IMPRESSIONS — Hard : 2x01, 2x02 & 2x03
Hard bande encore
Par Sullivan Le Postec • 30 mai 2011
Avec « Hard », la Nouvelle Trilogie avait obtenu un succès qui lui permet de jouer dans la cour des grands : une saison 2 diffusée en prime. Nos impressions à chaud au fil de la diffusion.

En saison 1 (notre critique), Sophie a découvert que son mari occupait à son insu ses journées à sa société de production de contenus pornographiques. En saison 2, elle a surmonté le dégoût initial mais lutte encore pour intégrer une nouvelle vie en contradiction totale avec la normativité amoureuse et sexuelle ambiante. Sa quête pour transformer Soph’X en une société plus respectable la conduit à découvrir que les femmes abritent bien souvent des fantasmes plus variés et osés que ce qu’elle aurait jamais pu imaginer.

Épisode 2x01

On aime :

  • Retrouver l’Univers de la série

De retour après trois ans, « Hard » est conforme au souvenir qu’on en a. C’est-à-dire qu’elle est toujours drôle – même si le temps nécessaire d’exposition et de réintroduction empiète un peu sur cet aspect dans ce premier épisode – et toujours bien plus profonde qu’elle n’en a l’air. Dans un PAF qui manque toujours cruellement de vraies comédies, c’est particulièrement agréable. Et malgré son petit budget, « Hard » atteint un niveau qu’il ne sera pas forcément facile de dépasser pour les comédies à venir du département fiction de Canal +. [1]
La saison 2 confirme tout à fait le choix qui commençait à transparaître en fin de première saison. « Hard » se détourne du porno pour explorer plus en profondeur un autre thème : le fantasme féminin, son rapport aux tabous et au sexe. Elle explore le paradoxe d’une Sophie plongée dans un Univers du sexe qui la choque pour mieux montrer comment elle fait l’autruche pour ne s’être jamais rendue contre des multiples arrangements de ceux qui vivent autour d’elles avec les règles de la bienséance censément communément admises.

  • Lucille

Aperçue dans la première saison, le personnage de Lucille, interprétée par Katia Lewkowicz, décolle complètement dans cette saison 2. La meilleure amie de Sophie, qui révèle très vite son côté totalement libérée, et saute avec gourmandise sur ce que Sophie elle-même a tant de mal à accepter constitue un contraste intéressant. Pétillante et ultra-sympathique, Katia Lexkowicz est parfaite.

On aime moins :

  • Le manque de lisibilité des enjeux

Pour le coup, heureusement qu’en France on diffuse systématiquement plusieurs épisodes à la suite, parce que ce premier épisode de la saison 2 a beaucoup, beaucoup de mal à tenir debout tout seul. Il replace les personnages en situation, sans éviter une part de redite, mais ne dégage aucune ligne narrative forte, aucun véritable enjeu – à part éventuellement la question de la difficile recherche de clientes, mais celle-ci ne dégage pas un suspense énorme quand on a vu la saison 1. Les fils narratifs se nouent progressivement au cours des trois premiers épisodes, mais la saison aurait gagné à ce qu’un évènement initial la propulse un peu plus nettement.

Sauf qu’il faut compter avec le problème que constitue la fin de première saison. La toute dernière scène effectuait un flash-forward qui succombait à un pêché récurrent de la Nouvelle Trilogie : la résolution complète en forme d’emballage cadeau, avec un joli petit nœud autour. Celle-ci n’est généralement pas nécessaire (l’avant-dernière scène était déjà une résolution suffisante) et souvent assez artificielle (ce flash-forward faisait plaqué, tout comme la scène finale hyper-résolutoire de « Sweet Dream », pour donner un autre exemple). Et une fois qu’il a été décidé de donner une suite à « Hard », cette résolution se révèle être un boulet à contourner.
Les auteurs de la série ont fait le choix de parier sur le fait que la première saison était suffisamment ancienne pour que la plupart des téléspectateurs aient oublié la nature exacte de sa conclusion. Au risque de semer la confusion chez ses téléspectateurs les plus fidèles qui eux, s’en souviendront.

  • Le « cliffhanger »

La dramédie, et son équilibre précaire entre l’humour et la crédibilité émotionnelle nécessaires n’a rien de facile, mais « Hard » s’en est toujours extrêmement bien sortie à ce niveau. Sauf dans la toute dernière scène de cet épisode, complètement ratée. Il n’y a pas de choix de tonalité (la scène est-elle censée être comique ? Inquiétante ? Les deux ne sont pas compatibles !) et le résultat n’est du coup ni l’un, ni l’autre. Pas une façon très heureuse de finir ce premier épisode.

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Épisode 2x02

On aime :

  • Le pré-générique

Les pré-génériques de ces trois premiers épisodes sont particulièrement réussis. En croisant les fantasmes drolatiques des bourgeoises coincées qui constituent l’entourage de Sophie et le côté acteurs ratés des acteurs pornos incapables de sortir de leurs tics ringards, Cathy Verney aboutit un un résultat explosif et drôle. Ce fantasme pompier qui tourne mal est particulièrement efficace.

  • Charlie Dupont

Génial dans le rôle du hardeur ibérique peu demandé Corrado, Charlie Dupont fait rire presque à chaque fois qu’il est à l’écran. Alors quand un épisode lui donne sa propre intrigue, comme c’est le cas ici, c’est toujours particulièrement savoureux.

  • Roy et Sophie

La partie comédie romantique de la série, portés par les toujours très justes Natacha Lindinger et François Vincentelli fait toujours mouche. Les incompréhensions qui règnent entre ces deux personnages, confrontés à la presque impossibilité de leur pourtant réel amour sont touchantes.

On aime moins :

  • La fin d’épisode

Pas question ici de scène ratée, comme c’est le cas de la dernière de l’épisode précédent. Mais, et c’est un défaut qu’on va retrouver souvent dans la série, la fin d’épisode n’est pas assez amenée. C’est un peu un problème d’écriture, beaucoup un problème de mise en scène. Au final, le générique de fin donne l’impression de nous tomber dessus sans prévenir. Bref : la série est accueillante, mais ses fins d’épisodes nous donnent souvent plus l’impression d’être sèchement mis dehors que d’être invités à venir. (La scène de Sophie au cimetière aurait fait une bien meilleure scène finale.)

Épisode 2x03

On aime :

  • La bande démo de Roy La Poutre

Pour tenter de mettre en avant ses capacités d’acteur, Roy Lapoutre a monté bout à bout des scènes « dramatiques » de sa carrière dans le porno. Une séquence absolument tordante, qui pourrait bien rester comme l’une des meilleure de la saison. D’une manière générale, Vincentelli se sort tres bien des scènes, particulièrement casse-gueule, où on lui demande de faire le (particulièrement) mauvais acteur.

  • Louise

La belle-mère de Sophie est un de ces personnages que la deuxième saison de 12 épisodes permet d’explorer de façon plus approfondie. La grand-mère loufoque et qui n’aime pas se laisser emmerder trouve ici l’occasion d’interagir avec les enfants de Sophie, ce qui permet de mettre en évidence le conformisme désespérant de Violette, de même que l’envie de Jules, peu écoutée, de trouver quelqu’un à même d’écouter sa propre différence.

On aime moins :

  • Le retour de la vente

La remise sur le tapis de l’idée de la vente de la société par Sophie a un côté ‘‘back to square one’’ pas forcément des plus plaisants. La-aussi, cela passera mieux chez ceux pour qui le souvenir de la saison 1 est plus distant.

Post Scriptum

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