Brits do it better !
JANVIER 2011
Par Sullivan Le Postec • 29 décembre 2010
Bienvenue au Village, le webzine des fictions télévisées européennes et francophones.

« Sherlock » arrive dès samedi 1er janvier, à 20h35, sur France4 pour son premier épisode, « Une étude en rose » / « A study in pink ». Les deux épisodes suivants seront diffusés les 8 et 15 janvier suivants. Ne manquez pas ça.

Quand on regarde « Sherlock », il y a deux choses qui viennent immédiatement à l’esprit.

La première, c’est le pur plaisir. Le premier épisode est purement et simplement virtuose. Tout s’y conjugue, comme cela n’arrive pas si souvent en télévision : une écriture extrêmement riche, tant sur le plan de l’intrigue que sur celui de la caractérisation des personnages ; une interprétation exceptionnellement réussie de la part des deux acteurs principaux ; une réalisation stylisée, inventive, sans céder à l’esthétique vidéo-clip : les images racontent quelque chose. Si le deuxième épisode n’est pas tout-à-fait au niveau, le troisième renoue avec le même dynamisme visuel et une intrigue très retorse.

La seconde, c’est un simple ‘‘mais pourquoi on ne voit pas ça chez nous ?’’

« Sherlock », c’est un programme diffusé le dimanche soir sur la première chaîne anglaise. En moyenne, neuf millions de téléspectateurs britanniques ont regardé le programme (plus de sept millions en direct, près de deux millions supplémentaires dans la semaine suivant la première diffusion, via la catch-up sur internet ou une rediffusion sur une chaîne du groupe BBC). Voilà un succès spectaculaire – ce sont des scores que même TF1 ne fait plus si souvent : elle doit convoquer des inédits du « Mentalist » pour espérer les atteindre.
L’intelligence, l’extrême modernité, et le très haut niveau d’exigence de « Sherlock » tranche avec absolument tout ce qu’on en France sur TF1, et même tout ce qu’on voit sur France Télévisions.

Il est fascinant de voir à quel point la fiction anglaise, qui n’était pas en pleine forme vers la fin des années 90 / le début des années 2000 – elle s’était, au fil des années 90, beaucoup rétrécie sur seulement trois genres : la sitcom, les classiques en costume, et la fiction réaliste – s’est redressée de façon spectaculaire, en l’espace de quelques années. Diversification des genres, progression exponentielle de l’ambition, variété des formats : la qualité de la fiction télévisée anglaise de ces dernières années laisse songeur.
Et tout cela s’est donc fait sans que le public anglais ne décroche. Mieux, les britanniques gagnent du terrain sur les marchés internationaux. Les critiques américains la remarquent de plus en plus et en font la promotion lorsqu’elle arrive chez eux. Hollywood fait tourner l’usine à remake à plein régime – souvent avec la méthode américaine : pilote recopié pratiquement au plan près et puis ensuite les scénaristes américains, qui doivent généralement livrer beaucoup plus d’épisodes, prennent de plus en plus de distance.

JPEG - 89 ko
Paris 20e
29 décembre 2010

Le sort fait aujourd’hui à « Sherlock » par France 4 – diffusion en prime-time, promo conséquente, affiches dans les rues, et normalement France 2 devrait la proposer à son tour avant une sortie en DVD en mai prochain – atteste d’ailleurs lui-même de la montée en puissance de la fiction anglaise.

C’est bien. Mais, et nous, qu’est-ce qu’on attend ? Parce que les anglais ne font pas que déverser des fictions de haute qualité chez nous. Non, ils nous prouvent surtout que volontarisme, ambition éditoriale et passion pour la fiction de qualité suffisent à retourner une tendance en l’espace de moins de cinq ans.

Alors nous, qu’est-ce qu’on attend ?


PREVIEW – Moffat et Gatiss réinventent « Sherlock »
Après BBC1 cet été, France 4 diffuse à partir du 1er janvier trois épisodes d’une adaptation contemporaine de « Sherlock Holmes », réinventé conjointement par Steven Moffat et Mak Gatiss.

VERSION FRANÇAISE - « Sherlock » in french
« Sherlock » arrive très prochainement sur France 4. Etape préalable pour le succès surprise de l’été dernier sur BBC1 : donner une nouvelles voix à ses personnages. Reportage sur le plateau de doublage.