FAIS PAS CI, FAIS PAS CA - 1.01 : La rentrée des classes
"La rentrée des classes"
Par Sullivan Le Postec • 3 septembre 2007
Première diffusion : samedi 8 septembre 2007.
France 2 / Elephant Story
Créé par Anne Giafferi et Thierry Bizoi ; Directrice de collection et direction artistique : Anne Giafferi.
Avec Isabelle Gélinas, Bruno Salomone, Valérie Bonneton, Guillaume de Tonquedec, Canelle Carré-Cassagne, Yaniss Lespert, Tiphaine Hass, Alexandra Gentil, Lilian Dugois, Timothée Kempen Hamel.
Scénario : Anne Giafferi ; Réalisation : Pascal Chaumeil

Nous n’attendions pas grand-chose de « Fais pas ci, fais pas ça », annoncée un peu à la va-vite l’année dernière en même temps qu’une nouvelle case de fiction française sur France 2, le samedi à 19 heures. Le premier épisode est une relative bonne surprise. A suivre ?

« Jusqu’en 321, les Romains avaient le droit de tuer leurs enfants. Heureusement qu’il ne reste plus rien de ça. Enfin juste l’envie, parfois. » - Fabienne Lepic

Les circonstances de l’annonce n’avaient pas renforcé notre confiance : on n’y apprenait que la série prévue pour la case (où le dernier succès de France 2 doit grosso modo remonter à « Frou Frou »), première incursion dans le domaine de la fiction de la boite de production d’Emmanuel Chain, développé en 26 minutes, serait reformatée en 52 minutes. Comme si ces formats n’avaient aucune importance et étaient interchangeables. Au final, le premier épisode tel que nous l’avons visionné affiche 34’ 20’’ au compteur. Et témoigne donc de belle façon de l’entêtement des français à inventer des formats sans queue ni tête, dans un concours perpétuel qui semble viser à créer le truc le plus Ovni possible sur les marchés internationaux, comme si les grilles de programme du reste du monde étaient aussi improvisées que les nôtres...

Fiction-docu

Bref, parlons un peu du fond. Le concept de la série transpose dans un univers familial celui de « The Office » : deux familles ont été sélectionnées par une émission de télévision pour être suivies tout au long de l’année par des équipes qui s’intéressent à leurs méthodes d’éducation. La série est tournée en décors naturel et la vidéo a un sens narratif pour renforcer l’aspect reportage, les séquences étant en outres régulièrement ’’commentées’’ par les personnages lors d’interviews. La caractérisation de base des deux familles est sans surprises : Les Lepic sont une famille bourgeoise un peu vieille France - catho, composée des parents Renaud, cadre, et Fabienne, mère au foyer, et de leur quatre enfants Christophe, Soline, Charlotte et Lucas. Ici, on revendique l’application des valeurs éducatives traditionnelles et on prend à coeur l’avenir scolaire et social des enfants. A l’inverse, les parents Bouley, Denis et Valérie veulent veiller de manière moderne sur leur famille recomposée : Tiphaine, issue du premier mariage de Valérie, et Elliott. Mais, trop occupés à se contredire et se faire aimer des enfants, ils ne trouvent en fait jamais la juste place entre autorité et copinage.

Pourtant, dans ce premier épisode, ces personnages fonctionnent malgré les archétypes, notamment parce que les quatre acteurs adultes les incarnent à merveille. Avec une mention spéciale pour Valérie Bonneton dans le rôle de Fabienne Lepic, handicapé de la vie en toutes circonstances.
La caricature, sans doute plus légère qu’il n’y paraît au premier coup d’oeil renvoie aussi à la télé-réalité et à ses castings sur-mesure. Une télé-réalité que que la fiction parodie tout en en recyclant des codes. La boucle semble sans fin...

La rentrée des classes

Le premier épisode s’ouvre sur une introduction absolument hilarante qui présente le concept et les personnages (principalement les adultes, mais les enfants ne sont de toute façon guère mis en avant dans ce premier épisode, ce qui lui facilite sans doutes les choses), montrant immédiatement qui ils sont, ce qu’ils veulent, et quels sont leurs (gros) travers.
C’est la rentrée des classes, moment de stress dans toutes les familles. Fabienne Lepic est au plus mal chaque année à ce moment. Depuis trois ans, nous explique-t-elle, elle suit un traitement médical dès J-7. Les résultats n’apparaissent pas probants. Avec l’idée de la soutenir, Renaud a pris une journée de RTT pour superviser l’organisation du jour de la pré-rentrée. Spécialiste de la formation, il décide d’appliquer ses méthodes de management à sa famille et notamment d’imposer une séance de coaching à son fils Christophe, 17 ans, sur le point d’entrer en terminale et qui, pour la lenteur, tient de sa mère. Pendant ce temps, sa femme tente de survivre aux courses de fournitures scolaires sans faire de crise de nerfs.
Les Bouley accordent une attention particulière à Thimothée, 8 ans, premier de sa classe et qui n’est pas le dernier à moquer son papa, Denis, toujours en vacances depuis qu’il est au chômage – pardon, en période de restructuration professionnelle. Quand ils découvrent que Timothée a été placé dans la classe d’une maîtresse qui a la réputation de frapper ses élèves, une seule solution s’impose : obtenir un changement de classe.

Par son procédé d’imitation du documentaire, « Fais pas ci, fais pas ça » renforce la condition d’empathie qu’elle veut créer en un minimum de temps entre ses personnages et nous, téléspectateurs. Ce sont les petits riens de tous les jours, ces tracas et agacements du quotidiens, qui sont la base du scénario. Celui-ci les détourne légèrement, pour caricaturer nos propres travers et nous faire prendre le parti d’en rire. Comme base de départ, c’est pas mal et c’est bien fait. Le succès de la série sur le long terme dépendra de sa capacité à se servir de son canevas pour réussir un véritable développement en profondeur de ses personnages.


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