2005 - 2010 : la série dramatique de Canal+, initiée par la première saison de « Engrenages », a cinq ans. L’occasion d’en dresser un premier bilan, en quatre parties. La première est accessible ici. La deuxième là. La troisième par là. Et la quatrième et dernière commence ci-dessous.

Promo, diffusion et exposition

On a parlé ici il y a quelques temps déjà de la diffusion Canal. Force est de constater qu’un an et demi plus tard, rien n’a changé. 4, 5 ou 6 soirées d’exposition suivant le nombre d’épisodes de la série. Deux ans entre chaque saison. Un procédé qui pousse à réaliser à chaque fois une énorme promo.

Remise à zéro à chaque lancement de saison, il faut se reconstruire une audience. Rappeler que ça existe (ben oui, en 2 ans, on oublie…) ; dire que c’est génial (normal) ; et souligner que ça va vite se finir (dépêchez-vous), donc il ne faut pas se louper. Ce n’est pas une logique de rendez-vous mais une logique d’événementiel. Ce qui n’a rien à voir.

Sans compter que les séries Canal n’ont pas toutes le même budget pub, qu’elles n’ont pas toutes de site dédié… Un souci qui a certainement pu s’avérer insurmontable pour certains programmes. Maintenant, il existe d’autres moyens pour faire parler de sa série, sans forcément flinguer le budget promo.

2009-2010, années érotiques

« Pigalle la nuit », s’inscrit dans une catégorie que Canal+ a l’air de réellement promouvoir en cette saison 2009-2010, la peinture de l’univers du sexe. Est-ce le succès surprise du « Hard » de leurs camarades de la Nouvelle Trilogie qui a fait que le département fictions a décidé de sexuer au maximum leurs prods ? Est-ce un choix délibéré ou bien un hasard ? Nous en avons déjà parlé auparavant ici, et le doute subsiste chez nous, tant les annonces de projets de la chaînes cryptée traitant de cet aspect sont de plus en plus nombreuses.

On ne va pas jouer les puritains, loin de là. Notre peur réside plus dans le risque de systématisme qui pointe le bout de son nez. Si « Pigalle » n’est pas à remettre en cause tant l’histoire existe en tant que telle. Le lieu Pigalle ne sert qu’à accoler une myhtologie à des destins de personnages. C’est beaucoup moins le cas dans l’unitaire « Mes chères études », sujet hautement plus dérangeant qui place le sexe au centre de l’histoire. « Hard » saison 2 est en tournage, et sera vraisemblablement diffusé dans l’année. « Maison Close » arrive cet automne, moment ou devrait (enfin) se tourner la série « Les Borgia »…

La crainte c’est quoi ? C’est que le succès de ces séries et unitaires, s’il a lieu, dégage une ligne éditoriale là où on pouvait juste diagnostiquer un léger hasard, que le “ajoutons du sexe !” devienne un crédo sur plusieurs projets qui vivraient bien sans. On attend de voir, et surtout on ne jette pas au feu ces projets dont on a vu aucune minute. Peut-être que ça se justifiait, peut-être que ça ajoute au drame et à la tension entre les personnages (jeu de mot involontaire ? a vous de choisir)… on verra bien.

L’avenir de la série Canal

Que faire maintenant ? Quel axe va se dégager dans les prochains mois ? « Engrenages » saison 3 est en cours de diffusion, la mini-série Carlos fera un détour par Cannes en même temps que sur Canal. « Mafiosa » 3 est en tournage, « Braquo » devrait suivre plus rapidement que les 2 ans de latence habituels. A venir ensuite « Pigalle » saison 2, « Engrenages » saison 4 et donc les nouveautés « Maison Close », « Les Borgia »… et après quoi ? « Reporters » ne reviendra pas, mais on peut espérer une fiction politique, ou au moins fortement politisée. C’est le moment pour Canal, et ce sont sûrement les seuls à pouvoir le faire. Et après ?

Encore des flics ? Ca serait sûrement l’overdose. Des toubibs ? Pourquoi pas, mais sous quelle forme ? Des journalistes, dans une forme plus conceptualisée, plus vendable ? Pourquoi pas, mais pas au prix du qualitatif, car elle souffrirait énormément de la comparaison avec « Reporters ». L’univers du sport, du bâtiment, des fictions historiques ? Du fantastique ? De la science fiction ?

Plus on en ajoute, plus on se dit qu’on aimerait que Canal en sorte 10 par an. Dommage que ça ne soit pas possible, tant travailler pour la chaîne semble être un vrai terrain de liberté (mais contrôlée) pour les auteurs. Il va leur falloir, quoi qu’il arrive, s’organiser et continuer à évoluer car autour, les ennemis s’apprêtent à rentrer dans la ronde.

Une concurrence qui s’organise ?

Arte s’y met, via en ce moment le très contestable « Les Invincibles », et n’en restera pas là. On espère au Village le réveil du volcan France Télévision (on accepterait même un nuage de cendre en prime). On ambitionne que les chaînes de la TNT le soient, ambitieuses. On n’attend hélas rien, ou presque, de TF1 et de M6, mais qui sait... Quoi qu’il arrive, cette concurrence, qui fait tout autant office d’émulation ne sera que positive que pour le téléspectateur. Rien que pour ça, on croise les doigts pour la fiction de chez Canal. Qu’elle perdure, qu’elle fasse des petits.

Et qu’on construise enfin une télévision française moderne.