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Ne faites confiance à personne...
lundi 8 novembre 2004, par
Interview de l’auteur et critique TV Marti(e)n Winckler sur une série (fétiche du FLT) qui a longtemps déchaînée les passions : The X-FILES. Pour tout ceux qui ne connaissent pas Martin Winckler (auteur entre autre de La Maladie de Sachs), sachez qu’il est aussi critique télé et que pendant des années a descendu X-Files avec la plus grande mauvaise foi jamais exprimé sur Terre durant le 20ème siècle (ce qui ne l’empêche pas d’être un mec sympa, mais que voulez vous : tout le monde a ses défauts) ! En 2003 il a écrit une nouvelle mettant le scénariste FRANK SPOTNITZ en scène dans le recueil « NOIRS COMPLOTS ». C’est d’ailleurs à cette occasion, à la fin de l’année dernière que j’ai recueillis ses propos initialement pour www.lvei.net. Bonne lecture à tous.
GG : Pendant des années, vous avez critiqué péjorativement la série avec des arguments parfois d’une grande mauvaise foi selon les fans, qu’est ce qui, chez vous, a déclenché une telle réaction négative face à la série ? Quand même dire que Gillian Anderson (lauréate de l’Emmy de meilleur actrice pour un drama en 1997) est aussi expressive qu’une clenche de porte c’était un peu abuser non ?!
MW : Je crois qu’il ne faut pas confondre mauvaise foi et sarcasme. J’ai été sarcastique, mais mes arguments étaient valables. Seulement, le ton irritait beaucoup. Mettons tout de suite de côté Gillian Anderson : je pense qu’elle est inexpressive, mais je pense la même chose d’Isabelle Huppert et d’Emmanuelle Béart, c’est vous dire qu’il s’agit d’une opinion personnelle, qui n’a pas de valeur universelle - mais qui peut gâcher la vie d’un spectateur. Pour le reste, je pense sérieusement que The X-Files est une série B (ça n’est pas une insulte, j’aime beaucoup la série B) et ce qui m’a irrité est l’hystérie absolue de certains fans (relayés par les médias, M6 en tête) criant au génie. J’ai d’ailleurs la même attitude vis-à-vis de ceux qui, aujourd’hui, crient au génie devant “ 24 ” (dont je trouve la première saison assez creuse, même si c’est très bien fait) ou “ Alias ” (qui est une très pâle imitation de “ Buffy ”, extrêmement répétitive) alors qu’ils n’ont jamais rien vu d’autre.
Il y a des séries magnifiques dont personne ne parle, et ça ne rend pas service aux séries en tant que genre d’en porter certaines au pinacle. D’autant plus que les Américains, eux, sont beaucoup plus ouverts et que les séries se citent mutuellement volontiers (comme The X-Files cite Homicide avec Belzer, par exemple...). Je ne crois pas, à de très rares exceptions près, avoir crié au génie absolu pour aucune série (mon adjectif favori est plutôt “ magnifique ”, ce qui indique à quel point mon opinion est subjective...) et je ne vois pas en quoi The X-Files serait “ géniale ” : c’est une série fantastique qui reprend de manière systématique et souvent habile des thèmes déjà traités dans le cinéma (et les séries) datant d’avant les années 60. Ça n’est donc pas nouveau, même si c’est très bien fait (et je n’ai jamais caché que je trouvais la série visuellement très soignée). Mais scénariquement parlant, il m’en faut plus.
C’est surtout cela que je reproche à The X-Files : son caractère souvent répétitif, son manque criant d’originalité pendant certaines saisons, et aussi (et surtout) un manque d’humour parfois désolant, aggravé, il est vrai, par une VF que je trouve encore plus calamiteuse depuis que je vois des épisodes en VO. Le fantastique est un genre difficile. Et ceci, encore plus quand on le traite sous la forme d’une série-feuilleton.

Lorsque le critique de séries Marti(e)n Winckler se met au travail sur THE X-FILES, les fans apprécient à leur manière...
GG : Tout de même, là j’aimerai revenir sur ce point. Comment trouver que The X-Files n’a aucun d’humour ?! Vu le genre et les intentions de cette série il est normal de ne pas en trouver énormément et pourtant il y en a beaucoup et ce depuis toujours : que ce soit les reflexions pince sans rire de Mulder (au moins 2 ou 3 par épisode) des petits moments de parodie avec les allusions sur le goût prononcé pour le porno de Mulder (par exemple), tout ceci est présent dès les tous premiers épisodes. De plus les épisodes décalés et humoristiques existent depuis la saison 2 et sont très nombreux : j’en compte au moins plus d’un vingtaine (sur 201) allant de l’humour discret et subtil (Clyde Bruckman’s Final Repose) à la franche parodie (Bad Blood) en passant au décalage le plus total (Post-Modern Prometheus). Et je ne parle pas non plus des Lone Gunmen qui apporte une touche de légèreté à la série depuis sa première saison. The X-Files n’est tout de même pas MillenniuM...
MW : Je ne conteste pas qu’il y ait des épisodes drôles et légers. Ce qui me pèse, c’est l’absence d’humour, d’auto-dérision, de chaleur des personnages envers eux-mêmes dans chaque épisode. Si je compare (sur ce point seulement) The X-Files avec une série comme Buffy, il y a dans celle-ci de l’humour dans chaque épisode, même ceux qui sont franchement dramatiques ou sombres. Ce qui est à mon avis une manière de respect à l’égard du spectateur, une manière de rester décent, et de dire : « N’oubliez pas que nous sommes dans une fiction. » Car c’est le cas : il s’agit de fictions. Si graves soient-elles, elles ne doivent pas faire croire qu’elles sont la réalité, qui est toujours beaucoup plus dramatique. Or, cet humour « équilibrant » me semble manquer dans The X-Files, comme d’ailleurs dans des séries comme « 24 » ou « Alias », dont je ne conteste nullement les qualités, mais qui me paraissent « plombées » par leur trop grand sérieux. (Un sérieux qu’on pourrait parfois prendre pour de la prétention...). C’est cela qui me gène. Mais ici plus encore que sur d’autres points, je suis bien conscient d’exprimer un sentiment personnel, et non une notion « objective ».
Scénariquement, The X-Files ne tient pas la distance, car Chris Carter n’est pas un grand scénariste doté d’une vision au long cours comme le sont par exemple Piller et Berman avec Deep Space Nine ou Joss Whedon avec Buffy - d’où mon “ Buffy contre Scully ” dans Les Miroirs de la vie. À ce sujet, sachez que les deux séries seront traitées en détail (et de manière non conflictuelle) par des amateurs éclairés : The X-Files par Séverine Barthes (alias Ozgirl) et Buffy par un trio de jeunes scénaristes nommés Antoine de Froberville, Denis Corel et Ronan Toulet, dans le deuxième volume de mon “ histoire des séries américaines ”, Les Miroirs Obscurs (à paraître fin 2004 ou début 2005 au Diable Vauvert). C’est dire que je respecte l’une autant que l’autre... même si j’ai ma préférence. Il faut donc voir mes critiques (et mon agacement) comme une réaction un peu épidermique aux appréciations dithyrambiques (et pas très objectives non plus !) qui ont accompagné la diffusion de The X-Files sur les chaînes françaises. J’aurais été plus appréciatif de la série (je l’aurais défendue) si on l’avait méprisée. Je le fais d’ailleurs chaque fois que je croise un pseudo-intellectuel qui la méprise (et il y en a beaucoup, croyez-moi). Mais là, je trouvais beaucoup plus important de me mettre du côté de ceux qui ne l’appréciaient pas, et qui se faisaient insulter pour ça. On a le droit de ne pas aimer une série, et de le dire...
Même si c’est une bonne série. C’est en cela que les “ fans ” ne m’ont pas vraiment compris : je sais que The X-Files est une bonne série, mais j’ai le droit 1° de la critiquer (ou de m’en moquer), 2° de ne pas crier au génie, 3° de ne pas l’aimer sans restriction. J’ai un problème similaire avec une autre série récente, The Sopranos : je sais (intellectuellement) que c’est une bonne série et je le reconnais, mais je ne l’aime pas du tout. Ce n’est pas incompatible.
GG : Quel est votre épisode préféré ? Pourquoi ?
MW : The Unnatural, avec Jesse L. Martin - celui dans lequel un alien devient joueur de base-ball.. A cause de son humour, de l’auto-dérision et de la gravité qui sous-tend tout ça (le titre, excellent jeu de mot autour de The Natural, le film avec Redford, donne le ton). Et puis aussi Clyde Bruckman’s Final Repose, avec Peter Boyle, qui se moque aussi beaucoup de Scully et Mulder, sans pour autant apparaître dérisoire. Les deux scénarios sont très ingénieux et très bien servis par les guest, tandis que Duchovny et Anderson jouent (très bien) les utilités. J’aurais aimé que la série ait toujours cette liberté et cette gravité là, en centrant systématiquement son propos sur les personnages “ bizarres ”, et non sur les deux enquêteurs. Mais ça aurait été une autre série... J’aime aussi beaucoup Unusual Suspects à cause de la présence de Richard Belzer/Munch et de l’humour, toujours. Mais je trouve par exemple que le spin-off autour des Lone Gunmen est raté, et pas drôle.

GG : Celui que vous avez détesté ?
MW : Il n’y en a pas vraiment, mais les épisodes autour de la conspiration m’ont souvent paru très lourds, et les nièmes histoires de psycho-killers (au cours de la 5e saison, en particulier), étaient très, très ennuyeuses.
GG : Qu’est ce qui vous a décidé à écrire une nouvelle sur la série mettant en scène Frank Spotnitz ?
MW : L’interview que j’ai faite de lui (une partie a été reproduite dans Episode), et qui m’a donné à voir en quelque sorte les “ coulisses ” de The X-Files, en me confirmant ce que je disais depuis longtemps : pour les scénaristes, la conspiration était juste un gimmick destiné à maintenir la tension (et l’attention) des fans ; ça n’était pas du tout un discours à connotations politiques ou subversives. Du coup, ça m’a donné envie de raconter une nouvelle dans laquelle je défendrais une thèse aussi “ extrémiste ” que la série elle-même. Pour montrer que je la connais bien, et qu’on ne se moque que de ce qu’on connaît bien et respecte...
GG : L’agent Wong, qui est un clin d’œil à l’acteur B.D. Wong, est il aussi une référence au scénariste James Wong qui fut l’un des piliers de la série durant ses 4 premières saisons avec son acolyte Glen Morgan ?
MW : C’est surtout un clin d’œil à James Wong, mais l’homonymie est évidemment à double entrée, ce qui m’a permis de nourrir le dialogue de manière amusante (enfin, j’espère).
GG : Pensez-vous vraiment que X-Files puisse avoir un fond politique quelconque ?
MW : Toute série a un fond politique, mais je crois que The X-Files a surtout fonctionné, pour un certain public français, de révélateur aux idées souvent très fausses qu’ils se font sur la société américaine. The X-Files est une série qui plaît beaucoup aux paranoïaques français (d’où son succès), mais qui n’est pas faite par des paranoïaques pour des paranoïaques, mais par des gens qui aiment jouer avec la peur, ce qui est tout le propos des cinéastes ou téléastes fantastiques - Jacques Tourneur ou James Whale ne procédaient pas autrement. Je ne crois pas que le propos de Carter et de ses scénaristes ait été de “ dénoncer ”, mais seulement de jouer avec les peurs et les dénonciations qui sont la tarte à la crème de la thriller culture américaine.
GG : Si oui, pensez-vous qu’il atteigne vraiment sa cible, les Américains donnant plutôt l’impression de ne retenir que le côté “ entertainment ” ?
MW : Justement, les Américains, eux, ont très bien vu que ça n’était que de la rigolade ! Ils savaient très bien que ça n’était pas de la dénonciation au sens où, par exemple, Law & Order est une série de dénonciation, de mise au jour. S’ils l’ont considérée comme de l’entertainment, c’est parce que la Fox (la chaîne la plus “ politiquement correcte ” des USA, on l’a vu pendant la guerre d’Irak !) a toujours déclaré haut et fort que ça l’était ! Et Carter n’a jamais dit le contraire, d’ailleurs. Il n’y a qu’en France qu’on a cru (en prenant ses désirs pour des réalités) que c’était une série de dénonciation. Avec un tel marketing ? Ça m’étonnerait ! ! ! ! Des séries bien mieux placées que The X-Files dans les audimats (Urgences, Law & Order, et maintenant CSI) font dix fois moins de marketing ! Ça doit vouloir dire quelque chose, vous ne croyez pas ?
GG : C’est peut être pour cela que les autres séries de Carter comme MillenniuM et Harsh Realm, au potentiel subversif plus fort, n’ont pas marché du tout ? Il est évident que tout ceci a surtout servi de toile pour permettre de faire une série “qui fait peur” mais il reste tout de même un fond exprimant des idées plus personnelles, même de façon inconsciente des scénaristes. Certains fans pensent que : « lorsque Chris Carter s’est attelé à MillenniuM, cela lui a fait prendre conscience que le chaos planétaire venait finalement de la cupidité humaine, de l’individu, bien plus que des conspirations gouvernementales. Et que cela a profondément changé The X-Files. Donc que la série ne parle pas tant d’un gouvernement corrompu que d’un gouvernement court-cicuité par une conspiration privée, et d’une démocratie qui se trouve donc confisquée aux citoyens...
MW : J’aimerais être sûr que Chris Carter s’est posé toutes ces questions. Je n’en suis pas sûr. Et une « analyse » comme celle que vous décrivez me paraît fantasmatique. Il n’y a pas de « conspiration » privée court-circuitant un gouvernement corrompu. C’est plus simple que ça : ce sont les entreprises privées qui FONT les gouvernements. C’est Eli Lilly et le lobby du pétrole qui ont FAIT George Bush. Ils n’ont pas eu besoin de conspirer... Un étudiant demandait à Noam Chomsky « Comment le pouvoir financier contrôle-t-il les médias » Et Chomsky a répondu : "Est-ce que le pouvoir financier a besoin de controler General Motors ? Non. General Motors lui appartient." D’autre part, à en juger par les interviews que j’ai lues ou vues, je n’ai pas le sentiment (ça va faire bondir certains fans, je le crains) que Chris Carter soit un homme d’une grande profondeur d’esprit... Alors que quand j’ai rencontré Spotnitz, j’ai eu tout de suite le sentiment d’avoir affaire à quelqu’un de très cultivé, très malin, très humble et très drôle. Et pourtant, il venait de quitter en plein lancement la production de « RHD », la série (avortée, depuis) de Michael Mann, qui était un drôle de numéro et a du lui laisser entendre qu’il préférait se débrouiller sans lui... Quant à savoir pourquoi Millennium et Harsh Realm n’ont pas marché... La première a quand même duré trois saisons, ce n’est pas déshonorant. Je crois sincèrement que pour durer, une série, même sombre, doit apporter à ses spectateurs un certain plaisir, une certaine satisfaction. Or, l’une comme l’autre présentaient des personnages et des situations qui étaient irrémédiablement « sans issue », contrairement à X-Files, et n’avait, alors, pour le coup, pas le moindre brin d’humour...
GG : “ The truth is out there ” cela vous inspire quoi (le problème de traduction mis à part, bien que je pense personnellement que la traduction “La vérité est ailleurs” reste assez pertinente, car le “ ailleurs ” valant le “hors d’ici” peut permettre également une lecture à plusieurs niveaux) ?!
MW : Je persiste à dire que ça signifie “ La vérité est là, tout près, il faut la mettre en évidence ”, et non pas “ la vérité est ailleurs ”... qui peut vouloir dire plein de choses très différentes et qui est donc très ambigu (donc, interprétable par les Français comme ils veulent)... ce que la phrase anglaise n’est pas. Mais ça me paraît significatif justement de la confusion (entretenue par la mauvaise VF et par M6) autour du “ sens ” de The X-Files.

GG : Selon Dantec (dans son entretien à la fin du livre) la série X-Files a pour but de camoufler la vérité en rabaissant de grandes questions légitimes (selon lui) au niveau de simples intrigues de séries TV mercantiles à succès (à la limite du ‘pulp’ selon ses dires). On retrouve plus ou moins la même idée dans votre nouvelle... Pourtant la série, de par les mécanismes complexes de scénarios et de réalisation, éveille plutôt un certain sens critique chez le téléspectateur lui permettant de faire la part des choses et de se poser exactement les mêmes questions que Dantec ; cela n’est il pas paradoxal ?!
MW : Non, je pense qu’une série (comme un film ou un livre) est surtout ce que les spectateurs en font. Les questions que se posent les spectateurs sont légitimes, et le fait que The X-Files les ait suscitées est tout à l’honneur de la série. Mais je pense qu’avec le temps on verra que les “ messages ” véhiculés étaient, finalement, très simplistes. Beaucoup plus simplistes que ceux d’autres séries moins populaires, mais dotées d’une vision plus ample, à la fois plus modestes (dans leur présentation) et plus ambitieuses (dans leurs idées). Quant à Dantec, je pense qu’il est lui aussi victime de l’exagération ambiante au sujet de la série. Aucune œuvre télévisée ne pourrait durer aussi longtemps s’il ne s’agissait que de propagande : ça ne marcherait pas. Le public et les critiques américains sont trop intelligents et trop cultivés (beaucoup plus que les Français ! ) et ils en ont vu d’autres avec les films de guerre de propagande de la seconde guerre mondiale, qui on le voit bien aujourd’hui n’ont plus aucune valeur artistique. (Ou une série comme Touched by an Angel, dont tout le monde sait que c’est une bondieuserie sans valeur artistique.) Si les Américains ont adoré The X-Files c’est parce que c’était très bien fait. Qui pourrait leur donner tort ? Mais ils ne se trompaient pas sur la marchandise. Cela étant, je pense que The X-Files deviendra un classique, comme le sont devenus The Outer Limits ou The Twilight Zone, qui n’ont pas non plus été des séries parfaites de bout en bout.
GG : A moins que la série, selon une autre théorie, existe (à l’instar des films de Spielberg) afin de nous “ habituer ” (nous, le peuple) à une certaine réalité ?
MW : Non. Je ne crois pas à ça. Je pense que pour endormir la volonté des gens il faut avoir recours à des spectacles beaucoup moins sophistiqués (et plus efficaces) qu’une fiction télé. La fiction, par définition, est subversive, parce qu’elle procède d’une démarche artistique et The X-Files n’échappe pas à cette définition. Loft Story, Star’Ac, les variétés du samedi soir, qui sont faites pour donner de la vie une image tout à fait édulcorée, sont nocives, ainsi que les fictions françaises à la Julie Lescaut qui refusent absolument de faire allusion à la réalité pour ne pas risquer de froisser qui que ce soit...
GG : Est-ce ce genre de théories qui vous ont inspiré votre nouvelle ?!
MW : Non, ma nouvelle est à la fois un hommage aux personnes qui ont écrit The X-Files (en particulier Spotnitz, Wong et Morgan), une manière d’en “ rajouter une couche ” dans la vision française paranoïaque de la série, et puis, aussi, une histoire pour m’amuser, tout bonnement. J’aime l’entertainment. J’espère que cette nouvelle divertira ceux qui la liront (en sachant que seuls les connaisseurs de la série l’apprécieront entièrement).
GG : Allez-vous réécrire un jour sur la série ?! Dans un vos tomes “ Les Miroirs de la Vie ” ?
MW : Oui, comme je vous l’ai dit, il y aura un long chapitre dans Les Miroirs obscurs, mais il sera écrit par Séverine Barthes (note de Guigui : notre présidente), qui connaît très bien The X-Files et ne peut pas être soupçonnée de mauvaise foi, mais qui saura mettre en évidence les faiblesses de la série comme ses points forts.
GG : Que pensez-vous de la conclusion de la série ?! Un 2ème film vous y croyez ? Selon vous est-ce une bonne idée ?!
MW : Je pense que la fin tombait à plat et n’avait pas grand sens parce que tout le “ feuilleton ” qui la précédait (la conspiration) n’en avait pas non plus. D’ailleurs, même les fans de la 1ère heure ont été très déçus. Quant au film... Je ne vois pas très bien ce qu’il pourrait apporter. Je suis comme Frank Spotnitz : je pense que la série aurait dû se clore à la fin de la 7e saison. Le reste, c’est vraiment tiré à la ligne.
GG : Merci beaucoup de bien avoir voulu nous consacrer un peu de temps...
MW : Merci de m’avoir demandé mon avis ! ! !
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GG : Pendant des années, vous avez critiqué péjorativement la série avec des arguments parfois d’une grande mauvaise foi selon les fans, qu’est ce qui, chez vous, a déclenché une telle réaction négative face à la série ? Quand même dire que Gillian Anderson (lauréate de l’Emmy de meilleur actrice pour un drama en 1997) est aussi expressive qu’une clenche de porte c’était un peu abuser non ?!
MW : Je crois qu’il ne faut pas confondre mauvaise foi et sarcasme. J’ai été sarcastique, mais mes arguments étaient valables. Seulement, le ton irritait beaucoup. Mettons tout de suite de côté Gillian Anderson : je pense qu’elle est inexpressive, mais je pense la même chose d’Isabelle Huppert et d’Emmanuelle Béart, c’est vous dire qu’il s’agit d’une opinion personnelle, qui n’a pas de valeur universelle - mais qui peut gâcher la vie d’un spectateur. Pour le reste, je pense sérieusement que The X-Files est une série B (ça n’est pas une insulte, j’aime beaucoup la série B) et ce qui m’a irrité est l’hystérie absolue de certains fans (relayés par les médias, M6 en tête) criant au génie. J’ai d’ailleurs la même attitude vis-à-vis de ceux qui, aujourd’hui, crient au génie devant “ 24 ” (dont je trouve la première saison assez creuse, même si c’est très bien fait) ou “ Alias ” (qui est une très pâle imitation de “ Buffy ”, extrêmement répétitive) alors qu’ils n’ont jamais rien vu d’autre.
Il y a des séries magnifiques dont personne ne parle, et ça ne rend pas service aux séries en tant que genre d’en porter certaines au pinacle. D’autant plus que les Américains, eux, sont beaucoup plus ouverts et que les séries se citent mutuellement volontiers (comme The X-Files cite Homicide avec Belzer, par exemple...). Je ne crois pas, à de très rares exceptions près, avoir crié au génie absolu pour aucune série (mon adjectif favori est plutôt “ magnifique ”, ce qui indique à quel point mon opinion est subjective...) et je ne vois pas en quoi The X-Files serait “ géniale ” : c’est une série fantastique qui reprend de manière systématique et souvent habile des thèmes déjà traités dans le cinéma (et les séries) datant d’avant les années 60. Ça n’est donc pas nouveau, même si c’est très bien fait (et je n’ai jamais caché que je trouvais la série visuellement très soignée). Mais scénariquement parlant, il m’en faut plus.
C’est surtout cela que je reproche à The X-Files : son caractère souvent répétitif, son manque criant d’originalité pendant certaines saisons, et aussi (et surtout) un manque d’humour parfois désolant, aggravé, il est vrai, par une VF que je trouve encore plus calamiteuse depuis que je vois des épisodes en VO. Le fantastique est un genre difficile. Et ceci, encore plus quand on le traite sous la forme d’une série-feuilleton.

Lorsque le critique de séries Marti(e)n Winckler se met au travail sur THE X-FILES, les fans apprécient à leur manière...
GG : Tout de même, là j’aimerai revenir sur ce point. Comment trouver que The X-Files n’a aucun d’humour ?! Vu le genre et les intentions de cette série il est normal de ne pas en trouver énormément et pourtant il y en a beaucoup et ce depuis toujours : que ce soit les reflexions pince sans rire de Mulder (au moins 2 ou 3 par épisode) des petits moments de parodie avec les allusions sur le goût prononcé pour le porno de Mulder (par exemple), tout ceci est présent dès les tous premiers épisodes. De plus les épisodes décalés et humoristiques existent depuis la saison 2 et sont très nombreux : j’en compte au moins plus d’un vingtaine (sur 201) allant de l’humour discret et subtil (Clyde Bruckman’s Final Repose) à la franche parodie (Bad Blood) en passant au décalage le plus total (Post-Modern Prometheus). Et je ne parle pas non plus des Lone Gunmen qui apporte une touche de légèreté à la série depuis sa première saison. The X-Files n’est tout de même pas MillenniuM...
MW : Je ne conteste pas qu’il y ait des épisodes drôles et légers. Ce qui me pèse, c’est l’absence d’humour, d’auto-dérision, de chaleur des personnages envers eux-mêmes dans chaque épisode. Si je compare (sur ce point seulement) The X-Files avec une série comme Buffy, il y a dans celle-ci de l’humour dans chaque épisode, même ceux qui sont franchement dramatiques ou sombres. Ce qui est à mon avis une manière de respect à l’égard du spectateur, une manière de rester décent, et de dire : « N’oubliez pas que nous sommes dans une fiction. » Car c’est le cas : il s’agit de fictions. Si graves soient-elles, elles ne doivent pas faire croire qu’elles sont la réalité, qui est toujours beaucoup plus dramatique. Or, cet humour « équilibrant » me semble manquer dans The X-Files, comme d’ailleurs dans des séries comme « 24 » ou « Alias », dont je ne conteste nullement les qualités, mais qui me paraissent « plombées » par leur trop grand sérieux. (Un sérieux qu’on pourrait parfois prendre pour de la prétention...). C’est cela qui me gène. Mais ici plus encore que sur d’autres points, je suis bien conscient d’exprimer un sentiment personnel, et non une notion « objective ».
Scénariquement, The X-Files ne tient pas la distance, car Chris Carter n’est pas un grand scénariste doté d’une vision au long cours comme le sont par exemple Piller et Berman avec Deep Space Nine ou Joss Whedon avec Buffy - d’où mon “ Buffy contre Scully ” dans Les Miroirs de la vie. À ce sujet, sachez que les deux séries seront traitées en détail (et de manière non conflictuelle) par des amateurs éclairés : The X-Files par Séverine Barthes (alias Ozgirl) et Buffy par un trio de jeunes scénaristes nommés Antoine de Froberville, Denis Corel et Ronan Toulet, dans le deuxième volume de mon “ histoire des séries américaines ”, Les Miroirs Obscurs (à paraître fin 2004 ou début 2005 au Diable Vauvert). C’est dire que je respecte l’une autant que l’autre... même si j’ai ma préférence. Il faut donc voir mes critiques (et mon agacement) comme une réaction un peu épidermique aux appréciations dithyrambiques (et pas très objectives non plus !) qui ont accompagné la diffusion de The X-Files sur les chaînes françaises. J’aurais été plus appréciatif de la série (je l’aurais défendue) si on l’avait méprisée. Je le fais d’ailleurs chaque fois que je croise un pseudo-intellectuel qui la méprise (et il y en a beaucoup, croyez-moi). Mais là, je trouvais beaucoup plus important de me mettre du côté de ceux qui ne l’appréciaient pas, et qui se faisaient insulter pour ça. On a le droit de ne pas aimer une série, et de le dire...
Même si c’est une bonne série. C’est en cela que les “ fans ” ne m’ont pas vraiment compris : je sais que The X-Files est une bonne série, mais j’ai le droit 1° de la critiquer (ou de m’en moquer), 2° de ne pas crier au génie, 3° de ne pas l’aimer sans restriction. J’ai un problème similaire avec une autre série récente, The Sopranos : je sais (intellectuellement) que c’est une bonne série et je le reconnais, mais je ne l’aime pas du tout. Ce n’est pas incompatible.
GG : Quel est votre épisode préféré ? Pourquoi ?
MW : The Unnatural, avec Jesse L. Martin - celui dans lequel un alien devient joueur de base-ball.. A cause de son humour, de l’auto-dérision et de la gravité qui sous-tend tout ça (le titre, excellent jeu de mot autour de The Natural, le film avec Redford, donne le ton). Et puis aussi Clyde Bruckman’s Final Repose, avec Peter Boyle, qui se moque aussi beaucoup de Scully et Mulder, sans pour autant apparaître dérisoire. Les deux scénarios sont très ingénieux et très bien servis par les guest, tandis que Duchovny et Anderson jouent (très bien) les utilités. J’aurais aimé que la série ait toujours cette liberté et cette gravité là, en centrant systématiquement son propos sur les personnages “ bizarres ”, et non sur les deux enquêteurs. Mais ça aurait été une autre série... J’aime aussi beaucoup Unusual Suspects à cause de la présence de Richard Belzer/Munch et de l’humour, toujours. Mais je trouve par exemple que le spin-off autour des Lone Gunmen est raté, et pas drôle.

GG : Celui que vous avez détesté ?
MW : Il n’y en a pas vraiment, mais les épisodes autour de la conspiration m’ont souvent paru très lourds, et les nièmes histoires de psycho-killers (au cours de la 5e saison, en particulier), étaient très, très ennuyeuses.
GG : Qu’est ce qui vous a décidé à écrire une nouvelle sur la série mettant en scène Frank Spotnitz ?
MW : L’interview que j’ai faite de lui (une partie a été reproduite dans Episode), et qui m’a donné à voir en quelque sorte les “ coulisses ” de The X-Files, en me confirmant ce que je disais depuis longtemps : pour les scénaristes, la conspiration était juste un gimmick destiné à maintenir la tension (et l’attention) des fans ; ça n’était pas du tout un discours à connotations politiques ou subversives. Du coup, ça m’a donné envie de raconter une nouvelle dans laquelle je défendrais une thèse aussi “ extrémiste ” que la série elle-même. Pour montrer que je la connais bien, et qu’on ne se moque que de ce qu’on connaît bien et respecte...
GG : L’agent Wong, qui est un clin d’œil à l’acteur B.D. Wong, est il aussi une référence au scénariste James Wong qui fut l’un des piliers de la série durant ses 4 premières saisons avec son acolyte Glen Morgan ?
MW : C’est surtout un clin d’œil à James Wong, mais l’homonymie est évidemment à double entrée, ce qui m’a permis de nourrir le dialogue de manière amusante (enfin, j’espère).
GG : Pensez-vous vraiment que X-Files puisse avoir un fond politique quelconque ?
MW : Toute série a un fond politique, mais je crois que The X-Files a surtout fonctionné, pour un certain public français, de révélateur aux idées souvent très fausses qu’ils se font sur la société américaine. The X-Files est une série qui plaît beaucoup aux paranoïaques français (d’où son succès), mais qui n’est pas faite par des paranoïaques pour des paranoïaques, mais par des gens qui aiment jouer avec la peur, ce qui est tout le propos des cinéastes ou téléastes fantastiques - Jacques Tourneur ou James Whale ne procédaient pas autrement. Je ne crois pas que le propos de Carter et de ses scénaristes ait été de “ dénoncer ”, mais seulement de jouer avec les peurs et les dénonciations qui sont la tarte à la crème de la thriller culture américaine.
GG : Si oui, pensez-vous qu’il atteigne vraiment sa cible, les Américains donnant plutôt l’impression de ne retenir que le côté “ entertainment ” ?
MW : Justement, les Américains, eux, ont très bien vu que ça n’était que de la rigolade ! Ils savaient très bien que ça n’était pas de la dénonciation au sens où, par exemple, Law & Order est une série de dénonciation, de mise au jour. S’ils l’ont considérée comme de l’entertainment, c’est parce que la Fox (la chaîne la plus “ politiquement correcte ” des USA, on l’a vu pendant la guerre d’Irak !) a toujours déclaré haut et fort que ça l’était ! Et Carter n’a jamais dit le contraire, d’ailleurs. Il n’y a qu’en France qu’on a cru (en prenant ses désirs pour des réalités) que c’était une série de dénonciation. Avec un tel marketing ? Ça m’étonnerait ! ! ! ! Des séries bien mieux placées que The X-Files dans les audimats (Urgences, Law & Order, et maintenant CSI) font dix fois moins de marketing ! Ça doit vouloir dire quelque chose, vous ne croyez pas ?
GG : C’est peut être pour cela que les autres séries de Carter comme MillenniuM et Harsh Realm, au potentiel subversif plus fort, n’ont pas marché du tout ? Il est évident que tout ceci a surtout servi de toile pour permettre de faire une série “qui fait peur” mais il reste tout de même un fond exprimant des idées plus personnelles, même de façon inconsciente des scénaristes. Certains fans pensent que : « lorsque Chris Carter s’est attelé à MillenniuM, cela lui a fait prendre conscience que le chaos planétaire venait finalement de la cupidité humaine, de l’individu, bien plus que des conspirations gouvernementales. Et que cela a profondément changé The X-Files. Donc que la série ne parle pas tant d’un gouvernement corrompu que d’un gouvernement court-cicuité par une conspiration privée, et d’une démocratie qui se trouve donc confisquée aux citoyens...
MW : J’aimerais être sûr que Chris Carter s’est posé toutes ces questions. Je n’en suis pas sûr. Et une « analyse » comme celle que vous décrivez me paraît fantasmatique. Il n’y a pas de « conspiration » privée court-circuitant un gouvernement corrompu. C’est plus simple que ça : ce sont les entreprises privées qui FONT les gouvernements. C’est Eli Lilly et le lobby du pétrole qui ont FAIT George Bush. Ils n’ont pas eu besoin de conspirer... Un étudiant demandait à Noam Chomsky « Comment le pouvoir financier contrôle-t-il les médias » Et Chomsky a répondu : "Est-ce que le pouvoir financier a besoin de controler General Motors ? Non. General Motors lui appartient." D’autre part, à en juger par les interviews que j’ai lues ou vues, je n’ai pas le sentiment (ça va faire bondir certains fans, je le crains) que Chris Carter soit un homme d’une grande profondeur d’esprit... Alors que quand j’ai rencontré Spotnitz, j’ai eu tout de suite le sentiment d’avoir affaire à quelqu’un de très cultivé, très malin, très humble et très drôle. Et pourtant, il venait de quitter en plein lancement la production de « RHD », la série (avortée, depuis) de Michael Mann, qui était un drôle de numéro et a du lui laisser entendre qu’il préférait se débrouiller sans lui... Quant à savoir pourquoi Millennium et Harsh Realm n’ont pas marché... La première a quand même duré trois saisons, ce n’est pas déshonorant. Je crois sincèrement que pour durer, une série, même sombre, doit apporter à ses spectateurs un certain plaisir, une certaine satisfaction. Or, l’une comme l’autre présentaient des personnages et des situations qui étaient irrémédiablement « sans issue », contrairement à X-Files, et n’avait, alors, pour le coup, pas le moindre brin d’humour...
GG : “ The truth is out there ” cela vous inspire quoi (le problème de traduction mis à part, bien que je pense personnellement que la traduction “La vérité est ailleurs” reste assez pertinente, car le “ ailleurs ” valant le “hors d’ici” peut permettre également une lecture à plusieurs niveaux) ?!
MW : Je persiste à dire que ça signifie “ La vérité est là, tout près, il faut la mettre en évidence ”, et non pas “ la vérité est ailleurs ”... qui peut vouloir dire plein de choses très différentes et qui est donc très ambigu (donc, interprétable par les Français comme ils veulent)... ce que la phrase anglaise n’est pas. Mais ça me paraît significatif justement de la confusion (entretenue par la mauvaise VF et par M6) autour du “ sens ” de The X-Files.

GG : Selon Dantec (dans son entretien à la fin du livre) la série X-Files a pour but de camoufler la vérité en rabaissant de grandes questions légitimes (selon lui) au niveau de simples intrigues de séries TV mercantiles à succès (à la limite du ‘pulp’ selon ses dires). On retrouve plus ou moins la même idée dans votre nouvelle... Pourtant la série, de par les mécanismes complexes de scénarios et de réalisation, éveille plutôt un certain sens critique chez le téléspectateur lui permettant de faire la part des choses et de se poser exactement les mêmes questions que Dantec ; cela n’est il pas paradoxal ?!
MW : Non, je pense qu’une série (comme un film ou un livre) est surtout ce que les spectateurs en font. Les questions que se posent les spectateurs sont légitimes, et le fait que The X-Files les ait suscitées est tout à l’honneur de la série. Mais je pense qu’avec le temps on verra que les “ messages ” véhiculés étaient, finalement, très simplistes. Beaucoup plus simplistes que ceux d’autres séries moins populaires, mais dotées d’une vision plus ample, à la fois plus modestes (dans leur présentation) et plus ambitieuses (dans leurs idées). Quant à Dantec, je pense qu’il est lui aussi victime de l’exagération ambiante au sujet de la série. Aucune œuvre télévisée ne pourrait durer aussi longtemps s’il ne s’agissait que de propagande : ça ne marcherait pas. Le public et les critiques américains sont trop intelligents et trop cultivés (beaucoup plus que les Français ! ) et ils en ont vu d’autres avec les films de guerre de propagande de la seconde guerre mondiale, qui on le voit bien aujourd’hui n’ont plus aucune valeur artistique. (Ou une série comme Touched by an Angel, dont tout le monde sait que c’est une bondieuserie sans valeur artistique.) Si les Américains ont adoré The X-Files c’est parce que c’était très bien fait. Qui pourrait leur donner tort ? Mais ils ne se trompaient pas sur la marchandise. Cela étant, je pense que The X-Files deviendra un classique, comme le sont devenus The Outer Limits ou The Twilight Zone, qui n’ont pas non plus été des séries parfaites de bout en bout.
GG : A moins que la série, selon une autre théorie, existe (à l’instar des films de Spielberg) afin de nous “ habituer ” (nous, le peuple) à une certaine réalité ?
MW : Non. Je ne crois pas à ça. Je pense que pour endormir la volonté des gens il faut avoir recours à des spectacles beaucoup moins sophistiqués (et plus efficaces) qu’une fiction télé. La fiction, par définition, est subversive, parce qu’elle procède d’une démarche artistique et The X-Files n’échappe pas à cette définition. Loft Story, Star’Ac, les variétés du samedi soir, qui sont faites pour donner de la vie une image tout à fait édulcorée, sont nocives, ainsi que les fictions françaises à la Julie Lescaut qui refusent absolument de faire allusion à la réalité pour ne pas risquer de froisser qui que ce soit...
GG : Est-ce ce genre de théories qui vous ont inspiré votre nouvelle ?!
MW : Non, ma nouvelle est à la fois un hommage aux personnes qui ont écrit The X-Files (en particulier Spotnitz, Wong et Morgan), une manière d’en “ rajouter une couche ” dans la vision française paranoïaque de la série, et puis, aussi, une histoire pour m’amuser, tout bonnement. J’aime l’entertainment. J’espère que cette nouvelle divertira ceux qui la liront (en sachant que seuls les connaisseurs de la série l’apprécieront entièrement).
GG : Allez-vous réécrire un jour sur la série ?! Dans un vos tomes “ Les Miroirs de la Vie ” ?
MW : Oui, comme je vous l’ai dit, il y aura un long chapitre dans Les Miroirs obscurs, mais il sera écrit par Séverine Barthes (note de Guigui : notre présidente), qui connaît très bien The X-Files et ne peut pas être soupçonnée de mauvaise foi, mais qui saura mettre en évidence les faiblesses de la série comme ses points forts.
GG : Que pensez-vous de la conclusion de la série ?! Un 2ème film vous y croyez ? Selon vous est-ce une bonne idée ?!
MW : Je pense que la fin tombait à plat et n’avait pas grand sens parce que tout le “ feuilleton ” qui la précédait (la conspiration) n’en avait pas non plus. D’ailleurs, même les fans de la 1ère heure ont été très déçus. Quant au film... Je ne vois pas très bien ce qu’il pourrait apporter. Je suis comme Frank Spotnitz : je pense que la série aurait dû se clore à la fin de la 7e saison. Le reste, c’est vraiment tiré à la ligne.
GG : Merci beaucoup de bien avoir voulu nous consacrer un peu de temps...
MW : Merci de m’avoir demandé mon avis ! ! !
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