HUSTLE – Saisons 1 à 6
Les Robin des Bois du 3e millenaire gardent l’argent pour eux...
Par Dominique Montay • 6 janvier 2011
Les créateurs de "Life on Mars" racontent les histoires des Robins des Bois du 3è millénaire. Ils volent toujours l’argent aux riches. Sauf qu’eux, ils le gardent...

Ca brille, c’est mode, c’est chic, c’est rapide, c’est amusant et ça ne se prend pas au sérieux. « Hustle », sur ses six saisons d’existence a distrait plus de 6 millions de téléspectateurs par an, sans avoir de thématique forte, sans feuilletonner plus que de raison, sans avoir d’ambition particulière autre que de divertir. Est-ce que ça en fait une série à laisser passer pour autant ?

Mickey Bricks vient de sortir de prison et n’a qu’une idée en tête : former l’équipe la plus performante pour arnaquer des riches. Les « long con » comme disent les anglo-saxons, des arnaques au long cours, qui réclament un grand investissement, beaucoup de temps, impose de nombreux risques mais payent rubis sur l’ongle. Son équipe est composée de Stacie Monroe, qui aure le rôle d’appât, Danny Blue sera l’inflitré, Ash Morgan celui qui fournira le matériel et enfin Albert Stroller, qui trouvera les pigeons.

Série clin d’oeil

Le premier principe d’Hustle, c’est la connivence avec le public. On s’arrête souvent en plein milieu d’une scène pour expliquer ce qu’il s’y passe. Sans prendre le public pour un idiot, ces séquences viennent guider et offrent un aspect presque pédagogique à l’ensemble. Ce procédé est un peu trop appuyé cependant, les acteurs nous offrant regards caméras, clins d’œil et autres interactions qui frisent souvent le ridicule, une habitude qui s’estompera au fil des saisons.

L’autre principe, c’est qu’on est sûr de rien, à aucun moment, et que malgré cette louable volonté d’expliquer l’insondable, on a souvent l’impression d’être baladé et ce pas forcement de la façon la plus élégante qui soit : la dissimulation. Presque tous les épisodes sont articulés de la même façon. 10 minutes de préparation, 30 minutes de déroulement (qui se finit généralement mal), et terminés par les 10 minutes de « mais en fait… ». Le « mais en fait… », c’est laisser les protagonistes dans une situation difficile jusqu’à ce que l’un d’entre eux dise « mais en fait… je savais que ça allait finir comme ça alors j’ai fait ça, ça et ça, et donc j’ai gagné ». Ce procédé qui pourrait, parfois, surprendre, est tellement constant dans la série qu’il ne prend plus à défaut, on attend juste de voir quelles scènes ont été amputées et de quoi.

Une belle brochette de comédiens

Sorti de cette considération, la série est un vrai petit plaisir sans prétentions. Très rythmée, un peu clippesque par moment, l’ensemble est très dynamique et agréable. Une série qui tient sur un casting assez excellent (à quelques détails près), très complémentaire et plaisant à suivre. Adrian Lester est l’expérimenté et le talentueux Mickey Bricks. Un rôle qu’il tient à merveille et qui sert de ciment au show (on le comprend encore mieux lors d’une quatrième saison qui subit son absence et qui manque cruellement de punch). Marc Warren est la petite frappe qui improvise tout le temps, extrêmement talentueux, mais surtout incontrôlable. Il prendra les rênes de l’équipe lors de l’absence de Lester sans convaincre, la faute à des auteurs qui ne se sont pas assez bien servis de la nouvelle dynamique qu’il offrait. Jaime « pardon my tits » Murray joue l’appât avec sa faculté habituelle d’apparaître tantôt dans une scène comme absolument magnifique, puis dans une autre trop maigre et refaite, le tout en interprétant un personnage très en retrait des autres [1]. Robert Glenister est le touche-à-tout de la bande, très bon même si assez secondaire, on le voit plus souvent avec un chalumeau qu’en interaction pure avec les autres personnages. Enfin, sorti tout droit d’un placard doré, l’immense Robert Vaughn offre son physique de (très) vieux beau à Albert Stroller, l’homme de confiance, qui doit repérer les cibles.

De ce casting subsiste aujourd’hui (et c’est quand même assez rare pour être souligné dans une série britannique) trois membres : Vaughn, Glenister et Lester, même si ce dernier s’offrit une année sabbatique en saison 4. Les mouvements sont peu nombreux et si la saison 4 introduisait un personnage « Kelleyrisé » en fin de parcours, les personnages ont tendance à s’inscrire dans la durée, comme l’ajout en saison 5 de Kelly Adams et Matt Di Angelo dans le rôles des frère et sœur Kennedy, toujours présents en saison 6, et qui semblent de la partie sur la septième.

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Le casting des saison 5 et 6

On sent un certain plaisir en les voyant évoluer ensemble, sans forcement se dire que tout est toujours rose sur le plateau, après tout, le départ d’Adrian Lester peut être interprété comme une volonté de sa part de ne plus avoir à partager l’affiche avec un Marc Warren qui prend beaucoup de place. Mais on extrapole. L’alchimie fonctionne, et c’est le principal.

L’autre qualité de la série, même si c’est très anecdotique, c’est son générique, qui parle à toute une génération de cinéphiles en réulitisant, avant Mad Men, l’esthétique des créations du graphiste Saul Bass, qui réalisa génériques et affiches pour les plus grands noms du cinéma (Hitchcock, Kubrick, Scorcese... beau CV, non ?)

Une série qui begaye

Mais la série souffre de son format, très formulaïque, très répétitive, sans arche narrative particulière. Les retours de personnages opposés au groupe (flics, anciennes victimes) tiennent plus souvent du twist gratuit que d’une construction bien maîtrisée. La palme revient à Indira Varma qui apparaît une première fois en échouant dans sa tentative de faire coffrer Bricks, puis une seconde via… une cassette vidéo présentée lors de l’interrogatoire de ce dernier par une collègue qui a reprit le flambeau. Gratuit et assez grotesque.

L’épisode à voir absolument

Enfin, si vous ne devez accorder qu’une heure à cette série (sachant qu’il n’y a pas besoin de tout voir pour le regarder), regardez l’épisode 2 de la saison 3… Afin de décider si l’équipe doit changer de chef alors que le leadership de Mickey est remis en question par Danny, Albert Stroller sort de son chapeau une légende sur un conflit similaire. Les deux arnaqueurs devaient s’opposer lors d’une compétition pour voir qui ramasserait le plus d’argent. Et voilà Mickey et Danny lâchés au milieu de Londres, sans argent, sans téléphone... et sans vêtement. Un épisode drôle et intense, qui voit les deux styles s’opposer, celui de Mickey qui travaille sur la durée et ne collecte l’argent qu’à la fin, et Danny qui multiplie les arnaques et empile les billets à vitesse grand V. Même la résolution est réussie, et la partie "Mais en fait..." de l’épisode est beaucoup moins gênante que dans les autres.

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Robert Vaugn, le retour

Une série un peu tape-à-l’oeil, assez répétitive, mais portée par un excellent casting, et qui ne ment pas sur sa qualité première : divertir. La saison 7 de la série débarque chez nos voisins britanniques demain. Pour ce qui est de la diffusion française, vu que la série vient d’être rediffusée partiellement par NRJ12 à 2h du matin par paquet de deux, vous nous permettrez de ne pas nous avancer sur l’éventuel intérêt que portent les diffuseurs français à cette série à mille lieux d’être un chef d’oeuvre, mais qui mérite mieux que d’être en compétition avec « Histoires Naturelles » [2]...

Post Scriptum

Le succès de la série a donné lieu à un spin-off très particulier « The Real Hustle », qui suit de vrais arnaqueurs lors de caméras cachées qui ont pour but de montrer au public comment les arnaques fonctionnent.

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Un spin-off en real-TV

Dernière mise à jour
le 6 janvier 2011 à 01h24

Notes

[1Elle avouait d’ailleurs au début de la série être impressionnée par ses collègues et s’être sentie plus spectatrice qu’actrice. Elle avait hélàs bien raison

[2Je ne sais pas si ça passe encore, mais j’assume ma mauvaise info