Ceci étant dit, je me vois mal expliquer toute la brillance du dernier épisode de Parks and Recreation sans parler très directement de son intrigue.
Donc SPOILERS !, je suppose. Ne lisez pas la suite si vous n’avez pas vu Fancy Party. Et ne lisez surtout pas la suite si vous comptez découvrir Parks & Rec un jour. Ce que je ne saurais que trop vous conseiller.
En gros, ne lisez pas la suite.
Puisque vous êtes sur pErDUSA, en train de lire un texte consacré à une comédie relativement confidentielle, j’imagine que vous êtes assez familiers avec les conventions narratives des séries télévisées, ces règles immuables que toute série se doit de suivre pour que ses téléspectateurs ne soient pas trop désorientés.
Parmi ces règles ancestrales, on trouve tout un chapitre dédié aux mariages. Parce que le mariage, à la télévision, est quelque chose d’absolument sacré.
Tout commence par les hésitations du futur marié qui, invariablement, va chercher à faire sa demande de la façon la plus spectaculairement romantique possible. Il en discute longuement avec ses amis. Les occasions parfaites s’enchainent, mais sont gâchées une par une, par des obstacles aussi artificiels qu’hilarants. En définitive, il finit toujours par se rendre compte que ce qu’il veut vraiment c’est entendre "oui", et non pas une demande parfaite (mais illusoire), qui n’est que bien peu de chose face à l’amour de sa fiancée. C’est beau, on verse notre larme, on passe à la suite.
La suite, c’est une quantité impressionnante d’épisodes consacrés aux préparatifs du mariage : la dispute autour du choix des demoiselles d’honneur, les mésaventures cocasses tournant autour de la robe de marié, l’enterrement de vie de garçon où il arrive quelque chose de trop rigolo à une strip-teaseuse, l’écriture des voeux qui entraine les doutes et engueulades sans important du couple qui s’aime vraiment quand même...
Vous connaissez. Vous avez vu tout ça environ quatorze fois rien que dans Friends. Et vous savez tous comment ça se termine, par la cérémonie qui arrive enfin, après ce qui semble avoir été une éternité. Le résultat va du "mignon" au "truc larmoyant et atroce où tous les collègues dansent sans raison au milieu de l’église". C’est beau, on verse notre larme, on passe à la suite, les sweeps de novembre, février ou mai sont terminés.
Cette semaine, Parks and Recreation a décidé de balayer toutes ces règles avec l’épisode de mariage le plus drôle, touchant, surprenant, et dépourvu de clichés que j’ai eu la chance de voir.
Aucun effet d’annonce des semaines à l’avance, aucun préparatifs, aucune tension artificielle. Juste le mariage inattendu de deux personnages principaux. Une cérémonie simple, bien barrée, et décomplexée, à l’image du couple. Un mariage qui arrive à nous toucher alors que, cinq minutes plus tôt, en apprenant la nouvelle, on avait trouvé l’idée quand même un peu ridicule.
Non seulement tous les codes sont détournés, mais en plus ils le sont de façon intelligente, en jouant habilement avec le fait que les gens devant leur télé ont déjà vu mille fois des mariages dans leurs séries. Les fausses pistes sont tellement nombreuses qu’on ne croit jamais vraiment que le mariage va avoir lieu. On croit à une blague. On croit que Leslie ou Ann va interrompre la cérémonie. Après le discours d’Andy ("I can’t emphasize how little we thought about it...") on pense qu’un des mariés va avoir des doutes, sauf que non ("...anyways, life is short !").
Notre petit couple est bel et bien marié, tout se passe très bien, la fête donne l’occasion à toute la distribution de briller. Et avec un peu de chance, ce mariage libérera les deux personnages de l’intrigue romantique qui avait (un peu trop) tendance à les accaparer cette saison.
En bref, c’est un coup de maitre, qui prouve encore, s’il le fallait, que Parks and Rec est LA meilleure comédie à l’antenne actuellement.
