REPORTERS - Episodes 2.03 & 2.04 • REPORTERS : SAISON 2
Un pacte, une grève et un banquier Suisse...
Par Sullivan Le Postec • 1er juin 2009
La saison 2 continue sur l’excellente lancée de ses deux premiers épisodes et atteint déjà un premier point culminant au cours de l’épisode 4.

Une deuxième soirée d’épisodes de « Reporters » qui fait monter la tension à 24 Heures, ce qui culmine dans une des grandes scènes que compte cette saison 2...

Pour mémoire, le débrief de ces épisodes par Olivier Kohn et Gilles Bannier est en ligne ici.

Episode 3

Ecrit par Martine Moriconi. Réalisé par Gilles Bannier.
Alexandre Marchand est interrogé par la DGSE depuis plusieurs heures, mais il ne leur lâche rien. Cazalès, le dernier homme à avoir vu son père en vie finit par faire son apparition. Alex lui fait part de ses doutes à son sujet et tente de savoir qui était le troisième homme qui participait aux rendez-vous qui réunissaient le Général Marchand et Cazalès. Il n’obtient pas de réponse, mais comprend que ce troisième homme est mort dans l’attentat. Une fois libéré, il cherche donc à identifier chacun des passagers du bus, qui apparaissent sur la vidéo filmée par son ami. Marchand constate que de nombreux employés d’Airsup, l’avionneur européen, étaient à bord du bus...
Florence Daumal a embarqué pour Saint Petersbourg où elle doit interviewer le Premier Ministre Barlier, laissant les clés de 24 Heures à Serge Attal. Michel Cayatte s’aperçoit qu’Attal est en train de recruter pour le site internet de 24 Heures, dans le dos de Florence qui avait promis de reclasser 20 salariés du quotidien. Michel s’en confie à Joubert, le responsable du Syndicat à 24 Heures. La situation s’envenime...
A Saint Petersbourg, Florence tente de maintenir Janssen à distance, lui qui espère toujours une véritable relation. Tard le soir, Florence est dérangée par du bruit à l’extérieur de sa chambre. Elle entrouvre sa porte et une femme y entre soudainement : Marie Clément, une actrice vieillissante à la gloire fanée. Elle est en pleine dispute avec son amant... le Premier Ministre Barlier ! Florence et Marie passent plusieurs heures ensemble, pendant lesquelles Marie lui apprend qu’elle est enceinte... Barlier est furieux que Florence se retrouve dans la confidence de ce secret d’Etat. Il passe un pacte avec Florence : elle ne l’attaque pas en dessous de la ceinture, et il la laissera diriger 24 Heures. A son retour à Paris, Florence découvre une rédaction grève. Son interview de Barlier n’a été publiée que sur le site du journal...
Elsa est furieuse de constater qu’elle figure en Une d’un hebdo people, seins nus aux cotés d’Alain Massart. Mais ce dernier, cynique, lui en explique les bienfaits pour sa popularité. D’ailleurs, c’est sur la base de cette Une que Leroy, le Président de TV2F, décide de choisir Elsa pour remplacer Massart au 20 Heures suite à sa suspension. Son objectif est de rajeunir l’audience du journal alors qu’il milite pour obtenir sa reconduction pour un nouveau mandat par le CSA. Celui-ci vient de se voir désigner un nouveau Président, Mériadec, qui n’est autre que l’amant secret de Catherine Alfonsi, la directrice de l’info de TV2F... Catherine apprend sa promotion à Elsa alors qu’elle se trouve avec Massart. Furieux, il lui révèle qu’il sait que c’est elle qui a balancé son bidonnage au blog de Campana. Ils rompent et Elsa se jure de garder le poste au-delà de la période de suspension de Massart...
Le médecin de Michel lui prescrit un médicament susceptible de régler ses problèmes d’érection. Sa situation contribue à le rendre à cran alors qu’il couvre le procès en révision d’Augé. Il prend contact avec une prostituée pour tester le résultat. Mais celui-ci n’est pas à la hauteur de ses espérances. Michel découvre que l’avocat d’Augé cache des éléments plutôt de nature à confirmer les soupçons sur son client. Thierry Augé est déclaré innocent justement au moment où Cayatte réalise qu’il est possible qu’il soit coupable...
Thomas Schneider presse la juge Delassagne d’accélérer les choses. Celle-ci attend que le Procureur soit en congés pour faire une demande de réquisitoire supplétif, sans quoi celle-ci serait vraisemblablement immédiatement rejetée. Dans les bureaux de TV2F, Thomas repère parmi les photos des hommes du bus un homme qu’il connaît : Korejian, une ‘‘lessiveuse’’ impliquée dans les finances occultes du Parti de Barlier. Thomas a une piste pour en savoir plus, un banquier, il propose à Alexandre d’aller à Genève le voir ensemble...

Episode 4

Ecrit par Sorj Chalandon. Réalisé par Gilles Bannier.
A Genève, Alexandre et Thomas rencontrent Heuler, le banquier Suisse en lien avec Korejian. Les méthodes des deux hommes, à la fois opposées et complémentaires, contribuent à le faire parler, sous couvert de n’être jamais cité. Il leur explique que l’attentat a été fait en réponse à l’arrêt, sept mois plus tôt, du versement de commissions aux Saoudiens, négociées en l’échange de leur achat d’avions Airsup. L’Etat français étant l’un des actionnaires d’Airsup, Thomas est persuadé que Barlier est derrière cette affaire, même si Alexandre lui objecte qu’Heuler n’a rien dit de tel. A peine rentré de Genève, Alexandre souhaite retourner à Riyad pour creuser la piste des commissions. Sa femme tente de l’en dissuader sans succès. Avant de partir, il rencontre à nouveau Bill Finley, l’ami de son père à la CIA qui lui explique que son père se battait pour le bien de son pays. Finley descend du bus et rejoint un agent rouquin qui les regardait depuis l’arrière...
Dewilder demande à Florence et Attal de régler au plus vite la grève qui empêche 24 Heures de paraître. Florence affronte l’assemblée générale des salariés du journal qu’elle confronte à la réalité : soit la grève s’arrête, soit c’est le journal qui va devoir cesser de paraître définitivement. Elle reçoit le soutien inattendu d’Attal. Peu après, la fin de la grève est votée. Après avoir fini de vérifier le numéro du lendemain, Florence se rend à un rendez-vous avec Marie Clément, qui a demandé à la voir. Elle vient de se faire avorter...
Le Procureur dont dépend la juge Delassagne a interrompu ses vacances et lui passe un savon pour avoir tenté de le contourner. La juge appelle Thomas. Le seul moyen de les empêcher de lui retirer l’instruction Démocratie Républicaine est de sortir cette information. Thomas, qui sait qu’il n’arrivera pas à faire sortir cette info sur TV2F, appelle Florence...
Michel assiste à la sortie de prison de Thierry Augé. L’apercevant, celui-ci descend de la voiture de son avocat pour monter dans celle de Cayatte. Augé l’emmène sur les lieux où il a vécu et où il dit avoir découvert le corps de la jeune fille assassinée. Augé n’a nulle part où aller. Michel le ramène jusque chez lui. Apercevant Elsa à la télé, il révèle à Michel qu’elle l’a accompagné chaque soir en prison. Il ignore qu’elle est sa fille. Augé demande à Cayatte de retrouver le véritable coupable du crime dont on l’a accusé.
A TV2F, Alain Massart, qui assiste en spectateur à la conférence de rédaction du premier 20 Heures d’Elsa, lui met la pression pour qu’elle se serve de sa connexion avec son père pour obtenir Augé en exclusivité télé... Alors qu’elle s’apprête à présenter son journal, on apprend qu’à Riyad, des islamistes ayant revendiqués l’attentat, assiégés par l’armée saoudienne, ont fait sauter l’immeuble dans lequel ils se trouvaient. Désabusé, Massart regarde sa très proche rivale assurer le journal dans son fauteuil...
A une soirée mondaine qui réunit le gratin des médias, des affaires et de la politique, Marie Clément traine son mal-être sous le regard inquiet de Janssen. Un paparazzi la prend en photo alors qu’elle sniffe une ligne de cocaïne. Janssen n’arrive pas à l’empêcher de partir avec les clichés qu’il a volés...

Elargissement

La deuxième saison de « Reporters » s’est ouverte sur l’attentat à Riyad, un événement qui en a déclenché d’autres en cascade, ce qui a structuré et mis sous tension les deux premiers épisodes de cette saison. Avec les épisodes de cette seconde soirée de diffusion, nous quittons les conséquences directes de l’attentat et les scénaristes en profitent pour achever de poser les enjeux de cette deuxième saison. L’univers présenté par « Reporters » 2 connait donc un élargissement notable dans ces deux épisodes qui font office de pivot entre l’introduction de la saison et le cœur de son développement.
L’inconvénient est que ces épisodes semblent du coup s’éparpiller un peu entre de nombreux fils d’intrigues dont on ne saisit pas forcément très bien leur place dans le canevas général. Ce qui peut donner le sentiment d’une intrigue un peu décousue. C’est plus particulièrement le cas de l’épisode 3, dans lequel beaucoup de personnages ont une intrigue, et à qui il manque peut-être un axe très fort sur lequel le reste pourrait plus facilement s’adosser — comme c’est le cas de la grève à 24 Heures dans l’épisode 4. Rien de très grave toutefois, si on accepte de se laisser un petit peu balader par la série. D’autant que la première saison nous a déjà montré que « Reporters » savait retomber sur ses pattes. Du reste, le quatrième épisode esquisse de très intéressantes pistes pour la suite puisqu’il nous apprend que l’attentat de Riyad n’était vraisemblablement pas d’origine islamiste, tout en nous indiquant que les islamistes qui l’ont revendiqué se sont fait sauter plutôt que de tomber entre les mains des autorités Saoudiennes. Les bases de ce mystère sont ainsi tout à fait posées. Au passage, il est fort agréable de voir Alexandre Marchand mettre les pieds à TV2F dans les décors familiers de la série et interagir avec les personnages que nous connaissons. L’original ‘‘buddy movie’’ journalistique constitué dans l’épisode 4 par son assemblage avec Schneider fonctionne très bien.

Marie Clément

L’apport le plus fondamental de l’épisode 3 est l’introduction du personnage de Marie Clément. Jusqu’ici, on avait eu l’occasion de constater cette saison que le rôle de Barlier dans la série tendait à s’accroitre. Mais il prend une autre dimension quand on lève ainsi le voile sur sa vie privée. Evidemment, cet axe est particulièrement intéressant dans le cadre de « Reporters », en cela qu’il soulève de nombreuses questions pour nos personnages de journalistes qui doivent se dépatouiller d’un monde où la barrière public/privé est de plus en plus floue. D’ailleurs, involontairement Barlier lui-même brouille cette barrière en expliquant à Florence que sa liaison avec l’actrice est un ‘‘secret d’Etat’’. Tout cet axe est particulièrement bien mené et Anne Coesens et François Caron sont parfaits de justesse dans leurs échanges subtils et chargés.
Marie Clément est un personnage difficile. Les personnages border-line ont assez souvent viré à l’insupportable et au ridicule à la télévision. Celui-ci me semble réussi en cela qu’il évite ces écueils. Marianne Dennicourt apporte à son interprétation ce qu’il faut de folie pour nous ‘‘vendre’’ l’imprévisibilité de son personnage, tout en nous permettant d’y croire. Et puis, sa détresse et son désespoir son palpables. Cet intrigue a aussi l’avantage d’apporter à cette deuxième saison un aspect romantique et très humain qui permet à la série de ne pas se limiter à des intrigues plus froides de complots politico-économiques. D’ailleurs, même en ce qui concerne cet aspect de l’intrigue, la série veille à lui conserver un enjeu directement humain en laissant voir les difficultés du couple Marchand.
L’axe Marie Clément, mais aussi les frasques people d’Elsa Cayatte et Alain Massart contribuent d’ailleurs à ancrer « Reporters » dans son époque où ce type de sujets occupe une place majeure dans l’actualité. Ils font partie des éléments qui permettre à cette deuxième saison d’être peut-être ouverte à un plus large public que la première en ne se montrant pas uniquement cérébrale.

A propos d’Elsa et d’Alain, si leur rivalité passionnelle est un axe plus léger de l’intrigue, il est particulièrement bien mené et interprété. Mention particulière à Jérôme Bertin qui a très bien évolué dans son nouveau métier d’acteur depuis la première saison. Dans cette nouvelle série d’épisodes, il se révèle parfait et rend particulièrement justice au traitement plus subtil qu’il n’y parait d’un personnage bien caractérisé. On partage son blues et sa rancœur consécutifs à son retrait de l’antenne.

La grève est votée

Mais ce qui marque le plus à la vision de ces deux épisodes, c’est incontestablement la grève à 24 Heures. Habilement mise en place dans le troisième épisode, dans lequel on adore détester Serge Attal, elle lui offre une fin d’épisode très réussie avant d’exploser dans le quatrième épisode. La scène de confrontation entre la direction bicéphale de 24 Heures et l’assemblée générale des salariés est une grande réussite. Joliment écrite, elle montre Florence tenter de s’imposer tout en lutant contre ses émotions, contre son désarroi et sa colère. La séquence est de celles qui profitent le mieux de la réalisation mise en place sur « Reporters » qui la fait vivre comme si on se trouvait au milieu des grévistes. Elle se révèle dès lors d’une grande intensité émotionnelle. Consciente des enjeux et désarçonnée, Florence Daumal s’impose, craque, se ressaisit, commet des maladresses, comme en attaquant Joubert le Syndicaliste. A sa grande surprise, et à la notre aussi, c’est Serge Attal qui vient à la rescousse. Réunis par un objectif commun — ni l’une, ni l’autre ne veulent la mort de 24 Heures — les voilà qui deviennent d’inattendus alliés. Probablement partagent-ils plus de choses qu’eux-mêmes ne l’avaient réalisé. A l’issue de ce moment fort, Florence a tout à la fois trahit sa promesse originelle, celle de reclasser 20 journalistes à la rédaction web, et installé son autorité. 24 Heures fait maintenant cap vers sa nouvelle formule...

Dernière mise à jour
le 1er juin 2009 à 03h43