RENCONTRE – Climat prérévolutionnaire et amusement en 1788 et demi
Entretien avec le producteur et les acteurs de la série historique pop-rock de France 3
Par Sullivan Le Postec • 12 janvier 2011
France 3 met à l’antenne une série qui assume pleinement son mélange des genres – c’était même la note d’intention. Historique et comique « 1788… et demi » se veut aussi satire politique, en esquissant des parallèles entre les mois précédents la Révolution Française et la période actuelle.

Ce sont les samedis 15 et 22 janvier que France 3 proposera, le samedi à 20h35 au rythme de trois épisodes à la suite (insérer soupir blasé) les six épisodes de « 1788… et demi ». Une série créée par Sylvain Saada et Martine Moriconi, réalisée par Olivier Guignard et produite par DEMD.

Nous avons rencontré le producteur de la série, Patrick Benedek, l’acteur Sam Karmann (le Comte de Saint-Azur) et celles qui incarnent ses trois filles à l’écran : Julie Voisin (Victoire), Lou de Laâge (Pauline) & Camille Claris (Charlotte) qui ont évoqué avec nous leur travail sur ce projet très particulier.

Mais commençons par le pitch de la série, tel qu’il figure dans le dossier de presse :

« 1788… et demi » met en scène les aventures d’une famille de la noblesse française, dont l’existence entière est vouée au plaisir et à l’insouciance. Fantaisistes, épris de liberté, le Comte François de Saint-Azur et ses trois filles vivent ainsi au mépris de toutes les convenances.
Séducteur fantasque et joueur irresponsable, François se consacre à la création de canons qui bientôt pulvériseront la flotte anglaise… pas moins ! A ses côtés, Charlotte, l’intrépide cadette, ne rêve que de combats, déguisée en garçon. Pauline, la puînée, une ravissante
fashion victim, érotise jusqu’à l’air qu’elle respire. Et l’aînée, Victoire, un peu sorcière sur les bords, cherche le secret des plantes médicinales en rêvant de devenir la première femme académicienne…
Jalousés par la vieille noblesse et la nouvelle bourgeoisie, sauront-ils trouver les ressources pour ne pas être noyés par le raz de marée de la révolution en marche ?

La genèse de la série

Patrick Benedek : Le projet est né il y a un peu plus de quatre ans, maintenant. Au départ, c’était deux pages écrites par les auteurs, Martine Moriconi et Sylvain Saada. Ils sont arrivés avec l’idée d’une famille : un Comte et ses trois filles, un contexte : juste avant la Révolution Française – cela s’appelait déjà « 1788... et demi » — et un ton : cette famille un peu déjantée ne voyant pas arriver le mur qu’elle allait se prendre dans la tronche.
A l’époque, quand on a reçu le projet, on ne savait pas trop quoi en faire : cela ne correspondait absolument pas à ce que la fiction était susceptible de faire à ce moment-là. C’était un mélange des genres, avec de la comédie, de l’émotion, on voyait aussi que cela pouvait potentiellement aller un peu du coté de thriller parce qu’il y avait de la tension et du suspense. Et ce mélange de genres était très peu pratiqué en France, où il faut toujours que ce soit des genres purs : il y a la comédie-comédie, le polar-polar, le mélo-mélo… C’est toujours comme ça, contrairement à la fiction anglo-saxonne qui, depuis des années, mélange les genres. Pour moi c’est une preuve de modernité, mais en France on est très cartésiens dans notre manière d’aborder les choses. Je me suis retrouvé avec ce projet, à l’époque avec un camarade qui s’appelle Thomas Bourguignon, avec qui j’étais associé. On s’est dit : "le projet nous plaît, on va quand même l’optionner". Cette option est valable pendant 18 mois et nous permet de le proposer à des chaînes de télévision. On a été extrêmement surpris qu’une chaîne s’y intéresse, et en plus France 3. A priori ce n’était pas spontanément le cœur de cible, et la série ne correspond peut-être pas tout-à-fait au public de France 3, qui est un petit peu plus âgé. Mais en fait, ils sont tombés amoureux du projet, et c’est parti comme ça.
Le processus a été très, très long parce qu’au début, on était sur quelque chose qui était beaucoup plus décalé, beaucoup plus burlesque, avec un peu moins d’ancrage sur les personnages, qui étaient encore plus apesanteur. Une grosse partie du travail d’écriture a été de ramener les personnages à de vrais sentiments, à de vraies émotions, pour que l’on puisse s’identifier — tout en gardant un coté décalé, hors-norme, une certaine truculence qu’il y a dans la série.
Le projet est passé par différents Conseillers de programme. « 1788… et demi » a été initié avec Patrick Pechoux et Anne Holmes qui est de nouveau la Directrice de la fiction de France 3 et a porté ce projet pendant longtemps. On a aussi travaillé avec Vincent Meslet... C’est un projet qui a une histoire assez étonnante parce qu’il est passé entre différentes équipes, mais à chaque fois il a réussi à survivre pour qu’on arrive aujourd’hui à ces six fois 52 minutes.

Le Village : Vous avez tourné il y a à peu près un an, c’est ça ?

Patrick Benedek : Oui absolument.

Sam Karmann : On était en plein tournage il y a un an.

Patrick Benedek : On a commencé vers le 20 novembre 2009...

Sam Karmann : Jusqu’au 6 mars 2010.

Patrick Benedek : Avec certaines journées « assez » froides, pendant lesquelles les comédiens en ont bien bavé !

Sam Karmann : Après toutes ces étapes préalables que Patrick a raconté, moi j’ai lu le projet et effectivement c’était quelque chose de très nouveau. On est dans un film d’époque, mais avec une vraie modernité. Et celle-ci n’est pas seulement dans la forme — parce que quand je lisais le scénario, je ne savais rien de la forme qu’aurait la série — mais je sens le ton, ce fameux mélange des genres. Je sens l’épopée familiale, je sens la comédie, je sens le suspense...

Les personnages

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1788... et demi
De gauche à droite : Lou de Laâge (Pauline), Sam Karmann (le Comte de Saint-Azur), Camille Claris (Charlotte) & Julie Voisin (Victoire)

Sam Karmann : Quand je lis ce fameux Comte de Saint-Azur, je me dis « Ah ! Enfin on me le propose, celui-là ! » Il fait partie de ce genre de grands personnages, les cousins éloignés — mais pas si éloignés que ça — de Cyrano de Bergerac, de Don César de Bazan... Ce genre de personnages assez truculents, qui ont une faconde, et qui ont toutes les qualités et tous les défauts réunis. Ils sont généreux et fauchés, il adore ses filles mais il est complètement irresponsable, il est généreux de cœur mais aussi totalement égocentré... Chaque personnage de la série a une responsabilité dans la charpente de l’ensemble, et le miens porte la comédie, c’est pour ça aussi que c’est un grand personnage. C’est le plus vieux mais dans sa tête c’est le plus enfantin. Ce côté enfant lui permet toutes les outrances qu’on lui pardonne parce qu’il est sympathique et généreux.
De la même manière, chaque fille représente une direction et a une responsabilité dans l’action de la série. C’est une famille recomposée : François de Saint-Azur est seul. L’histoire ne dit pas pourquoi il s’est séparé d’avec la Comtesse qui est un personnage qui arrive à la fin du deuxième épisode et prend de l’ampleur ensuite jusqu’à la fin.

Julie Voisin : Je joue Victoire, l’aînée et un peu la responsable de la famille. Entre le papa complètement irresponsable et cette absence de mère qui caractérise cette famille monoparentale, Victoire s’est imposée comme la petite matrone. Elle essaye constamment de sortir les autres des mauvais pas dans lesquels les gens de cette famille se mettent souvent. Elle se sent responsable de ses sœurs, un peu de son père aussi. C’est un personnage qui cruellement manqué d’une maman, et ça lui donne une certaine fragilité. Il y a des gens qui ont ce côté petit soldat, qui vont rugir tout de suite, avoir un coté très autoritaire, mais qui vont s’effondrer dès qu’il y a quelque chose de pas maîtrisé. C’est ce que j’ai aimé dans ce personnage de Victoire et que j’ai essayé de lui apporter.

Sam Karmann : Il y a une donnée importante : elle est extrêmement cultivée. Elle a des connaissances dans les plantes médicinales. Elle a d’excellentes connaissances scientifiques. Cela donne un personnage extrêmement éduqué pour l’époque — les femmes n’étaient pas censé l’être. C’est pour cela que cette famille est extrêmement moderne. C’est avant l’heure, presque une petite militante féministe.

Julie Voisin : Et écolo aussi, parce qu’il y a l’idée que dans les plantes et la nature, il y a des solutions. Avec ce paradoxe de l’époque, qui est que devant tout ce qui ne trouve pas vraiment de réponses, Victoire aime bien aussi aller taquiner les esprits. Mais à l’époque, c’était en fait considéré comme une science parmi d’autres.

Lou de Laâge : Pauline n’est pas du tout comme Victoire. Elle est vachement plus à l’ouest. Elle est pleine de bonne volonté mais le plus souvent à côté de la plaque. Elle est dans son petit monde, avec ses magazines. C’est un peu une fashion victim, une amoureuse, avec un coté très jeune première. Mais elle est aussi très portée sur les plaisirs de la chair.

Julie Voisin : Nos personnages sont très différents, mais il y a, à chaque fois, le manque d’un modèle maternel qui s’exprime. Chez Pauline, c’est par son extrême féminité. Elles donnent toutes le sentiment d’avoir pallié à cette absence par des trajectoires assez marquées.

Patrick Benedek : Pauline pense que la plupart des problèmes vont trouver leur solution via la sexualité. C’est son arme, dont elle fait usage avec beaucoup d’ingéniosité, en pensant que cela va régler les problèmes. Même si ce n’est pas vraiment le cas, cela les rendrait plutôt encore plus compliqué. Et puis c’est effectivement aussi une fashion victim, obsédée par tout ce qu’il se passe à la Cour de Marie-Antoinette.

Sam Karmann : Elle s’identifie totalement à ces personnages de Cour qui sont si sublimement futiles.

Camille Claris : Mon personnage, c’est Charlotte, la plus jeune des trois sœurs. Chez elle, le manque de sa mère se voit par son coté garçon manqué. Elle a très envie de ressembler à son père. Elle est attirée par les combats, la confrontation, le danger. De la même façon que Victoire va se servir de son intelligence, Pauline de la sexualité, Charlotte se sera les pistolets et l’épée. C’est une adolescente très impulsive qui ne prend pas toujours les bonnes décisions.

Sam Karmann : ...Mais qui sauve certains coups ! Notamment la vie de son père...

Parallèles

Le Village : La série se passe où ?

Patrick Benedek : Ce que l’on raconte est censé se passer en Gironde. En vérité toute la série a été tournée en région parisienne, dans plein d’endroits. Leur château, par exemple, est un mélange d’au moins trois décors différents. Pareil pour le couvent dans lequel la Comtesse s’est retiré et vit cloitrée mais dans une grande liberté, tout à fait dans la lignée de ce dont pourrait rêver Victoire en terme de féminisme : elle y reçoit son amant, organise des salons, reçoit quand elle veut. Elle s’est protégée de son mari volage de cette façon-là : en lui laissant le château mais en finançant le couvent avec la liberté de vivre comme elle le veut.

Le Village : Et concrètement, que raconte « 1788… et demi » ?

Patrick Benedek : Il y a différentes couches. Il y a une couche à l’intérieur de l’histoire qui est de parler de plein de problématiques d’aujourd’hui. Il y a énormément de parallèles qu’on peut faire entre l’époque prérévolutionnaire et aujourd’hui : une forme de ras le bol, de saturation. On arrive à la fin de quelque chose et cela peut exploser. Pas forcément de la même façon qu’à l’époque, mais on sent que cela couve.
Après, d’un point de vue purement historique, on a puisé dans ce qu’ont été les fondements de la Révolution Française, notamment la spéculation sur le prix des farines — cela fait écho à ce qu’on vit aujourd’hui sur les matières premières — qui a jeté dans la pauvreté une grande partie de la paysannerie française.
La série est une sorte de projection à l’échelle d’une communauté de ce qu’a été la Révolution dans la Grande Histoire. C’est-à-dire un complot entre d’un côté la vieille aristocratie qui avait été exclue par Marie-Antoinette, s’est retrouvée au ban de la cour, et voulait reconquérir sa place. D’un autre côté, la nouvelle bourgeoisie montante qui n’avait pas de pouvoir politique et tentait d’influer sur la population pour gagner ce pouvoir. Ce que raconte la série, c’est cette double manipulation, à l’échelle d’une famille qui ne voit pas la révolution arriver et vit dans une forme de légèreté et d’hédonisme, même s’ils sont fauchés. Mais être fauchée n’a pas beaucoup d’importance parce qu’une dette envers un roturier n’a pas de valeur. La série commence d’ailleurs en montrant la famille réunie pour se débarrasser du cadavre d’un manant qui a osé réclamer ce qui était son dû : des dettes de jeu du Comte.
La famille va être victime à la fois d’un fermier général, qui est un bourgeois qui est en train de les ruiner pour récupérer le château et être anobli, et de la vieille aristocratie incarnée par un Marquis et son frère qui ont décidé de se venger de cette famille trop libertine à leurs yeux, parce que le Comte a parmi ses multiples maîtresse la propre fille du Marquis. A la rue, la famille va donc trouver au refuge au Couvent, et perturber la vie de la Comtesse qui avait tourné le dos à cette famille.

Sam Karmann : On vous raconte toute une dramaturgie faite de vengeance de trahison, de choses dures. Mais par-dessus, le traitement de ça joue avec les codes de la comédie et avec le décalage.

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Un ton décalé

Le Village : J’ai eu l’occasion de parler de ce projet avec Natacha Lindinger, juste après le tournage. Elle me disait que souvent, après les prises, au moment du « coupez », elle était stupéfaite de ce qu’elle était en train de tourner, de la liberté de ton, et parfois persuadée que tout serait coupé au montage. Vous avez parfois partagé cette impression aussi ?

Julie Voisin : C’est Olivier [Guignard, le réalisateur] qui nous a aussi beaucoup poussé et accompagné là-dedans.

Camille Claris : Il y avait beaucoup de petites impros, il nous poussait à amener des choses en plus.

Sam Karmann : Peut-être que c’était une façon aussi de nous encourager à retrouver la modernité, d’être décalé et contemporain dans notre jeu, même dans les scènes dites ‘‘normales’’. Et de jouer avec cette langue, qui est très écrite, et qui est une langue d’hier avec un ton d’aujourd’hui.

Patrick Benedek : C’est vrai qu’il y a des moments comme ça… Sur le papier c’est deux lignes, mais tout dépend de là où le réalisateur va les amener, et Olivier a amené certaines choses très loin.

Lou de Laâge : Il nous a laissé une vraie liberté. Toute de suite, dès les premiers jours, il est venu nous dire « si vous avez des idées, même très crétines, dites-les moi. Faites-moi rire ! »

Julie Voisin : Au début, on était un peu timides, mais après on se demandait ce qu’on allait faire aujourd’hui. C’est sûr qu’au milieu, il y avait certainement des choses qui n’étaient pas montables... Mais nous, du coup, on a pris un pied fantastique à tourner sur ce projet. C’est pas tous les jours qu’on lit des projets comme ça, et qu’on a la chance d’en faire partie !

Patrick Benedek : Olivier a travaillé avec les scénaristes et avec nous assez en amont. Il a pu suivre les dernières phases d’écriture et peser avec des envies qu’il pouvait avoir.

Le Village : Est-ce que vous pouvez nous parler des dialogues de la série, et de la manière dont vous les avez abordés ?

Sam Karmann : Scrupuleusement ! J’appelais même l’auteur quand je voulais faire des changements, ce qui ne m’arrive jamais habituellement. Je suis le premier à trahir, mais je suis aussi le premier à être fidèle : cela dépend de ce que l’on me propose. Quand je sens que la phrase a été travaillée, qu’elle a du sens comme ça, qu’elle est équilibrée comme ça… Alors j’ai passé trois ou quatre coups de fils aux auteurs quand j’ai eu besoin de changer un truc.

Julie Voisin : C’est vrai que c’était très rigolo, aussi, d’avoir ces ruptures dans les dialogues avec des termes contemporains. C’est presque seulement après-coup qu’on s’en rend compte, qu’on se dit « mais ce terme il n’existait pas à cette époque ». Ça passe super bien et c’est vraiment très réussi. Ce n’est jamais quelque chose sur quoi on s’arrête et qui nous ferait sortir de la scène.
Et en même temps il y a aussi des choses qui sonnent très actuelles, mais qui en fait viennent de cette époque.

La collaboration avec France 3

Le Village : Comment est-ce vous avez pris en compte le fait que vous seriez diffusé sur France 3 ?

Patrick Benedek : Sur la phase d’écriture, on travaille toujours avec un Conseiller de programme. Ici, c’était Viviane Zingg. Elle, son souci, c’était qu’on devait y croire, qu’on ne perde pas les personnages, qu’on s’attache à eux. Elle nous a canalisé à ce niveau. Mais à partir du moment où on respectait ce cadre-là, elle a nous a laissé très, très libre. Elle voyait les rushes régulièrement et les a beaucoup aimés, elle a suivi aussi ensuite sur les choix de musique.
Et nous, on est vraiment restés dans l’idée qu’on se faisait du projet, en tenant compte du fait qu’il fallait le faire rentrer dans une économie. On n’a jamais assez d’argent mais là c’est vrai que c’était un projet ambitieux et que tout le monde, Sam, les comédiens, certains techniciens ont fait des efforts pour rendre la série possible. Les regrets qu’on a pu avoir étaient plutôt de cet ordre-là, de ne pas avoir les moyens de faire certaines choses. C’est vrai qu’à certains moments on s’est demandé si on allait nous laissé faire, mais cela a été le cas.

Sam Karmann : Et au moment du montage ?

Patrick Benedek : Au moment du montage… Sur le premier épisode, le souci de la chaîne était que compte-tenu du ton décalé, on puisse être tout de suite avec les personnages, qu’on adhère tout de suite à la famille. Et nous on avait un montage qui était peut-être un peu plus éclaté, c’est-à-dire une séquence autour d’un personnage, la suivante autour d’un autre, et au fur et à mesure l’épisode se construisait avec les intrigues en parallèle. Ils nous ont demandé, à certains moments, de donner plus de continuité à une action qui se déroulait avant de passer à la suivante.

Sam Karmann : C’est pour cela que j’ai trouvé que, parfois, le montage ne faisait pas tout à fait confiance au public pour suivre l’intrigue.

Patrick Benedek : Mais ils ont aussi une connaissance par rapport à leur chaîne pour trouver l’équilibre entre le développement de l’histoire des épisodes et le public de France 3. Ca c’est arrivé sur l’épisode 1, et un tout petit peu sur les épisodes 4 et 5. Sur les épisodes 2, 3 et 6, ils n’ont quasiment demandé aucune modification.

Le Village : La fin est ouverte à une possibilité de revenir ?

Patrick Benedek : Oui. L’histoire est bouclée, mais il y a un mini coup de théâtre à la fin qui permet d’envisager plein de choses. Après ça dépendra évidemment de l’audience. Mais il y a une forme d’originalité qu’on a envie de retrouver et de développer, oui. On pourrait imaginer ces personnages plus tôt, plus tard... C’est très ouvert.

Sam Karmann : Moi je suis prêt à remettre ma perruque !

Le Village : C’est toujours compliqué ce genre de sujet, mais j’imagine qu’à l’écriture et à la production, vous envisagiez plutôt d’être diffusés par blocs de deux épisodes que par trois…

Patrick Benedek : C’est mieux d’être par deux parce que cela offre une soirée supplémentaire et donc plus de temps pour que les gens, éventuellement nous découvrent. Mais aujourd’hui de toute façon les diffuseurs veulent de plus en plus capitaliser sur des soirées plus longues pour ne pas perdre d’audience en seconde partie de soirée. C’est un choix de programmation qui nous échappe et n’a rien à voir avec les projets... Une commande de six épisodes permet de toute façon à une chaîne de diffuser de cette façon-là. C’est différent quand c’est huit épisodes, là c’est inévitablement deux épisodes par soirée.

Le Village : Il y a des contre-exemples, tout de même, cela ne les empêche pas…

Sam Karmann : Ils en ont passé quatre ?!

Le Village : Non, mais trois, trois et deux. Ils ont fait ça sur « La Commanderie » par exemple.

Patrick Benedek : De toute façon, la télévision, c’est toujours la rencontre de plein d’objectifs et de mode de fonctionnement différents. Depuis les auteurs qui écrivent juqu’au programmateur qui programme, il y a tellement de points de vues différents qui participent à l’élaboration qu’il y a toujours une forme de compris. Parfois dans le bon sens, parfois moins. Mais c’est inévitable.

Une série pop-rock

Le Village : J’ai déjà pu lire quelques comparaisons avec la série de Canal+ « Maison Close » qui traitait aussi la fiction historique avec un esprit pop-rock, notamment via l’utilisation de la musique…

Sam Karmann : Vachement moins que sur « 1788… et demi » ! Je me souviens de certains choses dans « Maison Close » au niveau des cadres, oui… Mais ça, c’est beaucoup plus pop-rock.

Patrick Benedek : D’ailleurs, notre idée n’était pas tellement celle d’utiliser de la musique rock, mais en fait de partir de Queen, et encore chez Queen d’un album particulier, « A Night at the Opera ». Parce qu’en fait, cet album-là était vraiment décadent, et que c’était ce que l’on racontait. C’était ça le choix, il n’était pas question de mettre de la musique rock juste parce que cela fait moderne. Il s’agissait de trouver une identité musicale qui corresponde à notre histoire, qui est celle d’une famille décadente qui va vers sa rédemption.

Le Village : Et cela fait partie des choses que le réalisateur Olivier Guignard a amené quand il est intervenu sur le projet vers la fin de l’écriture ?

Patrick Benedek : Absolument.

Le Village : Vous avez pu prendre réellement la musique de cet album sur la série ?

Patrick Benedek : Non. On a fait appel à un compositeur. Moi, j’ai déjà en tant que producteur travaillé avec Olivier. On avait fait un 2x90’ ensemble qui s’appelait « Le Repenti ». Sur cette mini-série on a travaillé avec un compositeur qui est un ami d’Olivier, Arland Wrigley et qui avait réussi à créer un univers musical là-aussi assez rock. On a vu à cette occasion les qualités de ses compositions et sa capacité à créer un univers musical. On a naturellement renouvelé notre collaboration sur « 1788... et demi ».


Ci-dessous, une scène extraite de l’épisode 1 qui montre un dîner de famille :

Et un bonus :

Post Scriptum

« 1788… et demi »
Une production DEMD / Lagardère Entertainment pour France 3.
Créé par Sylvain Saada et Martine Moriconi.
Réalisé par Olivier Guignard.
Avec : Sam Karmann (Comte François de Saint-Azur), Natacha Lindinger (Comtesse Florence de Sacy), Julie Voisin (Victoire), Lou de Laâge (Pauline), Camille Claris (Charlotte), Philippe Duclos (Marquis Philippe de Bramances), Hubert Koundé (Balthazar Beugnot)...

Les samedis 15 et 22 janvier 2011 à 20h35 sur France 3.

Bande-originale disponible.