LE QUINZO — 2.12 : Quinzos are cool !
Toutes les deux semaines, l’humeur de la rédac’ du Village
Par le Village • 20 mars 2011
Le Quinzo, saison 2, épisode 12. Sullivan fait le point sur all things Doctor Who ; Dominique parle de ces fois où ça a beau être bien, on n’est pas touché ; quant à Emilie, elle tient sa revanche !

Space, Time & the French

Par Sullivan Le Postec.

Même si la fête est tardive cette année, Pâques approche. Et Pâques, c’est cool. Pas parce qu’elle célèbre un événement religieux qui m’échappe à l’instant où j’écris ces lignes (c’est dire à quel point je me sens concerné). Ni non plus à cause des cloches et du chocolat. Non, Pâques c’est cool parce que c’est traditionnellement le week-end où « Doctor Who » fait son retour sur BBC1 pour une nouvelle saison inédite.

C’est maintenant officiel, le Docteur, Amy et Rory seront de retour le samedi 23 avril prochain. C’est BBC America qui a vendu la mèche en premier. Ces histoires de date de lancement éventées, c’est un dommage collatéral amusant des co-productions ou diffusion simultanées qui se multiplient entre l’Europe et les Etats-Unis. Aux Etats-Unis, les chaînes ont compris qu’elles avaient intérêt à annoncer l’arrivée de leurs programmes longtemps à l’avance. Parce que dans le paysage télévisuel actuel, une promo qui commence trois semaines avant pour une nouvelle série, ou pas de promo du tout, c’est à peu près la même chose. En Europe, il y a cette peur du programme que les autres vont mettre en face — une peur un peu irrationnelle parce que de tout façon il y aura toujours quelque chose en face.

Mais « Doctor Who » était déjà un peu de retour vendredi soir, à l’occasion de Comic Relief, ou la journée du nez rouge, un programme de charité qui donne lieu à plein d’événements télévisuels. Dont ce mini-épisode inédit de deux fois trois minutes d’une des plus grosses locomotives à audience actuelle en Grande Bretagne. Amusant de voir la différence entre un programme de charité là-bas — soit des vrais événements et une émission qui fait de l’audience au point de faire un peu d’ombre au sacro-saint « Coronation Street » — et un programme de charité chez nous, le Téléthon — un animateur de troisième zone, genre Sophie Davant, déblatérant 30 heures de suite dans un micro, une atmosphère dépressive et misérabiliste, et en grand événement un record de dominos à Longjumeau. Bizarrement, ça n’affole pas les compteurs d’audience.
Si vous n’avez pas encore vu « Space » & Time, la BBC les a mis sur son YouTube (pas de sous-titres, je vous fait confiance pour les trouver en cas de besoin) :

Un petit épisode / sketche bien sympathique qui nous donne l’occasion de repasser un peu de temps avec Amy et Rory, un peu mis au second plan lors de l’épisode spécial de Noël dernier. Bon, pour ce qui concerne la crédibilité et la cohérence des paradoxes temporels, c’est à peu près aussi dénué de sens que dans le final de la saison 5, mais ça passe mieux au milieu d’un sketch à vocation comique qu’en résolution de toute une saison.
A noter qu’au début de l’épisode, avant d’être distraite par la découverte de Rory que le Docteur laisse l’aider à piloter le Tardis, Amy souhaitait parler de quelque chose au Docteur en tête à tête. Steven Moffat a indiqué sur Twitter qu’on réentendrait parler de la question qu’Amy voulait poser… mais pas tout de suite. ‘‘Oh, how ANNOYING’’ comme il l’écrit lui-même.
La saison 6 s’ouvrira sur un épisode en deux parties écrit par Steven Moffat et en partie tourné dans l’Utah aux Etats-Unis, « The Impossible Astronaut » et « Day of the Moon ».

En France, la diffusion de la saison 5 vient de se terminer sur France 4. Force est de constater que « Doctor Who » n’a pas fait des étincelles niveau audiences.

Audience Part de marché
Soirée 1 (ép. 1, 2 & 3) 453 000 2%
Soirée 2 (ép. 4, 5 & 6) 374 000 1,7%
Soirée 3 (ép. 7, 8 & 9) 295 000 1,3%
Soirée 4 (ép. 10 & 11) 303 000 1,4%
Soirée 5 (ép. 12 & 13) 340 000 1,5%

Heureusement que la tendance repartait à la hausse sur les deux dernières années, sinon cela aurait été carrément déprimant. Les scores sont en baisse assez nette par rapport aux audiences des épisodes spéciaux répartis sur 2010.
Samedi dernier, le téléfilm de Fantasy « Les Brumes d’Avalon » a dépassé les 500 000 téléspectateurs et réalisé 2,1% de parts de marché. En janvier, « Sherlock » faisait entre 800 000 et 1,2 millions de spectateurs dans la même case.

Comment expliquer ces audiences décevantes ? Il y a les suspects usuels : absence de VO, programmation orgiaque pas du tout adaptée à une série telle que « Doctor Who » et long délais par rapport à la diffusion originale. Cumulés, ils signifient qu’aucun fan n’a regardé ces épisodes sur France 4 (les critiques des épisodes du Village font trois à quatre fois plus de lectures au moment de la diffusion originale sur BBC1 que lors de la diffusion sur France 4, sans compter toutes les lectures dans les mois qui séparent les deux…).
On est aussi obligé de se demander si le public français n’est pas encore assez converti à la série pour accepter facilement le changement d’acteur dans le rôle du Docteur. Et puis il reste une résistance générale en France à la science-fiction à la télévision. Quoi qu’il en soit, voir une des meilleures séries actuellement en production, et l’un des deux ou trois plus gros succès d’audience de la télévision britannique, hors soaps, confinée à une niche si réduite en France, ça donne méchamment envie de prendre l’Eurostar...

The Dilemme

Par Dominique Montay.

On a beau vouloir être un tant soit peu objectif, reconnaître la qualité de certains projets quand leur thème ne nous touche pas particulièrement, on se heurte parfois à un mur, quand on analyse des séries. Le mien, c’est l’enquête policière. Je me demande toujours si c’est viable pour une série télé. Je pense que mon problème date de « Twin Peaks », et de sa saison 2, où une fois l’intrigue principale bouclée (qui a tué Laura Palmer ?), j’avais du mal à trouver très logique que Dale Cooper ne repasse pas par la case bureaux de F.B.I. Pourtant, j’adorais cette série, et je l’adore encore aujourd’hui.

Plus récemment, j’étais assez circonspect devant la saison 3 d’« Engrenages », où je trouvais l’intrigue poussive et relancée très artificiellement. Eric de Barahir se plaignait lors d’un rendez-vous d’avoir à écrire 12 épisodes, que c’était trop. Ceci explique sûrement cela. Même la quête de Thomas dans « Pigalle, la nuit », qui avait tout de l’enquête, trainait inlassablement en longueur.

C’est peut être, indirectement, l’influence des séries procédurales, comme « NYPD Blue » et « Homicide » pour ne citer que des bonnes qui ont redéfini ma façon de voir l’enquête. D’après ces séries là, c’est court. D’accord, « The Wire » est passé par là, mais jamais on ne sent d’artifice ou de longueurs dans cette série, sûrement parce qu’elle se refuse aux plot-twists et préfère montrer l’enquête de façon réaliste, chirurgicale, immersive.

Avec le recul, je pense même que si « The Wire » est tellement réussie, c’est parce qu’elle prend le pari de ne pas être surprenante artificiellement, quitte à être un peu ennuyeuse de prime à bord (dans sa première saison). C’est un pari, un risque énorme, qui ne risque pas de se dupliquer avant un sacré bout de temps. « Twin Peaks », pour y revenir, prenait la direction du mystique, de l’étrange, et du coup l’enquête en elle-même s’en trouvait reléguée au second rang.

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Pourquoi je parle de ça ? Parce qu’en ce moment, je regarde une série qui ravit les critiques et dont je dois parler pour le bien d’un dossier à venir, la danoise « The Killing ». Et j’ai du mal.

Je bloque à l’épisode 4 (il y en a 20). Et pourtant, elle est formellement réussie, les personnages sont tridimensionnels, elle aborde le thème de la politique… je pourrais m’étendre dans la dithyrambe sans aucune retenue et personne n’y trouverait à redire. Mais le truc, c’est que cette enquête, qui a tué la jeune fille… je m’en fous.

Mais à un point.

Et pourtant, ses parents me touchent, la flic qui fait l’enquête m’intéresse… mais l’enquête en elle-même ne me transporte jamais. Car je sais qu’elle ne sera résolue qu’au terme des 20 épisodes. Alors quand les protagonistes trouvent une piste chaude vers un potentiel suspect, j’ai envie de dire que non, ce n’est pas lui ou que si, peut-être, mais vous en serez sûr plus tard. La façon dont je la regarde, je l’admet, est la pire.

Je me sens dans la peau des gens qui n’aiment pas « Mad Men ». Jusqu’ici, j’avais du mal à les comprendre. Et bien ami critique allergique à la fiction des publicitaires sixties, je te comprend maintenant. J’ai mon « Mad Men », ma bonne série pleine de bonnes choses qui ne m’intéresse pas.

C’est « The Killing », et ce n’est pas de sa faute…

PS : Je me donne le droit de réviser mon jugement en fin de visionnage, si j’y arrive !

La revanche de Numéro 3

Par Emilie Flament.

A cette époque l’année dernière, je mettais en boîte mon interview au sujet d’« Hero Corp » saison 2. Au final, après 5 heures d’entretien, un dossier fleuve et une campagne de soutien (qui est toujours en cours !!!), j’ai la réputation d’être La Psychopathe qui poursuit et séquestre Simon Astier... ce que, bien sûr, je déments ! Le reste de la rédaction ne me soutient pas vraiment sur ce point et a même plutôt tendance à répandre la dite rumeur dès qu’elle le peut. L’heure de ma revanche a sonné ! Je vais enfin pouvoir laver ma réputation et prouver au monde entier que je ne suis pas une psychopathe... juste une sériesmaniaque !

Je ne suis pas la seule à avoir un côté obsessionnel avec les séries que j’aime. Déjà « Pigalle, la nuit » avait mis en ébullition à la fois notre grand chef suprême (toujours brosser le rédac’ chef dans le sens du poil !) mais aussi Dominique, celui qui n’est pas venu à Biarritz (je suis d’humeur taquine !). A l’époque, ils avaient fini par relâcher Hervé Hadmar et Marc Herpoux qu’ils retenaient dans les sous-sol de Canal + suite à l’intervention du GIGN (mais si, souvenez-vous... les mecs qui venaient chercher une table au milieu de l’interview...). D’ailleurs je soupçonne messieurs Hadmar et Herpoux d’avoir placer « Signature » à La Réunion pour se protéger d’un nouveau kidnapping. Attention ! A votre place, je resterais sur mes gardes lors de la projection presse...

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En attendant, le même duo a déjà remis ça. Ils s’en prennent actuellement à l’équipe des « Beaux Mecs ». Déjà plus de 5 heures d’interviews... mon record est battu ! Alors, certes, ils ont séquestré plusieurs victimes pour les faire parler, alors que je m’étais acharnée sur une seule. Mais bon, ce n’est pas de ma faute si Simon Astier est à la fois le créateur/scénariste/réalisateur/acteur/showrunner de la série. Avec le dossier « Les Beaux Mecs », j’ai bien peur que mes collègues n’aient passé un cap supplémentaire dans leur parcours criminel : maintenant, ils torturent leurs victimes ! Dominique (vous savez... celui qui n’était pas à Biarritz) a fait l’erreur de le confesser dans un récent article : il va jusqu’à obliger ses victimes à assister à une émission d’Arlette Chabot, sans possibilité d’en sortir et il est même assez retord pour choisir l’émission où Marine Le Pen est de la partie. Heureusement, notre très cher rédacteur en chef semble plus sain d’esprit (petit coup de cirage) et son esprit supérieur (gros coup de cirage + brosse lustrante) ne s’est pas laissé pervertir par l’obsession dévorante d’un Dominique prêt à tout pour battre mon record (sa vengeance pour ne pas être venu à Biarritz ?).

Globalement, vous l’aurez compris, nous sommes tous plus ou moins obsessionnels au Village. C’est un bon point pour vous car ça nous permet de nous dévouer corps et âme à la préparation de dossiers conséquents qui occuperont vos surfs Internet au boulot. C’est un bon point également pour les équipes des séries en question (sauf quand on les torture, certes), parce qu’il faut avouer qu’il n’y a pas grand monde à part nous qui est assez fou pour s’obstiner à faire découvrir les bonnes fictions françaises au grand public. En fait, je pense même que cette obsession est une condition nécessaire pour entrer dans la rédaction du Village. J’ai donc depuis des mois été l’objet d’une horrible injustice : tout cet acharnement sur la pseudo séquestration de Monsieur Simon Astier n’était qu’un écran de fumée pour dissimuler la propre obsession du reste de l’équipe. Je suis le bouc-émissaire, la victime d’une horrible conspiration qui, puisque notre grand et vénéré chef est trop innocent pour en être à l’origine (re-coup de cirage), ne peut être qu’un plan machiavélique d’une certaine personne qui n’était pas à Biarritz. Dominique, tu es démasqué !
Aahahah Aahahahahah !