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The Good Fight - The Good Fight a un gros problème

Day 429: La Vie Sans Conséquences (ou Il n’est pas un Peu Nul ce Bon Épisode ?)

Par Conundrum, le 1er avril 2018
Publié le
1er avril 2018
Saison 2
Episode 4
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Vivre sa vie en mode « Fuck it ! », la nouvelle ligne directrice de Diane, donne l’illusion de contrôle. Nos personnages centraux, cette semaine, Liz, Diane et Lucca, pensent gérer et contrôler leur vie et leur environnement. Mais, avec cet épisode d’apparence réussi mais très problématique, elles découvrent qu’on ne peut pas vivre sans conséquences.

C’était bien Boomtown, quand même !

Boomtown était une série de NBC qui suivait des détectives, des avocats, des policiers et une ambulancière. Le principe était de voir la même intrigue sous plusieurs points de vue. La même scène était montrée plusieurs fois, mais le contexte changeant en fonction du point de vue, donnait un vision différente du même événement.
Day 429 utilise cette idée pour raconter deux histoires. La première voit Liz apprendre que le professeur préféré de son fils s’est fait renvoyer. Elle décide de le représenter afin qu’il garde son poste. Mais son intérêt réel n’est pas vraiment la Brave Bataille pour aider un homme talentueux à maintenir ses revenus. Non, le fils de Liz est atteint d’un trouble de la concentration et semble s’épanouir avec cet enseignant là. Elle a un intérêt personnel dans cette intrigue.

De son côté, Lucca apprend que son frère, avec qui elle a coupé les ponts, est poursuivi par la justice pour avoir développé une application qui aide les détenus à constituer des plaintes auprès des autorités. On découvre, au passage, que Lucca est enceinte et qu’elle a décidé de ne pas prévenir le père de l’enfant. On apprend aussi la raison des troubles familiaux de la jeune femme et cette dernière décide d’aider son frère parce qu’elle croit en ce qu’il fait. Il est enfin la vision qu’elle aimerait qu’il soit : un homme dont elle peut être fière.

Avec l’intervention d’une flopée de visages connus qui font plus ou moins plaisir à voir, qui sont utilisés de manière plus ou moins (pauvre, pauvre Mamie Gummer) réussie, les deux intrigues arrivent à la même conclusion. Lucca et Liz sortent victorieuses de leurs Braves Batailles respectives mais leurs clients, au final, n’agissent pas de la manière qu’elles souhaitent. L’enseignant du fils de Liz choisit un autre poste, et le frère de Lucca cède à une proposition d’Adrian qui ne voit pas d’un bon œil l’existence d’une application qui pourrait nuire à ses bénéfices.

Les idées valent ce qu’elles valent mais, assez étonnement, la structure de l’épisode est totalement inutile. Les différents points de vue sont aucun intérêt à part d’essayer de jouer sur le mystérieux personnage avec qui Lucca boit un verre pendant la section dédiée à Liz de l’épisode. Un élément qui ne justifie en rien cette structure d’épisode. C’est un peu comme toutes les stars invitées de cet épisode, c’est bien joli, mais ce n’est pas vraiment utile.
Mais ce mode de narration a quand même un avantage.

C’était bien Law and Order, quand même !

Il n’y a aucune règle qui impose qu’une comédie fonctionne mieux en 22 minutes et que le double est nécessaire pour un drama. L’effet « déjà vu » des mêmes scènes n’avance à rien. En revanche, structurer son récit en deux parties indépendantes et consécutives rend son dénouement plus soutenu.
Il est très agréable de ne suivre qu’une seule histoire, on s’investit dans le récit, et on ne s’attarde pas trop sur les défauts d’écriture. Et s’il est un peu faible, il peut être contrebalancé par un second mieux maitrisé.
Et c’est le cas ici, les histoires de Liz et Lucca nous permettent de mieux découvrir les deux femmes. C’est important qu’elles soient définies autrement que, pour l’une, par la relation conflictuelle avec Diane et, pour l’autre, comme la mentor de Maia. Le cas judiciaire de Liz est moins intéressant que celui de Lucca, mais comme on apprend à connaître un nouveau personnage, on peut patienter pendant cette histoire bien tiède de professeur renvoyé.

Malheureusement, force est de constater que les deux intriguent ne font qu’effleurer leur sujet. L’utilisation d’un algorithme pour juger la qualité d’un travail et une application qui permet aux détenus de faire valoir des droits qui leur sont difficile d’accès sont deux idées intéressantes.
Le problème est que la série veut plus s’amuser avec ses visages connus que de dire vraiment quelque chose. Mamie Gummer a juste du matériel réchauffé de ses interventions précédentes, elle ne sert à rien, pire, son personnage perd de son intérêt avec cet épisode. Il est plus intéressant de voir une Carrie Preston loufoque confrontée au sérieux d’un Christian Borle, mais, mis à part une gentille scène avec Diane, ces rappels ne nous donnent rien de neuf sur ces personnages. C’est une excellente idée de jouer avec une galerie d’interprètes récurrent·es, mais il ne suffit pas de les sortir de la naphtaline seulement pour le plaisir de jouer avec. Il faut les faire évoluer, les confronter à des situations inédites, et surtout, leur permettre de faire avancer le récit.

Sauf que la série n’a rien à dire, et c’est le fond du problème.

C’était bien The Good Wife, quand même !

L’intérêt de la série dérivée était d’abandonner le cynisme de celle d’origine et d’utiliser le talent des avocats dans des combats plus dignes. Cette dimension est absente de cette saison 2, à croire que Barbara avait raison lors de l’oraison funèbre de Reddick dans le premiere.

Pire encore, les scénaristes ne savent pas écrire pour Diane. Ce qui est problématique après neuf ans. Il ne faut pas se leurrer, le talent d’une Baranski a compensé l’écriture bancale de son personnage. L’intérêt de centrer The Good Fight sur elle était de pouvoir utiliser ce potentiel inexploité, mais on continue de l’écrire comme si elle était un personnage périphérique. Avec un cynisme de plus en plus affirmé et une intrigue pour Diane qui déçoit et commence à agacer autant que celle du mari de Kalinda, The Good Fight semble affirmer sa volonté d’être The Good Wife sans Julianna Margulies.

Il y a une perte d’identité alors que la saison 2 devrait affirmer les différences. Elle s’accentue avec ce rappel constant et fatiguant de figures du passé, Liz n’est pas un nouveau personnage, c’est la ré-utilisation d’un personnage de The Good Wife. D’ailleurs, la seule personne qui semble vivre sans conséquences, c’est Maia. L’intrigue phare de la saison 1, le visage neuf de la série ne semble avoir aucun problème avec l’incarcération de son père et n’a plus de troubles conjugaux. Oui, j’étais heureux que le procès s’achève, mais la manière abrupte étonne.
Elle donne l’impression qu’on cherche à effacer l’existence de l’arc de Rydell, l’un des rares terrain de jeu de neuf qu’on nous proposait.

Alors, oui, cet épisode Day 422 n’est pas déplaisant à suivre, mais lorsqu’on réalise que c’est une accumulation d’artifices qui cachent une batterie de problèmes, la satisfaction lorsque le générique de fin arrive est de très courte durée.

Conundrum
P.S. La semaine prochaine, j’espère que Nico pourra nous dire que la série trouve enfin ses marques, avec des intrigues neuves, une maitrise du récit à la hauteur des ambitions des scénaristes et surtout sans rappel pesant à The Good Wife. Mais j’en doute.