BRUNO SALOMONE — ‘‘Fais pas ci, Fais pas ça n’est pas débilisante’’
Le Denis Bouley de FPC² évoque son rôle, la série, et la fiction française.
Par Nicolas Robert • 11 novembre 2011
Alors que « Fais pas ci, Fais pas ça » s’apprête à faire son retour sur les écrans, nous avons parlé à Bruno Salomone qui interprète le rôle de Denis Bouley pour la quatrième année.

Le 16 novembre, « Fais pas ci Fais pas ça » signe son grand retour sur France 2 (et aura fort à faire face aux habituels 9 millions de téléspectateurs du « Mentalist » de TF1 Vous savez ce qu’il vous reste à faire !). Au programme, huit épisodes et une saison 4 qui accueillera Anthony Kavanagh et Frédérique Bel. Un bon prétexte pour parler fiction française avec celui qui incarne Denis Bouley.

Nicolas Robert : Quel regard portez-vous sur cette nouvelle saison, tant du point de vue du tournage que de l’évolution de vos personnages ?

Bruno Salomone : Je trouve que tout ça a pris un essor incroyable, et que ça devient de plus en plus drôle. Aujourd’hui, on commence à vraiment bien maîtriser nos personnages et chacun s’immisce de plus en plus dans le texte. On veut vraiment tous apporter quelque chose : cette série, c’est un peu comme notre bébé. Le plus intéressant pour nous, c’est que ceux que nous incarnons évoluent vraiment. Je prends par exemple plus d’assurance : Denis Bouley devient coach en entreprise et intervient aussi auprès de particuliers pendant que ma femme se retrouve au foyer... sans perdre pour autant son tempérament. Et c’est un peu la même chose chez les Lepic où Fabienne (Valérie Bonneton) travaille à la mairie et existe davantage en tant que femme. Moi, ça me plaît d’évoluer dans une direction différente.

En France, au bout de trois ou quatre saisons, les acteurs sont parfois lassés de jouer dans une série. A vous entendre, on n’a pas l’impression que ce soit votre cas...

Le thème de « Fais pas ci Fais pas ça » — la famille, comment on jongle entre son rôle de parent et sa vie professionnelle — est tellement propice à imaginer toutes sortes de situations comiques qu’on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer. Ce n’est pas une série débilisante : en France, on a parfois tendance à s’enfermer, à se reposer sur ses lauriers quand on trouve une formule qui marche. Au sein de toute notre équipe, il y a une vraie volonté d’améliorer constamment ce que l’on peut proposer au public. Avec Isabelle Gélinas, qui joue mon épouse, on se connaît vraiment bien maintenant et on va vite : on sait rebondir rapidement quand on trouve que quelque chose ne marche pas. Et je crois que ça paye : auprès de la profession, la série est assez reconnue.

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Les Bouley au complet
De G à D : Alexandra Gentil, Isabelle Gélinas, Myrtille Gougat, Bruno Salomone, Lilian Dugois

On vous a vu dans plusieurs projets télé marquants (« Clara Sheller », « Kamelott »...) : vous en pensez quoi, à titre personnel, de la fiction française sur petit écran ?

Honnêtement, j’ai arrêté de regarder la télé il y a quinze ans et j’ai surtout vu beaucoup de séries anglaises et américaines. Mais en tant qu’acteur, je trouve qu’en France, on ne se lâche pas assez dans les projets qui sont proposés : on se contente de peu. Du coup, quand on veut avoir une approche qualitative, ce n’est pas simple. C’est dur de refuser du travail quand on a rien à se mettre sous la dent. Il faut beaucoup travailler mais il y a incontestablement un facteur chance à prendre en compte.

Ce n’est pas un peu bizarre de tourner dans une série qui a servi d’inspiration à une sitcom américaine qui a remporté plusieurs Emmys Awards ?

« Modern Family » ? Ce doit surtout être une fierté pour la créatrice de notre série à nous [1] ! Et puis nous aussi, on a eu un prix international à Monaco, faut pas l’oublier (rires)... Non, c’est bien : si les États-Unis s’inspirent d’une de nos idées, c’est qu’elle ne doit pas être si mauvaise que ça. En France, au terme de la saison 1, on a laissé tomber le côté documentaire : je le regrette un peu parce que j’aimais vraiment bien ce format, très novateur. A l’époque, on avait eu un bon article dans Télérama. Quand on a changé de formule, on n’en a plus eu mais l’audience était au rendez-vous. Apparemment, entre l’audience et Télérama, il faut choisir... Cela dit, le changement de direction vers plus de fiction nous a ouvert des portes : aller dans les pensées, dans les rêves, dans des ambiances musicales...

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Aujourd’hui, si vous aviez carte blanche, vous feriez quoi ?

J’ai tourné dans deux longs-métrages et je suis en train d’en écrire un. J’ai envie de faire quelque chose qui verse dans le surréalisme populaire. Quelque chose d’un peu barré mais qui parle à tout le monde. C’est un gros pari parce que quand on part dans un délire surréaliste, il faut être capable de donner des clefs au public... du coup, je prends mon temps. Mais j’écris depuis un moment : sur « Fais pas ci Fais pas ça », quand on apporte des vannes qui fonctionnent vraiment bien, c’est assez jubilatoire. On a vu ça lors des projections d’épisodes de la saison 4...

On parle aussi d’un film tiré de la série, avec tournage au printemps...

L’info a circulé. On en a entendu parler mais pour l’instant, on n’en sait pas beaucoup plus...

Propos recueillis par Nicolas Robert.

Retrouvez notre critique de « Fais pas ci, Fais pas ça » saison 4.

Post Scriptum

Crédit photos :
© Eric Vernazobre/FTV