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Les Moments du Mois - Retour sur six moments séries qui nous ont marqués entre juin et août

2014: Notre Été 2014 en Six Moments Séries

Par la Rédaction, le 1er septembre 2014
Publié le
1er septembre 2014
Saison Été
Episode Été
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Souvenez-vous, les "Moments du Mois", c’est le rendez-vous mensuel de pErDUSA, l’occasion pour laquelle les membres de la rédaction font un effort pour jongler avec leurs emplois du temps respectifs et apparaitre tous en même temps dans un même article, parler série, et travailler sur leur esprit d’équipe.

Sauf pendant l’été.

Parce que pendant l’été, l’esprit d’équipe ne sert à rien et se serrer les coudes n’a strictement aucun intérêt (et il fait bien trop chaud pour ça). C’est un peu comme écrire une nouvelle introduction que personne ne lira plutôt que de copier-coller celle de l’an dernier, c’est inutile.

C’est donc en se tenant bien écartés les uns des autres que les membres de la rédaction ont écrit sur des sujets divers et variés, comme All in the Family, Mad Men, Orange is the New Black, The Middle, Louie, et le placement de produit dans les séries.

Pour ce qui concerne cette chronique, et comme d’habitude, chaque texte y parle ouvertement de la série concernée. Donc si vous n’êtes pas à jour sur l’une d’entre elle, le mieux est de passer directement au moment suivant.

1 True Blood

Saison 7 - Episode 13 - Thank You

24 août / Bon débarras !
Par Blackie

Apres sept étés à nous bousiller les neurones et nous faire chercher des justificatifs de plus en plus douteux (“Mais... mais... Eric. Nu. Sur de la neige.”), True Blood a enfin raccroché son micro tablier. Et mes amis, dans quelle apothéose !

Car s’il y avait bien un sujet délicat que je ne m’attendais pas à voir traité avec son intelligence légendaire, c’est bien l’euthanasie. Oui oui, vous avez bien lu. Les circonstances sont formidables :

Au bout de 200 ans et toute une saison à geindre encore plus que d’habitude, Bill décide de mourir. Mais pas avant d’avoir fait chier tout son entourage avec sa décision, oh non.
Car Bill pourrait simplement faire ses adieux, puis attendre une journée afin de succomber de sa maladie, qui s’empire rapidement. Mais non, ouhla. Trop simple.
Bill pourrait aussi faire trois pas dans son jardin et y rester jusqu’à ce que le soleil se lève. Mais personne ne ferait attention à lui !

Non, Beeeeeeell doit absolument faire passer sa mort comme un geste hautement altruiste, puisqu’il rend service à Sookie. Bah oui. Cette pauvre idiote est visiblement incapable de faire quoi que ce soit de sa vie s’il est encore présent sur cette planète. En plus c’est super dur de trouver une Map Monde à Bon Temps. Planète Sookie tourne autour de Bill. Si madame veut son indépendance, il faut bien qu’un homme la lui donne !
Parallèlement, Bill donne sa “fille” Jessica en mariage, afin qu’un autre mâle (qui ne la connait que depuis deux jours) s’occupe d’elle. Que de noblesse, ce type.

Et puis quitte à culpabiliser Sookay, autant ajouter un peu de traumatisme, en la forçant à l’assister dans son suicide qui ne pouvait pas attendre 24 heures. “Faut que je meurs, pour ton bien. Mais t’as intéret à faire le sale boulot toi-même”. C’est romantique, on vous dit ! Puis ce genre de chose finit toujours bien...

Notre blonde libérée peut maintenant remplir son but ultime de femme, qui consiste à utiliser son utérus. Le donneur de sperme n’a même pas besoin d’être une personne avec un visage, hein, c’est la reproduction qui compte. Regardez donc, tous ses amis et sa famille n’ont fait que ça, se marier et pondre des mômes avec les dernières personnes croisées dans l’épisode !

Parce que s’il y avait bien une fin logique à True Blood, la série qui aime beaucoup la logique et le bonheur, c’est bien l’image parfaite de l’Amérique profonde et ses barbecues familiaux, où tout le monde rigole en s’enfournant des chicken wings au ketchup. Et j’avais failli me dire qu’elle allait me manquer, ah ah !

2 Les Emmy Awards

Emmy Awards 2014

25 août / Seth Meyers
Par Conundrum

Sur Twitter, j’ai pu lire que le soir des Emmys, c’était le Noel des séries. Si je ne partage pas l’enthousiasme autour de la cérémonie, je comprends l’idée. Le palmarès des Emmys c’est la déception obligée de la découverte de cadeaux qui ne peuvent pas répondre à l’enthousiasme généré durant toute l’année qui l’a précédée. Les victoires de Modern Family, c’est les belles paires de chaussettes que l’on a reçu. Et même si quelque fois, un joli petit iPod ou une victoire de Julianna Margulies s’incrustent dans le lot, ça n’empêche pas la sensation de « Tout ça pou ça » qui pointe son nez à la fin de la soirée.
Non, les Emmys, c’est comme Noel pour le musulman que je suis, je regarde l’enthousiasme de loin, je comprends pourquoi on aime, mais ce n’est pas ma tasse de thé.

Pour moi, le seul intérêt des Emmys, c’est son maitre de cérémonie. J’ai de beaux souvenirs de la soirée animée par Jenna Elfman et David Hyde Pierce à l’époque où l’animation n’était pas toujours confiée à des présentateurs d’émission ou de talk show. Même je m’y intéresse beaucoup moins que par le passé, j’ai une petite affection pour la cérémonie en elle même. Et cette année, l’Académie et NBC ont assignés cette tâche à un très bon choix, Seth Meyers.

Les Emmys ont pour principe de célébrer l’année télé écoulée, et l’un des meilleurs moments de cette année a été de voir la transition de Seth Meyers de Saturday Night Live à son propre Late Night. Sa première semaine faisait nettement moins grincer des dents que celle de Jimmy Fallon. Seth et son équipe nous ont donné rapidement un Late Night bien foutu, solide et qui dont les forces ne résident pas dans des clips à revoir à YouTube et sur l’énergie adolescente de son animateur. Et les Emmys étaient dans cette lignée.

Comme dans son talk show, le monologue était un enchainement de blagues sur la télévision qui ont oscillé entre le solide et le très drôle. Certes, on était loin du numéro musical réussi de Jimmy Fallon il y a quelques années ou des attaques très drôle de Tina et Amy sur leur auditoire aux Golden Globes mais Meyers a fait ce qu’il savait faire de mieux : faire des blagues et nous faire passer du bon temps sans fioritures, et sans vagues.

Meyers, c’est de la vanille. Ce n’est peut être pas la saveur du moment, mais c’est toujours sympathique. C’est peut être sans surprise, mais c’est toujours efficace. En gros, ce n’était pas Jane Lynch et encore moins les cinq animateurs de télé réalité d’il y a quelques années. Je n’étais pas très content des cadeaux que j’ai reçu à mon Noel de séries, mais au moins, grâce à Seth, j’ai passé une très bonne soirée.

3 The Leftovers

Saison 1 - Episode 9 - The Garveys at Their Best

24 août / Décrivez moi la perte. Décrivez moi la peine. Décrivez moi la haine.
Par Iris

Décrivez moi la vie. Les dizaines de manière d’y revenir et d’y retrouver un sens, de tenter de gérer la douleur. Celles d’appréhender ce vide insupportable, envahissant, qui grandit comme un cancer et vient corrompre toutes les tentatives de se reconstruire.
Tout ça pour retrouver... Quoi ? Qui ? La personne qu’on était avant ? Elle ne reviendra pas. Celle qui reste derrière elle est une copie carbone, légèrement moins affirmée que l’originale ; légèrement moins forte.

Tout ceci, c’est ce que l’on peut percevoir hebdomadairement dans The Leftovers. On voit ces personnages composer, chacun à leur façon, avec ce deuil. Le deuil non seulement de proches, mais aussi d’une partie de l’humanité - et avec elle, du peu de sens qu’ils pouvaient avoir trouvé à la vie. Quel que soit l’épisode, on retrouvera tout ça au détour d’un regard, d’une action. Cette douleur et cette incertitude prête à s’abattre sur le spectateur qui se laisserait contaminer, ou prête à se rappeler à celui qui l’a vécue et la vit.

C’est pour ça que nous montrer ces personnages avant leur chute (paradoxalement, "l’ascension" de leurs êtres chers) est aussi efficace. Si tout n’est pas parfait dans l’épisode, les dernières minutes prennent à la gorge.

Le premier pas dans le vide. Une voiture qui freine une seconde trop tard. Une bombe qui explose.

On assiste à ces quelques instants où le monde change, à cette expérience quasi-alchimique où tout se voit bouleversé. On connaissait l’après, on vit ici avec les personnages l’avant et le pendant.

On prend le temps de s’attarder sur ce moment où le plomb se change en or, et où tout ce qu’on pensait savoir de la vie s’écroule.

4 The Legend of Korra

Saison 3 - Episode 13 - Venom of the Red Lotus

22 août / Final
Par Feyrtys

Cette saison trois aura été parfaite de bout en bout et sa conclusion, spectaculaire. Oubliés, les problèmes de rythme des deux premières saisons ; disparus, les personnages qui ne semblent pas se servir de leurs neurones ; Korra est devenue l’avatar qu’elle était destinée à être : puissante, intelligente et décidée à se battre politiquement pour le peuple qu’elle veut protéger.

Plusieurs moments exceptionnels ont marqué cet épisode.
D’abord, les scènes d’action. Elles ont toujours été soignées, et ce, depuis le premier opus. Chaque élément a son style distinct. Mais dans Venom of the Red Lotus, les animateurs réussissent à donner à Korra un nouveau visage : lorsqu’empoisonnée (après une scène d’une incroyable violence), elle entre dans l’état d’avatar, son style de combat est métamorphosé. Libérée de ses chaînes, elle ressemble plus à un animal traqué qu’à l’avatar que l’on connaît. Et les émotions qui se dégagent de cette scène n’ont rien à envier aux meilleures scènes d’action de Spartacus ou de (fucking) Games of Thrones. Korra ne se bat pour la liberté, ni pour se venger, ni pour rétablir l’ordre des éléments comme la saison dernière : elle se bat pour survivre. Sa rage et son désespoir sont palpables.

Et puis il y a bien sûr Jinora (Kiernan Shipka) et les airbenders. Jinora aura bénéficié du développement le plus intéressant cette saison. Préado douée, sûre d’elle, sensible, bien plus mûre parfois que son propre père, Jinora sait mieux que tous les adultes autour d’elle comment et pourquoi se battre. Il était normal que ce soit elle qui, accompagnée des autres airbenders, sauve l’avatar, dans une très belle scène.
Dans quelle autre série aurait-on assisté, émus, à l’avènement d’une enfant au rang de maître de l’Air ? Dans quelle autre série une fille aurait-elle renoncé à ses cheveux pour se faire tatouer une flèche bleue sur le crâne ? Alors qu’un garçon est amoureux d’elle ?

Mais la scène la plus poignante est probablement cette larme qui coule sur la joue de Korra, physiquement et mentalement épuisée après son combat contre le Red Lotus. Le poison ne coule plus dans ses veines, mais les mots de son leader, le poète-moine-anarchiste Zaheer (Henry Rollins) ont fait des dégâts bien plus profonds. « Le monde se porterait mieux sans toi », lui a-t-il répété tout au long de la saison. C’est pourquoi les visions de ses ennemis passés, qui hantent Korra avant qu’elle ne succombe à l’état d’avatar, lui assènent des coups bien plus violents que des coups physiques : ils lui disent qu’elle est faible, que son temps est révolu et qu’elle n’a pas sa place dans ce monde.

Les gens qui pensent que Korra est dépressive à cause de sa paralysie se trompent, à mon sens. Ce n’est pas le handicap qui a anéanti l’envie de vivre de Korra, mais l’idée que le monde n’a pas besoin d’elle.

Si vous vous posez la question, la réponse est non, vous ne pouvez pas regarder Korra sans avoir vu The Last Airbender. Vous savez ce qui vous reste à faire.

5 The 100

Saison 1 - Episode 13 - We Are The Grounders, Part II

11 juin / Lord of the Finales
Par Jéjé

Sur le forum, Yorick a écrit : "En tant que série un peu fauchée qui a le souffle épique d’une grosse production, Arrow est vraiment l’héritière de Spartacus."
Il a juste fait une toute petite erreur : la série de la CW qui correspond à cette affirmation n’est pas Arrow mais bien The 100.
Hybride réussi entre Battlestar Galactica, Survivor et Gossip Girl, après seulement douze petits épisodes, elle est parvenu à produire l’un des seasons finales les plus excitants de l’année.

Dans cet épisode, la confrontation des adolescents bannis avec leurs premiers ennemis se conclut lors d’une bataille formidable, dans laquelle les personnages se comportent avec cohérence et astuce. (Ces réactions intelligentes des protagonistes sont la marques de fabrique de la série depuis son pilote. Elles lui ont permis entre autres de rentre supportable l’inévitable contrainte CWienne de la "romance contrariée chez les pré-adultes". S’il peut y avoir de la compétition amoureuse entre nos héros, elle ne les conduit jamais à mettre en péril leur survie.)

La fin de cet arc se produit en parallèle d’une re-définition de la formule de la série qui s’accélère au cours de ses dix dernières minutes. Le cliffhanger final ne conduit pas alors le spectateur à se demander simplement ce qui va se passer, mais bien à se demander ce que va devenir la série.
Et au vu de la réussite de cette première saison, c’est une interrogation assez jubilatoire.

6 Last Week Tonight

Saison 1 - Episode 15 - Police Militarization in Ferguson

17 août / Mes étés avec John Oliver
Par Ju

L’été dernier, John Oliver a pris la tête du Daily Show pendant trois mois, pour remplacer un Jon Stewart parti tourner un film. Il était excellent. Vraiment. Et HBO, du coup, lui a proposé sa propre émission hebdomadaire : Last Week Tonight.

Et, encore une fois, il y est excellent.

Le lien de parenté entre le Daily Show et Last Week Tonight saute aux yeux dès le premier épisode, suffisamment pour avoir peur d’un réchauffé un peu superflu. On a un animateur qui s’indigne des derniers sujets d’actualité, des montages vidéo et des photos en support, une interview au fonctionnement bien rodé, le même style de blagues... et le copié-collé est là, inévitable, et malheureux.

Mais juste pour le premier épisode.

Dès le deuxième épisode, Last Week Tonight a su se différentier complètement pour devenir mon show préféré de l’été. Le recadrage s’est fait sur une idée très simple : profiter de l’absence de publicité sur HBO pour approfondir un sujet par semaine, sur un quart d’heure, sans interruption, libérer de quelconques contraintes de temps. Le résultat est fascinant, extrêmement informatif, et divertissant. Chaque semaine, John Oliver et ses auteurs abordent un thème et l’explorent de manière intelligente et drôle. Chaque semaine, j’ai eu l’impression d’apprendre des choses, de façon on-ne-peut-plus-ludiques sur des sujets pas forcément faciles.
Les sujets abordés ? La guerre entre l’Ukraine et la Russie. La militarisation de la police à Ferguson. Le système des « Payday Loans ». La dette en Argentine. La gestion des armes nucléaires aux Etats-Unis. Le système pénitentiaire américain. L’illégalité de l’homosexualité en Ouganda. Ou... la FIFA. Des sujets importants, traités avec la rigueur qu’ils méritent... et des bonnes blagues.

Last Week Tonight avait été commandée pour huit épisodes à la base, elle a été reconduite. Espérons pour les dix prochaines années.

la Rédaction