IMPRESSIONS — Luther, Episode 2x04
Chronique du retour inespéré d’un coup de coeur de 2010
Par Dominique Montay • 9 juillet 2011
"Luther" est de retour sur la BBC. Un retour inespéré qui reprend quelques mois après le final incroyable de suspense de la saison 1. Chaque semaine, quelques jours après la diffusion, le Village reviendra sur les épisodes de cette deuxième saison.

On aime

  • La façon dont les auteurs font parler le premier jumeau

Avoir dans son histoire un personnage qui ne parle jamais est une bonne idée, mais à double-tranchant. D’un côté, le faire parler peur lui retirer son côté mystique et lui retirer tout mystère. De l’autre, continuer à le représenter en mutique ne peut que le transformer, à long terme, en plombe-intrigue. Ici, les auteurs le font parler, et d’une excellente manière. Luther le prend à rebrousse-poil en donnant un surnom à son frère jumeau. Le détenu ne réfléchit pas et le corrige. Brisant son silence (qu’il traitait comme un jeu, comme tout le reste, d’ailleurs), il le fait pour de bon et se met à parler.

  • La menace

Les deux meurtriers, Robert et Nicholas Milberry, posent une réelle menace sur la ville de Londres. Qu’il s’agisse de leurs attaques éclair ou de la scène finale, ils donnent le sentiment que personne n’est à l’abri. En s’attaquant à cela, plutôt qu’à des meurtres issus du grand banditisme, la série réinvente le concept du meurtrier-terroriste. Sauf qu’ici, il n’y a aucune revendication. Juste un jeu entre deux jumeaux décidés à faire plonger la ville dans le chaos et l’horreur.
Étrangement, leurs personnages, plutôt que de rappeler des assassins mythiques (comme pour le premier double-épisode), ramène directement à une référence plus récente, même si elle semble tirée par les cheveux : le Joker du "Dark Knight" de Christophe Nolan. Tout comme lui, les frères Milberry ne rendent de compte à aucune loi. Comme lui, ils semblent être l’incarnation la plus pure du mal (pas d’intérêt financier, pas de trauma originel). Comme lui, ils prennent leur plaisir dans le fait de plonger le monde dans le chaos.

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  • Le fait que personne ne "tient" plus Luther

Son accolyte le suit aveuglément. Schenck ne questionne aucun de ses choix. Et ceux qui essaient de le remettre en question (très maladroitement), comme Erin Gray se prennent mur sur murs. Ca n’est pas très cohérent, mais c’est très drôle. Après avoir passé toute une saison à appuyer le côté bombe-à-retardement de John Luther, tout le monde semble laisser libre court à sa folie auto-destructrice. Il ne serait pas étonnant, que si saison 3 il y a, ce thème soit au centre des débats.

  • La petite référence toute mignonne

"Si vous m’emmerdez moi et Jenny, je vous colle une psychopathe meurtrière aux fesses, et vous et ce que vous aimez sera volatilisé"... paraphrase, certes, mais la façon dont John Luther agite la menace "Alice Morgan" comme la pire chose qui pourrait arriver à quiconque lui ferait des misères c’est... romantique. Oui, dans les standards de cette série, cette menace horrible, c’est du pur romantisme.

  • Jenny

On revient quelques mots sur elle, juste pour dire que l’amélioration du personnage persiste. Et c’est bien positif. Elle devient touchante lorsqu’elle accroche le cadeau qu’elle voulait faire à Luther en plein milieu du nettoyage d’une mare de sang. Alors que sur son front était inscrit la mention "boulet" depuis l’épisode 1, elle gagne ses galons de vrai personnage dans les épisodes 3 et 4.

On aime moins

  • Luther est trop fort

La façon dont Luther se joue du "gang du porno" n’est pas très bien amenée. Afin qu’on ne voit pas les choses venir, on nous dissimule des éléments. Et quand au final, on apprend que Luther s’est joué de tout le monde, on a du mal à en être complice, et donc, on a du mal à y croire.

  • Erin Gray vs Mark, Ruth...

La saison 1 avait introduits des personnages hautement charismatiques, même dans les seconds rôles. Qu’il s’agisse des regrettés Zoe et Ian Reed (qui ne reviendront pas, c’est certain) ou des absents Mark et Alice, tous avaient une richesse et une profondeur qui évitait les clichés. Ce n’est pas le cas d’Erin Gray, qui passe d’agaçante à pathétique, sans passer par la case être humain tridimensionnel. Plutôt que de blâmer l’actrice, ou même les auteurs (Neil Cross et ses deux réalisateurs), blâmons la BBC et son format de saison bâtard.
On en reparlera certainement plus tard, mais les audiences ayant été bonnes, et la saison globalement positive, il serait incroyable de ne pas voir une saison 3. A moins, comme l’a laissé entendre Idris Elba, que Luther franchisse le pas vers le grand écran.


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