Chaque dimanche soir, ITV rassemble massivement les téléspectateurs britanniques (près de 10 millions !) devant la deuxième saison de la série « Dowton Abbey », qui vient aussi de triompher aux Emmy américains. Carine Wittman, rédactrice en chef d’Annuséries, nous donne ses impressions au fil de la diffusion.
On aime
La série joue véritablement sur les sous-entendus. Caractéristique des grands classiques de Jane Austen, on ne peut qu’être heureux lorsque l’on entend des dialogues aux sous-entendus savoureux qui explicitent à la fois les sentiments des uns et les insécurités des autres.
Par exemple, lorsque Mary rend visite à Matthew pour quelque chose qu’elle décidera de ne pas faire, les dialogues sont succulents :
Mary : “We hope you’re still coming for dinner, tonight.”
Matthew : “Certainly, we are ! Why wouldn’t we ?”
Mary : “Sure ? It’ll be your last evening”
Matthew : “Why ? Don’t you want me ?”
Mary : “Of course, I want you... Very much...”
Vilain petit canard de la famille, on ne sait pas trop où la placer. Sa jalousie l’a poussée à ternir la réputation de sa sœur en saison 1 mais on ne pouvait lui en vouloir vu la façon dont même ses parents la traite. On ne peut donc qu’applaudir lorsqu’elle prend de l’assurance et décide de travailler pour un des fermiers de la région.
Ce qui est fantastique avec cette nouvelle histoire, ce qu’elle permet tellement d’ambiguïté pour un personnage qui ne semblait tout de même pas très intéressant. Et ne nous cachons pas la face, nous ne pouvions aimer Lavinia vu qu’elle est en travers du chemin de Mary. On ne sait donc pas si elle pleure parce qu’elle est véritablement soucieuse pour la vie de son fiancé ou si elle pleure en raison de ce que Richard Carlisle lui a dit (et on ne connaît ni les tenants ni les aboutissants de cette relation).
Comme O’Brien, ce dernier n’est plus si noir que ça. Certes, il reste Thomas et ses manigances sont toujours savoureuses mais le front l’a véritablement transformé et cela se voit dans ses relations avec des tiers.
Anna et Mary, deux femmes profondément amoureuses mais dont les futurs et les obligations sont aux antipodes. Si Mary doit prendre en considération des demandes en mariage pour ne pas terminer vieille fille et donc peut-être se marier avec un magnat de la presse comme Richard Carlisle qui s’élèverait dans la société grâce à cette union, Anna n’a pas ces problèmes-là. Tout est clair à son niveau, elle aime Bates et le reste importe peu et sa condition de femme de chambre pose vraiment le carcan dans lequel elle se retrouve bien volontiers.
On aime moins
Certes, Edith est mal traitée par sa famille. L’actrice qui l’interprète est malheureusement trop jolie pour que l’on comprenne vraiment pourquoi elle est ainsi traitée mais est-ce une raison pour la faire basculer du côté obscur de la force ?
Je ne suis pas sure qu’il soit juste de la transformer en voleuse de maris même si, comme à son habitude, elle est punie immédiatement. Et si on pouvait excuser son comportement face à sa sœur qui lui en fait voir des vertes et des pas mures, là, en revanche, c’est impossible.
Jusqu’à cet épisode, Cora n’a jamais été dépeinte comme une femme naïve et facilement manipulée. Mais que dire lorsque l’on voit O’Brien arrivée à la convaincre de toucher un mot au Docteur Clark pour que Thomas puisse revenir au village et travailler à l’hôpital. Et que dire lorsque Robert accepte d’intercéder alors qu’il se faisait une joie de son départ. Seuls les domestiques semblent ne pas avoir oublié qui est Thomas.
Qui pourrait croire à sa disparition aussi tôt dans la série. Pour cette raison, cet artifice dramatique est irritant. On peut tout de même reconnaître que cela donne lieu à une scène des plus touchantes de l’épisode lorsque Mary vient lui rendre visite.
Un épisode sans Bates ? C’est juste inacceptable. Mais en même temps, les scénaristes montrent que chaque personnage est à sa place. Il aurait été artificiel de suivre Bates avec sa garce de femme à Londres alors que l’objet de la série est et restera toujours Downton Abbey.
Je dois reconnaître que lors de la première vision, j’ai été moins emballée par cet épisode que par le précédent mais en fait, ce n’était qu’une mauvaise impression mal placée.
Il y a tellement de choses remarquables dans cet épisode qu’il a fallu me restreindre sur les « on aime ». La conclusion, c’est qu’il y a peu de choses à jeter dans cet épisode.
J’aime Sybil travaillant à l’hôpital, j’aime Branson qui ne semble pas abandonner l’idée de venir à bout de ses réticences. J’aime les rapports entre Violet et sa fille qui remplacent assez facilement les relations antagonistes entre Violet et Isobel.
J’aime la retenue de Robert qui est bien malheureux de ne pouvoir participer activement à l’effort de guerre.
J’aime profondément ce que devient O’Brien ; elle est peut-être encore au fond un peu la garce que nous a présenté, mais les conséquences de son acte en fin de saison 1 se font ressentir encore aujourd’hui.
J’aime la façon dont on nous fait connaître la guerre – quelque chose d’intemporelle - car la façon dont ils réagissent, leurs expériences restent les mêmes quelque soit la guerre. Que l’on soit en Afghanistan aujourd’hui, ou dans les tranchées en 1916, les enjeux pour les soldats sont les mêmes. Ne pas mourir est un vœu pieux mais surtout ne pas être blessé en raison des bouchers qui leur servent de médecins est une prière de tous les instants. Certes, la médecine a évolué, mais perdre un membre à la guerre reste toujours le cauchemar ultime.
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Photos : (c) CARNIVAL FILMS
Dernière mise à jour
le 29 septembre 2011 à 18h28