A la place de la série sur un "avocat" justicier "aveugle", on a plutôt évoqué des bonnes raisons de regarder de bonnes séries.
Comme par exemple une série "pseudo-historique (pas chiante !)" et une série qui prouve que "Drum a toujours un temps d’avance".
Il y a aussi eu un billet un peu stupide destiné à l’origine pour cette chronique mais qui s’est trouvé être deux fois trop long. Donc non, il ne manque pas de texte dans cette chronique, vous l’avez juste eu en avance.
Et on a regardé d’autres choses.
1 Sleepy Hollow
8 avril / Sleepy OH-NO-YOU-DIDN’T !?!
Par Conundrum
Cette fin de saison, Sleepy Hollow a tué un de ses personnages principaux. Dans un double épisode plutôt bien mené, pour une saison très bancale, l’un des réguliers est tombé au combat. C’était une mort digne et difficile, car le personnage était devenu très attachant, mais c’était une mort qui a du sens. Elle rentre dans l’arc de son partenaire, redéfini son rôle et lui ajoute une gravité au meilleur personnage de la série.
Non, c’était vraiment très bien.
Sauf que la semaine d’après, Sleepy Hollow a fait le total opposé en tuant Abby !
La mort de Joe avait une vraie résonance. Si j’étais peu convaincu par son arrivée en début de saison, le duo qu’il formait avec Jenny, le meilleur personnage de la série, a insufflé du vrai sang neuf à la série. La structure avec l’intrigue principale autour d’Abby et Crane, et l’intrigue B, Sleepy Hollow Kids avec Jenny et Joe convenait parfaitement à cette nouvelle mouture de la série. Si le drama historico-fantastique de la FOX a perdu de son charme, sa force a toujours résider dans l’alchimie entre ses deux personnages principaux. Avec un arc en seconde partie de saison très mal mené où Abbie devient …heu… dévouée à ….un symbole (oui, ben je vois pas d’autre manière d’expliquer ce truc ridicule !), Joe et Jenny sont devenus une ancre solide sur laquelle la série pouvait compter.
L’arrivée de Papa Mills (c’est moins ou James McDaniel ne vieillit pas depuis NYPD Blue ?) permettait de remettre l’histoire de famille sur le devant de la scène. L’horrible intrigue où Abby pense devenir folle avait comme seul avantage de faire écho à la vie de leur mère. Et c’est là où la décision de tuer Abbie perd de son sens créatif. Le rôle de Papa Mills dans la mort de Joe donne un tout nouvel aspect à la relation naissante entre lui et Jenny. En revanche, lors de l’épisode suivant, la mort d’Abbie n’est adressée que par son impact sur Crane et pas sur sa famille, qui revenait en force en cette fin de saison. C’est un mort vide de sens et d’intérêt.
Surtout que, pour s’en sortir, on découvre que le prochain Témoin sera de la famille d’Abby mais la série ne considère pas Jenny, meilleur personnage de la série, comme une candidate potentielle. Pire encore, elle recadre la série, non pas sur un duo, mais sur Crane au sein d’une organisation gouvernementale secrète.
Il doit y avoir des raisons derrière la caméra à ce départ. A priori, sur The Hollywood Reporter, Nicole Beharie avait exprimé le souhait de vouloir quitter la série et Abbie devait mourir en mi-saison au lieu d’aller dans cette dimension parallèle. Mais avec ce qui arrive à Castle, il apparait de plus en plus plausible que, pour réduire les couts de production et augmenter ainsi les chances de renouvellement de la série, Sleepy Hollow a décidé de se séparer du premier rôle féminin.
C’est une triste décision, mais ce n’est pas son départ qui me gêne, mais la manière dont il est traité. Il y a énormément à dire sur l’aspect négatif que la série réduise l’importance de Abby/Beharie en se concentrant sur Crane. Il ne faut pas oublier que Sleepy Hollow reste l’une des séries à la distribution la plus diverse et que les femmes de la série sont des personnages intelligents, complexes (sauf quand elles deviennent obsédées par un graffiti mystique !) qui mènent l’action. Une série n’est pas qu’une œuvre purement créative, c’est aussi un produit permettant de générer des bénéfices financiers. La force d’une série réside dans son intelligence à trouve une raison artistique pour répondre à un impératif qui ne l’est pas. La mort d’Abbie me gêne mais le rôle de la série était de me donner une raison de l’accepter.
Si la mort de Joe m’a attristé mais j’ai pu parfaitement l’accepter, c’est parce que c’était une mort digne et juste, et qu’elle laisse présager du bon matériel pour Jenny (le meilleur personnage de la série, rappelons-le), Abbie pour sa mort, et sa dernière saison, méritait bien plus que le matériel idiot et insultant que Sleepy Hollow nous a proposé. Au lieu de préparer Crane à une vie sans Abby, on aurait dû passer 45 minutes à honorer un personnage et une actrice qui sont une grande raison dans ce qui fait le charme de la série.
Même si Jenny reste le meilleur personnage de la série.
2 Outlander
23 avril / Sassenach and the City
Par Blackie
Je ne pensais pas un jour rire autant devant Outlander, surtout après la façon particulièrement atroce dont s’est finie la saison 1. Pourtant, ce début de saison 2 offre une légèreté surprenante et bienvenue, grâce au changement d’environnement. Les paysages écossais et la dureté de ses personnages ne me manquent pas une seconde, devant la beauté des décors et des costumes de la Cour parisienne (quelques années avant qu’on leur coupe tous la tête !).
C’est tout simplement somptueux, un vrai plaisir pour les yeux, et un tel luxe mêlé à la frivolité ambiante sont une excuse parfaite pour faire clasher la Sassenach et ses deux Écossais au milieu. Ça donne plein de moments sympathiques, comme des gens poussés à l’eau, un roi constipé, Dominique Pinon, et des dialogues dorénavant compréhensibles à 95%.
Le mieux étant quand Claire (Carrie) découvre le bikini brésilien chez sa nouvelle meilleure copine (Samantha), qu’elle regarde se faire épiler à la cire à moitié nue, tout en l’écoutant parler de ses amants devant une ado très prude (Charlotte). Notre Miranda est évidemment la servante qui se tape Murtaugh, étant la seule à avoir une carrière. Des fois j’aime bien ses idées, au Ron Moore.
Dommage que toute cette bonne humeur doive se retrouver bientôt gâchée par le retour de ce sado-violeur Black Jack, qui ne peut pas foutre la paix à nos personnages. Un vrai Mr Big, quoi.
3 The Middle
13 avril / Das Intertextuellenreferenzenvergnügen ?
Par Jéjé
J’adore que les séries que j’aime me montrent à quel point j’ai bien raison de les aimer quand elles s’amusent avec mes lubies personnelles.
Il doit sûrement y avoir un mot allemand qui exprime ce sentiment d’enthousiasme lié à la découverte de l’utilisation d’une référence de pop culture qui résonne particulièrement en soi par une série. Ju me souffle « das Nerdgasmus » mais je ne suis pas sûr. Il doit exister un terme plus précis pour rendre compte de cette joie intense qui s’empare de vous quand Tina Fey construit tout un épisode de 30 Rock en référence aux Real Housewives ou que Hot in Cleveland réunit toute la distribution du Mary Tyler Moore Show le temps d’un épisode.
Toujours est-il que The Middle n’aurait pas pu me faire plus plaisir quand les scénaristes ont décidé de transformer ce mois Sue Heck en... Feyrtys !
Sue : Mom, are you even listening to me ?
Frankie : Yeah, yeah. Hey, how about we catch a movie or something ?
Sue : Why ? So we can see how few black people there are in films ?
Frankie : Okay, we’ll put a pin in that. [...] I found this yesterday.
Sue : Ugh, the shoe of unrealistic expectations.
If you took that Barbie’s measurements and put them on a real woman, she would fall over.
She literally wouldn’t be able to stand up straight.
(Ces échanges sont d’autant plus réussis que les motifs de colère de Sue ne sont pas l’occasion d’un humour cynique un peu facile, vous savez, celui qui est souvent utilisé pour moquer les végétariens dans les séries, ils incarnent dans l’épisode un fossé grandissant entre la fille et la mère qui arrivent à des stades différents de leur vie. Mais je ne vais pas me lancer sur un exposé vantant la subtilité et l’intelligence de The Middle, vous en êtes tous déjà convaincus !)
Bon, je n’ai plus le choix. Je dois me (re)mettre à Fresh Off The Boat. Il n’est pas acceptable que je ne puisse pas faire de Jessica Place, un épisode centré sur… Melrose Place mon moment du mois.
Unentschuldbar, même !
4 The Americans
27 Avril / Poor, poor Martha
Par Feyrtys
Depuis 4 saisons que l’on suit les aventures de Martha, secrétaire à la CIA le jour, timide épouse d’un espion soviétique la nuit, l’épisode 4.07 m’a fait réaliser à quel point je tenais à elle. Martha, c’est en effet le seul personnage de The Americans qui court à sa perte par amour. Pas pour des idéaux, pas par manœuvre politique, pas par loyauté. Par amour. Non que les autres personnages ne soient pas capables d’aimer, mais leur amour est toujours conditionné par leur double vie d’espion, leur survie (pour Nina), leurs intérêts. Et si Martha aime profondément Clark/Philip, cela en fait le personnage le plus abandonné de tous et le plus seul au monde. Même Nina, au fond de sa cellule russe, est moins seule que Martha errant dans un parc de Washington DC.
Sur le papier, Martha a tout du boulet traditionnel qu’on a hâte de voir mourir, la (malheureusement très courante à la télé) « pauvre fille » trop stupide pour prendre les bonnes décisions. Elle n’est ni jeune, ni belle, ni séduisante. Elle est la secrétaire dévalorisée d’un ponte de la CIA. Elle n’a ni motif ni talent cachés, elle est ce qu’elle donne à voir : une femme peu sûre d’elle souffrant d’un manque d’amour et de reconnaissance. Pourtant, et grâce aux talents des scénaristes et de son interprète, Alison Wright, Martha est devenue au fil des saisons un personnage formidable. De la même façon que Clark finit par céder à la place à Philip et même à Micha à son contact, on finit par tomber amoureux d’elle et à craindre pour sa survie.
Depuis sa solitude et son honnêteté (une qualité rare dans cette série), Martha réussit à nous toucher. Contrairement à ce que pourrait faire croire l’expression « Poor Martha » associée à ce personnage, il n’est pas question de pitié, mais plutôt d’empathie avec la tragédie qu’elle est en train de vivre. Amoureuse d’un espion du KGB qui lui a caché son identité, compromise par ses collègues de la CIA, Martha n’a pas d’autre choix que de fuir avec l’aide du KGB vers l’URSS de 1983, sans l’homme de sa vie. Homme dont elle n’a même pas la certitude qu’il l’ait jamais aimé. Mais le plus triste dans cette situation déjà déchirante, c’est que Philip l’aime sincèrement sans pouvoir se l’avouer et sans pouvoir lui prouver : Philip a choisi Elizabeth.
Martha n’est pas patriote, elle ne se bat pas pour des idées. Elle n’a pas de carrière à faire avancer ou à protéger. Elle se contente de vivre sa vie comme quelqu’un de bien et de combler sa profonde solitude du mieux qu’elle peut. Elle n’est ni aveuglée par son amour pour Clark/Philip, ni désespérée de le garder près d’elle : elle accepte simplement qui il est, ce qui finit par lui coûter sa liberté et la vie qu’elle a connue jusque-là (peut-être sa vie tout court, elle n’est pas encore sortie des États-Unis). Alors oui, poor, poor Martha. Mais elle est le plus beau et le plus touchant des personnages à la télévision actuellement.