On ne peut pas dire que le programme série-maison de la saison à venir sur Canal+ soit le plus excitant que la chaîne ait aligné ces dernières années. Mais on garde l’oeil sur le retour de la comédie, prévu au printemps prochain.

Octobre 2010

« Maison Close »
8 épisodes produits par Noé Production.
Ecrit par Jean-Baptiste Delafon. Réalisé par Mabrouk El Mechri.

1871. Les débuts de la IIIe République. La Commune vient d’être balayée. Un Bordel au nom très ironique, le Paradis, est l’enfer dans lequel se débattent trois femmes. La très jeune Rose débarque à Paris à la recherche de sa mère, ancienne prostituée. Elle est piégée par un rabatteur et enrôlée de force au Paradis. Véra a trente-cinq ans. Elle sait que la fin de sa carrière de prostituée est proche. Elle mise tout sur le Baron Du Plessis, son principal client et le seul en mesure de racheter sa dette. Hortense est la patronne du Paradis. Elle doit tenir ses filles et résister aux pressions d’un voyou des faubourgs qui lui réclame de l’argent.

Maison Close

© Canal +

Mine de rien, « Maison Close » propose une grosse rupture dans la série Canal+ jusqu’ici caractérisée uniquement par des environnements très urbains et contemporains. La chaîne se frotte cette fois au costume, genre ringardisé en France par des années de fictions ripolinées. Véra Peltekian, Chef de Projet Fiction au sein de Canal+, qui a supervisé « Maison Close », nous parle de la manière dont la chaîne en est venue à cette évolution, et ce qui a guidé ses choix :

(Si votre navigateur ne supporte pas flash, téléchargez le fichier mp3 de l’entretien.)

Spectaculaire réussite visuelle qui ancrera le nom de Mabrouk El Mechri dans la mémoire de ceux qui ne le connaissaient pas déjà de part son travail au cinéma, « Maison Close » nous a moins convaincu pour ce qui concerne son écriture. On en reparle évidemment en détails dès le mois prochain.

Novembre/décembre 2010

« Mafiosa » (saison 3)
8 épisodes produits par Image & Compagnie.
Ecrit par Eric Rochant et Pierre Leccia. Réalisé par Eric Rochant.

Très bancale la saison 2 de « Mafiosa » représentait avant tout une transition hasardeuse et délicate entre deux séries différentes qui, au-delà de leur titre et de leur concept de base, ne présentaient pas forcément énormément de points communs. Cette saison 3, c’est donc celle où l’on jugera définitivement de ce que le duo Pierre Leccia - Eric Rochant a fait de la série.
Cette prise en main définitive est d’ailleurs passée par un tournage enfin situé sur les lieux de l’action. “C’était ma condition sine qua non pour tourner cette troisième année,” explique le réalisateur à l’Express. “Il fallait donner sa véritable identité à la série en filmant dans les décors réels. La Corse donne un autre éclairage aux personnages et aux intrigues. On comprend mieux ce qui se passe et toute l’équipe peut s’imprégner de l’ambiance. Et j’ai enfin la possibilité de filmer en plans larges. Bastia et ses alentours sont très cinématographiques : il y a un décalage entre la beauté de l’endroit et la décrépitude des bâtiments qui me fait penser à Naples ou à Tel-Aviv, et qui accroche la caméra. On est au coeur de « Mafiosa ».” La décision n’a pas été sans poser des problèmes budgétaires, mais elle éteindra une des critiques récurrentes faite à la série.

Mafiosa

© Canal +

Après avoir pris dans le dos la balle destinée à sa soeur, Jean-Michel est resté de longs mois dans le coma. Rétabli, il décide de couper les ponts avec Sandra et de maintenir entre eux une paix armée. Tandis que la jeune mafiosa, dotée d’un nouvel amant, mijote un vaste projet immobilier qui va l’opposer aux nationalistes, une bande de jeunes voyous aux dents longues s’associe à Jean-Michel et sème la zizanie entre les Paoli. Trahisons, règlements de comptes, complots, tragédie et love story : la troisième saison s’annonce shakespearienne.

Les intentions dévoilées par Eric Rochant dans ses différentes interviews au moment du tournage révèlent une volonté d’assumer pleinement la nature de série de l’entreprise — le réalisateur confie notamment s’inspirer de « Friday Night Lights » pour la mise en image. Même moi qui déteste les histoires de mafieux, ça m’a convaincu de redonner une chance à « Mafiosa ».

Fin 2010

« Hard » saison 2
12 épisodes de 26’ produits par La Parisienne d’images pour l’unité La Fabrique.
Ecrit & réalisé par Cathy Verney.

Dans l’épatante première saison de « Hard », Sophie découvrait à la mort de son mari ce qu’était sa véritable profession : la direction de Soph’X, une société d’édition de contenus pornographiques pour la vidéo et internet. La bourgeoise coincée découvrait par ce biais un monde qui, initialement, la dégoûtait. Mais qui faisait aussi peu à peu sauter le carcan normatif qui étouffait ses plaisirs et ses sentiments, Sophie se découvrant une attirance pour le hardeur Roy Lapoutre.

Hard 2

© Xavier Lahache / Canal+

Carton oblige, la série est de retour pour douze épisodes. Ceux-ci reviennent en arrière par rapport au flash-forward de la scène finale de la première saison, qui montrait Sophie vivant épanouie avec son hardeur de mari. Comment va se construire cette relation ? La saison 2 va y répondre : ‘‘On va raconter la longue impossibilité de leur amour,’’ nous confiait Bruno Gaccio sur le tournage des six premiers épisodes, au printemps. Nous renvoyions d’ailleurs nos lecteurs curieux d’en savoir un peu plus sur la saison 2 de « Hard » vers ce reportage complet.

« Hard » 2 devrait être diffusée en fin d’année. Au premier semestre 2011, les deux nouvelles séries originales de la Nouvelle Trilogie 7 devraient à leur tour arriver à l’antenne. D’abord « De l’encre… », comédie musicale hip-hop chapeautée par le groupe “La Rumeur”. Le groupe va sortir un album en parallèle. Ensuite, « Bruxelles/USA », comédie belge très lunaire réalisée par Gaëtan Bevernaege, qui raconte l’histoire d’un homme qui fait visiter les Etats-Unis à sa mère malvoyante, tout en restant en Belgique...

Premier semestre 2011

« Platane »
12 épisodes de 26’ produits par 4 mecs en basket.
Ecrit par Eric Judor, François Reczulski et Hafid F. Benamar. Réalisé par Eric Judor et Denis Imbert.

Un soir, la voiture d’Eric percute un platane. Après un an de coma, alors que Ramzy a brillamment poursuivi sa carrière de comique sans lui, Eric veut se lancer dans le cinéma d’auteur et prouver qu’il peut faire un fim sérieux et émouvant. Contre l’avis de tous il décide d’écrire la suite de La Môme : "La Môme 2.0 Next Generation". Mais personne n’y croit vraiment. A travers les difficultés que rencontre son héros pour réaliser un chef d’oeuvre cette série se joue avec malice des dessous d’un tournage et en même temps des difficultés à se dégager du regard que les autres portent sur soi.

Eric Judor

La comédie est de retour sur Canal+. Depuis 2005, elle n’a existé qu’au travers de « Nos Enfants Chéris », prolongement du film du même nom qui, à force de presser le citron, avait finit à sec dès la fin de la première saison. Le premier projet en développement à arriver à l’antenne est celui porté par Eric Judor, qui fuit déjà un pilier de l’ère de la sitcom, via « H ».

Le pari de cette nouvelle vague est de ramener en France uns inspiration proche de la veine américaine des « Weeds » / « Californication ». Le tournage est sur le point de commencer et le résultat sera visible dès le premier semestre 2011.

« XIII »
13 épisodes produits par Cipango & Prodigy Pictures.
Ecrit par Gil Grant. Réalisé par Duane Clark, Philippe Haïm, Xavier Palud et Gérard Pirès.

La mini-série de 2008 était très médiocre, mais avait remporté un succès d’audience. Elle donne donc lieu à une première saison, co-production franco-canadienne où Stuart Townsend remplace Stephen Dorff dans le rôle de XIII. Virginie Ledoyen et Caterina Murino, dans les rôles respectifs d’Irina et de Sam, ont également rejoint la distribution.

Stuart Townsend

« XIII » reste l’exemple type de la série étrangère produite avec des fonds français, sans rien apporter de neuf à ce que la télé américaine fait déjà en abondance. Ce sera vraisemblablement sans nous. Récemment racheté par la société de Luc Besson, le producteur français Cipango a fait appel, parmi ce que le communiqué de Canal+ nomme la nouvelle génération de réalisateurs français, à Gérard Pirès (« Taxi ») — né en 1942. Faut-il en rire, ou bien plutôt pleurer devant le fait que, plutôt de faire réellement émerger une nouvelle génération de réalisateurs, Canal+ préfère désormais systématiquement aller chercher des réals "de cinéma" — quand bien même on trouve essentiellement des navets dans leur filmo...