LA GREVE DES UNS - Sélection de la rédaction de pErDUSA
« Spaced » & « Footballers Wive$ »
Par Blackie & Jéjé • 15 février 2008
La nouvelle de la fin de la grève des scénaristes US est arrivée juste à temps pour empêcher la rédaction de pErDUSA, qu’on ne présente plus, de sombrer dans la dépression nerveuse. Il ne leur reste plus maintenant qu’à réunir leurs dernières forces pour tenir les quatre à huit semaines qui nous séparent du retour des séries de l’Oncle Sam. On n’empêchera pas certains petits retours de spleen cela dit : aux dernières nouvelles, il faudra carrément attendre septembre pour qu’ils puissent à nouveau dire du mal de « Heroes »...

Footballers Wive$

Par Jéjé

Parfois, il suffit de pas grand chose pour faire revivre l’espoir.

Grand fan de Prime Time Soaps déjantés, je m’étais progressivement résolu à l’idée à que les Américains avaient perdu la recette du genre. Depuis la grande époque de Kimberley Shaw, aucun personnage, ni aucune situation n’était arrivé à la hauteur du grand n’importe quoi de « Dynasty » ou de « Melrose Place »...

Et puis, je suis tombé sur ce coffret DVD.
Rose. Trois photos de femmes, dont on ne sait si ce sont des stars du porno ou des prostituées de luxe, sur fond mauve. Une photo beaucoup plus petite de trois hommes un peu falots. Une boule disco qui prend un tiers de la jaquette. Et un titre.
« Footballers Wive$ ».
Le signe « $ » à la place du « s » ? C’est trop beau pour être vrai.

J’ai quelques palpitations. Je ne comprends pas. Je ne connais pas cette série. Pourtant je passe ma vie à décortiquer les programmes US pour trouver ma dose de soap dans ses incarnations actuelles, me retrouvant obligé de faire le grand écart entre les feuilletons sophistiqués d’HBO type « Six Feet Under » et la télé réalité de compétition à la « Survivor ».
Tiens, tout s’explique. Une petite pastille 15 en rouge dans le coin, c’est un truc anglais.

Fébrile, je ramène l’objet chez moi.

Et là... Je survis miraculeusement à une overdose de kitch et de vulgarité !
Ce fut le bonheur le plus total !
Des seins qui prennent feu, des palaces, des clopes, l’accent cockney, des bébés hermaphrodites, de la coke, des machinations perverses, des scènes de douche dans les vestiaires, Joan Collins en guest star, du détournement de mineur, du footballer gay et au final une nouvelle icône, Tanya Turner !
Le tout dans une ambiance premier degré qui s’assume, le prime time soap n’était pas mort.

Quatre saisons plus tard, je maudis encore ITV d’avoir annulé la série (sur un cliffhanger haletant qui plus est).

Bonus : La jaquette américaine n’est pas mal dans son genre non plus...


I want « Spaced » back for good

Par Black Widow

Il y a quelques années, je passais une de ces soirées à glander chez des amis en discutant de films, de comics, à jouer aux jeux vidéos, et à fumer et boire un peu trop. C’est là que l’un d’eux nous sorti le coffret d’une série anglaise « trop géniale et à voir absolument ». Avec sa pochette inspirée de « Star Wars » et son titre pouvant prêter à confusion, je cru bêtement devoir me supporter un space opera bas de gamme car à l’époque, anglais+science fiction me faisait faire d’affreuses grimaces. Autant dire que je ne m’attendais pas à me prendre une claque télévisuelle.

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Spaced

C’est donc ainsi que je découvris la bande à Daisy et Tim, des glandeurs parlant un peu trop de films, de comics, qui jouent aux jeux vidéos, et fument et boivent forcément trop (comme tout anglais qui se respectent). Et ce qui ne devait être qu’une démonstration du Pilote se solda en nuit blanche à visionner les deux uniques saisons et la montagne de bonus de cette série méritant largement son statut de Culte.

Ses prémices sont plutôt simples : deux ados attardés se rencontrent à peine qu’ils décident de se faire passer pour un couple, afin d’emménager dans un appartement loué par une cheminée vivante. Accompagnés de leur voisin peintre et leurs meilleurs amis, dont un obsédé par l’armée, ils passent leur temps à se trouver des excuses pour ne pas travailler entre deux joints et foirer leur vie privée autant que leurs carrières inexistantes d’écrivain et de dessinateur. Pour pimenter le tout, ils l’agrémentent des délires de leur imagination nourrie à la pop culture (cela bien avant que ne débarque J.D. dans « Scrubs »)

« Spaced » pourrait être résumée comme une série de geeks pour les geeks, mais c’est surtout une comédie qui va bien au-delà des clins d’œil appuyés aux spectateurs. C’est une critique sociale entièrement maîtrisée par le duo de comédiens-scénaristes, une galerie de personnages totalement loufoques mais terriblement attachants, et une masse d’absurdités que l’on retient instantanément par cœur. Résultat, il devient impossible pour tout amateur de ne pas répondre « Anger, Pain, Fear, Agression » à la simple évocation de Brian, la moindre sonnerie de téléphone provoque des envies de danser sur de la techno et pousser la chansonnette sur du Take That n’est même plus passible de lynchage.

Avant d’en arriver à ces auto-références, on peut aussi s’amuser à jouer au plus cultivé. Par exemple, ma première réaction fut de m’exclamer à la vue de Simon Pegg, d’un ton fier et snob : « Mais c’est le mec de « Hippies » ! » (une série encore plus obscure). Tout de suite, cela a son effet. Evidemment, si vous comptez vous la jouer aujourd’hui d’un « Mais c’est les mecs de « Shaun of The Dead » et « Hot Fuzz » ! », vous serez gratinés d’un « Duuuh » totalement méprisant (et mérité) étant donné le niveau de popularité de ces films. Par contre, vous pourrez toujours faire remarquer que Jessica Stevenson est celle qui croise brièvement Pegg dans Shaun of the Dead et que la scène en est encore plus drôle. Ou encore que c’est la paranoïa développée par Tim en jouant à Resident Evil qui inspira le film.
« Spaced », c’est non seulement excellent, mais c’est aussi idéal pour briller en société.

Pour résumer, il ne vous reste qu’à vous jeter sur les quatorze épisodes de « Spaced », si vous ne connaissez pas déjà. Cela vous évitera d’avoir la honte lorsque l’épisode-réunion qu’on nous promet depuis des lustres arrivera enfin. Si vous n’êtes toujours pas convaincus, I guess now it’s time for me to give up… Ou pas. Non, vraiment, passer sa vie à côté de « Spaced » est un crime. C’est bien simple, les anglais n’ont rien fait de mieux depuis l’invention de la pop et Christian Bale.


Retrouvez les rédacteurs de cet article sur leur site : pErDUSA.

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