SWEET DREAM — Saison 1
La c-ri D ado de la new trilogi sor l’1di, & l é trè réu-ci. MDR LOL PTDR
Par Dominique Montay • 29 mai 2009
Ils ont moins de 18 ans, l’avenir devant eux et le présent bien embrumé. Capucine, Enzo, Julien et Clémence se cherchent et c’est loin d’être simple. La Parisienne d’Images s’attaque à un des sujets le plus casse-gueule du paf : l’adolescence et ses excès.

Capucine est la fille la plus populaire de l’école. Pas parce qu’elle a les meilleures notes, ni parce qu’elle a un scooter. Non. Parce qu’elle couche avec tous les mecs qui passent. Enfin, c’est ce qui se dit, et ça convient comme un gant à Capucine. Enzo est en surcharge pondérale (ou en langage jeune et cru, gros), aime sa mère et magouiller. Et il est puceau. Et ça le rend plutôt solitaire. Julien est torturé. Il fait de belles photos de ses voisins de vis-à-vis et parle à son frère dans le coma. Il traverse la vie comme un fantôme et donc personne ne parle de lui. Clémence est la meilleure copine de Capucine et semble ne pas forcément bien vivre le fait d’être un Robin discret à côté de ce Batman à la sexualité agressive. Le quotidien de ces quatre ados va changer le jour où Capucine, après avoir eu des rapports sexuels dans les toilettes d’une boîte, reçoit sur son téléphone des photos d’elle nue prises ce soir-là. Celui qui lui envoie, et qui se fait appeler Bocor (comprendre corbeau pour les réfractaires au verlan) veut la faire chanter.

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Les ados de « Sweet Dream » ne vont pas dans des boums le dimanche après-midi pour s’amuser, il n’y boivent pas de Banga, ne gobent pas que des Haribos, et de manière générale, la poudre qu’ils consomment le plus n’est pas le Benco. On n’est pas chez Larry Clark, mais on n’en est pas forcément loin. Pour construire leur fiction, Jean-Philippe Amar et Gaëlle Royer ont bénéficié du travail en amont de la Parisienne d’Images qui a rencontré des jeunes, fait des recherches. Pour connaître leur façon de vivre, de s’amuser, de parler. Et du coup, même si le tout semble un peu excessif, il ne choque pas plus que ça. Les enfants de classe aisée sniffent, ceux de la classe moyenne gobent quelques extasys et magouillent. L’ensemble est crédible et aide à rentrer facilement dans l’histoire.

Les dialogues, l’équipe du film aime à répéter qu’ils ont été travaillés et retouchés en collaboration avec les comédiens. Ce sacerdoce sert le propos à merveille et aide justement à camoufler le côté excessif et ce qui peut sembler exagéré derrière une forme qui sonne juste. Pour qu’un tel procédé vive bien, il faut compter sur un casting en béton, et des comédiens solides. Et c’est le cas. Le gros point fort de « Sweet Dream », c’est bien sa distribution. Pénélope Levêque (Capucine) est assez remarquable, réussissant à passer assez rapidement d’une attitude bravache et fière à un regard plus honteux et sans assurance lorsque personne ne la regarde. Héloïse Adam (Clémence), est confondante de justesse. Gaëlle Royer déclare même ne plus se souvenir du nom de l’actrice et continuer à l’appeler Clémence. Pirouette pour excuser une perte de mémoire ? Pas au vu de la prestation de la jeune femme. Félix Moati (Julien), starisé par « LOL », se récupère un rôle assez compliqué. Réservé, quasi-autiste, preneur de photo-voyeur qui passe son temps à monologuer avec son frère comateux. Et pourtant, là encore, il s’en sort avec les honneurs.

Comme nous l’avions dit dans le vite vu, c’est quand même Axel Boute (Enzo) qui crève l’écran. A la génèse de « Sweet Dream » existait une nouvelle écrite par Bruno Gaccio et qui traitait de l’obésité. Il ne semble plus rester grand chose de l’histoire originale si ce n’est à priori ce personnage d’Enzo. Profondément touchant, il balade son physique engoncé dans un sweat-shirt trop petit pour lui entre une école où personne ne veut de lui au sens large et une mère célibataire qu’il aime sincèrement et qui, en bonne fleur-bleue qui se respecte, donne tout son amour à celui qu’elle rencontre, au risque de s’y brûler. Son fils Enzo lui sert de point de repère, de pansement, quand les choses vont mal, et Boute, sans tomber dans la facilité du pathos (le personnage est en ce sens très bien écrit) retranscrit ce rapport avec une infinie justesse. Axel est un de ces comédiens qui arrivent avec une grande facilité à faire passer une foule d’émotions rien que dans ses expressions de visage (Regardez le bien au moment où il surprend sa mère au milieu d’un coït).

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Axel Boute et Pénélope Lévêque

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Si les dialogues sonnent justes, le plus impressionnant reste la gestion du silence, des moments de regards entre les acteurs, semblant souvent issus de parties improvisées. Dans leurs personnages, les comédiens offrent une palette d’échanges de regards assez touchants, qui en dit souvent plus long que leurs paroles. On ne peut que saluer le travail de Gaëlle Royer dans leur mise en condition, et Jean-Philippe Amar dans leur direction.

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« Sweet Dream » est une réussite, mais pêche sur un point : sa gestion des intrigues, ce qui s’explique par la durée très courte du format. 3x26’ là où il aurait certainement fallu le double pour que certaines histoires ne donnent par l’air d’être expédiées. On pensera tout particulièrement à celle mettant en scène Emma de Caunes, qui joue la voisine que Julien prend compulsivement en photo. Si les 2/3 de cette intrigue fonctionnent très bien et aide à mieux mettre en lumière le personnage de Julien, sa conclusion manque de finesse et intervient de manière très brutale. Le père de Capucine (qui reçoit, en parallèle à sa fille, les photos trashs du corbeau sans savoir qu’il s’agit de Capucine) a une attitude très tendancieuse envers les jeunes filles, mais l’aspect n’est pas assez fouillé, on reste sur la surface.

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Emma de Caunes et Félix Moati

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Reste que « Sweet Dream » confirme son potentiel à chaque épisode, et mériterait une deuxième saison. Ce qui semble être la volonté de Gilles Galud et de Bruno Gaccio, le but serait pour eux de les suivre étudiants et dans la vie active. Une bonne nouvelle, tant « Sweet Dream » est bourré de qualités.

« Sweet Dream » sera diffusé à partir du lundi 1 er juin 22h35 dans le cadre de la semaine ADOLAND sur Canal+, une double casquette bienvenue pour un programme qui pourrait bénéficier d’une belle mise en avant. A noter la présence des Ashburies, le groupe d’ado qui signe une partie de la BO, dans la musicale de Canal+, l’émission animée par Emma de Caunes.

Retrouvez l’article concernant les nouveautés de la Nouvelle Trilogie, ainsi que les interviews réalisées lors de notre visite sur le tournage de « Sweet Dream »

Post Scriptum

« Sweet Dream »
3x26 minutes.
La Parisienne d’image / Canal+ - Unité la Fabrique sous la direction de Bruno Gaccio.
Produit par Gilles Galud
Ecrit par Gaëlle Royer et Jean-Philippe Amar
Réalisé par Jean-Philippe Amar
Avec Pénélope Lévèque (Capucine), Axel Boute (Enzo), Félix Moati (Julien) et Héloïse Adam (Clémence)

Crédit Photos : Xavier Lahache (Canal+)

"Sweet Dream" sera diffusée le 24 juillet dans sa forme 90 minutes