Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Game of Thrones - Réussites et problèmes de l’adaptation du troisième tome sur deux saisons

Livre et Saison 3: C’est mieux dans la première moitié du livre !

Par Ju, le 25 juin 2013
Par Ju
Publié le
25 juin 2013
Saison 3
Facebook Twitter
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais Game of Thrones est tirée d’une série de livres ! Quand j’ai appris ça, la semaine dernière, je me suis dit que ça serait sympa de pouvoir lire un article bien écrit, drôle, et étonnamment informatif, qui pourrait m’apprendre à quel livre correspond la saison 3, et m’expliquer de façon ludique si elle était fidèle au roman. Puis je me suis souvenu que j’avais lu les livres, et j’ai commencé à écrire.

Après « C’est mieux dans le livre ! » (sur l’adaptation de la saison 1) et « C’est toujours mieux dans le livre ! » (sur celle de la saison 2), et en attendant « C’est mieux dans quel livre ? » (saison 4), « C’est pas mieux dans le livre ! » (saison 5), « Ça sera mieux dans le livre ! » (saison 6) et « Putain, mais il sort quand ce livre ?!? » (saison 7), je vous propose de revenir aujourd’hui sur les forces et les faiblesses de l’adaptation de la troisième saison de Game of Thrones, sur sa fidélité au roman « A Storm of Swords », sur ses choix, ses différences, et son incapacité notoire à apprendre de ses erreurs.

Comme d’habitude, ce qui suit ne contient pas le moindre début d’allusion à des événements à venir dans la série. Aucun spoiler, c’est promis, le but est bien ici de nous intéresser à la façon dont les romans de George R.R. Martin ont été interprétés pour la télévision, et non pas de vous prouver à quel point je suis meilleur que vous juste parce que j’ai ouvert trois ou quatre bouquins dans ma vie.

Correspondances

J’ai parfois l’impression de me répéter, mais pour moi le vrai enjeu de la saison 3 de Game of Thrones n’était pas de savoir si elle serait fidèle au troisième tome des aventures de Robb Stark et sa Maman, ou si elle ferait honneur à l’excellent roman qu’elle adaptait, mais bien de voir si D.B. Weiss et David Benioff allaient réussir à nous pondre une vraie série.

En effet, après une première saison d’apprentissage et une seconde qui s’était un peu écroulée sous le poids de son histoire, le choix de découper le troisième livre sur deux années (pour ne pas avoir à l’adapter en seulement dix épisodes) devait offrir à Benioff et Weiss la liberté nécessaire à l’écriture d’une série à part entière. Par ça, j’entends une série capable de se suffire à elle-même, une série qui considérerait ses intrigues à l’échelle d’une saison, plutôt que comme les petites parcelles d’une histoire s’étalant du premier au dernier épisode de Game of Thrones.

Mais avoir plus d’épisodes pour raconter les intrigues de « A Storm of Swords » était un cadeau à double-tranchant. Cela entrainait devoir étaler les arcs narratifs d’un seul livre sur deux ans, c’est-à-dire devoir écrire une saison 3 cohérente, avec un début, un milieu, et une fin satisfaisante, alors que le livre dont elle est adaptée n’atteindrait ses conclusions que l’année suivante. Il fallait donner une identité forte à une saison basée sur les deux premiers tiers d’un livre, donc a priori dépourvue de la majeure partie de ses conclusions.

Sur ce point, et sur ce point précis, j’ai envie de dire que la saison 3 de Game of Thrones nous a offert un résultat assez mitigé.

À suivre... en saison 4

Plutôt que d’oublier de revenir sur les exemples précis que j’aurais gardés pour plus tard, je vais vous parler dès maintenant d’intrigues qui m’ont laissé un vrai goût d’inachevé : pour le coup, Arya et Stannis ont bien montré les limites d’une adaptation découpée sur deux saisons, chacun de leur côté.

En définitive, Arya (personnage majeur de l’univers de la série, sans doute parmi les préférés de tout le monde) n’aura pas fait grand-chose de toute l’année. A peine échappée d’Harrenhal en fin de saison 2 (dans des circonstances tellement décevantes que je vais éviter d’y revenir), Arya est très rapidement prise en otage par Beric Dondarrion et ses potes brigands. Avant de s’échapper, et d’être très rapidement (deux minutes montre en main) prise en otage par Sandor Clegane.
En dehors d’une (très jolie) scène d’adieu à Gendry, on ne peut malheureusement pas dire que Maisie Williams aura eu beaucoup de boulot cette année. Et si les deux derniers épisodes sont assez forts et lui offrent une conclusion pleine d’émotions... ce n’est pas vraiment la fin d’un de ses arcs. Ce n’est qu’une réaction, aussi réussie soit-elle, à la conclusion des intrigues de Robb et Catelyn. Résultat, on a clairement l’impression de s’arrêter en cours de route, alors que sa relation avec Clegane commence à peine à prendre forme.

D’une façon semblable, Stannis n’a rien fait de l’année. Il a passé la saison entière sur son île de Dragonstone, avant de s’activer au dernier moment, et prendre une décision lançant enfin son intrigue. Et si les rebondissements du dernier épisode donnent l’impression d’avoir atteint une certaine conclusion, c’est uniquement parce qu’on arrive à la fin de l’adaptation des chapitres de Davos, intégralement retranscrits dans la saison 3.
C’est son intrigue à lui qui est terminée, alors que celle de Stannis débute à peine, laissant sur une impression d’inachevé, avec un personnage n’ayant pas du tout évolué au cours de la saison.

Dernier exemple, et pas des moindres, l’ami Mance Rayder. Après avoir attendu toute la saison 2 de le rencontrer (sans succès), et après tout le foin fait autour de l’embauche de Ciaran Hinds dans le rôle du Roi des Sauvageons, on ne l’aura vu que dans trois petites scènes. C’est trop peu face à l’attente générée autour du personnage, et c’est certainement trop peu pour laisser la moindre impression.
C’est d’autant plus rageant du fait que la meilleure partie de son introduction dans le livre (un monologue dont je ne dirais rien, car j’espère qu’il apparaitra plus tard dans la série), a été complètement occultée (privant au passage Jon Snow d’un de ses meilleurs moments, en réponse à ce monologue, c’est quand même con). Trois épisodes avec Mance Rayder, donc, un avant-goût presque déplacé, puisqu’on ne le reverra pas avant l’an prochain, et un exemple parmi d’autres d’une saison incomplète.

Pour moi, les principaux problèmes de la saison 3, notamment son faux rythme, ont tous la même origine, à savoir une construction assez maladroite. Malgré quelques améliorations réelles dans l’écriture des épisodes par rapport aux saisons précédentes (l’impression de survol des intrigues est nettement moins présente que l’an dernier), la saison laisse une certaine impression de lenteur.
Or, cette année, on peut dire que les lenteurs de la troisième saison ne sont pas dues au livre, car beaucoup d’éléments majeurs du roman ont été mis de côté pour la saison 4. Non, ces lenteurs viennent d’une vraie erreur d’adaptation, à savoir la décision de Weiss et Benioff de placer les « Noces Pourpres » en toute fin de saison.

Les Noces Pourpres

Le « Red Wedding » (ou « Mariage Rouge », pour les gens qui n’ont pas eu la moyenne au Bac en anglais), c’est bien sûr cette tradition où, à l’issue d’un mariage arrangé, toute la famille du marié est massacrée en musique.

Et c’était chouette. Vraiment, une très bonne séquence, qui aura certainement eu un impact médiatique et « social » considérable. De leur propre aveu, le mariage d’Edmure et Roslin était LA scène qui a poussé Weiss et Benioff à vouloir adapter les livres en série. C’est donc tout naturellement qu’ils ont cherché à lui donner l’importance qu’elle méritait... en détruisant au passage tout ce qui faisait la force du « Red Wedding » dans le livre.

Car ce ne sont pas les morts sanglantes de Robb et Catelyn qui font de ces noces un des éléments majeurs des livres de George R.R. Martin, c’est surtout la façon surprenante dont elles arrivent.

Attention, je ne suis pas en train de dire que l’effet de surprise a été complètement éventé par la série. Je crois que les réactions des fans dans les jours qui ont suivi la diffusion de l’épisode tendent à prouver le contraire. Mais pour moi, c’était une erreur d’attendre le neuvième épisode pour déployer ce massacre, c’est-à-dire d’attendre à la fois la fin de la saison et l’épisode précis où les principaux développements de l’intrigue se sont déroulés dans les deux saisons précédentes.
Pour vraiment rendre hommage à « l’événement » tel qu’il est écrit dans le livre, il aurait fallu que le mariage arrive plus tôt dans la saison. C’est uniquement de cette façon, en le plaçant à la fin d’un épisode quelconque, que l’impact de la scène dans le livre aurait pu être retranscrit. Une scène arrivant à l’issue d’un chapitre assez lent, qui a su dissiper la tension, en plein milieu du bouquin. Une scène qui dégénère complètement en l’espace de deux pages.

Ici, j’ai l’impression qu’on ne pouvait pas s’empêcher de se douter que quelque chose de gros approchait. Je comprends tout à fait ce qui a poussé Weiss et Benioff à s’orienter vers le choix de l’épisode 9, mais ça a eu des conséquences néfastes sur la saison. Pas uniquement pour l’effet de surprise, mais surtout pour la façon dont ça a fait perdre du rythme à plusieurs autres intrigues, forcées de faire du surplace en attendant de pouvoir réagir au gros événement qui ne s’était pas encore produit.
On se retrouve ainsi d’un côté avec des intrigues qui trainent en longueur avant le mariage (ça joue sévèrement la montre à King’s Landing, par exemple), et de l’autre avec une quantité impressionnante d’événements majeurs restant à aborder en saison 4 (dont au moins un qui aurait fait un « épisode 9 » aussi efficace que les Noces Pourpres, si elles avaient été avancées plus tôt dans l’année).

Dernière remarque sur le sujet avant de passer à autre chose : je suis très content que les Noces soient enfin passées, car un des problèmes engendrés par cette volonté (bien compréhensible) de gonfler au maximum leur impact a été que Weiss et Benioff ont donné à Robb une importance déséquilibrée par rapport à son rôle réel dans l’histoire.

Pour rendre sa mort et celle de Talisa encore plus fortes (ou pour que, au minimum, les téléspectateurs sachent qui étaient les deux personnages au moment où ils allaient se faire massacrer), il a fallu leur donner des scènes, plus de scènes que dans le livre, vraiment plein de scènes. Juste en préparation à leur mort, et sans autre raison valable... C’est une idée qui peut tenir la route sur le papier, mais qui dans les faits a surtout laissé l’impression qu’on nous demandait de nous attacher à des personnages sans nous donner de raisons suffisantes de le faire.
Leurs morts, sanglantes, brutales (complètement overzetop dans le cas de Talisa et de Bébé Ned Stark), nous aura donc débarrassés de personnages doublement encombrants : inutiles à l’échelle de la série, et disposant d’un temps de présence disproportionné. Avec un peu de chance, la trentaine de nouveaux personnages qui viendront les remplacer l’an prochain prendront une place un peu plus équilibrée face à leur importance réelle.

Theon... rime avec "invention"

En parlant de personnages qui prennent de la place inutilement...

L’an dernier, je me souviens très clairement avoir dit deux choses. La première c’était que l’adaptation était un mélange de retranscription fidèle, de suppression, de réinterprétation, et d’invention (j’étais super en forme, ce jour-là). La seconde, c’était que Theon avait eu la meilleure intrigue de la saison 2.

Cette année, un personnage ô combien mystérieux a torturé Theon toute l’année. Dans un seul décor. Puis, il lui a coupé la queue, au terme de la scène de sexe la plus ridiculement superflue de toute la série (ils ont réussi l’inimaginable : faire encore plus ridicule que la fausse scène lesbienne de la première saison, celle où Littlefinger dévoilait tous ses plans pendant que Ros jouait avec le cul de sa copine).

Il est vrai que le personnage de Theon représentait un vrai défi d’adaptation. Etant donné qu’il disparait complètement des livres entre la fin du deuxième tome (qui correspond à la fin de la saison 2) et le début du cinquième (où on le retrouve complètement brisé, en compagnie de Ramsay Snow, sous le nouveau nom de Reek), il aurait très bien pu disparaitre de la série pendant deux ans.
Mais si une solution de ce genre convient très bien à des romans, elle n’est pas du tout adaptée à la télévision, qui pour de simples histoires de contrats doit faire apparaitre ses acteurs principaux sans interruption. D’où l’intrigue de Theon cette année, globalement ratée, bien forcée de se débrouiller en adaptant les quelques flashbacks du cinquième livre qui décrivent de manière floue ce qui lui était arrivé aux mains de Ramsay.

Très clairement, ça n’a pas fonctionné. Ça aurait pu, je pense, mais le choix de garder l’identité de Ramsay secrète pendant toute l’année (sans doute pour préserver la « surprise » de la trahison de son père pendant les Noces Pourpres) aura été une belle erreur. Voir Theon se faire torturer toute l’année aurait été répétitif quoi qu’il arrive, mais le voir se faire torturer par un inconnu, sans aucun contexte ni raison, a été répétitif et complètement isolé du reste de la série.
Dès la deuxième saison, j’ai eu du mal à comprendre le pourquoi d’un tel mystère (ça commence réellement à la mise à sac de Winterfell par Ramsay, explicite dans le livre et complètement incompréhensible dans la série), et le résultat final n’aura pas justifié ce choix. La révélation sur l’identité de Ramsay arrive bien trop tard, et de façon tellement banale et sans conséquence qu’il aurait certainement mieux fallu ne pas la garder secrète aussi longtemps.

C’est à peine mieux dans le livre !

Mais parlons d’autre chose. Parlons maintenant des intrigues parfaitement adaptées. Parce que, mine de rien, en commençant cet article avec les histoires incomplètes, les limitations gênantes du plus gros événement de la saison, et la castration de Theon, j’ai peur de donner l’impression de n’avoir pas du tout apprécié cette troisième saison.

Or, fort heureusement, toutes les intrigues se déroulant à King’s Landing étaient absolument formidables, bien écrites et bien adaptées. A part le monologue grandiloquent de Littlefinger sur « l’Échelle du Chaos » juste avant sa disparition.
Il n’a vraiment pas de chance, Littlefinger.

Là où la saison 2 m’avait déçu par sa façon d’adapter trop rapidement les intrigues de la Cour, en survolant ses points principaux au détriment de la richesse du texte, le découpage du troisième tome en deux saisons aura été vraiment bénéfique à cette saison.
J’ai écrit plus haut que l’histoire de King’s Landing a été forcée de jouer la montre pendant la deuxième moitié de la saison, en attendant de pouvoir réagir aux Noces Pourpres, et c’est vrai. La preuve, c’est qu’on nous parle du Mariage Royal depuis tellement longtemps que je commence à croire qu’on ne le verra jamais. Cependant, ce n’est pas très grave quand, en plus de rendre justice aux chapitres du livre, la troisième saison a su inventer d’excellentes scènes pour passer le temps. La majorité des faces à faces de Lady Olenna avec le reste de la distribution, plus parfaites les unes que les autres, étaient complètement inédites. La relation entre Margaery, Cercei, et Joffrey, tout comme plein d’éléments présents seulement en sous-texte dans le livre, auront été parfaitement développés ici.

Même Podrick a eu une intrigue inédite !
Bon, ok, pour le coup c’était nettement moins parfait. Voire même grotesque. Mais malgré ce petit détail, il faut bien avouer que « Podrick est un Dieu du Sexe » était une façon foutrement efficace pour que les téléspectateurs se souviennent qu’il existe, qu’il est un vrai personnage, et qu’il faut garder un œil sur lui.
Oui, je suis vraiment en train de dire que le gag récurrent sur ses prouesses sexuelles relève d’une économie narrative remarquable, voire même d’une adaptation de génie !

Pour continuer avec un avis un peu moins révolutionnaire, la dernière intrigue parfaitement adaptée du livre pour la saison 3 aura été celle de Jaime et Brienne.
A part quelques libertés prises avec des détails (Locke, le personnage qui coupe la main de Jaime, n’existe pas dans le roman) et la chronologie (Jaime et Brienne n’arrivent à King’s Landing qu’après le mariage royal), cette excellente intrigue a été retranscrite quasiment mot pour mot du bouquin. La relation entre les deux personnages est parfaite, l’alchimie entre les deux acteurs aussi, la scène du bain reproduite dans son entier... non, le seul point noir, c’est que l’ours n’a pas été tué.
Un scandale !
Petit bonus, qui fait que cette intrigue est encore mieux traitée que celles de King’s Landing : l’arc de Jaime donne l’impression, lui, de s’achever sur une fin qui semble naturelle. L’an dernier, il finissait la saison 2 en direction de King’s Landing. Il aura mis le temps et aura perdu un peu de poids en cours de route, mais un an plus tard, il y est enfin.

Exactement comme Bran (Transition !) qui aura passé la saison entière à se rendre là où il voulait aller. Mais pour sa défense, il n’a pas de jambes.

Hodor !

Je me fais beaucoup de soucis pour Bran.

Pas à cause de l’année tiédasse qu’il vient de passer (une question : Jojen et Meera, c’est qui ?), mais à cause de son avenir dans la série. En effet, et vous pouvez commencer à trembler, Bran et son groupe sont les seuls personnages dont l’intégralité des chapitres de « A Storm of Swords » ont été adaptés. Tous.

Bran, Jojen, Meera, et Hodor ont traversé le Mur, exactement comme à la fin du troisième livre. Ils vont faire quoi, l’an prochain ?
C’est une vraie question, qui ne concerne pas uniquement ce groupe, car de plus en plus l’adaptation de Game of Thrones va devoir faire avec un nouvel élément : les personnages commencent à avoir des intrigues de plus en plus disproportionnées en termes de temps. Bran n’a donc plus du tout de chapitre dans le troisième livre... et seulement trois autres chapitres, en tout, dans tous les livres publiés jusqu’à maintenant. Davos est exactement dans le même cas. Theon est en plein remplissage. Daenerys n’a plus qu’un seul chapitre dans « A Storm of Swords » (les trois autres ont été adaptés cette année). Un seul chapitre qui, j’en ai peur, risque d’être étiré en longueur sur toute la saison 4, pour ne pas avancer trop vite par rapport au reste de la série, et notamment aux intrigues du Mur et celles de King’s Landing, auxquelles il reste énormément de matière à adapter rien que dans le troisième livre.

Ce déséquilibre risque d’aller en empirant, et je suis très curieux de voir comment Benioff et Weiss vont essayer de s’en sortir. Et notamment pour Bran, donc, qui en plus a eu le malheur cette année d’avoir des chapitres un peu chiant à adapter, à savoir des passages très bavards en vieilles histoires et en « rêves de Loup », mais peu en action, ce qui, vous l’avouerez, n’est pas idéal pour la télévision.
Et l’an prochain, oui, il risque d’arriver directement dans le cinquième livre, pendant que les autres en sont encore à la moitié du troisième. Remarquez, ça sera peut-être l’occasion de nous expliquer un peu mieux ce que Jojen et Meera font là...

Mais attention, je ne remets pas du tout en cause la façon dont Weiss et Benioff ont choisi d’adapter son intrigue, ou le rythme qu’ils se sont imposés. Il fallait absolument avancer, c’était nécessaire, car passer une deuxième saison en direction du Mur aurait été ridicule. Mais ça risque de poser de vrais problèmes pour la suite, auxquels je ne vois aucune solution évidente ou idéale.
Si ça ne tenait qu’à moi, on ne le reverrait pas du tout l’an prochain (Theon nous a prouvé que ce n’était pas une solution envisageable). En même temps, je ne suis pas une référence, car si ça ne tenait qu’à moi, Daenerys n’aurait jamais fait partie de la série. (Bah oui, quelle meilleure façon de gagner du temps d’antenne et du budget que se débarrasser de la seule intrigue qui n’a aucun lien et aucune influence sur les autres, celle avec les putains de dragons en images de synthèse qui coutent une fortune ?).

Ceci dit, ça aurait été dommage, car Daenerys était cool cette année.

Dracarys !

Enfin... disons que Daenerys a eu le droit à une séquence absolument fantastique, une bonne saison, et une scène finale à mourir de honte tellement elle était ridicule et déplacée.

Comme je l’ai dit plus tôt, Daenerys n’a que quatre chapitres en tout dans le troisième livre. Ça peut paraitre peu, mais ce sont des chapitres assez conséquents, où ils se passent beaucoup de choses, et grâce à eux (et à sa fin de deuxième tome, qui n’avait pas été adapté l’an dernier) Daenerys aura eu une saison bien plus agréable à suivre que la précédente.

Ce que je regrette un peu, par contre, c’est que Weiss et Benioff ont pris tellement soin d’adapter toutes ces conquêtes qu’ils en ont peut-être oublié l’essentiel : s’occuper de Daenerys en tant que personnage.
J’ai l’impression de l’avoir perdue, cette année, et de ne plus savoir de qui il s’agissait vraiment, à part d’une jeune conquérante en jeans qui surfe sur des esclaves. Je pense que quelques scènes plus simples, où Daenerys aurait eu l’occasion de parler avec ses potes (qui veulent tous coucher avec elle, que ce soit bien clair) auraient été bénéfiques.

Je ne sais pas à quoi aura servi le pauvre Jorah cette année, à part acquiescer silencieusement de temps en temps.

C’est sans doute pour ça que la scène finale de la saison tombe autant à plat. Voir triompher un personnage devenue une étrangère (alors qu’elle était parfaitement bien définie en première saison) n’était sans doute pas la meilleure façon de conclure le dernier épisode.
C’est d’autant plus dommage que Daenerys avait eu le droit à une séquence absolument parfaite en milieu de saison, bien plus jouissive, et d’un souffle épique bien plus convaincant : ses négociations musclées au marché d’esclaves d’Astapor.

Et pourtant, ce n’était pas gagné. Car l’an dernier, quand Weiss et Benioff ont introduit « Dracarys ! » dans le final de la saison 2 pour cramer le sorcier et conclure l’intrigue pourrie dites du « WHERE ARE MY DRAGONS ?!? », j’ai eu peur. J’ai eu peur, car je savais qu’une scène géniale allait arriver, et je ne voulais pas que son impact soit diminué parce que les scénaristes avaient déjà fait le même coup un peu trop tôt.
Ce n’était pas la peine de m’en faire.

La fin du quatrième épisode était la scène la plus jouissive de la saison. C’était encore mieux que dans le livre, même en sachant pertinemment ce qui allait se passer (Weiss et Benioff n’ont même pas pris la peine de dissimuler quoi que ce soit, préférant laisser l’anticipation monter quant à ce que Daenerys allait faire), grâce à la mise en scène, les effets spéciaux, et la musique. Une vraie réussite d’adaptation, qui me fait d’ailleurs penser à une dernière petite parenthèse à effectuer avant de conclure.

Petite parenthèse

Le Top des Grands Moments Dont l’Adaptation Était à la Hauteur du Livre !

7 – Sam contre le White Walker
C’est mieux dans le livre (parce que ça arrive bien plus tôt, au terme d’une fuite dans la neige pleine de tension), mais c’était pas mal quand même (parce que je commençais à douter que la scène arrive un jour).

6 – Brienne combat un Ours
C’est mieux dans le livre (parce que l’ours meurt !) mais c’est bien quand même (parce qu’il y a un ours !)

5 – Jaime se fait couper la main
C’est mieux dans le livre (parce que ça arrive plus brusquement) mais c’est bien quand même (parce que l’enchainement sur le générique de fin et sa musique rock était bien foutu).

4 – La révolte de la Garde de Nuit
C’est mieux dans le livre (parce que ça parait moins prémédité et que le suspense monte de façon vraiment efficace) mais c’est très bon quand même (le chaos est parfaitement retranscrit par la réalisation).

3 – Les Noces Pourpres
C’est mieux dans le livre, mais de pas beaucoup !

2 – Clegane contre Dondarrion
C’est aussi bien que dans le livre. Et c’est très surprenant car jusque-là les combats dans Game of Thrones ne m’avaient jamais vraiment épaté, et parce que ça arrive juste après le duel (très décevant) entre Jaime et Brienne à côté de la rivière. Là c’était rapide, violent, et avec une épée enflammée, en bref, exactement ce qu’il fallait.

1 – Dracarys
Putain c’était bon !

En attendant la saison 4...

C’est pour ce genre des séquences, ces mises en images qui (parfois) surpassent mes attentes, que je suis prêt à supporter les longueurs (bien réelles) de la série.

Certes, je commence un peu à m’impatienter de voir Game of Thrones dépasser les livres, ne serait-ce que pour trouver dans la série un intérêt autre que des jolies images et le plaisir véritable que j’éprouve à suivre le jeu des adaptations. Un peu de suspense me plairait bien. Etre surpris par un rebondissement me ferait du bien. Mais ce n’est clairement pas pour tout de suite, et en attendant je me contente de regarder des acteurs aussi doués que Charles Dance donner vie à des dialogues pas trop mal foutus.

L’an dernier, j’ai fait l’erreur de croire que la saison 3 allait pouvoir déjouer les pièges dans lesquels les deux premières saisons étaient tombées. Vu la qualité de l’histoire à adapter, ça ne faisait aucun doute... mais malgré ça, en réalité, Game of Thrones a réussi à retomber dans des travers similaires, et à s’étirer un peu trop en longueur à mon goût.
Je ne ferais donc pas la même erreur sur la saison 4 qui, malgré des moments absolument géniaux à adapter, devra faire avec de tous nouveaux défis et de tous nouveaux problèmes potentiels. D’un point de vue du spectacle, on devrait être servi. D’un point de vue intellectuel, l’exercice de l’adaptation risque d’être vraiment passionnant à suivre.

Reste à voir si, cette fois, Weiss et Benioff seront enfin capables de nous offrir une vraie série.

Ju