DOCTOR WHO - 4.03 : Planet of the Ood
‘‘I spent all that time looking for you, Doctor, because I thought it’d be so wonderfull out here…’’
Par Sullivan Le Postec • 2 mai 2008
Après s’être baladée dans l’Histoire, Donna découvre cette semaine sa première planète extraterrestre. L’occasion de retrouver les Oods, ces aliens intrigants apparus dans le formidable double épisode « The Impossible Planet » de la saison 2.

« Planet of the Ood » est un épisode de science-fiction old school, qui met l’accent sur la critique sociale, et offre un autre segment solide de cette quatrième saison, malgré quelques failles scénaristiques...

Planet of the Ood

Scénario : Keith Temple ; réalisation : Graeme Harper.
Pour la première fois, Le Docteur amène Donna sur une planète extraterrestre, un monde choisi au hasard dans l’espace et le temps par le Tardis. Le duo débarque sur une planète enneigée, qui se trouve être celle des Oods, cette race de serviteurs extraterrestres à l’apparence assez repoussante (qui n’est pas sans rappeller les Pak Ma Ra de « Babylon 5 ») découverts dans la seconde saison. Les Humains sont sur cette planète, et ils ont transformé la production de Oods et leur livraison aux quatre coins de plusieurs galaxies en une véritable industrie. Mais le Docteur, qui s’était peu soucié des Oods lors de sa rencontre avec eux, découvre avec Donna que leur service soi-disant volontaire correspond en réalité à une mise en esclavage assortie d’une terrible mutilation.
Il s’avère aussi que ce moment est justement celui où la complainte des Oods s’apprête à faire tout son effet. En effet, depuis quelques temps, une étrange contagion se répand qui transforme les Oods en assassins aux yeux rouges. Ce qui tombe mal au moment où les ventes tendent à diminuer...

Allégories

Depuis toujours, les histoires de science-fiction sont utilisées pour commenter l’époque qui les produits par le biais de l’allégorie. Cet exercice est plus ou moins réussi selon la capacité de ces histoires à provoquer la réflexion de ceux à qui elles s’adressent sans que les ficelles ne soient trop apparentes. Dans le cas de cet épisode, le récit pêche un peu dans l’accumulation d’une imagerie parfois un peu lourde : le garde Noir qui fouette l’esclave Ood, le gazage des Ood retenus prisonniers. Au bout du compte, l’ensemble finit par y perdre en crédibilité et en subtilité. Néanmoins, le propos tenu n’est pas indigne d’intérêt, loin de là.
C’est notamment le cas au travers des échanges entre le Docteur et Donna, le premier commentant que l’esclavage des Oods n’est pas si différent de l’époque contemporaine. Aux objections de Donna, il répond simplement en l’interrogeant sur l’origine de ses vêtements, ce qui vexe sa compagne de voyage qui ne manque pas de se demander si c’est là sa fonction : servir de victime expiatoire aux commentaires acerbes du Docteur sur l’Humanité. Un peu plus loin, la discussion porte sur le niveau de conscience qu’ont les Terriens du 42e siècle de cette esclavage à grande échelle qui frappe les Oods. Savent-ils ou pas ? Oui, ou en tout cas ils ne posent pas la question, ce qui revient au même, répond la chargé de communication de l’usine de Oods. Dans l’ensemble, ce sont plutôt ces petites répliques qui font mouche, plutôt que l’imagerie dont je parlais plus haut.

Toutes les merveilles de l’Univers

La construction de la première moitié de l’épisode est plutôt efficace, le Docteur et Donna s’infiltrant dans l’usine et découvrant progressivement l’ampleur de l’horreur qui frappe les Oods. L’épisode culmine lorsque les deux personnages découvrent les Oods naturels retenus prisonniers, et que le Docteur permet à Donna d’entendre leur chant, la complainte télépathique qui les unit. Donna est perdue un instant, elle qui avait cherché si longtemps le Docteur dans l’espoir de découvrir toutes les merveilles de l’Univers, et qui se trouve coup sur coup confrontée à l’ampleur de responsabilités et, dans cet épisode, à l’absolue noirceur que recèle l’Humanité.
Cette première moitié d’épisode se paye aussi le luxe d’une scène d’action vraiment spectaculaire et multi-référentielle, le Docteur courant entre des containers, traqué par un crochet métallique immense, version géante de ceux avec lesquels on essaie — sans jamais y arriver non plus d’ailleurs — d’attraper des peluches à la Fête Foraine.

Manque d’implication

La deuxième moitié de l’épisode pose plus de problèmes, même si le rythme continue de s’accélérer, et que la révolte des Oods est joliment mise en scène. Le problème vient d’un souci majeur dans la construction de cette histoire : les deux personnages principaux, à savoir le Docteur et Donna, ne sont jamais que spectateurs dans cette histoire. En leur absence, tous les événements de l’épisode se seraient passés de la même façon, la révolution des Oods étant un plan préparé de A à Z, et dont l’exécution s’est parfaitement passée. La seule action concrète de l’épisode étant l’arrêt par le Docteur des bombes qui menaçaient le cerveau géant qui relie la communauté des Oods, ce qui n’importe qui aurait pu faire de toute façon. Par contraste, la gratitude infinie exprimée par les Oods dans la scène de conclusion apparaît dont complètement grotesque — mais peut-être faut-il voir un lien avec la scène de conclusion de l’épisode précédent, qui exprimait d’une autre façon l’inscription du Docteur et de Donna dans l’Histoire. A voir donc si tout cela construit quelque chose au terme de la saison. Ce qui jouera un rôle, on peut en revanche en être plus certain, c’est la prophétie cryptique faite par les Oods, selon laquelle la chanson du Docteur doit bientôt trouver sa fin. On aura aussi remarquer l’allusion à la disparition des abeilles sur la Terre contemporaine. Une énigme scientifique réelle qui entre en résonnance avec les disparitions de planètes mentionnées dans les épisodes précédents.

Pas aussi achevé que les deux premiers épisodes de cette quatrième saison de « Doctor Who », « Planet of the Ood » se révèle toutefois un segment non dénué de mérites, et persiste à provoquer chez ses personnages de fortes réactions émotionelles. Un axe fort intéressant de cette année...