Et l’esprit d’équipe, ça se construit sur des règles strictes et compliquées que chacun doit suivre aveuglément sans se poser de question. On l’aurait su plus tôt si on avait fait du sport étant petit. On a dû attendre Scandal pour le comprendre.
La règle première pour ces "Meilleurs Moments du Mois", c’est qu’on ne peut parler que de séries dont un épisode n’a pas été l’objet d’une review spécifique au cours du mois. C’est pour ça que dans la liste d’avril, on ne mentionne ni Zombieland, ni The Big Bang Theory, ni Mad Men. En revanche, on peut évoquer Game of Thrones ou The Mindy Project puisque seuls des textes généraux ont été publiés à leur propos.
C’est tellement facile à faire vivre l’esprit d’équipe.
Petit avertissement : les textes qui accompagnent chaque moment parlent ouvertement des séries concernées. Donc si vous n’êtes pas à jour sur l’une d’entre elle, le mieux est de passer directement au moment suivant.
1 Game of Thrones
21 avril / Daenerys fait son marché
Par Ju
Après avoir passé une saison entière coincée dans une intrigue pourrie, à alterner entre déclarations grandiloquentes à base de "I AM DAENERYS STORMBORN !" et exclamations lourdingues à base de "WHERE ARE MY DRAGONS ?!?", il était temps que Daenerys, le personnage le plus isolé de Game of Thrones, nous donne une bonne raison de suivre ses péripéties. Une raison autre que l’amour des dragons en images de synthèse, des langages inventés de toute pièce, et de son cul.
Avec son coup d’éclat jouissif au marché des esclaves, je crois avoir trouvé ma raison.
Ce qui est très fort avec cette séquence de quelques minutes (la seule apparition de Daenerys de l’épisode), c’est que tout y est parfaitement prévisible. Évidemment, Daenerys ne va pas abandonner un de ses "enfants". Évidemment, le marchand d’esclaves qui l’insulte depuis des semaines va finir en barbecue. Tout est prévisible, donc, et c’est ce qui rend le résultat d’autant plus impressionnant. Même sans aucune surprise, les enchainements sont tellement bien amenés, entre sa maitrise du langage, son exécution des maitres, et la destruction de la ville, que ça n’a aucune importance. Daenerys s’impose comme un personnage fort, capable de s’imposer dans la série malgré son isolation géographique (et qui parle super bien les langages imaginaires). Et ça, c’est quand même mieux que "WHERE ARE MY DRAGONS ?!?".
2 Survivor
24 avril / Cochran > Malcolm
Par Conundrum
Si l’épisode précédent a montré que Malcolm pouvait compter sur autre chose que sa sympathique personnalité, son élimination de Survivor restera un beau moment pour moi. Cochran, l’un des candidats les plus faibles physiquement que l’émission ait connu, se retrouve vainqueur de deux challenges individuel et son alliance fait sortir l’un des candidats les plus dangereux du jeu.
Mais si la présence de Cochran me plait cette année alors que je ne garde pas un souvenir mémorable de sa saison précédente, ce n’est pas pour sa stratégie mais parce qu’il est l’une des composantes d’une bonne saison de Survivor. C’est un excellent commentateur. Tout comme Rob C ou Cirie, ses interviews ponctuent le jeu. Il parle de manière éloquente et ces remarques piquantes se sont même retrouvées dans la chronique des meilleures répliques de la pop culture de la semaine de Entertainement Weekly.
Une bonne saison de Survivor a besoin de candidats solides, de bons conseils tribaux, de l’incapacité à prédire qui va être éliminé et d’un candidat qui, par ses entrevues avec la production, arrive à établir une connexion directe avec le public de l’émission. On ne se moque pas de lui (Philip), il ne se repose pas sur de la méchanceté gratuite (Corinne) et ne cherche pas à nous attendrir (Dawn). Avant d’être un candidat, c’est un fan du jeu qui parle à d’autres fans du jeu. Cela resonne chez le public fidèle à l’émission. Rien que pour cela, j’espère qu’il ira très loin, parce que sans lui, cette saison perdra beaucoup de son intérêt. Alors que Malcolm était une sympathique distraction avec son alliance de connards, mais comme les épreuves l’ont prouvé, il ne fait pas le poids face à Cochran.
3 Top of the Lake
1er avril / Fuck The Truth
Par Jéjé
Dans la scène d’ouverture [1] de cet épisode, l’héroïne (Elisabeth Moss) vient faire part de ses hypothèses sur l’enquête en cours à son collège à son domicile pour se rendre compte que toute la police sait qu’elle a été violée par quatre gars du village quand elle avait quinze ans.
Elle décide alors de lui révéler que de ce viol est né une fille qu’elle l’a fait adopter, que l’enfant lui a récemment écrit pour lui demander de simples informations sur ses parents biologiques et qu’elle ne peut se résoudre à lui dévoiler ses origines de peur de détruire son innocence.
La scène dure neuf minutes.
Elle n’a rien de ce type de "Grande" Scène pour Acteur en mal de récompense. Elle n’existe pas pour elle-même mais tire toute son importance de ce qui vient après.
L’homme la fait dormir chez lui, elle est trop saoule pour conduire.
Quand elle se réveille, la première chose qu’elle fait est de vérifier si elle porte toujours ses sous-vêtements…
Elle porte bien une culotte, d’un rose enfantin, qui tranche étrangement avec les tons bleutés froids de l’image.
Elle devrait être rassurée, mais elle n’arrive pas à remercier son collègue et porte des accusations paranoïaques sur la teneur en alcool du vin.
Dans toute cette séquence, on ressent l’emprise étouffante du traumatisme sur le quotidien de la victime. Qui plus est, Jane Campion montre que la parole et la volonté ne suffisent pas pour reprendre une vie apaisée, qu’il peut y avoir un léger réconfort à se confier sur le moment, mais que la peur persiste.
Un moment dur et exceptionnel pour une série qui l’est tout autant.
4 The Mindy Project
2 avril / Doc Gynécos en prison
Par Blackie
C’était mon premier épisode de The Mindy Project, celui par lequel Drum nous a conseillés de commencer. Parce qu’il est très réussi et parce que s’il y a bien une chose qu’on aime dans cette rédac, c’est rire de la religion. Mindy Kaling arrive parfaitement à pointer l’absurde tout en évitant d’offenser, ce qui n’est pas un exercice évident.
Complètement conquise, je me suis vite regardé toute la série (que j’apprécie d’autant plus parce que son New York n’est pas en carton pate comme celui de Ta Mère). Mais cet épisode, et tout le passage en prison, reste mon moment préféré. Comme toute vieille fan de MadTV, j’adore Ike Barinholtz et le personnage de l’infirmier Morgan est vite devenu mon favori. Son passé de criminel était une bonne source d’humour jusque là, donc exploiter totalement cet aspect est une réussite. La nouvelle autorité de Morgan et ses conseils de survie sont à apprendre par coeur ! J’aimerais voir notre groupe de gynécos faire ce type de sortie bien plus souvent, car il n’y a rien de plus drole que de les voir hors de leur zone de comfort.
Si jamais vous n’avez pas encore suivi Drum, essayez cet épisode. Au pire, vous en ressortirez avec quelques bons conseils, comme de l’importance de se scotcher l’entre-jambes.
5 Scandal
25 avril / Si j’entends le mot « gladiateur » encore une fois, … !
Par Conundrum
L’un des problèmes de Scandal est le martelage régulier de l’équipe d’Olivia d’être des gladiateurs totalement dévoués à leur chef. Mais, à ce niveau, ce n’est plus de la dévotion mais de l’adoration trop peu souvent remise en question. Le nom de famille d’Olivia, Pope (Pape en anglais), n’est pas si anodin que cela.
C’est une adoration quasi religieuse à la Sainte Olivia qui montre la voie sans qu’on la questionne. Il n’y a as besoin de morale ou d’opinion personnelle chez Pope and Associates, puisque Olivia s’en charge. Mais dans cet épisode, ce problème est adressé de façon très intéressante. Un parallèle est fait entre la vie de Huck pré-Pope et les gladiateurs. Par le passé, Huck était enfermé dans un contrat sans sortie possible où la morale n’a pas sa place. Chacun des gladiateurs adresse un Huck dans un état quasi catatonique et parle de son lien avec lui sauf Abby.
Si Lindsay explique que Huck l’a empêché de sombrer dans une vengeance aveugle, qu’Harrisson n’aime pas le reflet que Huck lui renvoie de lui et qu’Olivia lui avoue l’importance de sa présence dans sa vie, Abby met en avant l’impact de leur relation avec Olivia. Elle est bloquée dans cette relation avec Pope qui l’a empêché d’avoir une vie personnelle épanouie tout comme les anciens responsables de Huck l’ont empêché de rester avec sa famille.
J’apprécie que le fait que, alors que la fin de saison arrive et la mythologie de la série se complexifie, on prenne le temps d’adresser la nocivité des relations qui lient les personnages et surtout celle qui lie les gladiateurs à Olivia.
Aussi, awww, Astrid de Fringe !!!!
6 Suburgatory
17 avril / Tessa et Dalia en viennent aux poings et aux faux cils
Par Blackie
J’ai l’impression que plus personne ne suis cette série. Il est vrai que le ton de son Pilote a vite disparu, mais c’est le cas de beaucoup de sitcoms, qui finissent par verser dans le sentimental et moins dans l’humour vache. C’est un peu décevant, mais je n’ai pas l’impression d’y perdre quand je finis attachée aux personnages. C’est pour cela que ce final de Suburgatory a réussi à me coincer une grosse boule dans la gorge (ajoutée à mon angine, j’étais trop ravie !).
J’ai longtemps eu l’impression que la série se cherchait, entre son humour grotesque de départ et un petit coté doux-amer du à la situation familiale des Altman. L’humour a finit par etre assez bancal, et passait au moins la barre du léger sourire grâce à des acteurs impeccables et pouvant briller dans le surjeu comme Ana Gasteyer, Alan Tudyk ou Chris Parnell.
Mais cette deuxième saison s’est installée dans une peinture des familles décomposées et recomposées, bien plus intéressante et émotionnellement prenante. Ce n’est qu’avec le final que l’on se rend compte que tous ont subi une variation sur ce thème, du proviseur à Noah en passant par Ryan.
Le plus étonnant fut le développement du personnage de Dalia, la fille avec autant d’expressions que C3PO. Jusqu’au bout, ses réactions n’auront cessées de me surprendre et me toucher, et son interprète mériterait plus de reconnaissance pour arriver à laisser passer quoi que ce soit derrière un visage de marbre et une voix monotone. Rien que d’arriver à garder cette attitude en permanence est impressionnant !
Les rapports entre Dalia et Tessa sont devenus une vraie force et ma meilleure raison d’etre au rendez-vous la saison prochaine. Parfois ça me va très bien qu’une sitcom me laisse sur des larmes plutôt que des rires.
7 The Good Wife
28 avril / Le Moment Recyclage du Mois
Par Jéjé
On y a cru, pendant un petit moment. C’est fait. Quand Cary propose à Alicia de monter leur propre cabinet après s’être fait avoir par la direction de Lockhart/Garner, on se projetait déjà dans un reformatage euphorique de la série où Alicia affrontait Diane dans un tribunal chaque semaine. Et vu à quel point une Alicia et un Cary remontés sont efficaces face à Diane et Will, on se dit disait que ça aurait pu pourrait donner une nouvelle donne particulièrement enthousiasmante.
La dernière scène de l’épisode détruit a confirmé tous nos espoirs les plus fous, mais c’était logique et prévisible. Alicia ne peut pas se permettre de prendre un tel risque alors qu’elle a enfin prouvé qu’elle était capable de se débrouiller seule et se construire une carrière, et surtout un nom à elle. Après avoir vu comment les partenaires de Lockhart/Garner ont usé une fois de plus de la tactique du "diviser pour mieux régner" pour mettre fin aux demandes légitimes des secrétaires, Alicia, en "Good Person", ne pouvait pas agir autrement.
Mais le temps d’une scèneEn saison 5, Florrick, Agos & Associates, ça en jetait sévère va tout déchirer !
[1] Je ne sais pas si ce terme est véritablement adéquat : cette scène correspond bien au début du quatrième épisode sur les sept de la diffusion américaine, mais Top Of The Lake a été diffusé en six parties d’une heure en Nouvelle Zélande et en Australie.
