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Comment est construit Tout Le Monde En Parle

vendredi 1er avril 2005, par Anthony

Créée en 1998, Tout Le Monde En Parle est toujours, 7 ans après, un des talk-show qui rencontre le plus de succès. Présentée par Thierry Ardisson, cette émission diffusée chaque samedi en deuxième partie de soirée (aux alentours de 23h20) sur France 2 à su conquérir un public jeune à coup de jingles, d’humour, de provocations et de questions-choc. Mais c’est avant tout grâce à la forte personnalité d’Ardisson et la réputation qui va avec qui fait de l’émission un des rendez-vous télévisuel incontournable. Ardisson ne se contente pas de présenter, puisqu’il est également à l’origine et qu’il produit (avec sa fidèle Catherine Barma) le programme via sa boite, Tout sur l’écran. Société qui produit entre autre, et toujours sur France 2, le rendez-vous quotidien de Ruquier et sa bande On a tout essayé.

La durée de l’émission varie selon son contenu mais dure en moyenne 2h30. Malgré son horaire assez tardif, elle est regardée chaque semaine par près de 1,5 millions de téléspectateurs. Evidemment, l’émission fait souvent parler d’elle dans les médias. Que ce soit au zapping pour des vannes douteuses ("Les allemands ont le sens du camp" en parlant du Big Brother allemand à vie), ou dans la presse écrite par rapport à certains invités (Karen Mulder et Thierry Meyssan pour ne citer qu’eux), Ardisson continue de faire parler de lui, en bien comme en mal (quoique plus souvent en mal).

Le principe quant à lui est simple. Des invités, des interviews promotionnelles, suivies d’interviews thématiques, puis un blind test musical pour clôturer l’émission. Pour chaque invité, Ardisson décrit son parcours de sa naissance jusqu’à aujourd’hui (du moins pour son premier passage dans l’émission), avant d’enchaîner sur la promo. Que ce soit pour un disque, un roman, un film, une pièce de théâtre, ou encore spectacle, les raisons d’aller à Tout Le Monde En Parle sont nombreuses. Et puis affronter Ardisson et ses questions est petit à petit devenu une sorte de challenge à relever.

Que ce soit l’Ardiview ("Avez-vous déjà pensé au suicide ?"), ou encore les célèbres "Est-ce que sucer c’est tromper ?", ces interviews thématiques sont sans aucun doute l’une des raisons du succès de l’émission. Certaines sont devenues des classiques, d’autres sont créées en fonction de l’invité. Pour le blind test, un DJ différent par émission prépare une liste de chanson selon un thème donné. Les invités devant trouver l’interprète afin de gagner d’abord en équipe, puis chacun pour soi. On y retrouve également un habitué, Phillipe Corti, qui occupe souvent les platines de l’émission.

A coté d’Ardisson, on retrouve Laurent Baffie, ami de longue date du présentateur, et payé pour vanner les invités. Sa présence est d’ailleurs plus régulière suite au départ des deux potiches Titia et Thallia, qui ont terminée leurs brèves carrières dans les 2 dernières productions en matière de télé-réalité de TF1, respectivement La Ferme Célébrités et 1ere compagnie. Mais bien avant Titia et Thallia, Ardisson avait tenté de présenter l’émission aux cotés de la Miss France de l’époque, Linda Hardy, puis avec Laurent Ruquier. Sans grand succès.

L’homme en noir est donc bien mieux seul dans son rôle de chef d’orchestre de l’émission. Fiches dans une main et sampler sous l’autre, le regard fixé sur sa camera, rien n’est laissé au hasard. Tout étant scrupuleusement préparé et noté sur ses précieuses fiches. De son siège qu’il ne quitte jamais (ou très rarement quand il s’agit d’embrasser un invité pendant une "pause bisous"), Ardisson fait face à l’entrée du plateau. Constitués de trois arcs de cercle au centre (un pour Ardisson et son sampler et deux autres pour les invités), et de deux gradins tout autour pour le public (un de chaque coté), le plateau est relativement simple. Quelques colonnes et de longs rideaux bleus isolent le tout. Niveau couleur, on reste dans des tons blanc/bleu, avec des petites touches de vert fluo depuis quelques années grâce à des panneaux suspendus tout autour du plateau. Sur ces panneaux, des inscriptions ont été tagguées, telles que "Un samedi devant la télé = pas d’amis" ou encore "La révolution télévisuelle n’aura pas lieu".

C’est d’ailleurs pour le décor qu’Ardisson critique gentiment Cauet et sa méthode sur TF1. Même colonnes, même rideaux, le blanc étant remplacé par du beige. Mais on est loin de la célèbre petite guerre qu’il entretient avec Fogiel. La raison ? "Je n’ai jamais compris pourquoi il avait adopté ce système de talk-show généraliste avec un sportif, un chanteur, un homme politique, alors que je fais la même chose sur la chaîne d’en face. Je le dis moins violemment qu’à une époque, mais pourquoi lui fait ça, Lumbroso fait ça, et France Télévisions laisse faire ça ?" (VSD - 20/06/2002). Et même si il semble s’être calmé, il revient à la charge cette semaine dans le Télécable Satellite Hebdo, en parlant de Laurent Baffie et de son idée du sniper qui vanne les invités : "C’est dommage car ça a été imité, mais mal reproduit avec Ariane Massenet ou Guy Carlier". Bref, avant de les voir se réconcilier en prime time comme avec Guy Bedos...

Pour en revenir à l’émission, celle-ci possède également quelques personnes, qui, même si elles interviennent très rarement, font partie intégrante de l’émission. Je pense entre autre à Méline, l’assistante de réalisation, qui fait son apparition dès qu’il s’agit de compter les points pour le Blind Test, de montrer l’album ou le roman des invités en fin d’émission et dernièrement pour apporter un tas de cartes dans lequel l’invité doit pêcher. Il y en a évidemment d’autres, mais la plupart ont quitté l’émission (Thallia, Titia, Bouli...).

Bref, ici pas de chroniqueurs, mais quelques têtes connues. Et une réalisation qui l’est tout autant puisqu’on l’a doit à Serge Khalfon. Le fameux Serge du tout aussi fameux "Magneto Serge". Réalisateur entre autre de +Clair et d’On a tout essayé, il enchaîne les plans serrés (pendant les interviews) et les plans larges avec une certaine fluidité. Aucun excès sauf quand Ardisson se cache derrière le livre ou le cd de l’invité. On a alors droit à de très moches effets qui rappèlent ceux de Jean-Jacques Amsellem sur les prime de Star Academy : ça clignote dans tout les sens et on ne voit plus grand chose. Côté lumière, on est là aussi très loin de l’émission phare de TF1. Aucuns effets particuliers, juste un éclairage simple pour recréer une ambiance décontractée sur le plateau.

Par contre, en ce qui concerne la musique, Ardisson et son équipe se lâche. Jingle au début de l’émission. Jingle pour l’entrée de l’invité. Jingle après chaque interviews (promo et thématique). Jingle pour le départ de l’invité. Jingles spéciaux pendant l’émission (fiche 69, pause bisous...). Et jingle pour annoncer le blind test. D’ailleurs, ce jingles ne le sont pas vraiment puisqu’il s’agit d’extraits de tubes tels que "Come with me" de Puff Daddy/P. Diddy, "Weapons of choice" de FatBoySlim ou encore "Get Right" de Jennifer Lopez. Le tout est lancé par Ardisson lui-même grâce à son sampler et chaque morceau est choisi par sa femme, Béatrice Ardisson, l’illustratrice sonore de l’émission.

Quant aux interviews à proprement parler, leurs qualité varie selon l’invité (interviewer Séverine Ferrer et Joe Cocker, c’est pas la même chose). Evidemment, Ardisson ne se gêne pas quand il peut parler de cul avec une invitée et ne peut s’empêcher de répéter "ouais" à chaque réponse. Une technique visant sans doute à continuer de faire parler l’invité. Contrairement à Fogiel, Ardisson laisse ses invités s’exprimer, mais l’émission étant enregistrée et montée, rien ne prouve qu’il reste honnête avec les propos tenus dans leurs réponses. D’ailleurs, ce montage se fait parfois ressentir. Toujours dans le même VSD, Ardisson expliquait pourquoi l’émission était montée : "J’ai été le premier à monter des talks shows, on m’a souvent dit d’enlever quand je suis idiot, je le fais, bien sûr, mais j’enlève aussi quand les invités sont idiots ou quand ils mettent cinq minutes à répondre à une question simple. Comme ça, ils passent pour des gens super-intelligents !" ... "Ouais"...

Au final, Tout Le Monde En Parle est un talk classique sur le fond, un peu moins sur la forme et qui doit beaucoup à son concepteur et présentateur qui a toujours su s’entourer. Le tout est plutôt plaisant à regarder malgré quelques défauts assez énervants (le "ouais", ou dernièrement les téléphones portables qui sonnent sur le plateau et les invités qui décrochent...). Le concept à été récemment adaptée par Guy A.Lepage pour la chaîne québécoise Radio-Canada et y rencontre un très grand succès. Et il semblerait qu’elle puisse également être adaptée en Italie. Affaire à suivre...



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