A partir de mercredi soir et pour trois semaines, France 2 diffuse « Clash » une série familiale dont les protagonistes principaux sont des ados. On explore les conflits générationnels de six d’entre eux avec leurs parents. « Clash » vient rejoindre un groupe très fermé : celui des séries françaises ambitieuses et de qualité mettant en scène des ados. En quinze ans, on en compte trois autres : « La Vie devant nous », « Âge Sensible » et le « Sweet Dream » de la Nouvelle Trilogie de Canal+.

Avec « Clash », France 2 tente de draguer le jeune, cet être étrange qu’elle connaît mal et pour cause : vu la moyenne d’âge des téléspectateurs de la chaîne, il ne la regarde jamais. Cette drague, France 2 la mène à la française, c’est-à-dire tout en paradoxe et contradictions. C’est qu’elle sait qu’elle a le plus grand mal à le faire venir. Alors elle ne veut pas perdre son public habituel, sans quoi ce serait le bide d’audience assuré.

La prise de conscience du divorce quasi-consommé entre les moins de trente ans et la fiction française est une bonne chose. Reste à savoir si elle n’est pas trop tardive. Mener cette bataille là avant qu’Internet ne bouleverse la donne, aussi bien sur le plan des habitudes que des modèles économiques, aurait été diablement plus censé.
Mais en ce domaine comme dans bien d’autres, la stratégie de France Télévisions a été si confuse et timide qu’elle n’aura ni réussi à imprimer de véritable mouvement, ni même à être comprise.

Si France 4 avec pris son virage éditorial mieux et plus tôt, si elle avait une offre de séries originales comme la TNT britannique en propose depuis cinq ans, alors elle ne sera pas autant en danger.

Deux jeunes et un ordi

Au mieux, ils regardent une série en catch-up. Au pire ils piratent !

Puisque cela n’a pas été fait, il faut aujourd’hui redoubler tant de conviction que d’intelligence stratégique. Il ne faut pas oublier non plus, l’histoire des réussites. « Fais pas ci, Fais pas ça » est la seule série de France 2 à avoir réussi la réunion des publics. Il faut se souvenir qu’elle a d’abord été un échec : c’est le temps qui a permis au bouche à oreille de lui donner une notoriété.
Infléchir une ligne éditoriale est un travail de longue haleine. Il demande patience et détermination, car il est toujours particulièrement difficile de changer les habitudes. Il demande aussi une vraie cohérence. Ce n’est pas avec une série jeune tous les deux ans que France Télévisions pourra réussir ce pari.

Autant d’objectifs peu compatibles avec la valse des postes qui continue de caractériser l’audiovisuel public.

Dossier : les ados made in France

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