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Sense8 - Présentation, avis, et critique complète de la première saison de la série

Sense8: L’Amour, c’est Beau. La Haine, c’est Moche.

Par Ju, le 10 janvier 2016
Par Ju
Publié le
10 janvier 2016
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La première question que vous allez me poser est « Pourquoi maintenant ? ». Hé bien… je ne sais pas trop. Il fait froid, je n’avais rien d’autre à voir, et certains perdusiens m’ont bien fait marrer en empêchant Iris d’en parler pendant le dernier podcast. Bref, plusieurs mois après tout le monde, j’ai enfin regardé la saison 1 de Sense8.

Je ne veux pas donner l’impression de me répéter, mais c’est le problème avec le mode de diffusion des séries Netflix, hein !

Quand tous les épisodes d’une saison débarquent d’un seul coup, il faut quand même avoir une certaine motivation pour se lancer dans un visionnage glouton qui risque de nous occuper pendant douze heures. Et encore plus quand la série sort au mois de juin !

Car il faisait beau, au mois de juin. (Dit-il, en évoquant la météo pour la deuxième fois en dix lignes.)
Au mois de juin, on pouvait boire des verres en terrasse, discuter avec des inconnus, et participer (à notre toute petite échelle) à cette chose que j’ai envie d’appeler « la grande matrice humaine » grâce à cette autre chose que j’ai envie d’appeler « le rhum ».

Donc oui, j’ai regardé Sense8.

Qu’est-ce que c’est ?

Sense8 est une série de J. Michael Strazinsky (ou « J. Michael Straczynski » d’après Google, le créateur de Babylon 5) et des Wachowski (ou… ah non, ça s’écrit bien comme ça, les créateurs de Matrix, un chouette film de science-fiction de 1999 qui n’a jamais eu de suite).

Les douze épisodes de la première saison ont été rendus disponibles en juin 2015 sur Netflix, et la saison 2 arrivera un jour.

De quoi ça parle ?

Sense8, c’est l’histoire de huit personnes à travers le monde : Nomi, Wolfgang, Capheus, Lito, Kala, Riley, Will et Sun. Il leur arrive des trucs invraisemblables, chacun de leur côté.

Et, en plus de ça, ils sont tous reliés par un lien mental, émotionnel et sensoriel.

En dire plus pourrait porter à confusion.

Il y a un générique ?

Oui, et il est un peu long.

C’est une version mondialisée du générique de House of Cards, à savoir une succession de plans immobiles mais accélérés façon « time lapse » (si vous avez une traduction…), sauf qu’à la place de Washington ce sont des images du monde entier qui se succèdent. La musique est également très similaire.

Tout ça pour dire qu’ils ne se sont pas foulés.

Et sans spoiler, c’est bien ?

J’ai adoré.

Objectivement, Sense8 est remplie de défauts qui m’horripileraient si je les trouvais dans une autre série. Sauf qu’ici, ça fonctionne presque tout le temps. Disons neuf fois sur dix.
A partir de là, peu importe si la moitié des intrigues sont caricaturales ou déjà vues (l’Inde et ses mariages arrangés, le Kenya et sa violence…), ça ne freine jamais l’empathie qu’on peut ressentir pour les personnages, ou l’investissement qu’on éprouve pour ce qui leur arrive.

C’est une très jolie série, j’y ai complètement adhéré… mais je comprends tout à fait pourquoi les critiques que j’ai pu lire à son sujet partaient dans tous les sens. Je ne crois pas qu’il y ait de juste milieu avec Sense8 : soit on se laisse porter, soit ça ne fonctionne pas du tout.
Mais dans tous les cas, la série est tellement différente de ce qu’on voit ailleurs qu’il y a peu de risque, à mon sens, de s’y plonger et de la juger par soi-même. Si vous êtes réfractaire, vous le saurez suffisamment vite pour ne pas avoir trop perdu votre temps.

Ce qui m’a le plus frappé c’est de voir à quel point Sense8 arrive à être positive et joyeuse, tout en évitant (90% du temps) de tomber dans le gnangnan.
Par exemple, j’ai vraiment apprécié que la série prenne la peine de nous montrer l’émerveillement des personnages, lorsqu’ils se retrouvent pour la première fois de l’autre côté du globe. Ça aurait pu être répétitif, surtout en mode visionnage glouton, mais pas du tout. Leur enthousiasme est même plutôt communicatif.

De manière générale, Sense8 sait ce qu’elle fait, d’un point de vue purement narratif. Les « gros moments », parsemés généreusement à travers la saison, fonctionnent à merveille et sont toujours très engageants. Même s’ils sont prévisibles. Même quand ils deviennent assez faciles à anticiper.

Pour ne rien gâcher, la saison se conclut de façon hyper satisfaisante. Chaque intrigue est bouclée de façon plus ou moins définitive, avec de nombreuses portes ouvertes pour la suite. Elles ne m’ont pas toutes autant passionné les unes que les autres (j’ai une grosse préférence pour les grosses ficelles de télénovela de Lito, une intrigue très drôle, entièrement portées par trois personnages extrêmement sympathiques, là où les fiançailles de Kala m’ont laissé de marbre), mais même les moins bonnes bénéficient d’une réalisation et d’un montage absolument remarquables.

Je n’ose pas imaginer le bordel que ça a pu être d’écrire et de mettre en boite une telle série, mais le résultat est bien là. En particulier, et c’est un exemple parmi tant d’autres, j’ai adoré la façon dont les scènes se fondent souvent l’une dans l’autre. On parcourt le Monde de façon hyper fluide, avec des va-et-vient tout en douceur, souvent dans une même scène de dialogues entre deux personnages, et le résultat est complètement unique. Même quand le scénario ne suit pas, il y a toujours quelque chose à voir ou à admirer à l’écran.

Donc, oui, je recommande vivement Sense8.

C’est une série adaptée au visionnage glouton ?

C’est évidemment LA question à se poser dès qu’on aborde une série Netflix : est-il possible d’enchainer les épisodes les uns à la suite des autres comme un gros déséquilibré sans y perdre toute envie de vivre ?

Pour rappel, les résultats actuels sont les suivants :

- Les visionnages gloutons digestes : The Killing, BoJack Horseman, Kimmy Schmidt, Daredevil, et Master of None.

- Les visionnages gloutons indigestes : Orange is the New Black, House of Cards, Bloodline, Jessica Jones, et Arrested Development.

Et donc, oui, Sense8 est parfaitement adaptée au visionnage glouton.

Et avec de gros spoilers, autre chose à ajouter ?

Enfin, pour ceux qui ont vu la saison en entier, j’ai envie de revenir sur huit moments remarquables de la série et de les noter. Comme ça, pour le fun.

Le futur beau-père de Kala est poignardé par une foule en colère
Note : 0/8 – Mais qu’est-ce que c’est que cette merde ? J’ai zappé sur Game of Thrones par erreur ? C’est quoi ce cliffhanger tout pourri ? Et pourquoi est-ce un cliffhanger ? Et comment suis-je censé m’intéresser à cette histoire quand, quelques minutes plus tôt, Hernando a largué Lito parce que ce dernier a préféré sauver sa carrière plutôt que sauver leur meilleure amie Daniella, forcée d’épouser Joaquim, un salopard instable qui la bat, pour ne pas qu’il ébruite les photos compromettantes prouvant son homosexualité ???

Toute l’intrigue de Lito
Note : 7/8 – C’est prévisible du début à la fin, mais parfaitement satisfaisant. Parce que Daniella est trop belle et adorable (elle adore les pornos gays !), parce qu’Hernando est un homme parfait, et parce que Lito est un acteur ridicule, lâche, et complètement attachant et humain.
La conclusion est évidente, débordante de testostérone, grotesque (les pots de fleurs), et se termine parfaitement avec l’intervention de Wolfgang, justifiée quelques scènes plus tôt quand…

Wolfgang joue dans un remake de « Le Clown »
Note : 6/8 – Mais si, vous savez, « Der Clown » ! La série allemande diffusée et rediffusée depuis 15 ans sur les chaines du groupe M6 ! Celle avec le mec qui fait exploser des mercedes au bazooka ! Le mec avec un masque de clown !
Bref, c’était tout pareil dans Sense8, avec Wolfgang mais sans masque de clown. Et c’était à la fois ridicule et génial.

Will, Nomi, Lito, Hernando, Amanita et Wolfgang font une orgie
Note : 8/8 – Cette série est bizarre, les amis.
Et des fois tout le monde se retrouve à poil les uns dans les autres et ça fonctionne à merveille !

Les Sensates assistent à un concert et se remémorent leur propre naissance dans un montage de dix bonnes minutes sans aucun dialogue et avec des gros plans surprises sur des bébés en train de naitre et une césarienne
Note : 2/8 – Cette série est bizarre, les amis.
Et des fois, ça ne fonctionne pas du tout !

Capheus et Sun démontent des mecs (avec ou sans machette)
Note : 7/8 – Au fur et à mesure qu’on avance dans la série, les scènes où Sun débarque pour faire du kung-fu et sauver la vie des autres personnages deviennent de plus en plus nombreuses et de plus en plus répétitives. C’est pour ça que, plutôt que de revenir sur la conclusion de l’intrigue de Capheus où elle démonte au moins quinze mecs avec une machette, je préfère vous parler de sa première intervention. Où elle démonte quatre mecs sans machette.
C’est exactement la même chose que le « I know kung-fu » de Matrix et… ce n’est pas grave. C’est trop bien.

Cette série est quand même une sacrée lettre d’amour à Jean-Claude Van Damme.

Jonas explique des trucs
Note : 1/8 – J’avoue n’avoir pas tout compris à l’intrigue « mythologique » de la série. Ou à comment fonctionnent les pouvoirs des Sensates. Ou à qui sont les méchants, ce qu’ils veulent, qui est Jonas, qui est le barbu, comment Splash a donné naissance à un cluster, ou encore au rapport entre la petite fille fantôme que voit Will et tout le reste de la série.
Et tout ça, c’est la faute de Jonas, qui explique les choses super mal. Un petit Power Point ne serait pas de trop en saison 2, Jonas !

Et enfin...

Les Sensates chantent « What’s Going On ? »
Note : 8/8 – C’est la meilleure séquence de la saison.
Ce qui faut bien comprendre avec Sense8, c’est que les personnages ont tous été créés pour remplir un rôle précis. Ils ont tous leur propre utilité, un « pouvoir » qui les rend utile pour aider les autres membres du groupe. Will a son entrainement de flic, Lito sait mentir, Capheus est un chauffeur, Sun connait le kung-fu, Nomi est une hackeuse, Kala est une scientifique multi-fonction, Wolfgang est le Clown de « Der Clown », et Riley est…

Riley a une playlist.

À la fin de l’épisode 4, Riley sort son iPod Nano, lance une chanson, et tout le monde se met à la chanter. Parce qu’on est tous connectés à travers le monde, quelle que soit notre origine, quelles que soient nos expériences, on est tous humains, on aime la musique, et c’est parfaitement manipulateur, et c’est très assumé, et c’est vraiment très beau.

Va au diable, Sense8 ! Et emportes avec toi tes bons sentiments et ton honnêteté émotionnelle, emballés dans un paquet cadeau aussi bizarre que réjouissant !

Ju