Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Les Moments du Mois - Cinq moments séries qui nous ont marqués pendant le mois de mai

2014: Mai 2014 en Cinq Moments Séries

Par la Rédaction, le 1er juin 2014
Publié le
1er juin 2014
Saison Mai
Episode Mai
Facebook Twitter
Les Moments du Mois, c’est un recueil de textes qui, à notre petit niveau et avec nos petits moyens, cherche à retranscrire l’intégralité de ce qu’étaient les séries télévisées en mai 2014, pour que les générations futures puissent imaginer, ne serait-ce qu’un peu, devant quoi leurs ancêtres perdaient leur temps quand ils n’étaient pas en train de surfer sur Internet au boulot.

Et puisqu’ils ne prendront pas le temps de lire quoi que ce soit, préférant s’arrêter au photo, ils ne comprendront pas pourquoi on a regardé un couple dépressif dans un café, un mec en short qui compte sur ses doigts, un trio d’une sobre élégance, un autre mec qui sourit poliment, et deux femmes en train de danser.

Et puisqu’on avait vraiment beaucoup de temps à perdre ce mois-ci, Jéjé a terminé (pour l’instant) un gros chapitre de son épopée sur les séries des années 70, Blackie a critiqué le dernier épisode (pour l’instant) d’une série avec Lana Parilla, Ju est revenu sur la meilleure saison (pour l’instant) de Person of Interest, et Conundrum a traité des dernières tendances de production de séries télé.

Pour l’instant.

1 Louie

Saison 4 - Episode 3 - So Did the Fat Lady

12 mai
Par Feyrtys

Cette saison de Louie est déconcertante. Même si je n’arrive pas à me faire à l’absence du générique, je n’ai aucun mal à accrocher à ce nouveau ton, moins drôle peut-être que la saison précédente, mais tout aussi absurde et poignant que les meilleurs épisodes servis jusque-là.
Ce qui m’a toujours plu dans Louie, c’est la capacité de Louis C.K. à se montrer lucide envers lui-même. Il est capable de parfaitement analyser ses émotions, ses peurs et ses préjugés, et de les sublimer à l’écran en mettant en scène cet alter ego qui lui ressemble tant.

Il ne s’agit pas de mon épisode préféré, ni même de ma scène préférée de la saison, mais parce qu’elle offre une tribune aux grandes oubliées de la télévision, j’avais envie parler de la fin de ce fameux épisode 4x03. Louie y a fait connaissance de Vanessa (excellente Sarah Baker) une serveuse dont les Américains diraient "qu’elle appartient à la même ligue que lui" : comme Louie, elle est grosse, assez banale, mais à contrairement à lui, elle ne semble pas paralysée par la peur d’aller vers les autres. Elle aime bien Louie, qui l’ignore royalement, plus intéressé qu’il est à se prendre des râteaux auprès des serveuses plus minces du bar où il se produit. Mais à force de persévérance et peut-être parce qu’elle le fait rire, elle réussit à le convaincre de sortir avec elle.

Ils arrivent facilement à tisser des liens, mais Louie semble incapable de considérer leur relation comme sérieuse, tout simplement parce que Vanessa est grosse. Il fait alors preuve de la même passivité et de la même maladresse que d’habitude en voulant la réconforter : il lui dit qu’elle n’est pas grosse. Déçue, énervée, Vanessa se lance alors dans une tribune sur les injustices subies par les grosses dans une société obsédée par la minceur et le sex-appeal des femmes.

Le texte a été entièrement écrit par Louis C.K. et malgré quelques fausses notes mineures, il a le mérite d’appuyer là où ça fait mal, en outre le fait que la société ne donne pas la parole aux grosses et l’incapacité des hommes "normaux" de s’intéresser aux grosses de peur de perdre le statut auquel ils pensent avoir droit tout simplement parce que ce sont des hommes.

Louie n’est jamais aussi attachant que lorsqu’il ouvre les yeux sur ses propres préjugés et cet épisode est une belle réussite.

Maintenant, ce serait bien de nous remettre le générique.

2 Survivor

Saison 28 - Episode 3 - It’s Do or Die

21 mai / La finale
Par Conundrum

Survivor a achevé une excellente saison le mois passé, et ce malgré un quatuor final sans aucun joueur charismatique et avec une nouvelle règle très agaçante, l’idole au pouvoir spécial.

En effet, avoir une idole qui peut être jouée après le vote est un avantage qui déséquilibre trop le jeu. Surtout lorsque l’on sait que deux idoles d’immunité étaient cachées. Deux, en plus de l’immunité de la semaine, c’était bien suffisant. L’intérêt de l’idole d’immunité classique est qu’elle vient avec autant d’avantages que d’inconvénients, il faut un bon joueur pour la jouer de manière stratégique et ce n’est jamais sans risques. Il n’y avait que trop peu de risques avec cette nouvelle idole qui me rappelait un peu le médaillon du pouvoir, il y a quelques années.

Heureusement que, à défaut d’avoir des joueurs sympathiques, cette saison de Survivor avait quelques joueurs brillants. Et malgré sa personnalité abrasive, Tony, pour la gestion de cette idole, méritait de gagner le jeu. Certes son « bag of tricks » était pénible, mais jouer sur ce que pouvait être ce pouvoir spécial au lieu de son actuel pouvoir, puisque Jeff ne l’a pas clairement défini, était brillant. Et c’est exactement ce qui manquait à un Survivor qui se regardait trop le nombril.

La saison de septembre était aussi une excellente saison, mais la moitié du casting était déjà connue et la seconde était des membres de leurs familles. Survivor se reposait de plus en plus sur d’anciens joueurs. Surtout que les saisons avec d’anciens candidats étaient de moins en moins intéressantes. Celle de septembre dernier était une exception, en effet, il n’y a que très peu de plaisir à regarder Rob gagner Survivor car sa tribu est totalement sous son charme. Et il n’y a aucun plaisir à revoir Ozzy. Aucun, aucun, aucun.

Voir des joueurs qui savent tourner les règles à leurs avantages ou comprendre qui ne sont pas en final en interprétant les paroles de Jeff Probst, ce sera toujours plus intéressant que de revoir Coach une nouvelle fois. J’espère juste que les producteurs l’auront enfin compris cette saison car Survivor enchaine les bonnes saisons, et ça me ferait de la peine que ça s’arrête.

3 RuPaul’s Drag Race

Saison 6 - Episode 14 - Reunited !

6 mai / The clown is crowned !
Par Blackie

S’il n’y avait vraiment "plus rien cette saison", comme on le lit chaque année, j’aurais trouvé du temps pour l’émission de RuPaul bien plus tôt dans ma vie !
Heureusement, une majorité de finales et un article de Pajiba m’ont rappelés qu’il était tant de jeter un oeil du coté de la recherche pour l’America’s Next Drag Superstar.
Et je n’aurais pas pu mieux tomber que sur cette saison 6.
….
Mais comment cette rédac a-t-elle fait pour passer à coté sur six saisons ?!

Mon Moment du Mois tient à la découverte entière de Drag Race, ce mélange incroyable d’autres émissions de talent du genre. Les candidates ne doivent pas qu’être glamours mais aussi inventives, savoir confectionner leurs costumes, créer des personnages, poser, danser, chanter, imiter… On leur en demande beaucoup, et elles nous en rendent encore plus. Ce sont des artistes complètes, qu’il est fascinant de voir se métamorphoser en permanence.

Surtout, il est impossible de ne pas se sentir influencé par leur positivité, leur courage de mieux s’accepter soi-même et les autres. Et ce ne sont pourtant pas les vacheries qui manquent ! Car malgré le petit coté fabriqué inhérent à la télé réalité, elles partagent toutes des obstacles très réels qu’il a fallu surmonter et auquel chacun peut s’identifier. Qu’elles soient petites, grosses, vieilles, bêtes, trashy, elles sont toutes uniques et attachantes.

Avec ses personnalités plus hautes en couleur, son humour subversif, ses confessions touchant des cordes profondes, et son quasi-manque de censure, Drag Race est une fabuleuse célébration du différent qui rend toutes les autres bien pales à coté.

Pour les guider, il y a RuPaul, la légende. On connait tous la star, mais moins l’homme en dessous. A tel point qu’en le voyant pour la première fois arriver en pantalons et sans perruque, j’ai cru qu’il s’agissait du Tim Gunn à sa Heidi Klum.
Nope. RuPaul est Heidi ET Tim Gunn, elle gère tout et prend toutes les décisions finales, avec le rire le plus contagieux du monde. Quand RuPaul pleure, vous pleurez avec elle. Protectrice, elle met un point d’honneur à rappeler à ses "enfants" qu’elle les aime. Mais elle ne vous fait pas oublier que c’est SON émission, en ayant aucun scrupule à créer des challenges la mettant à l’honneur, ou à vendre son parfum ou son album !

Parmi les candidates, mon plus gros coup de foudre fut pour Bianca Del Rio, le bijou de cette saison, dont la victoire fut amplement méritée. Condragulations ! Bianca est un clown auto-proclamé avec un sourire de gamine émerveillée, qui rit comme Fran Drescher, fabrique des robes renversantes, et n’est jamais à court de répliques sarcastiques hilarantes.
Sur elle-même. Sur les autres. Et avec les références d’une "vieille" de plus de trente ans. Son humour vache contrebalancé d’un gros coeur aurait sa place parmi nous, et je ne pouvais que m’amouracher de cette grande gueule adorable. Car même en sachant qui avait gagné, ça ne m’a rien gâché à la saison.

Je me rattrape désormais les saisons précédentes, entre fous rires et torrents de larmes, à craquer pour une ancienne détenue en surpoids, une étrange créature goth ou une comique narcoleptique.
Et j’ai désormais fait mien le mantra de Mama Ru : “If you can’t love yourself, how in the hell you gonna love somebody else ?

4 Game of Thrones

Saison 4 - Episode 6 - The Laws of Gods and Men

11 mai / Oh, non ! Un chien !
Par Ju

C’est l’histoire d’une séquence qui ne sert à rien.

Il y a des scènes, comme ça, dont on ne sait pas trop ce qu’elles foutent là. C’est donc l’histoire d’une de ces scènes, un charmant passage pas forcément très utile dans la saison 4 de Game of Thrones, quelques minutes où Yara Greyjoy tente de libérer son frère des griffes du très sobre Ramsay Snow (en photo ci-dessus). Avant d’être stoppée par son seul et unique point faible : un gros chien.

Souvenez-vous, c’était il y a un an, dans le dernier épisode de la saison 3. Yara et son père, Balon Greyjoy, recevait un chouette cadeau de la part du bâtard Bolton. Une boite. Avec une bite dedans. Un concept si simple et beau qu’il ferait une très bonne chanson.
(Et puisque cette même blague a déjà été faite des milliers de fois, parlons d’autre chose : j’ai cru m’étouffer de rire en voyant la bande-annonce de ce film au cinéma. La vraie bande-annonce. Pas la version fournie ici à laquelle il était impossible de ne pas penser. Bref. Game of Thrones.)

Yara a donc quitté son île il y a six épisodes (soit plus d’une demie saison ou onze mois plus tôt) en faisant la promesse de retrouver son frère. On ne l’a pas revue depuis, mais ce n’est pas grave, car en ce beau mois de mai, elle a enfin atteint son objectif. Dans une séquence qui ne sert à rien.
Une séquence qui commence par un petit Previously on, où Yara nous relit la lettre de Ramsay pendant que lui se tape sa copine / esclave sexuelle. Parce que les monologues passent toujours mieux quand, par intermittence, on a l’occasion de s’exclamer « Hey ! Un cul ! ». Une musique entrainante démarre alors, cette fois c’est bon ! Après toute cette attente, Yara va enfin servir à quelque chose ! Elle va libérer Theon de plus d’un an d’intrigue qui fait du surplace ! Elle va le sauver !

C’était sans compter sur le gros chien.

Dépités, les quelques survivants regagnent aussi vite que possible leur petit bateau. Ils sont vaincus. Leur unique scène de la saison s’achève sur un échec.

Mais bon, avec un peu de chance, ils feront mieux l’année prochaine.

5 Grey’s Anatomy

Saison 10 - Episode 24 - Fear (of the Unknown)

15 mai / Le départ de Christina Yang
Par Jéjé

Négocier de départ du personnage le plus réussi (et sûrement le plus emblématique) d’une série est sûrement une tâche plus simple que gérer son absence la saison suivante.
On verra à la rentrée si les scénaristes de Grey’s Anatomy parviennent à s’en sortir. En attendant, on peut féliciter Shonda Rhimes et sa troupe d’avoir offert un très bel adieu à Cristina Yang.

La grande question pour tout adepte de la série était de savoir si Christina allait survivre à l’épisode. Je vous rappelle qu’en général les départs dans Grey’s Anatomy se gèrent avec des crash d’avions, des coups de couteaux, des électrocutions, des aplatissements par des bus… L’épisode s’amuse de cette tendance en s’ouvrant sur une explosion dans un centre commercial, une explosion potentiellement biochimique et terroriste.
Christina ne fait pas partie des victimes. Elle ne succombe pas non plus des suites d’une exposition à un dangereux agent pathogène.

Cette situation est en fait l’occasion d’empêcher une succession d’adieux larmoyants du personnage aux dix autres récurrents de la série, ceux-ci étant un tout petit peu occupés à maintenir en vie l’avalanche de victimes débarquée à l’hôpital. Dans cette configuration, l’épisode se focalise de façon très satisfaisante sur sa relation avec Meredith qui constitue la relation centrale de la série depuis dix ans.
On assiste alors à des moments très touchants (dont une formidable scène de danse) qui célèbrent une amitié mature entre des femmes adultes et qui mènent à une passation de "pouvoir" entre Christina et Meredith. Lors d’une de leurs discussions, Cristina éclaire son amie sur sa relation de couple et lui montre que comme elle, elle peut, malgré sa vie de couple, malgré ses enfants, malgré les désirs professionnels de son mari, avoir autant d’ambition qu’elle.

Cristina quitte ensuite Seattle, emportant avec elle une indépendance et une ambition qui font trop souvent défaut aux personnages féminins. Mais l’épisode ne s’achève pas à ce moment.
Il se conclut [1] avec une scène épique où Meredith refuse de suivre Derek à Washington et lui explique qu’elle ne mettra pas sa carrière professionnelle entre parenthèse et que ses aspirations sont aussi importantes que les siennes.

La détermination et la confiance en elle de Cristina semblent avoir été transmises à Meredith, qui pourrait, devenir un personnage aussi intéressant que Cristina l’année prochaine et faire vivre son esprit quelques saisons encore.

Vivement la saison 11 !

la Rédaction
Notes

[1Alors, en fait, il se termine avec Cristina toute contente de son nouveau poste en Suisse, qui suit une scène ultra soapesque - au mauvais sens du terme - où celle qui reprend le poste de Cristina se révèle être une soeur cachée de Meredith… Oui, c’est moyennement excitant et je colle tout ça en note parce que pour moi cette scène n’a pas eu lieu.