PREVIEW – La saison 2010/2011 de France Télévisions
Ça passe cette année sur France Télé, et ça nous intéresse
Par Sullivan Le Postec • 29 septembre 2010
Les séries et mini-séries de la saison à venir sur France Télévisions, avec notamment « Signature » et « Les Beaux Mecs ».

Cela va nous changer, cette année, nous aurons le regard particulièrement braqué sur France Télévisions. A l’issue des cinq années catastrophiques pour la fiction qui viennent de s’écouler, la nouvelle direction entrée en fonction à la fin du mois d’aout est attendue au tournant. Elle a le devoir absolu de réinventer la fiction de Service Public, en tournant le dos à presque tout ce qui s’est fait sur le groupe depuis cinq ans, entièrement soumis à une vision patrimoniale à la crinoline, déconnectée des réalités contemporaines et des aspirations du public. Il faudra du temps pour voir les résultats. Reste que, par chance, France Télévisions proposera cette saison au moins deux des séries les plus attendues de l’année…

On ne manquera pas

« Les Beaux Mecs » [1]
8 épisodes produits par Lincoln TV.
Ecrit par Virginie Brac avec la collaboration de Eric de Barahir. Réalisé par Gilles Bannier.

La productrice : Christine de Bourbon Busset (Lincoln TV), de « Pigalle, la nuit ». La scénariste : Virginie Brac, de la saison 2 de « Engrenages ». Le réalisateur, Gilles Bannier, des deux saisons de « Reporters » et aussi de « Engrenages » 2. Franchement, ce trio de noms là suffit amplement à expliquer pourquoi on a très hâte de voir ces « Beaux Mecs ».
Virginie Brac a fait la preuve de son talent en transformant les vignettes ridicules de la première saison de « Engrenages » en de vrais personnages tout en failles, tout en développant en même temps une intrigue riche et passionnante. Gilles Bannier sait nous réconcilier avec une caméra à l’épaule sur-utilisée par son soin de l’image et sa manière de soigner ses acteurs pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.

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Gilles Bannier derrière ses acteurs, dont Simon Abkarian, à droite
Photo ©France 2 – Lincoln TV – Thibault Grabherr

Mais ce n’est pas tout, parce que l’univers de la série est diablement attirant. Un beau mec, c’est un bandit à l’ancienne, classieux et respectueux des codes et des règles de la profession. L’un d’eux, Tony Roucas (le génial Simon Abkarian) s’évade de prison en compagnie de son compagnon de cellule, Kenz (Soufiane Guerrab), un Caïd de Cité. Ces deux-là, issus de deux mondes si différents, n’avaient rien à se dire quand ils partageaient leur cellule. Ils vont devoir compter l’un sur l’autre dans leur cavale commune.
Cette cavale est pour Tony un voyage dans son passé, en quête de ceux qui l’ont trahi et l’ont fait tomber. A chaque épisode, son (long : une moitié d’épisode selon Gilles Bannier) flashback vers une période de la vie de Tony. C’est l’histoire d’un destin dans le monde du banditisme, et c’est le récit des relations entre Tony et les différentes femmes de sa vie...
Si le ‘‘héros’’ porte évidemment le prénom d’un « Soprano » bien connu, Virginie Brac confie avoir surtout voulu se permettre, dans le cadre de son histoire profondément française, ces audaces dramaturgiques que s’autorisent les auteurs de « Lost » ou de « Damages ».

La série est actuellement en post-production, son tournage s’étant terminé fin juillet. On sera forcément au rendez-vous pour la diffusion sur France 2, début 2011.


« Signature »
6 épisodes produits par Cinétévé.
Ecrit par Hervé Hadmar et Marc Herpoux. Réalisé par Hervé Hadmar.

Quitte à ce qu’on nous accuse de radoter, force est d’admettre l’évidence. On a vraiment très, très hâte de découvrir la nouvelle mini-série d’H&H, pour laquelle ils retrouvent le producteur des « Oubliées ».
La journaliste Daphné (Sandrine Bonnaire) arrive sur l’île de la Réunion à la recherche d’un disparu. Pour la guider dans les Hauts de l’île, elle fait appel à Toman (Sami Bouajila), un homme analphabète dont elle ignore le passé violent et fascinant. A cinq ans, il a assisté au meurtre de ses parents, et a grandi en enfant sauvage dans ces Hauts sauvage de la réunion. Il est lui-même devenu un assassin, punissant ainsi ceux qu’il surprend faire du mal à un enfant. Sa sixième victime est le disparu que Daphné recherche...

Le premier visuel promo nous avait déjà fait envie :

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Signature
Photo ©France 2 – Cinétévé – Julien Cauvin

Mais depuis que le premier teaser vidéo est arrivé, on ne tient carrément plus sur place. Il va pourtant falloir prendre notre mal en patience : le tournage se poursuit jusqu’au 15 octobre, la post-production jusque fin janvier. L’été 2010 n’est même pas réellement fini qu’on a déjà envie d’être au printemps 2011. Et ce n’est pas qu’une question de météo.

Une note subsidiaire : on remarquera que communiquer en avance, dès la phase de tournage, avec soin pour ménager le suspense, mais intelligence pour faire monter l’envie et le bouche à oreille, c’est finalement très possible. Mais qu’attendent les autres ?

On ne les oublie pas

« Un Village Français » (saison 3)
12 épisodes produits par Tétra Média Fiction.
Direction d’écriture : Frédéric Krivine. Réalisation : Philippe Triboit et Jean-Marc Brondolo.

Douze épisodes d’une fiction ambitieuse et de qualité produits chaque année, c’est possible. France 3 et son « Village Français », du trio Emmanuel Daucé (producteur), Frédéric Krivine (scénariste) et Philippe Triboit (réalisateur), entend bien le prouver. Et ce rythme intensif n’empêche pas la série de se remettre en question et de se reconceptualiser.
Ainsi, fini les ellipses de plusieurs semaines entre chaque épisode, qui permettaient aux douze premiers de couvrir toute une année. Les événements des épisodes 13 à 24 se dérouleront en à peine plus d’un mois, ce qui permettra au récit de se densifier tout en multipliant rebondissements et cliffhangers pour une addictivité renforcée. Bref : fiction en costume n’est pas égal à fiction en pantoufles, qu’on se le dise.

Nous avons visité le tournage en juin dernier : une preview complète de la saison 3 sera très prochainement mise en ligne !


« Nicholas Le Floch » (saison 3)
2 épisodes de 90’ produits par La Compagnie des Phares et Balises.
Ecrit par Hugues Pagan. Réalisé par Nicolas Picard Dreyfuss.

Il n’est pas du goût de tout le monde, ce « Nicolas Le Floch ». Tant pis pour les autres, nous on se délecte de ces dialogues hyper-exigeants en français de l’époque – Le Floch étant un Commissaire au service de Louis XV, dans les années 1760 – qui servent l’univers ultra-baroque et foisonnant issu des romans de Jean-François Parot.
Hugues Pagan, fidèle à lui-même, y insuffle un vrai point de vue d’auteur. Il a eu les coudées plus franches cette année, la production ayant obtenu l’autorisation d’inventer des histoires originales après avoir adapté quatre romans préexistant, avec la difficulté supplémentaire d’adapter des histoires qui n’avaient pas été conçues pour la télévision.

On devrait découvrir cela cet automne. En attendant, vous pouvez retrouver notre interview de Jérôme Robart, réalisée l’année dernière.

On n’oublie pas non plus « Un Flic », aussi scénarisée par Hugues Pagan, et son enquêteur taiseux plongé dans un univers urbain crépusculaire. « Un Flic » revient dès le vendredi 1er octobre.


« Fais pas ci, fais pas ça » (saison 3)
8 épisodes produits par Eléphant & Cie.

On se dit la vérité ?
J’avais bien accueilli le premier épisode de la saison 2, projeté lors d’une soirée Premium TV. C’était plus léger, plus gaguesque et moins profond que la saison 1. J’avais pris ça pour une réintroduction légère avant que la suite ne nous ramène au cœur du sujet. Du moins, c’est ce que j’espérais. Il n’en fut rien et, au fil des cinq autres épisodes, j’assistais, incrédule, à l’effilochage de la série que j’avais tant aimée, qui sombrait peu à peu dans la caricature. La faute à une production qui se prostituait pour accueillir de la guest-star people de plus ou moins mauvais goût (il est gentil, Manoukian, mais il ne sera jamais comédien) ; et à un récit plombé par un fil rouge insensé et pénible, qui se résolvait de façon humiliante dans un épisode 6 inouï de débilité.
Difficile de ne pas voir la patte diabolique de France 2 dans ce reformatage (on entend la note d’ici : « c’est du prime-time, il faut plus d’enjeux, coco » — ce qui prouve au passage que ces gens n’ont rien compris à la fiction télévisée). La chaîne avait déjà – un peu – affaiblit la saison 1 en forçant les auteurs à faire passer les épisodes de 26 à 40 mn, ce qui ne s’est jamais traduit par autre chose que dix minutes de remplissage qui diluaient le propos et sa drôlerie. Mais là, c’était le coup de grâce. Mon impatience à découvrir la saison 3 était donc très contenue.

Sauf qu’entre-temps, la projection des deux premiers épisodes de la saison lors d’un festival de série a généré de très bons échos. Oublié, le fil rouge moisi, retour à un ancrage plus quotidien et des ados à qui on offrirait la possibilité d’être plus que des figurants de luxe.

La saison 3 se compose de deux volets de quatre épisodes. Le premier, tourné il y a presque un an, se passera autour de la période de Noël, tandis que Valérie est enceinte de sept mois. Les quatre autres épisodes, dont le tournage s’achève à la fin du mois de septembre, devraient se dérouler quelques mois plus tard. Le tout sera diffusé à la suite, vraisemblablement autour des Fêtes de fin d’années, sur France 2. Retomber amoureux des Lepic et des Bouley comme au premier jour, ça pourrait être un joli cadeau de Noël...

On regardera aussi

« 1788 et demi »
6 épisodes produits par DEMD Productions.
Ecrit par Martine Moriconi et Sylvain Saada. Réalisé par Olivier Guignard

Une comédie déjantée tournée cet hiver dont Natacha Lindinger nous a vanté les mérites sur le tournage de la saison 2 de « Hard », tout en admettant ses inquiétudes. Après chaque plan, les acteurs étaient ravis, mais ne pouvaient s’empêcher de penser que cela serait coupé au montage. L’originalité du projet survivra-t-il au nivellement so frenchie souvent en vigueur ? A vérifier cette saison sur France 3.
Martine Moriconi a participé à la saison 2 de « Reporters ». Quant à Olivier Guignard, il a réalisé récemment « Le Repenti » mais son travail sur la saison 2 du « Village Français » fut aussi très positivement remarqué.

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1788 et demi
© Charlotte Schousboe - DEMD Productions

A la veille de la révolution, les aventures d’une famille de la noblesse française, dont l’existence entière est vouée à l’insouciance. Fantaisistes épris de liberté, le comte François de Saint-Azur et ses trois filles vivent ainsi au mépris de toutes les convenances. Séducteur fantasque et joueur irresponsable, François se consacre à la création de canons qui bientôt pulvériseront la flotte anglaise. A ses côtés, Charlotte, l’intrépide cadette, ne rêve que de combats, déguisée en garçon. Pauline, la puînée, une ravissante fashion-victim, érotise jusqu’à l’air qu’elle respire. Et l’aînée, Victoire, un peu sorcière sur les bords, cherche le secret des plantes médicinales en rêvant de devenir la première femme académicienne...


« L’Epervier »
6 épisodes produits par RDV Production.
Ecrit par Jean Christophe Duchon-Doris. Réalisé par Stéphane Clavier.

Aux yeux des uns, il est Yann de Kermeur (le trop rare à l’écran Aurélien Wiik), noble Chevalier breton au passé obscur. Pour les autres, c’est L’Épervier, corsaire prestigieux du Roi de France et ancien pirate. Pour tous, il est redoutable. Mais accusé à tort du meurtre du père de sa fiancée, il se retrouve, seul, face à la haine de ses accusateurs... L’Épervier devra déployer ses ailes pour prouver à la fois son innocence, reconquérir la femme qu’il aime et entraîner ses adversaires sur son terrain de prédilection : l’océan et ses fureurs.

Une série d’aventures rocambolesques inspirée de la bande-dessinée à succès de Patrice Pellerin. Initialement, la série a été développée pour France 3. Mais la chaîne du Service Public qui avait su maintenir un certain niveau de qualité dans sa fiction s’étant faite dépouiller à l’occasion de la réorganisation en forme de tour de passe-passe opérée en janvier dernier, c’est finalement sur France 2 que sera diffusé « L’Epervier ».


« Les Vivants et les Morts »
8 épisodes produits par Archipel 33.
Ecrit et réalisé par Gérard Mordillat.

Le romancier Gérard Mordillat adapte son propre roman pour France 2 dans cette mini-série dont il a écrit et réalisé tous les épisodes. Il s’agit de l’histoire d’amour d’un jeune couple, Rudi (Robinson Stévenin) et Dallas (Marie Denarnaud), emporté dans le torrent de l’histoire contemporaine. Rudi et Dallas travaillent à la Kos, une usine de fibre plastique. Le jour où l’usine ferme, c’est leur vie qui vole en éclat, alors que tout s’embrase autour d’eux. Entre passion et insurrection, les tourments, la révolte, les secrets de Rudi et Dallas et ceux d’une ville où la lutte pour la survie dresse les uns contre les autres, ravage les familles, brise les règles intimes, sociales, politiques. Dans ce monde où la raison financière l’emporte sur le souci des hommes, qui doit mourir ? Qui peut vivre ?


« Empreintes Criminelles »
6 épisodes co-produits par Making Prod et Septembre Productions pour France 2.

En boite depuis plusieurs mois, la seconde série de Making Prod (« Les Invincibles »), associés pour cette série à Septembre Productions, ne devrait plus tarder à arriver à l’antenne.

Bien avant les flics de Las Vegas, New York ou Miami, les « premiers experts » de la police technique et scientifique étaient bel et bien… français !

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Empreintes Criminelles
Photo ©France 2 – MakingProd / Septembre Productions

Petit retour au temps des pionniers où la France fut le berceau historique de cette police d’un nouveau genre… 
Nous sommes à Paris, dans les années 1920. 
À l’intérieur d’un grenier poussiéreux de la PJ parisienne, un laboratoire de police unique au monde prend forme… Un groupe à part qui constitue le socle d’une section révolutionnaire et néanmoins fragile. Julien Valour, policier torturé mais visionnaire, est aux commandes de cette unité très spéciale. Il est accompagné de Léa Perlova, une experte scientifique indépendante et féministe, Pierre Cassini, un flic de terrain à l’ancienne, Marius Delcourt, un policier doué pour les inventions en tout genre, Martello, un jeune flic idéaliste, et Pauline Kernel, une jeune bourgeoise qui fait ses premiers pas comme médecin légiste.
Avec la volonté des pionniers, ces hommes et ces femmes se battent sans relâche pour imposer leurs nouvelles méthodes… Ils tentent de faire perdurer cette unité dont l’existence est régulièrement remise en cause par la police classique…
A chaque nouvel épisode, ces policiers des années 20 tentent de résoudre deux enquêtes en parallèle. Avec les moyens et les techniques de l’époque, ils vont vite se rendre compte que l’expérimentation rime parfois avec déception…