Un succès construit en cinq ans
MAI 2010
Par Sullivan Le Postec • 2 mai 2010
Bienvenue au Village, le webzine des fictions européennes et francophones.

Canal+ a tergiversé longtemps avant de vraiment se lancer dans la production de fiction originale. Ce ne fut pas faute d’en avoir parlé, beaucoup, longtemps. Ce ne fut pas faute de se comparer à HBO. Mais pendant longtemps pas grand-chose n’est venu.

Il y avait bien un téléfilm unitaire de temps en temps, souvent très réussi d’ailleurs, mais ils étaient trop rares pour laisser une marque. Et puis il y a eu les sitcoms à la fin des années 90. L’illustration parfaite de l’expérience stérile : on produit quelques saisons, puis on décide que cela ne marche pas assez, et on arrête tout. L’expérience disparaît alors comme si elle n’avait jamais existé, sans laisser de trace.

Au milieu des années 2000, Canal se décide à tenter autre chose. Ce développement commence peu après l’arrivée de Fabrice de la Patellière à la tête de la fiction de la chaîne, en septembre 2002. Deux ans plus tard, à l’automne 2004, un pilote d’« Engrenages » a été tourné et la première saison est sur la rampe de lancement. « Reporters » est aussi entrée en développement (à l’époque, il s’agissait encore d’y évoquer la campagne présidentielle de 2002).
Fin 2005, « Engrenages » arrive à l’antenne. Une chance pour la fiction française, c’est certain. Mais cela l’est encore plus rétrospectivement : entre 2000 et 2005, la fiction de France Télévisions avait été dynamique, avait beaucoup progressé. C’est alors qu’elle avait pu mettre à l’antenne des « Clara Sheller » et « David Nolande ». Une dynamique était enclenchée. Celle-ci devait malheureusement être enterrée à l’arrivée en fonction des équipes de Patrick de Carolis à la rentrée 2005. En cinq ans, celles-ci ont assassiné la fiction de service public et fait du groupe, leader dans le domaine à leur arrivée, le bonnet d’âne du PAF cinq ans plus tard.
Si Canal+, n’avait pas pris le relais entre 2005 et aujourd’hui, la fiction télé française, déjà pas très en forme, serait à l’absolue agonie aujourd’hui.

En cinq années, la série Canal a expérimenté, a progressé, a fait éclore des talents qui se sont imposés comme des valeurs sûres que les autres chaînes leur arrachent dès qu’ils le peuvent. Après deux saisons de « Reporters » et une d’« Engrenages », Gilles Bannier, qui en fiction n’avait réalisé que du daytime avant Canal, réalise en ce moment « Les Beaux Mecs », sur un scénario du duo Virginie Brac / Eric de Barahir à l’œuvre sur la formidable saison 2 de « Engrenages ». Jean-Marc Brondolo, passé de « Scalp » à « Reporters » puis « Engrenages » lui aussi, s’apprête à diriger six épisodes de la nouvelle saison du « Village Français » de France 3...
Résultat, à l’automne dernier et pour la première fois, l’audience des séries maison faisait jeu égal avec celle des séries américaines phares de la chaîne. La validation de cinq années de travail.

L’arrivée à l’antenne de la troisième saison de la série « Engrenages », premier drama Canal, à l’heure où ce cycle fête ses cinq ans nous fournit l’occasion de dresser ce mois-ci un vaste bilan : cinq ans de séries Canal+ décryptés par le Village. Toute la rédaction s’y est mis pour ce dossier coordonné par Dominique Montay.

Au sommaire :

  • LA COMMUNE - Saison 1
    2007, un OVNI télévisuel débarque sur les écrans de Canal+. Depuis que la chaîne cryptée s’est lancée dans la dramatique de luxe, jamais une œuvre n’a été aussi jusque-boutiste. Et aucune après elle.
  • NOS ENFANTS CHÉRIS - Saisons 1 & 2
    Critiques de la comédie de Benoit Cohen et Eléonore Pourriat qui prolonge sur Canal+ leur film sorti en 2003. C’est la seule comédie à avoir vu le jour depuis 2005.
  • MAFIOSA - Saisons 1 et 2
    Deux saisons, deux équipes différentes, deux axes de développement. Le changement était-il justifié ? La transformation est-elle réussie ? Alors que la saison 3 est actuellement en tournage, retour sur les deux premières saisons de cette série Canal+.

La suite prochainement...