PIGALLE, LA NUIT - Ep 1.02
"Vous êtes venu chez moi pour me traiter de menteur ? Qui vous a apprit la politesse et le savoir-vivre ?" Nadir
Par Dominique Montay • 27 novembre 2009
Thomas continue ses recherches, courant à droite et à gauche au gré des informations. Le Paradise est prêt à entrer en guerre avec le Folies, mais personne ne connaît encore son patron.

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L’immersion continue. Thomas joue à l’enquêteur. Toujours avec des méthodes plus que limite. Fleur (Sarah Martins) accepte de lui venir en aide, et lui donne l’adresse d’Emma. Dans les murs de sa soeur il collecte les informations et à chaque confrontation avec un supposé suspect, il est renvoyé vers un autre. Qui croire ? Tissus de mensonge ou d’ignorance ?

Nadir veut faire plier Alice et récupérer son fond de commerce. Mais inflexible, elle ne bouge pas. Nadir, par le biais de son "bras gauche" Jamil (Yasmine Belmadi), lui fait des petites frayeurs en forme de vol, quand les hommes de Dimitri lui achètent tout et n’importe quoi pour maintenir son exsangue commerce en vie. Alice, ragaillardie, décide d’entrer en guerre avec le Sexodrome.

Thomas tâtonne

Thomas se transforme donc en enquêteur, mais pour mieux se casser les dents. Ses péripéties dans cet épisode ne servent qu’à une chose : montrer qu’à Pigalle, on ne peut rien faire normalement. Aller voir les flics ? Sans résultat (surtout quant on envoie chier la seule inspectrice à faire un effort, bien joué, Thomas). Blâmer le délinquant sexuel du quartier ? Non plus, trop simple. Suspecter les patrons des deux plus gros cabarets de striptease du coin ? Non plus, sauf pour entendre « c’est pas moi, c’est lui ». Des baffes successives qui se terminent pour Thomas par une crainte énorme : et si elle était morte ? Thomas veut aller vite, et bouscule tout le monde autour de lui pour y arriver, avec des méthodes assez violentes et agressives. Il étonnant de voir, quand même, que les actions de Thomas sont assez nombreuses dans cet épisode, qu’il y réalise ce que dans d’autres séries il aurait mis 3 épisodes à faire. Une volonté de désabuser Thomas très rapidement ? De le perdre avant qu’il se perde...

Des second rôles de premier plan

Nadir et Alice continuent leur savoureux jeu de chat et de souris. A la solitude d’Alice dans son magasin répond le monde foisonnant et coloré de Nadir. C’est assez remarquable de voir à quel point Catherine Mouchet et Simon Abkarian se sont appropriés leurs rôles à la perfection, à se demander s’ils ne les ont pas joués toute leur vie. Le casting de « Pigalle, la nuit » est en or massif. Jusque dans les rôles secondaires. Fut une période où la fiction française ne donnait plus tant d’importance que ça aux second rôles, les offrant à des comédiens de second plan, ou pire, négligeant ces comédiens sur le tournage et n’exploitant pas leurs capacités. Or, par le passé, c’était l’inverse. Dans le cinéma français des années 60, on cultivait l’art du second rôle solide, interprété par une vraie gueule, qui parfois, même pour une seule scène, arrivait à marquer toute l’histoire de son empreinte. « Pigalle, la nuit » s’inscrit dans cette tradition et ça fait un bien fou.

Pom Klémentieff, Hubert Koundé, Sacha Bourdo… autant de comédien(ne)s que vous avez vu en premiers rôles ailleurs et qui ici n’ont que quelques scènes à se mettre sous la dent, mais qui le font avec beaucoup d’application et de talent, incarnant réellement leurs personnages. Du coup, les dialogues sonnent avec beaucoup de justesse. Dans un entretien à venir dans le Village, Olivier Kohn, à la question “pourquoi les dialogues sonnent souvent faux dans les fictions françaises ?”, nous répondait que le problème ne venait pas tant des dialogues que de l’écriture des personnages, pas toujours rigoureuse. Autant dire qu’Hadmar et Herpoux n’ont pas ce problème.

Les deux faces de Dimitri

On en comprend un peu plus sur l’histoire. Emma allait quitter le Folie’s de Nadir pour aller au Paradise de Dimitri. Mais pourquoi ? Par peur de Nadir ? Par attirance pour Dimitri ? Un Dimitri qui se révèle un peu plus. Un peu plus loin de ce personnage affable qu’il avait offert à Thomas dans le pilote, on découvre son aspect un peu plus sombre. Et aussi qu’il fricote avec une jeune femme qui ressemble comme deux gouttes d’eau (jusque dans le tatouage) à Emma. Sans se déparaître d’attitudes pleines de bonnes intentions envers Thomas, on sent son aspect menaçant et machiavélique apparaître de plus en plus. Une scène amusante à ce sujet. Alors que le clone d’Emma est en train d’essayer des bottes sous le sourire bienveillant de Dimitri, ce dernier converse avec son bras droit du meilleur moyen de faire tomber Nadir Zeinoun. Les deux aspects de l’homme présentés en une seule scène, le doux souriant et le manipulateur inflexible.

Après un tel pilote, on aurait pu avoir un second épisode plus faible. Il n’en est rien. Le rythme est maintenu, le mystère demeure, sans tomber dans la routine.


Les Bonus du Village - « Pigalle la nuit » : Hervé Hardmar et Marc Herpoux, les créateurs de la série, commentent des scènes des épisodes 1 & 2. C’est à voir ici.