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Décryptage de la Nouvelle Star

mercredi 4 mai 2005, par yaya23

Pour ceux qui ne connaissent pas l’émission, La Nouvelle Star est l’équivalent du radio crochet, la dimension télévisuelle en plus.

Les racines de l’émission

Le nom générique de l’émission est Idols, elle est produite par la société FremantleMedia.
La première diffusion a eu lieu en Grande-Bretagne en 2001, sous le titre Pop Idol. A la surprise générale, elle a explosé l’audimat britannique. La production a ensuite décliné le programme dans une multitude de pays, avec des scores d’audiences impressionnants, en particulier aux Etats-Unis.

En France, l’émission est diffusée sur M6 et produite par FremantleMedia France, filiale de RTL Group.

Les principes de l’émission

Le principe de l’émission consiste à trouver la future star musicale de l’année. La durée de vie de la nouvelle star n’est bien sûr pas définie. Pour cela, la production a besoin d’un jury composé de personnes si possibles hétéroclites, et d’un présentateur pour gérer ce petit monde.

J’ai regardé les éditions 2004 et 2005 (en cours) et le jury est le même. L’édition 2003 avait vu l’avènement d’un chanteur "pour minette", Jonathan Cerrada. Le nouveau jury de 2004 a décidé dès le départ de ne pas favoriser le même type de gagnant. Résultat : en 2004, c’est un rocker style "mauvais garçon", Steeve Estatoff, qui a remporté la victoire, et un album à la clé.

Le jury

Mais quel est ce jury ? Il est composé d’une femme et de trois hommes.
- Mariane James, chanteuse qui a joué la diva Ulrika durant 11 ans dans toute la France, est le volcan de l’émission, avec ses coups de gueule désormais légendaires sur le plateau.
- Manu Katché, batteur qui a joué avec Sting, Peter Gabriel, Dire Straits, Michel Jonasz et est toujours affublé d’un couvre-chef improbable
- Dove Attia, producteur de comédies musicales, entre autres "Les dix Commandements", "Autant en emporte le vent" et bientôt
"Le Roi Soleil". Il est parfois, voire souvent, limite dans ses interventions, qui peuvent choquer les oreilles chastes.
- André Manoukian, compositeur, jazzman averti.

Quelle est leur légitimité dans cette émission ? Certainement leur appartenance au milieu musical, et surtout le courage d’exprimer leurs opinions quand ce qu’ils écoutent ne leur plait vraiment pas.
Mais certaines fois, le téléspectateur a la grande impression que le jury a les oreilles bouchées, et laisse passer des couacs assez énormes.

Le présentateur

Le présentateur est aussi le même depuis le début : Benjamin Castaldi. Son rôle a évolué cette saison, il suit maintenant les candidats durant les castings, et les interroge avant ou après leur passage.
Il a parfois du mal à contenir les ardeurs du jury, mais il est pris entre deux feux par la production qui doit lui crier dans
l’oreillette de ne pas dépasser les bornes.
Son mot préféré durant l’émission : téléphonez ! Les appels à téléphoner commencent dès la 10è minute de l’émission, et ne s’arrêtent que 2 heures plus tard, lors du verdict.
Un seul mot pour cela : pénible !

Les coachs

Les candidats sélectionnés sachant déjà chanter, nous pourrions penser qu’ils n’ont pas besoin de professeurs.
Erreur, tout chanteur continue à s’exercer avec un coach vocal, même arrivé au plus haut niveau. Dans l’émission, plusieurs personnes indispensables jouent donc dans l’ombre :
- Sara Sanders, la coach vocale, aide les candidats à placer leur voix et à prendre des risques.
- Le chorégraphe essaye de décoincer au maximum les candidats, afin qu’ils soient à l’aise sur scène, et exécutent quelques mouvements.
Mais certains sont toutefois trop statiques. Les imaginer en concert raides comme des bouts de bois assis sur leur chaise n’incite pas à les voir comme
de futurs stars.
- Moïse, la "nounou" des candidats, disponible pour les bons et les mauvais moments.

Le découpage de l’émission

En France, l’émission est découpée en trois phases :
- les castings
- le huit-clos dans un théatre
- les émissions en public avec vote par téléphone

Les castings

Durant trois émissions, la production promène son jury et son Mr Loyal (Benjamin Castaldi) sur les routes de France et de Belgique pour des castings dans plusieurs grandes villes.
Au total, 25000 personnes défilent devant l’impitoyable quatuor et seulement 60 sont retenues pour la seconde partie au théatre.
Cela donne lieu à de très belles prestations et à d’autres carrément ridicules, qui feront partie du "hit des inoubliables", réalisé à partir des votes des internautes.
Ces émissions sont scénarisés, avec Benjamin Castaldi en voix off. C’est assez dynamique comme montage, mais c’est aussi très frustrant car 30 secondes par candidat, on voudrait parfois en voir plus...ou moins !

Le huit-clos dans un théatre

Cette émission est la moins intéressante de toutes. On connait peu les candidats, vu que seul leur casting a été diffusé.
Mais on voudrait bien suivre certains candidats. Je pensais naïvement que les prestations des 60 seraient diffusées : raté ! Nous avons bien sur droit à ceux qui seront finalement retenus, mais je suis restée sur ma faim.
L’annonce des chanceux qui continuent est pour le moins mise en scène : 4 groupes dans 4 pièces différents.
Le jury passe de pièce en pièce pour annoncer si le groupe reste ou part. Grosse mise en scène, avec Marianne James qui fait semblant
de pleurer alors que le groupe reste. Mais totalement copié sur le modèle, la version américaine a exactement les mêmes scènes, sauf que c’est Paula Abdul à la place de Marianne James.

Les émissions en public avec vote par téléphone

C’est la partie qui devient réellement intéressante, avec les prestations en live, accompagnées par un group de musiciens qui s’éclatent et cela se sent.
Par contre, au niveau du choix des chansons, il peut y avoir du très bon comme du carrément mauvais. Cela dépend aussi, bien sûr, de la personne qui chante.
Mais Manu Katché a piqué une crise lors d’une des émissions, en indiquant clairement que les chansons étaient "de la daube". Pour certaines, il avait raison, mais qualifier une chanson de Jonasz de daube, alors qu’il a été son batteur, c’est carrément insultant.

Lors de ces émissions, une grande place est faite au vote par téléphone, en clair le tiroir-caisse de M6 et la production !
Et c’est extrêmement horripilant, de voir Benjamin répéter constamment "pour machin, taper 1 sur votre téléphone ou par SMS" toutes les 10 minutes.
Autre défaut qui empire dans l’émission : le récapitulatif de l’émission qui vient juste de se dérouler. Lorsqu’il reste 5 ou 6 candidats, nous avons droit à au minimum 3 rediffusions de 30s de chaque prestation. Pire que de la pub, mais des images à pas cher !

Chaque émission est construite sur le même schéma : un récapitulatif de la semaine précédente (comme dans les séries), puis la présentation rapide du jury.
Les candidats restants chantent la chanson de groupe (cette année une véritable catastrophe, un vieux tube des Jackson Five) puis chaque candidat fait sa prestation en solo.
Lorsqu’il ne reste plus que 5 ou 6 candidats, cerise sur le gâteau : 2 passages pour chaque candidat, ainsi que des duos ou des trios.
Selon le choix musical et le choix des duos/trios, le résultat peut être très bon comme ennuyeux.

Le passage de chaque candidat

Pour chaque candidat, un petit documentaire est diffusé. Le sujet est différent selon l’émission : sa vie, son oeuvre, son retour chez lui, le déroulement de la semaine passée.
Plus ou moins intéressant, le pire étant peut-être le retour "au pays" qui fait limite trafiqué pour certains candidats.
Durant la prestation du candidat, des pancartes de soutien sont brandies dans le public : cela fait vraiment trop manifestation de soutien,
et en plus beaucoup de personnes portent des tee-shirts à l’effigie de chaque candidat restant. Un autre business pour la production ? Car ils ne nous feront pas croire qu’il y a déjà autant de fans ?

Le jugement individuel

Moment redouté par tous les candidats, qui après chaque prestation en solo doivent se soumettre au verdict des membres du jury.
Les chanteurs essayent de faire bonne figure malgré ce qu’ils peuvent entendre. Et le jury n’est pas toujours tendre.
Il peut être élogieux ou carrément descendre le candidat. La palme revient à Manu Katché et Marianne James, qui sont souvent cinglants lorsqu’ils n’aiment pas
D’un certain côté, cela fait partie du jeu, et le monde de la musique ne faisant pas de cadeaux, cela aide les chanteurs à s’endurcir.

Le retour des candidats de l’année précédente

En approchant de la fin de la Nouvelle Star, le candidat gagnant de l’année précédente vient faire un tour (de promotion ?). Ainsi qu’éventuellement ceux qui ont sorti un album.
Sympatique, mais est-ce un passage obligé, un an plus tard ? Les candidats signent certainement un contrat avec la production, mais quelle est sa durée ? Cela fait partie des mystères de la Nouvelle Star.
Un autre mystère concerne la suite de leur carrière. Par exemple, l’année dernière Steeve Estatof a gagné. Son album est sorti en août et s’est bien vendu. Mais Amel Bent (3è) a sorti un album début 2005,
qui cartonne beaucoup plus. Ce n’est pas le même style (rock pour Steeve, R&B sauce rap pour Amel) mais le public de l’émission était pourtant le même.

Le commentaire final du jury

Un passage obligé pour le jury : chacun doit dire qu’elle a été la moins bonne prestation. Le jury joue rarement le jeu, et Manu Katché
se fait un plaisir de répondre à l’opposé de la question, et annoncer sa prestation préférée. De toutes façons, les votes étant quasiment terminés, cela ne va pas aider les candidats.

Le décompte

La pression monte durant les dix 10 dernières secondes où les téléspectateurs peuvent encore téléphoner. C’est une course contre la montre et pour l’argent (pour la production)
afin de faire gagner le candidat préféré de la ménagère de moins de 50 ans. Benjamin Castaldi scande le décompte, aidé par le public et un écran géant. Pression, pression....

L’huissier

La minute de gloire hebdomadaire d’un huissier, qui apporte la précieuse enveloppe. La valeur ajoutée de cette intervention est proche de zéro. Aucun intérêt pour le téléspectateur, de toutes façons Benjamin Castaldit pourrait aussi bien avoir les résultats par son oreillette.
L’huissier de justice est en fait présent pour rassurer le téléspectateur, et lui prouver qu’il n’y a pas de tricherie, puisqu’il est garant du résultat obtenu grâce aux votes par téléphone.

L’attente insoutenable

Une fois la précieuse enveloppe en sa possession, l’animateur fait vraiment durer le plaisir. Pourtant, cela ne rapporte plus rien vu que les votes sont terminés.
Ils devraient carrément donner le résultat du vote la semaine suivante, ça apporterait du public ! Chaque candidat retenu est appelé. Je ne sais pas si l’ordre d’appel correspond au total des voix.
Le pire est pour les deux derniers candidats. Et là, Benjamin insiste lourdement sur le "et il n’en restera qu’un". Et il fait durer, durer...jusqu’à ce que le téléspectateur zappe ? Non, il est bien accroché, il veut connaître le résultat.

Le résultat

Petit détour des caméras sur le jury, pour voir la réaction des différents membres. Cela mériterait carrément un petit commentaire de chacun d’entre eux, mais ce n’est pas prévu. Dommage.

Synergies

La production utilise tous les moyens possibles pour faire parler de l’émission :
- Site Internet avec forum, vidéos des recalés et bonus payants, ce qui a d’ailleurs fait hurler Manu Katché. La musique payante, oui, mais la rediffusion de parties d’émissions ?
- Radio (RTL2) avec publicités déclamées par les candidats pour l’émission du soir
- Émission sur M6 : Plus vite que la musique tous les samedis soirs avec deux sujets consacrés à la Nouvelle Star, l’un sur les coulisses du prime du jeudi précédent, l’autre sur une personne de la production.
C’est pas trop tôt le vendredi matin avec intervention du candidat sorti la veille
- Télévision sur une chaîne du même groupe, Fun TV, avec des sujets consacrés à la Nouvelle Star

Comparaison avec American Idol (USA)

Une comparaison avec American Idol était prévue....mais j’ai essayé de visionner quelques épisodes, et franchement, je n’ai pas pû.
Autant j’apprécie (oui, c’est possible) la version française, autant l’américaine me tape sur les nerfs. Allez comprendre !
J’ai remarqué un détail : le jury a des verres estampillés Coca-Cola sur la table, extrêmement visibles, ce qui serait impossible en France.

Le Google Fight

Au petit jeu de la recherche sur Google, nous avons un total d’environ 549 000 hits pour nouvelle star,
3 240 000 pour american idol et 708 000 pour pop idol. La version américaine écrase tout sur son passage, et est devenu la référence pour les autres pays.

Un jeu

Dans les produits dérivés, le plus improbable est arrivé : le jeu Pop Idol.
Il est basé sur le personnage de l’un des membres du jury anglo-saxon les plus emblématiques de l’émission : Simon Cowell. Le but étant bien sur de devenir la Nouvelle Pop Idol virtuelle.
J’imagine que cela amuse les adolescents ?

La déclinaison dans divers pays

Pour se faire une idée de la copie du concept dans différents pays, rien ne vaut internet :
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Afrique du Sud

Afrique du Sud
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Allemagne

Allemagne
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Australie

Australie
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Belgique

Belgique
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Canada

Canada
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Danemark

Danemark
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Etats-Unis

Etats-Unis
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Finlande

Finlande
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France

France
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Grèce

Grèce
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Islande

Islande
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Malaisie

Malaisie
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Norvège

Norvège
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Nouvelle-Zélande

Nouvelle Zélande
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Pays-Bas

Pays-Bas
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Pologne

Pologne
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Portugal

Portugal
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Slovaquie

Slovaquie
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Tchéquie

Tchéquie
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World Idol

World Idol

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