Un gentil employé d’une compagnie d’assurance se reconverti dans la carrière lucrative de Robin des Bois après s’être rendu compte que les assureurs étaient des gens méchants (un fils mort aidant).
LEVERAGE
TNT – Un jour, malheureusement...
De : Dean Devlin (Godzilla, Independence Day) et John Rogers (Transformers, Catwoman, Cosby)
Avec : Timothy Hutton (Kidnapped), Christian Kane (Angel), Aldis Hodge (Friday Night Lights), Beth Riesgraf (Rien) et Gina Bellman (Coupling UK !!!)
Nate Ford est un homme torturé. Du genre qui regarde par la fenêtre la nuit, dans le vague, en pensant à des choses tristes. Et il ne fait que ça, puisqu’il est chômeur.
Heureusement, Saul Rubinek a decidé de participer à la série (pour foutre en l’air sa propre carrière télé, après avoir sabordé son tableau cinématographique), et lui propose un boulot de rêve : être payé pour se venger de ses anciens employeurs machiavéliques qui ont laissé mourir son fils, en dé-dérobant des plans d’un avion pour les rendre à son "propriétaire" et faire payer la Mutuelle Machiavélique d’Assurance.
Pour ce faire, l’idée lumineuse est de réunir autour d’un homme honnête à qui on peut faire confiance (Timothy Hutton, donc), des voleurs malhonnêtes à qui on ne peut pas faire confiance. La fine équipe se composant au départ d’un Christian Kane à la longueur de cheveux toujours inversement proportionnelle au talent (qui fait un peu de tout, des arts martiaux slow-motion à la drague de secrétaire), d’un Voodoo Tatum qui a arrêté de courir dans Friday Night Lights pour jouer un expert informatique, et de l’ex-fiancée de Jason Lee, une blonde souple et psychotique chaussée de Converse.
Au final, dans une scène haletante, on apprend que les voleurs se sont fait doubler, ils ne sont pas payés, et ils ont volé les plans au vrai propriétaire. L’homme au regard perdu par la fenêtre la nuit décide de se venger, parce qu’il est honnête, pendant que les autres décident de se venger, parce qu’ils sont malhonnêtes. On reprend les même, on engage une bonne actrice comique (Gina Bellman), qui joue une mauvaise actrice tragique (Sophie Devereaux) qui est en fait une bonne actrice malhonnête.
Et hop, c’est parti, on entube Saul Rubinek, qui se retrouve arrêté par le FBI, et on décide que c’était plutôt fun. L’homme honnête parce que c’est beau quand les méchants perdent, les autres parce que c’est beau un chèque encaissé. Une publication au Journal Officiel des Robins des Bois, et hop l’Association est créée, pour au moins 13 épisodes, pour pouvoir aller sauver la veuve et l’orphelin, faire cracher la Mutuelle Machiavélique d’Assurance, et regarder par la fenêtre dans le vague, la nuit.
DOMMAGE, NAUFRAGE ou CARNAGE ?
Je m’excuse de vous avoir parlé comme à des débiles mentaux pour raconter l’épisode, mais c’est sincèrement la meilleure manière de retranscrire la narration de ce machin. L’équipe derrière la caméra vaut le détour (dur à croire mais c’est leur vrai CV, promis). Vous aurez compris rapidement mon estime naissante de la série qui ne demande qu’à être suivie assidûment.
Au delà d’un principe de base très très commun (qui aurait pu avoir comme qualité de ne pas chercher l’originalité avec un twist débile, comme l’a noté Tigrou au sujet de Pretty Handsome), l’intrigue, les dialogues et la réalisation ne se payent même pas le luxe d’être corrects pour en faire un guilty pleasure envisageable à la rentrée. Timothy Hutton qui est un acteur plutôt respectable (ceux qui l’ont nominé aux Razzies Awards me contrediront) est fade, la bande de malfrats à ses côtés est, au mieux basique (Aldis Hodge), au pire ridicule (Christian Kane), et au milieu n’importe quoi (Beth Riesgraf). Ma pauvre Gina Bellman ne s’en sort pas mieux, ravivant ma nostalgie de Coupling, et me faisant espèrer une apparition de Jake the Truth Snake au bout de son bras à chaque dialogue, pour animer un peu toute cette gelée.
Que dire, sinon qu’il n’y a pas grand chose à garder ? Toute la deuxième partie de l’épisode, dont l’intrigue consistait à piéger de façon plutôt (j’ose le terme ->) ingénieuse Saul Rubinek, à base de faux bureaux, de double manipulation et de substitution, était presque digne d’un Mission Impossible de la grande époque, mais malheureusement noyé dans un océan de médiocrité, impossible d’en apprécier une miette.
Du côté de la réalisation, c’est très limite. On passe du morne moche, usant de techniques éculées et à peine efficaces (joignez le Comité pour le Retour des Couleurs en Flashbacks), au carrément vomitif (joignez le Comité pour l’Abolition du Traveling Circulaire). On peut remercier Dean Devlin de ce côté, qui se met à la réalisation après avoir fait ses preuves à quasiment tous les autres postes de l’Audiovisuel (voir CV).
Pour le futur, peu d’espoir, tant la fin de l’épisode laisse perplexe. Les Robins des Bois restent soudés parce que "on s’est bien marrés, et ça paye plutôt bien", et je soupçonne même l’équipe créative (sic) de continuer pour les mêmes raisons. On nous promet un mélange mollasson de l’Agence Tous Risques venant en aide aux délaissés, et d’un arc qui n’a déjà pas d’intérêt pendant ce pilote, à savoir la mort du fils de Nate, et sa soif de vengeance (le pauvre n’ayant jamais entendu parler des Prudhommes).
En conclusion, c’est nul.