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Grey’s Anatomy - Critique de l'épisode 7 de la saison 3

Where the Boys Are: C’est une question de pénis

Par Blackie, le 24 novembre 2006
Publié le
24 novembre 2006
Saison 3
Episode 7
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Shonda Rhimes aime faire de grandes réflexions sur la vie et les illustrer en long, en large, en travers et en voix off. Par exemple, cette semaine (ma notion du temps est très relative depuis que je n’ai plus le net), elle a réalisé que les hommes et les femmes, ben c’est pas pareil. Et comme elle aime beaucoup les cours de science de Jéjé, elle a décidé de tenter une expérience : on sépare les deux et on voit ce que ça donne.
Moi au collège, j’appelais ça aller à une boum. Mais le résultat était moins marrant.

Leçon n°1 : les hommes sont des idiots. Mais des idiots attendrissants.

La partie de camping est sans conteste la plus légère de l’épisode. Contrairement au troupeau féminin (surtout composé d’internes, ce qui les rapproche d’emblée), les hommes de l’hôpital ont peu d’interactions d’ordinaire. Quelques mots sont échangés par-ci par-là, mais aucune soirée pyjama ni discussion philosophique dans les toilettes pour eux.

En cherchant des réponses dans un certain éloignement (aka éviter l’éléctricité et le minimum d’hygiène), ils finissent donc par se rapprocher les uns des autres, bon gré mal gré. Nos mâles s’expriment enfin, de manières stupides et brutales, mais laissent enfin sortir ce qu’ils ont sur le cœur. A l’hôpital, les femmes affichent en permanence leurs blessures et s’éloigner était probablement la seule chose que nos docteurs pouvaient faire pour pouvoir enfin exprimer les leurs. Evidemment, le fait qu’ils veuillent rester entre eux parce qu’ils en ont marre des femmes, mais finissent par se plaindre d’être eux, est une de leurs contradictions à mourir de rire.

On appréciera également que deux personnages secondaires tels que Joe le barman et le Chief aient un temps de parole presque égal aux autres. Non seulement cela nous permet de faire un petit break en ne subissant pas encore et encore les mêmes problèmes ressassés par les protagonistes, mais leur échange élève un peu le niveau à côté des autres bestiaux immatures.
En plus, j’ai toujours trouvé Joe sympa. Oui, cet argument vaut de l’or.

Si la scène de baston a été tournée il y a quelques mois, on ne peut malheureusement s’empêcher d’y voir un reflet des évènements récents sur le plateau, surtout lorsqu’au final c’est un gay n’ayant rien demandé qui se prend tout en pleine figure. Pourtant, si on laisse de côté une minute les infamies de McJackass, cette séquence Fight Like A Girl Club continue admirablement l’aspect comique lancé depuis le début de l’épisode. Il n’y a que le fracassage de crâne sur-dramatisé qui vient rompre les éclats de rire, avant que la tribu des Grosses Nouilles ne revienne fusionner avec les Grandes Dépressives.

Le point le plus important à retenir de cette escapade est que George remarque la main tremblante de Burke. Enfin, quelqu’un y fait attention. Car si Bailey cherche à comprendre les raisons de son éviction récente sur une opération, elle les dirige du mauvais côté. Depuis l’affaire Duquette, difficile pour elle de ne pas avoir l’impression que ses compétences sont constamment remises en questions. Prenant cette histoire à un niveau personnel, elle ne réfléchit pas à d’autres raisons qui n’auraient rien à voir avec elle. Si c’était le cas, je pense qu’elle aurait vite compris. Pas besoin d’avoir un nom rimant avec Meronica Vars pour comprendre que Cristina + Burke + seul problème majeur arrivé en deux ans = mimine qui déraille.
Un chirurgien ayant fait de la rééducation il y a peu de temps devrait pourtant être surveillé de très près par ses paires. Et une interne collée aux baskets du même intendant, participant à toutes ses opérations, cela devrait intriguer aussi. Surtout si tout le monde sait qu’ils couchent ensemble, le favoritisme évident devrait en faire râler plus d’un. Mais apparemment non, chacun est tellement embourbé dans ses petits problèmes que le manège du couple est jusque là passé inaperçu.
Georginou vient de gagner une médaille de plus : celle du plus intelligent de la troupe.

Il y a juste un détail dans toute cette histoire que je n’ai pas saisie. La quasi-totalité des hommes de la série sont réunis ensemble, en pleine nature... et aucun n’enlève ses vêtements ? Je suis devant Grey’s A-na-to-my, je devrais pourtant avoir droit à ma dose hebdomadaire de torses velus...

Leçon n°2 : être une femme, c’est souffrir. Mais c’est toujours mieux que d’être un homme.

Pendant ce temps, les femmes travaillent, elles. Et comme si ça ne suffisait pas, elles s’en prennent plein la tête à longueur de journée. Qu’elles donnent la mort au lieu de la vie ou soient mourantes pour vouloir être femmes. En fait, nos personnages sont tellement dans la mouise que l’illustration va jusqu’à devenir littérale pour deux d’entre elles. Et c’est dans ce genre de moment que l’on est ravis de ne pas avoir droit à l’odorama avec la télé.
Ravie je suis aussi de retrouver Halfrek en conseillère optimiste à s’en enfoncer une perceuse dans le crâne, pour un numéro réussit sur lequel je n’ai aucun commentaire particulier à faire.

Vous voulez une vraie info ? Pas d’éclipse solaire en vue, mais j’ai apparemment développé des super-pouvoirs. Il suffit que je râle pour que les choses changent. La preuve, Torres et Sloan retrouvent une utilité.

Callie se trouve une autre raison que George de traîner dans le coin puisqu’elle devient copine comme cochonne avec Addison, l’autre intendante en manque d’amies de l’hôpital. Ces deux-là ne pouvaient que se trouver, trop à l’écart des internes de par leur supériorité hiérarchique mais aussi de par leur maturité. C’est là qu’on réalise d’autant plus le fossé entre Callie et George, dont la relation partait d’un mauvais pied : George fait partie du camp des ados attardés à tendance excessive, tandis que Callie affiche les cicatrices de ceux qui ont vécu et appris. Elle partage donc avec Addison de nombreux points communs, dont le fait d’avoir tâté du muscle McSteamien.

Que la ligue de protection des hommes-objets se rassure, notre beau chirurgien a l’air ravi de n’être qu’un jouet pour femmes déprimées et en manque d’affection, qui ne cherchent entre ses jambes qu’un moyen illusoire d’être aimées ainsi qu’une distraction passagère pour éviter de faire face à leurs vrais problèmes. Ne vous en faites pas pour lui, il s’en fout complètement. Dans sa tête, ses trois neurones jouent probablement au ping-pong jusqu’à ce que son cerveau inférieur prenne le relais.

D’ailleurs, Mr Je-pourrais-réveiller-la-libido-d’une-nonne a droit à une récompense pour être resté bien sage, puisqu’il s’occupe enfin d’un cas médical présentant de l’intérêt, tant dans l’émotion procurée que dans la réflexion sur l’amour, le bonheur, et tous ces trucs magnifiques qu’on a tendance à oublier depuis que Woodstock s’est terminé. C’est non seulement réussit au niveau du patient(e) et de sa femme, mais aussi pour McSteamy qui dévoile une part de sensibilité étonnante au détour de deux ou trois phrases à l’encontre de sa patiente et sur son choix de carrière.
Un homme-objet avec un cœur ?
J’ai trouvé ce que je vais demander au Père Noël cette année.

Et notre Meredith, que fait-elle de beau ? Elle nous apporte tout simplement deux grands moments, comme si jouer une héroïne digne de ce nom lui avait toujours été naturel. D’abord en étant chargée d’entrée de jeu de faire l’ablation d’un pénis. Farpaitement.
Et ça, si ce n’est pas la blague ultime de la série, c’est que ma notion de l’humour doit être au même niveau que Tracey Morgan.
Vous pouvez chercher les métaphores sur notre croqueuse d’homme se stabilisant ou je ne sais quoi, moi je me contente de me tordre de rire. Sacré Meredith.

Sa deuxième réussite est bien sûr la scène finale, à faire fondre tous les romantiques. Parce qu’on nous a laissé souffler un moment (qui aurait certes pu durer un peu plus) dans l’histoire d’amour de Mer-Der, ce baiser à la fermeture des rideaux en devient pleinement appréciable. Aucune surenchère dans le jeu de la scène, aucun bagage énorme au-dessus de leur tête venant les alourdir. Tout est fait dans la finesse et il ne reste plus qu’un couple tout meugnon provoquant des réactions subtiles chez le spectateur à base de « gniiiiiiii ». Where will they go from here ?
Après les larmes provoquées par le bébé mort et la confession d’Izzie, une petite dose d’espoir dans ce monde de brutes est une excellente manière de conclure l’épisode.

Blackie