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Damages - Critique de l'épisode 8 de la saison 2

They Had To Tweeze That Out Of My Kidney: De la recherche d’une vérité

Par tomemoria, le 7 mars 2009
Publié le
7 mars 2009
Saison 2
Episode 8
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J’avais dès longtemps remarqué que, pour les mœurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu’on sait être fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables ; mais pource qu’alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu’il fallait que je fisse tout le contraire et que je rejetasse, comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s’il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance, qui fut entièrement indubitable.

En lisant Le discours de la méthode, j’ai été saisi d’une vérité renversante : Descartes regarde Damages. En effet, comme moi, il était persuadé qu’un plan séquence se déroulait en temps réel et ne pouvait donc pas être coupé, dans un montage postérieur, par de nouveaux éléments. Il se trompait. Diantre, n’y a-t-il rien de vrai en ce monde ?

Toujours vivante, vieille horreur ?

Comme l’a dit Tigrou (un rédacteur pourtant connu pour sa mauvaise foi et ses propositions indécentes pour fêter le nouvel an), on s’ennuie dans cet épisode. La faute à Pete et à la survie miraculeuse de sa bonne femme… Et oui, je resterai de mauvaise foi et continuerai à affirmer que le vieux croûton a cherché à assassiner la vieille. Elle était juste trop conne pour le comprendre et a pensé qu’il cherchait juste à se suicider.

D’emblée, on est surpris du retour de Pete. Son histoire en semaine dernière était rondement menée et aboutissait à une conclusion logique. Au sortir de l’épisode, on peut se demander si sa résurrection n’était pas que du remplissage puisqu’en définitive, Pete crève quand même, mais à l’hôpital. Pour autant, plusieurs éléments laissent à penser que l’échec de son suicide n’est pas purement gratuit.

Patrick, plus connu sous le nom du gars-qui-s’est-fait-planté-par-Ellen-en-saison-1, revient à New York pour prendre des nouvelles de son ancien mentor. Après avoir hésité pendant une seconde et demi, il décide que, quand même, il vaut mieux éliminer le croulant avant qu’il ne balance quoique ce soit. Ce coup de théâtre devra avoir des conséquences dans la suite, voir la conclusion de la saison. Autrement, l’épisode ne sera rien de plus que du remplissage. Cela dit, je laisse à Damages le bénéfice du doute puisque Pete ne se fait pas tuer par un nobody.

Les deux autres avantages de cette intrigue étaient de pouvoir constater que Gleen Close pleurs toujours aussi bien, même quand elle n’est pas face à la mer. Et crier à Rose Byrne « mais cours plus vite, connasse ». Ce qui est un moyen sain d’évacuer la colère qui gronde en vous pendant tout l’épisode.

Quant au reste, je ne pense pas que c’était vraiment nécessaire. Les flash-back sur l’enfance de Patty étaient très gonflants et on avait pas vraiment besoin d’en apprendre autant sur la relation si unique qu’elle entretient avec Pete. Après, une fois encore, je veux bien croire que cette relation si unique aura une incidence sur la suite. J’imagine bien Patty partir en guerre contre ceux qui ont causé la mort de son tonton avec qui elle avait une relation si unique. Et comme le meurtrier de Pete est l’attaquant d’Ellen, ça peut aboutir sur quelque chose de pas trop nul.

Mais comme d’habitude cette année, on a toujours du gonflant qui aboutira peut-être à quelque chose de pas trop nul. Ce qui est, il faut l’admettre, un peu nul.

Oh un flash-forward final

J’ai envie de m’interroger sur la structure de la série. J’étais un défenseur des flash-forward en début de saison. Je pensais qu’il s’agissait d’une volonté de raconter une histoire de manière originale et non d’un tic que les scénaristes se forçaient à répéter sans conviction.

Eh bien…

C’est pénible à dire mais…

J’avais tort…

J’ai peut-être encore tort dans ce qui suit, mais je trouve que les flash-forward n’ont aucune espèce d’importance cette année. En saison 1, Ellen était plongée dans un véritable enfer. Un cauchemar dont on découvrait, à chaque épisode, une nouvelle partie, une nouvelle dimension. Parfois, ce n’était pas tout à fait utile (je pense par exemple au fait que ses parents n’avaient pas les moyens de payer sa caution), mais ils accentuaient toujours avec justesse l’horreur que vivait la jeune femme. Cette année, c’est quand même tranquille les flash-forward.

Résumons, Ellen discute avec une personne, joue avec un flingue, bois un verre, et tire. Sachant que jusque-là, on entendait personne et connaissant l’esprit crétin de la série, on pouvait craindre de découvrir qu’elle parlait à une photo. Ou bien à une hallucination hypnopompique, comme le dit si bien le ridicule fantôme de David.
Sinon, Tom se balade dans des sous-sol, trouve une arme et la donne à Ellen. Qui tire toujours dans le vide. Puis Ellen se balade avec de l’argent. Et Ellen prend une douche pendant que ripou barbu s’introduit dans sa chambre.
Par ailleurs, Ellen s’amuse au lit avec Wes. Wes tire sur quelqu’un dans une voiture, mais on ne sait pas qui. Wes demande à Ellen s’il peut dormir dans sa chambre.
Et enfin cette semaine, Patty a mal au bidon et ouvre le dossier « Ellen Parsons » que lui tend Ellen Parsons. Et elle se fait tirer dessus. Ou pas.

Passionnant tout ça.

Non, pas passionnant du tout. Il n’y a vraiment que ce dernier flash-forward et celui où ripou barbu s’approche de la salle de bain que l’on peut garder. Les autres n’ont aucune ambiance, ne captent pas l’attention et donnent l’impression qu’ils sont là pour gagner du temps, pas nous offrir des clés sur les événements à venir.

Bien sûr, il sera sans doute agréable de voir les pièces du puzzle s’assembler dans le bon ordre, comme quand, en saison 1, la dispute entre David et Ellen nous était offerte dans son intégralité. Néanmoins, le fait qu’ils osent couper en plein milieu leur plan séquence du début de saison me laisse craindre qu’ils ne savaient pas vraiment où ils allaient. Et quand bien même si c’était le cas, j’aurais préféré apprendre dès le début que Patty se tenait en face d’Ellen. Une telle révélation dans le season premiere aurait mieux lancé la saison.

Et pendant ce temps-là chez Mohinder 2.0

Contrairement aux scènes qui me parlent de formules pour spéculer sur les énergies futures, celles avec Frobisher me font mourir de rire. C’est étonnant, mais c’est le seul à amener de l’humour à la série, et ce à ses dépends bien que je pense que l’intention soit là.

Ses efforts pour retrouver une voie spirituelle juste mis en contraste avec ses scènes entre ripou barbu et Wes sont juste jubilatoires. L’acteur continue de faire un boulot formidable et le voir débiter ses conneries sur la balle qui a manqué de le tuer ou le nouveau centre qu’il veut construire a quelque chose de fascinant. Par contre, j’ai trouvé un peu malhonnête qu’ils nous resservent un véritable remake d’une scène de la saison 1. Frobisher s’envoie en l’air avec une prostitué, puis téléphone à ripou barbu et s’engage dans la voie du mal après avoir vainement tenté de l’éviter. Un peu trop réchauffé à mon goût.

D’autre part, je voulais saluer l’excellent choix d’acteur pour ripou barbu. Je trouve ce gars réellement terrifiant. Et j’avais très très peur pour le lapin qu’il prend dans ses bras cette semaine. C’est d’autant plus remarquable que l’acteur n’a pas du tout le physique pour jouer le Grand Méchant Diabolique. Pourtant, c’est ce qu’il est. Lorsqu’il sort la meilleure réplique de l’épisode : « mes leçons ne sont pas finies », on prend réellement conscience que c’est lui, le psychopathe le plus dangereux de la série. Et si cette saison 2 est bien inférieure à la première, elle a au moins l’intelligence de donner à ce personnage secondaire toute l’ampleur qu’il méritait.

Enfin, c’est pas ça qui nous ramènera Marie Trintignant.

tomemoria
P.S. Je parlerai de la blonde prostituée et du mari de Patty quand leurs scènes aboutiront à quelque chose. Sinon, vous avez toujours envie de savoir qui a tué Christine Purcell, vous ?