1er novembre 2016
Episode Octobre
Mais ils balaient inlassablement ces considérations anxiogènes et préfèrent continuer à boire du thé, manger des petits gâteaux et discuter séries télé.
1 The Exorcist
21 octobre / Mea Maxima Culpa
Par Feyrtys
Ju a toujours raison, comme chacun le sait ou devrait au moins avoir la décence de le savoir. Je ne dis pas ça parce que j’y suis obligée contractuellement, mais parce que c’est vrai. Ju a toujours raison. Ce qui n’empêche quelques ratés dans ses prédictions pour les nouveautés de la rentrée. Mais qui suis-je pour lui en tenir rigueur ? Il est en effet impossible de prévoir à l’avance quelles seront les bonne surprises parmi la myriade de mauvaises adaptations, de remakes tiédasses et de reboots sans imagination qui peuplent dorénavant les grilles de toutes les chaînes. The Exorcist avait toutes les chances d’être une série médiocre de plus.
La seule nouvelle série de la Fox que j’avais envie de regarder était Pitch, certainement pas une série adaptée d’un film d’horreur des années 70 ayant assez mal veilli. Sans oublier que je ne suis pas spécialement friande de film d’horreur et que je n’ai jamais été plus loin que les season premieres de chaque saison d’American Horror Story.
Bref, j’aurais pu passer à côté de The Exorcist et c’est là le vrai cauchemar, la véritable horreur. Parce que sans elle, je n’aurais rien à répondre à la question qu’on me pose inlassablement : « Alors, y’a quoi comme bonne nouvelle série à regarder en ce moment ? »
The Exorcist, contrairement à d’autres nouveautés de cette rentrée 2016, n’avait pas, jusqu’au 1.05, pris la dangereuse habitude de se reposer presque entièrement sur des révélations, mais plutôt sur une ambiance sinistre très soignée, des personnages extrêmement intrigants, des effets spéciaux beaux et dégoûtants. Au niveau du rythme, c’est pour moi un sans faute : on n’a pas passé X épisodes à nous montrer Angela Rance (Geena Davis) en train d’essayer de convaincre l’église catholique que l’une de ses filles est possédée, ni à faire de insinuations très lourdes sur le comportement suspect de ces dernières. À la fin du pilot, Father Tomas a assisté à une scène terrifiante dans le grenier qui ne laisse aucun doute sur la possession de Casey, et sait déjà qui contacter pour l’aider dans l’exorcisme. Tout se met ensuite en place très vite.
Et même si l’on se doute dès le début que cette famille en apparence bien sous tout rapport a des choses à se reprocher (c’est après tout le thème principal de la série), on est loin d’imaginer qu’il existe un quelconque rapport avec le film. En fait, on oublie même assez vite qu’il y en a eu un, de film.
La révélation de la fin de l’épisode 1.05 a donc été une surprise totale pour moi. Une surprise comme je les aime, celles qui redoublent mon intérêt et qui me donnent envie de voir la suite.
2 Son of Zorn
23 octobre / Son of Zzzzz
Par Blackie
La seule nouvelle série ayant piqué mon intéret est tellement ignorée que Ju ne l’a même pas mentionnée dans ses prédictions. Mais les stations de bus et de métro par chez moi m’ont continuellement rappelé qu’il existe un nouvel hybride d’animation et de live action, sous forme de sitcom, ce qui sort suffisamment du lot chiant et répétitif pour perturber ma routine.
En plus, il y a la formidable Cheryl Hines (que j’ai honte d’avouer avoir longtemps confondue avec Christine Baranski !).
Je serais donc ravie, si Son of Zorn n’avait pas le petit souci de ne pas être drôle. Ses idées ne sont pas mauvaises, et son cast vraiment sympa. Mais ses idées sont encore à un stade trop simpliste. Mon problème principal tient déjà avec le manque de contexte établit entre le monde de Zorn et celui de sa famille.
Ici, Zorn semble être le seul personnage animé dans notre monde réel, et Zephyria n’être qu’un pays étranger regardé avec le même dédain que le Tiers Monde. Malgré ça, son existence ne choque personne. Je ne demande pas des explications détaillées, mais le fait que l’aspect animation soit totalement ignoré par les personnages me dérange. C’est quand même l’attrait principal de la série !
A la place, labelliser de “zephyrien” tout élément animé donne l’impression que le dessin n’a aucune importance ni influence sur le reste. Ce qui ne donne aux personnages animés aucune place dans le monde de chair et d’os.
L’oeuvre la plus connue du genre, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, avait une histoire solide parce qu’elle découlait d’un contexte fort. Je pense aussi beaucoup à ce qu’avait fait la très regrettée (surtout par moi) Greg The Bunny dans un genre similaire, avec ses marionnettes “vivantes”. C’est parce qu’elle avait des règles solides sur la façon dont ce monde hybride était construit, que ses blagues le devenaient aussi. Un concept qu’on sent bien étudié est à mon avis ce qui manque le plus à Son of Zorn pour l’élever.
Pour l’instant, Zorn ne fait qu’utiliser de façon flemmarde la caricature du personnage qui dénote de son environnement et a du mal à s’adapter. Les blagues clichées sur la masculinité ne sont pas au point de faire serrer de les dents, mais la limite n’est pas loin. La découverte de la mixité visible d’Alan a apporté du potentiel, mais elle fut traitée de façon aussi grossière que le reste, à coup de “bouh, t’es pas normal” et “retourne d’où tu viens”. Pas très subtil.
Cela ne m’empêchera de continuer à suivre toute cette saison. S’il y a bien une chose que Drum m’a apprise, c’est que les sitcoms au Pilote médiocre (check) et aux débuts plats (double check) peuvent surprendre avec le temps. On en reparle donc dans six mois.
3 Goliath
En ligne depuis le 14 octobre / Mais où est David ?
Par Nico
Dans la très longue liste des nouveautés de la rentrée, c’était un rendez-vous que je comptais bien honorer. Goliath. Un nouveau drama chez Amazon. Avec Billy Bob Thornton de retour dans une série après la saison 1 de Fargo. Avec, autour de lui, Maria Bello (Urgences, Prime Suspect US), Molly Parker (Deadwood) et Sarah Wynter (24). Le tout, produit par David E. Kelley.
J’avoue tout à fait mon côté groupie : après Picket Fences, The Practice et Boston Legal, entre autres, je n’allais pas louper le retour du roi des prétoires américains. J’allais d’autant moins le manquer que les premiers retours des Etats-Unis étaient assez encourageants.
La saison 1 de Goliath raconte une confrontation. Celle de l’avocat Billy Mc McBride, ex-cador du barreau californien, qui se retrouve embarqué dans une affaire qui le confronte à son ancien associé, Donald Cooperman (William Hurt). McBride défend la famille d’un homme qui s’est suicidé après avoir été mis en cause dans son affaire par une mutinationale de l’armement.
On retrouve ici tout ce qui pourrait faire le terreau d’une excellente série judiciaire. Kelley, qui a utilisé Boston Legal comme un vrai lance-roquettes qui vise l’administration Bush dans les années 2000, a clairement les moyens de nous raconter un affrontement déséquilibré mais électrique. Après tout, n’est-ce pas ce que racontent aussi les tous premiers épisodes de The Practice ?
Hélas, trois fois hélas, dans les trois premiers épisodes, on s’ennuie ferme. Si le fait que McBride n’a pas le côté haut en couleurs d’un Douglas Wambaugh ou d’un Alan Shore, ce n’est pas très grave. Mais Kelley et Jonathan Shapiro, co-créateur de la série, ne surprennent presque jamais. Pire que ça, la série n’évite pas franchement le piège du long film découpé. La malédiction streaming a encore frappé. Même si un camion vient nous réveiller d’un coup à la fin de l’épisode 2.
Résultat : comme dans la saison 1 de Bosch, les débuts de Goliath sont ceux d’un produit très, très calibré. Avec une superbe distribution mais rien de vraiment neuf à raconter.
En fait, pour les 30 ans de ses débuts à la télé (eh oui, La Loi de Los Angeles a débuté en 1986), Kelley semble refaire le coup de Monday Mornings. Une série pas désagréable mais clairement molle. Je compte aller au bout mais on est loin de ce que le père d’Ally McBeal et Chicago Hope peut offrir de mieux.
Sinon, Drum, le générique est franchement pas mal. Très graphique, surtout. Et ça, d’une certaine façon, c’est bien la preuve que c’est tout sauf une série de Kelley.
4 Longmire
En ligne depuis le 23 Septembre / Chic, ça dure 64 minutes
Par Jéjé
C’est la seule série qui me fait ça. Quand je vois que la durée d’un épisode dépasse l’heure, je suis ravi. Et avec cette saison, cette magnifique saison 5, je me suis réjoui plus d’une fois.
Comme Arrested Development et Unbreakable Kimmy Schmidt, Longmire a trouvé une deuxième vie sur Netflix (elle fut arrêtée brutalement par A&E après trois saisons), une deuxième vie marquée pour ces trois séries par des épisodes plus longs et de durée variable. La petite touche « on est sur Netflix, on laisse les auteurs [1]auteurer ! ».
Pour les deux comédies, ça a donné des épisodes... plus longs, la plupart du temps, des épisodes trop longs. La détente du cadre n’a pas été source d’inspiration.
À l’opposé, Longmire a utilisé cette occasion pour prendre de l’ampleur (c’est probablement plus simple pour un drama de gérer cette évolution) : elle a pu poursuivre et creuser son exploration (assez inédite) de la tragédie qu’est la condition actuelle des « Indiens d’Amérique » dans les réserves qui leur ont été concédées, créer un vaste panel de personnages secondaires et d’arrière plan réguliers, qui rend l’univers de la série aussi dense que celui de Justified et elle a su rester fidèle à elle-même en accordant du temps à des enquêtes ponctuelles. Grâce à cette nouvelle durée, le virage feuilletonnant de la série n’a pas phagocyté le format épisodique.
Si les enquêtes ne sont plus systématiques, elles font toujours partie de Longmire et sont une part essentielle du plaisir qu’on a à la suivre. Et à la dévorer, puisque les scénaristes semblent avoir également intégré dans leur écriture la possibilité pour le spectateur de vigloutir les saisons. Les cliffhangers de fin de saison ont toujours été redoutables, mais cette année, c’est au sein même de la saison que l’on en a de prodigieux. La série n’hésite pas non plus à faire revenir des personnages apparus plusieurs saisons en arrière et a tissé une intrigue générale qui convoque l’ensemble des faits marquants de la série et des relations qui se sont construites.
Je sais, c’est un peu sybillin et je sais que l’on peut spoiler dans cette chronique, mais j’ai l’impression que tellement peu de monde la regarde que je ne voudrais pas gâcher la moindre seconde à ceux qui voudraient découvrir l’une des séries les plus maîtrisées de la chaîne (aux côtés, bien sûr, de Orange Is The New Black) et peut-être celle qui a su tirer le meilleur profit de la « liberté » à la Netflix.
Bon, maintenant, pour ma santé mentale, il est nécessaire que l’annonce d’une saison 6 se fasse dans les prochains jours...
[1] Toujours penser à Vince Gilligan quand vous voyez ce terme surgir lors d’une conversation sur les séries. ["The worst thing the French ever gave us is the auteur theory," he said flatly. "It’s a load of horseshit. You don’t make a movie by yourself, you certainly don’t make a TV show by yourself. You invest people in their work. You make people feel comfortable in their jobs ; you keep people talking. »—> https://www.theguardian.com/tv-and-radio/2013/sep/20/breaking-bad-writers-room-vince-gilligan].