Et, pendant une journée, la logique régna sur le monde...
JUILLET 2010 (2)
Par Sullivan Le Postec • 8 juillet 2010
Bienvenue au Village, webzine des fictions européennes et francophones.

La journée consacrée à « Hero Corp » dimanche 4 juillet lors de la Comic Con’ France, fut marquante à plus d’un titre. Ce fut aussi un moment de bonheur et, il faut bien le dire, de réconfort, dont on veut espérer qu’il pourrait ne pas durer qu’une journée.

Le monde de la fiction télé française, dominé par un court-termisme qui a gangréné toutes les chaines, donne souvent l’impression de marcher sur la tête, de ne laisser aucune place à la logique. Les projets prometteurs sont abandonnés par les chaînes, les services de programmation semblent lancés dans un concours d’incompétence sans fin, et des rediffusions de « Navarro » peuvent faire quasiment faire jeu égal avec une série faisant preuve de courage telle que « La Commanderie », littéralement reniée par son diffuseur. Et, pendant ce temps là, Joséphine et Julie continuent de cartonner à l’audimat, tout simplement parce qu’on a passé tellement d’années à repousser les moins de quarante ans loin de la télé française qu’ils ont fini par l’oublier.

Le redressement de la fiction française est indispensable aux chaînes. La fiction, c’est ce qui leur donne une image, une identité, bien plus que ne le feront jamais des programmes de flux, sans parler des contenus non-télévisuels comme les films de cinéma. Mais la fiction française a été victime d’un tel abandon, d’un tel mépris, d’une telle incapacité de la plupart des chaînes à définir et maintenir une ligne éditoriale cohérente et distincte, qu’il faudra du temps pour reprendre les choses en mains, pour réconcilier le public avec des séries made in France.
Le cas de Canal+, qui a bénéficié tout de suite d’un succès estime, mais à mis quatre ans à atteindre un succès d’audimat et d’impact auprès de messieurs et mesdames tout le monde, est éloquent et devrait être source d’enseignements.

Il n’en est rien. Les chaînes sont toujours à la recherche d’un succès instantané, de la série qui ferait passer la fiction française de rien à tout du jour au lendemain. Alors les chaînes se retournent vers des recettes dans lesquelles ils croient percevoir la sécurité : traduction de scénario de séries étrangères, remake, adaptation télévisuelle de buzz internet... Une méthode qui laisse voir qu’en fait, les gens qui dirigent la télé française, pour la plupart des industriels qui n’y connaissent rien, sont tout simplement incapables de faire la différence entre une bonne série et une mauvaise...

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C’est ce qui fait qu’« Hero Corp » — une série qui a rencontré un public jeune comme aucune série ne l’a fait en France à par « Kaamelott », et en plus un public geek amateurs de DVD et autres produits dérivés ; une série qui s’est fait une notoriété intégralement par le bouche à oreille, dans une spectaculaire absence de communication des chaînes la diffusant ; une série souvent programmée en dépit du bon sens (quatre épisodes à la suite le vendredi soir, franchement, on les recrute comment, les programmateurs ?) — est aujourd’hui un bubble show, comme dise les américains, pas sûr du tout de continuer. Arrêter cette série, dont le rapport qualité-budget est par ailleurs PHE-NO-ME-NAL, serait bien plus qu’une aberration : une faute grave de nature à nous détourner des chaînes qui la commettraient.

Dossier « Hero Corp » : pas de sous, mais des idées

Cycle de Bonus sur la saison 2 :

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Dossier Comic Con france 2010

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