerais tellement que cette réplique de l’œuvre de Chris Chibnall ne voie jamais le jour.

Le remake sera peut-être formidable, les acteurs seront peut-être parfaits dans leurs rôles et la réalisation soignée, ce ne sera jamais l’œuvre originale. Je n’en vois même pas l’intérêt. FOX peut aisément lancer un projet d’une petite ville aux États-Unis où un meurtre déclenche une série de révélations sur les secrets de ses habitants. Je veux juste qu’ils ne l’appellent pas Broadchurch. En huit épisodes, Chris Chibnall nous a donné une œuvre puissante et rare. On a déjà employé le terme « génial » sur un grand nombre de série qui vont de The Good Wife à Teen Wolf. On ne peut pas l’utiliser ici. Broadchurch est une série spéciale.

Il n’y a pas de concept innovant, et la force de la série ne réside pas sur la révélation finale de l’identité du meurtrier. Broadchurch est une série sur le deuil. Un des personnages de la série explique que le deuil n’est pas quelque chose qu’on surmonte, c’est quelque chose auquel on s’habitue. Broadchurch dresse une galerie de personnages confrontés au deuil, de la famille qui vient de perdre tragiquement et brutalement son jeune fils, au père solitaire qui l’a perdu des années auparavant. Et quand on parle de deuil, on ne parle uniquement de la mort d’un proche, mais aussi du deuil de son passé auquel un nombre importants de protagonistes essaient de réchapper.
La résolution finale ne rend l’œuvre que plus puissante et met en abîme tout ce que l’on vient de voir.

Il est difficile de parler de la série sans donner trop d’indices sur la résolution de son intrigue. La multitude de pistes et de suspects est là pour à la fois dépeindre le quotidien de la ville et empêcher le téléspectateur de trop réfléchir car, si les raisons sont floues, l’identité du meurtrier peut être devinée. Et si ce n’est pas le cas, tout apparaît si logique et si clair à l’issue de ces premiers épisodes qu’on se dit à nous même « How could you not know ? ». Cette phrase si forte entendue à deux reprises.
En effet, la série se repose fortement sur les échos, les phrases anodines et logiques dans le contexte y sont répétées comme le « I need to understand » sans qu’on s’y attarde. Les gestes aussi d’ailleurs, le besoin d’un câlin d’une mère qui vient de perdre son enfant à son sombre reflet plus tard dans la série. En effet, lorsqu’ils reviennent, ces échos apportent avec eux un aspect si tragique.

Broadchurch n’est pas non plus une série parfaite, elle n’est pas exempte de défauts. On pourrait aisément se passer de quelques traits de caractère du personnage principal. En huit épisodes, ils sont une distraction dont la série n’a pas besoin. Mais cela ne retire rien à Broadchurch. Elle reste d’une puissance rare dans son interprétation et dans la gestion de son intrigue. Sa structure est d’une simplicité efficace. Chaque épisode s’attarde sur un suspect pour finir vers sa conclusion logique. Si son principe et sa structure narrative peuvent être aisément adaptables, le charme de la série parait impossible à retranscrire et à dupliquer.

Un remake a un côté fun. Voir 75 versions différents de Sherlock Holmes, c’est fun. Voir des remakes de Hulk, c’est tellement fun que je me demandais si Mark Ruffalo n’allait pas être remplacé en plein milieu de The Avengers. Voir Blair Underwood bouffer la moitié de mon écran pendant que je regarde Siberia, ce n’est pas fun mais on aurait pu avoir une version actualisée du générique de l’Homme de Fer, et ça, ça aurait été fun. Même si je n’ai pas envie de voir la série en langue anglaise, voir comment Diane Kruger de The Bridge va canaliser la personnalité étrange de son homologue de Broen peut être fun. Il n’y a aucune dimension fun au remake de Broadchurch.

Pour être honnête, je n’ai même pas envie de trop parler de la série. Je n’ai pas envie de faire de critiques ou de bilans ou de « 5 raisons pour regarder ». Il y a des séries comme Southland qui sont tellement réussies qu’on ne sait pas trop quoi dire à part « c’était vraiment bien ». Et il y a de plus rares séries comme Broadchurch qui vous marquent, elles laissent un souvenir si particulier qui vous est propre et dont on a pas nécessairement envie de parler. C’est une série tellement unique que je ne suis pas sûr de vouloir voir la seconde saison, alors un remake américain pour la FOX, encore moins.

E revanche, je me fous un peu de Twin Peaks, si la FOX veut refaire un remake, je suis partant, j’aimais beaucoup la musique du générique.

Conundrum